La GTJ ! Depuis sa création, en 2006, la version raquettes de cette grande classique de l’itinérance s’est imposée comme l’un des itinéraires français de grande randonnée hivernale incontournables. De Métabief, dans le Doubs, à Giron, dans l’Ain, ce sont 12 jours à travers les grands espaces du Jura qui attendent le randonneur. J’ai voulu en savoir plus sur les clés de ce succès et j’ai donc décidé de parcourir les premières étapes de cette GTJ jusqu’à Lajoux. Voici la première partie de ce périple, entre Chaux-Neuve et la Chapelle des Bois. Pour la seconde, rendez-vous ici.
Chaux-Neuve somnole tranquillement dans la quiétude du matin jurassien. L’hiver engourdit encore le paysage malgré un arrière goût de printemps tout proche. La neige, durcie par le gel nocturne, crisse bruyamment sous nos raquettes. Ginette m’a rejoint ce matin à l’auberge du Grand Git et va m’accompagner tout au long de cette journée. Nous nous rendons à la Chapelle-des-Bois par l’itinéraire de la deuxième étape de la Grande Traversée du Jura à raquettes. Démarrage par les espaces dégagés séparant le village des pentes boisées du Grand Git.
L’hiver, la couverture neigeuse fait s’effacer les frontières des clôtures et permet au randonneur d’improviser sa trace en toute liberté.
Je découvre progressivement l’ambiance de cette GTJ. Première constatation : le balisage est impeccable. Les petits fanions jaunes qui se balancent au gré du vent dans les arbres permettent au randonneur de toujours garder le cap dans les sections forestières. Carrément astucieux ! Voilà l’occasion rêvée d’être un peu tête en l’air ! Dans les espaces ouverts, où la vue porte loin, ils sont remplacés par des jalons jaunes disposés régulièrement. Un système que j’avais déjà expérimenté en Islande, sur le Laugavegur. Des panneaux implantés aux bifurcations essentielles viennent compléter le dispositif en place. Par beau temps, la carte est absolument optionnelle. Par mauvais temps, le maximum est fait pour mener le randonneur à bon port.
Ce balisage, cent pour cent saisonnier, est mis en place et retiré en début et en fin de saison par les collectivités, notamment les associations et clubs d’activités nordiques. Je salue à chaque pas la qualité de ce travail bénévole remarquable. Des trouées dans les bois ouvrent sur des vallons et des clairières silencieuses. De larges bâtisses désertes et encore emprisonnées par la neige s’y découvrent. Bientôt les troupeaux et les activités agricoles y reprendront place. La nature rurale du territoire est totalement perceptible. L’exploitation de la forêt y tient une place essentielle. La trève hivernale rend pour l’heure le pays aux amateurs de transhumances nordiques, à ski ou à raquettes.
Des aboiements résonnent en écho dans l’épaisseur de la forêt d’épicéas. Le parc polaire n’est plus très loin. Sur la route de la Chapelle-des-Bois, sa visite constitue une halte agréable entre deux tranches de raquettes. Ni zoo, ni réserve, ce parc bâti autour d’une ancienne ferme d’alpage invite le visiteur à une immersion dans les enclos d’espèces montagnardes et nordiques : rennes, yaks, aurochs, cerfs, bisons d’Europe… On navigue d’un espace à l’autre pour poser les yeux sur ces animaux sous la conduite d’un guide animalier. Une pause pédagogique au coeur de la nature qui fait du bien. Je suis totalement sous le charme.
La marche reprend en début d’après-midi. Il n’y a pas un souffle d’air dans la forêt. L’offensive du soleil se ressent sur le chemin : la neige dure du matin se transforme peu à peu en un substrat épais, inconsistant et aveuglant. Au-delà de Pré Poncet, l’itinéraire plonge sur la Combe des Cives. L’entrée en scène de cette ultime section de l’étape impressionne. Sur près de 3 kilomètres de long et 700 mètres de large, la Combe des Cives déploie sa surface immense en veillant à tenir la forêt à distance.
Sur ce terrain à la platitude déstabilisante, le randonneur est renvoyé à sa proportion minuscule. La sensation d’isolement que procure le Jura est stupéfiante.
Loin de l’ambiance menaçante de la haute montagne, le Jura invite le randonneur à se couper du reste du monde dans les décors authentiques d’une destination nordique made in France. Ce premier contact hivernal avec ce massif me touche de par son côté inattendu. Puis la Chapelle-des-Bois est là, qui baigne dans une douce lueur orangée de fin de journée. Ici il y a davantage de pistes de ski de fond que de routes ! C’est le rendez-vous des amateurs de skating qui se retrouvent le soir autour d’une bonne morbiflette ! Un régime local auquel j’adhère à cent pour cent !
INFOS PRATIQUES
Difficulté : moyenne | Longueur : 11 km | Durée : 4h30 | Dénivelé : 250m
Carte : IGN 1/25000 TOP25 3426OT Mouthe, Métabief, le Mont d’Or
Accès : on accède à Métabief par l’A36 en venant par le nord de Dijon ou de Montbéliard, puis par la N57 via Besançon et Pontarlier. En venant du sud, il faut passer par Lyon puis A40, sortir à Lons-le-Saunier puis D678 jusqu’à Saint-Laurent-Grandvaux, ou A404, sortir à Oyonnax et poursuivre via Moirans-en-Montagne et Clairvaux-le-Lac jusqu’à Saint-Laurent-Grandvaux. De là suivre la D437 jusqu’à Chaux-Neuve/
Topo : retrouvez le détail de cette étape sur le petit guide pratique de la GTJ à raquettes. Voir plus bas la rubrique « liens utiles »
Notes : aucune difficulté particulière à mentionner quant au profil de cette étape. La difficulté inhérente ne pourra être liée qu’aux conditions météorologiques du moment. Sous le beau temps, avec une trace et une visibilité parfaites, c’est une promenade vivifiante et agréable. En grosses conditions d’hiver – sous la neige et/ou le brouillard – il en sera probablement autrement. Mention particulière à la traversée de la Combe des Cives qui, en fin de journée, peut se révéler longue et fatigante. Soyez donc prêt à tout en vous attaquant à cet itinéraire.
Où dormir : accueil très sympathique à l’Auberge du Grand Gît à Chaux-Neuve. Un joli cadre tout en bois et une ambiance familiale appréciée (à partir de 59 euros en demi-pension l’hiver). Côté Chapelle-des-Bois, je vous recommande la Maison du Montagnon. On y mange super bien et l’atmosphère collective est chaleureuse pour papoter rando le soir après sa journée ! (à partir de 52,50 euros la demi-pension)
Liens utiles : pour toute information concernant la GTJ raquettes, je vous invite à visiter le site de l’association GTJ. Vous pourrez y commander le petit guide pratique au prix de 8 euros, ainsi que le guide des hébergements, pour préparer votre randonnée (gratuit). Si la visite du Parc Polaire vous intéresse, rendez-vous sur leur site internet pour prendre connaissance des tarifs et des horaires de visite !
Bibliographie : Le Parc Naturel du Haut-Jura… à pied | C’est le topo-guide officiel édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre. 41 suggestions d’itinéraires homologués Promenade & Randonnée et 348 km de sentiers GR®5 y sont recensés pour approfondir votre découverte du Jura, accompagnés de leurs cartes et de leurs explications. Prix indicatif : 14,50 € | Ref.PN15
EN BREF
Une belle étape, très forestière, pour découvrir l’ambiance sur les chemins de la GTJ à raquettes. La halte au Parc Polaire constitue un interlude appréciable. La traversée de la Combe des Cives sera, pour terminer, le morceau de bravoure de cette étape ! Le Jura ou comment se croire dans le Grand Nord en France !
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Une fois de plus une randonnée qui fait connaître un petit coin bien loin des lieux habituels. Cette randonnée semble bien douce, bien balisée et devrait donc à la portée de bon nombre de randonneurs et randonneuses…
Merci pour ce partage.