Aravis : à Raquettes sur le Plateau de Beauregard

Malgré un relief marqué invitant à la randonnée alpine et sportive, les Aravis n’en dissimulent pas moins de courts et enthousiasmants itinéraires à raquettes, plutôt faciles d’accès et généreux en matière de panoramas. Proches des domaines skiables, mais pourtant savamment à l’écart des activités de glisse, ces parcours donnent l’occasion au marcheur de communier avec la nature et de faire connaissance avec un massif attachant, dans l’ombre du Mont-Blanc tout proche. Prairie humide aux beaux jours, le Plateau de Beauregard se couvre de neige en hiver et ouvre ses frontières au randonneur en quête d’espace et de liberté. C’est à sa découverte que je suis parti à l’occasion du tournage de l’Instant Passion Rando l’an dernier.

Difficulté : moyen | Longueur : 8km | Durée : 3h30 | Dénivelé : 400m

Le soleil surgit au col de la Croix Fry, récompensant ainsi l’optimisme indéfectible qui a roulé avec moi, la nuit et le brouillard, depuis mon départ matinal. La lumière a fendu le gris triste de la brume et illumine chaudement les sommets des Aravis.

Une poussière de neige scintillante file entre les arbres, portée par une brise invisible et légère. Les conditions sont optimales pour une randonnée à raquettes vers le Plateau de Beauregard. Je m’évanouis rapidement entre les troncs des grands résineux qui s’élèvent au nord du col.

Une barrière protectrice abritant, plus haut, un grand espace ouvert et isolé où le tête à tête avec la nature est de mise. En m’arrêtant devant les murs de bois noirs du vieux chalet des Follières, posé seul dans le silence d’une immense clairière, je me sens seul au monde. Je quitte l’endroit en suivant une trace qui s’échappe à travers les bois, au-dessus de la cabane.

L’effort se fait plus violent et la forêt plus étroite. Les raquettes s’adaptent parfaitement à ces progressions improvisées. Je rejoins un chemin plus large que je traverse pour poursuivre ma trace sauvage. Je ne relâche l’effort qu’une fois la crête rejointe, avec le plateau de Beauregard s’ouvrant face à moi, couronné par la chaîne des Aravis.

J’aime la paix de l’hiver et la sérénité dégagée par la neige vierge. La randonnée à raquette a cela pour elle de permettre, en quelques minutes, de rompre avec l’humain.

Une belle ligne de crête, entièrement pratiquable à raquettes, permet ici de dominer l’espace du plateau, silloné de chemins et de pistes de ski de fond. Vers le nord-est, je devine le Roc des Tours, indice visuel révélant la présence invisible de la station du Grand-Bornand.

La crête des Aravis, quant à elle, s’étire un peu plus à l’est, au fil de prestigieux sommets, dont la Pointe Percée, son mythique et immanquable point culminant. Derrière moi, jaillissant au sud derrière la ligne des résineux, la Pointe de Merdassier symbolise le début de la partie méridionale de la chaîne qui s’achève plus au sud, au-delà du Mont Charvin.

Je me rends alors compte que je ne les connais pas du tout ces Aravis. Juste quelques excursions rapides ici et là. Rien d’approfondi. Je n’arrive pas à détacher mes yeux de ces sommets enneigés entre lesquels chaque combe semble porter la promesse d’une randonnée alpine mémorable.

Ces Aravis m’appellent, réveillant en moi l’amour de la montagne. Je me fais la promesse d’y revenir concrétiser ces envies qu’ils ont éveillées dans mon esprit.

aravis plateau de beauregard randonnée

Je me laisse glisser par une pente plus raide en direction du chalet de Colomban, point de convergence de colonnes de marcheurs. Mon précédent sentiment de solitude s’y évanouit dans la seconde. L’endroit est superbe et accessible et draîne donc les amateurs de panoramas faciles et de beaux instants de montagne.

Je contourne la masse, le temps d’un aller-retour au belvédère de la Croix de Colomban, belle avancée sur la vallée du Nom et la ville de Thones, en contrebas. En levant les yeux, c’est la barrière du Mont Lachat qui remplit le champ de vision, encadrée par la Croix de l’Enclume, à gauche, et le Suet, à droite.

Le randonneur est happé par la sensation d’espace en surgissant face au Plateau de Beauregard. Un petit océan blanc et ondulant joliment mis en valeur par les plus prestigieuses cimes du massif. On ne peut rêver position plus centrale et plus ouverte pour avoir un aperçu de la chaîne. Le tout au prix d’un minimum d’effort.

Je reviens sur mes pas, évitant soigneusement la cohue retrouvée en basculant par une trace invisible directement en direction du Plateau de Beauregard. Zone humide en été, l’endroit se transforme en vaste prairie enneigée une fois l’hiver venu. On y évolue en ski ou en raquettes, en respectant les itinéraires qui y ont été tracés.

Je me hisse sur la butte menant à la Pointe de Beauregard, à l’endroit où le monde des marcheurs et des skieurs se rencontrent. C’est là qu’arrive le télécabine venant de La Clusaz. Le temps d’un verre en terrasse et je tourne le dos aux remontées mécaniques pour retrouver la quiétude de la forêt qui baigne dans la lueur dorée de la fin de journée. Je boucle la boucle le coeur léger, enchanté par la magie des Aravis. Promis, je reviendrai !

Aravis - Beauregard à Raquettes

– INFOS PRATIQUES –

Carte : IGN TOP25 1/25000è 3430ET La Clusaz, le Grand-Bornand
Accès : en voiture, rejoindre Annecy par A41, sortie 16 ou 17, puis prendre la direction de Thones. A Thones, suivre la direction Faverges par la D12. Peu après avoir quitté Thones, prendre à gauche la D16, direction Manigod. Monter jusqu’au col de la Croix Fry. Nombreux parkings pour stationner. En train : ligne SNCF jusqu’à Annecy, puis bus 62-63 jusqu’à Thones. Depuis Thones, il est possible de rejoindre le Col de la Croix Fry grâce à une navette routière.
Topo : depuis le parking, remonter la route conduisant vers les résidences « les Maisons des Bois ». Après un lacet à droite, ne pas continuer vers celle-ci et poursuivre par le chemin forestier, au-delà d’une barrière interdisant l’accès aux véhicules à moteur. Un peu plus loin, prendre un chemin qui quitte la piste à gauche pour s’enfoncer dans les bois (1). On sort assez vite sur des clairières en pente. Les remonter jusqu’aux alpages de Follières, espace ouvert qu’on traverse selon la trace du moment en prenant comme repère le chalet isolé, devant lequel il faut passer (2). Après le chalet, remonter la pente neigeuse à droite en se dirigeant vers la lisière des arbres. Utiliser une trace s’il y en a une. Autrement, faire la sienne au mieux à travers les résineux pour couper un large chemin plus haut. Le traverser et continuer à monter pour atteindre la crête. Tirer à gauche jusqu’à son extrémité, soit par une trace à l’écart de la crête, soit directement sur celle-ci. Rejoindre le chalet de Colomban (3) soit en tirant directement dans la pente nord, soit en contournant par le sentier d’été. Allez profiter du point de vue à la Croix de Colomban, en aller-retour (4). Descendre sur le Plateau de Beauregard en visant le chalet Lachat. Passer à côté et se diriger par une bonne trace jusqu’au replat après avoir vu l’oratoire Saint-Jacques (5). S’élever en face, par une trace en pente, jusqu’au sommet de la Pointe de Beauregard (6). Couper plein sud les lacets d’un large chemin jusqu’au point où celui-ci enjambe le ruisseau du Nant des Prises (7). Prendre pied sur ce large sentier bien tracé et le suivre jusqu’au col de la Croix Fry.

itinéraire Plateau de Beauregard

Notes : le tracé proposé, en dépit de sa faible difficulté sportive, n’en demeure pas moins souvent un itinéraire non balisé – du moins dans sa première partie – où savoir progresser et s’orienter en milieu enneigé est indispensable. Si vous n’êtes pas familier de ce type de sortie, en particulier en raquettes, vous pouvez atteindre le Plateau de Beauregard en aller-retour en montant à contresens de l’itinéraire proposé pour le retour. Vous pouvez également vous faire accompagner par un professionnel ou par une personne de votre entourage expérimentée. Le matériel de sécurité (DVA, pelle, sonde) n’est pas obligatoire ici mais toujours hautement recommandé.
Les hébergements : j’ai réalisé cette randonnée à la journée, au départ de chez moi dans la Drôme. Je n’ai donc pas d’adresse particulière à faire remonter dans la rubrique. Je vous invite donc à découvrir différentes structures, comme La Ruche – La Salle, un centre associatif très flexible pour ses usagers. Les personnes à la recherche de standing, de confort et d’ambiance montagne haut de gamme pourront se diriger plutôt vers les Chalets-Hôtel de la Croix Fry. Pour d’autres options, consulter la rubrique Hébergements de l’Office de Tourisme de Manigod.
Liens utiles : pour trouver un guide pour vos balades à raquettes dans le secteur, consultez la page dédiée aux randonnées à raquettes du site de l’Office de Tourisme de Manigod.
Bibliographie : La Haute-Savoie… à pied | retrouver cet itinéraire – sans les variantes proposées ici – en version été, dans le topo-guide édité par la FFRandonnée, « la Haute-Savoie… à pied ». Vous y retrouverez 48 autres idées de randonnée pour compléter votre découverte de ce grand territoire de montagne, accompagnées de leurs cartes, de leurs descriptifs et de nombreux encarts thématiques.Prix indicatif : 14,70 € | Ref.D074

EN BREF

Courte, accessible et dépaysante, cette petite boucle qu’on aurait juré sans prétention collectionne les points d’intérêt et les points de vue majestueux. Une belle façon de s’introduire à l’univers des Aravis en hiver, avec un minimum d’effort physique. Une bouffée d’oxygène.

by-nc-ndCe reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.

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