Eure, les Andelys : circuit de la Mare Marion

Lovés dans une boucle de la Seine qui révèle toute la beauté du paysage, les Andelys se déploient dans le vallon du Gambon, enserrés entre deux blocs de falaises. Carte postale du Vexin Normand, la petite commune de l’Eure voit aujourd’hui affluer de nombreux visiteurs en escale le temps d’une croisière fluviale. Mais saviez-vous qu’elle regorgeait également de nombreux et passionnants itinéraires de randonnée ? C’est l’un d’eux, celui de la Mare Marion, que Carnets de Rando a parcouru pour vous.

La distance que j’ai mise derrière moi depuis mon domicile drômois a suffi à faire voler en éclats mes repères méridionaux habituels. Ici tout est différent : les reliefs, la nature, les maisons… J’arrive ainsi aux Andelys en ouvrant les yeux sur un nouveau terrain de jeu où chaque élément porte en lui la promesse d’une découverte.

Arriver dans l’Eure quand on vient de la Provence après 8 heures de route, c’est un peu comme arriver dans un autre pays.

Blotti à l’abri de falaises crayeuses, dans un lacet de la Seine parmi les plus esthétiques de tout le fleuve, les Andelys se conjuguent au pluriel depuis l’union officielle entre le Petit Andely – en bord de Seine – et du Grand Andely – plus à l’intérieur des terres. Presque totalement rasé pendant la dernière guerre, les Andelys invite aujourd’hui les visiteurs – et notamment les randonneurs – à venir profiter de ses atouts.

CdR88 Les Andelys Eure Normandie randonnée

A ce titre, c’est juste derrière l’enceinte de l’hôpital Saint-Jacques que démarre le petit sentier de halage qui va me conduire vers mon objectif du jour : la Mare Marion. Le riche et magnifique bâtiment, ancien lieu d’accueil des pèlerins de Compostelle, initie la découverte d’une procession de constructions remarquables. Le long du sentier, entre Seine et falaises, un cordon de propriétés toutes plus belles les unes que les autres déclenche le premier d’une longue série de coups de coeur pour l’architecture normande. Côté fleuve, des cols verts décontractés ondulent sur les remous provoqués par le passage des péniches. Des vagues de romantisme qui baignent le paysage tout entier.

CdR88 les Andelys Eure Normandie la Seine péniche

Au-delà du Val Saint-Martin, changement d’ambiance. Je tourne le dos à la Seine et m’enfonce dans le petit bois du Thuit. Le soleil darde quelques rayons timides sur l’Eure et fore d’étroits puits de lumière en sous-bois. Les couleurs du printemps se révèlent dans l’instant. Un peu plus loin, la mélodie de l’eau anime joyeusement le fond du vallon.

Des rives de la Seine au sommet des coteaux, les paysages printaniers se feuillettent comme les pages d’un livre en s’habillant de mille nuances de vert

La source de Saint-Martin, ancien lieu sacré devenu lavoir jusque dans les années 1950 et aujourd’hui abandonné, sert de repère pour l’annonce de la montée vers les Noyers. Une courte rampe forestière sert d’escalier naturel pour se hisser au-dessus du niveau des arbres et atteindre ce paisible hameau, nonchalamment posé sur la partie supérieure des coteaux.

CdR88 les Andelys randonnée

Parvenu sur le toit des Andelys, l’horizon se libère subitement. Des exploitations agricoles se déploient à perte de vue au-delà des dernières habitations. Le relief brusque des falaises est brutalement aplani par un grand coup de masse, interdisant le moindre dénivelé. C’est ici, sur ces terres que les hommes ont choisi de cultiver, que les mares normandes se multipliaient au siècle dernier.

Vestiges du passé rappelés aujourd’hui à la mémoire des hommes, les mares se comptaient jadis en Normandie par milliers

Lieu de rassemblement, abreuvoir pour les bêtes, réservoir pour les habitants, vivier de biodiversité… Les mares se sont peu à peu flétries, asséchées et réduites comme peau de chagrin. Cet élément historique de la vie rurale normande peut encore se découvrir en quelques endroits comme ici, aux Noyers, où la mare Marion a fait l’objet d’un beau travail de restauration et de protection. Une survivante qui, aujourd’hui, raconte son histoire aux randonneurs.

CdR88 Les Andelys la Mare Marion

Déambuler à travers le réseau de chemins fleuris et verdoyants des Noyers est un véritable plaisir. Ici on ne marche pas, on se promène. On ne randonne pas, on se faufile. Et on succombe sans combattre à cette atmosphère printanière bucolique qui donne envie de flâner. Des senteurs portées par le vent parfument la campagne environnante. Sous le bleu du ciel, la couverture dorée des champs de colza s’étire jusqu’à l’horizon, délicatement caressée par le vent. Nullement extravagante, uniquement authentique et sincère, la randonnée sur ce territoire béni par la nature est un remède contre l’angoisse du temps qui passe. Ici les horaires s’oublient au détour d’un chemin. Je me laisse d’ailleurs happer par le GR2, hors-sentier et qui, sur la carte, semblait s’offrir une jolie trace sur les falaises.

Au carrefour d’éléments naturels minimalistes, la Normandie offre un véritable repos du corps et de l’esprit.

Je quitte l’itinéraire au niveau du Mont Pivin, sous le regard curieux des vaches. Au détour d’un champ tapissé de fleurs, le sentier plonge brusquement. La Seine réapparaît alors en laissant l’horizon s’élargir au-delà de son immense lacet. Quel itinéraire inattendu que ce GR2 ondulant au rythme des falaises. Sur ce sentier balcon un rien facétieux, le randonneur domine l’une des plus belles vues sur les Andelys et ses environs.

CdR88 Les Andelys Eure Normandie la Seine les falaises

Un panorama fait d’eau, de terre et de ciel, coloré à la mode du printemps et qui surprend par son envergure. La randonnée s’y fait soudainement plus aérienne, sans être vertigineuse. Elle prend de la hauteur et nourrit le marcheur d’une nature généreuse accompagnée d’air frais. Plus que recommandé, ce détour est totalement indispensable avant de rejoindre les Andelys.

De l’ombre à la lumière, le marcheur naufragé d’une autre dimension rejoint soudain la civilisation.

Retour au carrefour précédent. Un dernier sentier s’engouffre entre deux hauts talus, invitation secrète à plonger dans un tunnel végétal comme on en rencontre beaucoup dans l’Eure et en Normandie. Ce dernier chemin ressemble à s’y méprendre à une porte ouverte entre deux mondes. J’ouvre à nouveau les yeux sur les Andelys, resplendissant sous un soleil qui s’est résolument imposé. Une météo favorable pour clôturer cette randonnée avec la visite du Château Gaillard qui, outre rappeler la longue et complexe histoire des relations franco-anglaises, permet de profiter d’un ultime et magnifique belvédère sur les Andelys, ses falaises et la Seine. Un bonus optionnel mais qui s’est imposé à moi comme le meilleur point final à cette introduction à la randonnée dans l’Eure.

CdR88 Les Andelys Chateau Gaillard Eure Normandie

INFOS PRATIQUES

Difficulté : moyen | Longueur : 9 km | Durée : 3h | Dénivelé : 135m
Carte : IGN 1/25000 TOP25 2012OT Forêt de Bord-Louviers
Accès : en venant de Paris Sud ou de Rouen, suivre A13 et prendre la sortie 17 « Gaillon » puis rejoindre les Andelys par la D316. En venant de Paris Nord, suivre l’A86 puis l’A15 direction Cergy, puis la RN14. Sortir alors à Les Thilliers en Vexin et suivre la D125 jusqu’aux Andelys. En train descendre à Gaillon-Aubevoye puis prendre le bus 290. En avion, les aéroports les plus proches sont ceux de Rouen ou de Beauvais. Possibilité de venir par la Seine et de profiter du parc nautique privé pour son séjour.
Topo : le descriptif de cette randonnée, ainsi que sa fiche en téléchargement gratuit sont disponibles sur le site des balades et randonnées dans l’Eure : voir le site web.

CdR88_map
Notes : aucune consigne de prudence particulière sur ce circuit. Si, comme moi, vous choisissez de découvrir également le GR2, attention au bord des falaises. Le sentier s’en tient assez éloigné mais l’envie d’aller au bord peut vous prendre et n’est pas recommandée ! L’itinéraire traverse des zones pastorales et agricoles : si vous avez à ouvrir des barrières, pensez à les refermer. Cela facilite le travail des agriculteurs et évite à leurs bêtes de se disperser aux quatre vents. Le château Gaillard se visite toute l’année sauf la haute cour et le donjon, fermés en hiver. Ouvert tous les jours sauf le mardi du 4 avril au 1er novembre 2015, de 10h à 13h et de 14h à 18h. L’accès à la haute cour et au donjon est payant (3,20 euros). Le reste est gratuit.
Où dormir : j’ai dormi à l’hôtel de Paris lors de ma venue, l’un des rares bâtiments à ne pas avoir été détruit lors des bombardements. L’endroit est riche d’une histoire assez incroyable. N’hésitez pas à vous la faire raconter par le propriétaire. Chambre à partir de 58 euros, demi-pension à partir de 92 euros.
Liens utiles : vous pouvez consulter le site de l’office du tourisme des Andelys pour mieux faire connaissance avec le territoire, notamment avec les coteaux de la Seine ou le château Gaillard. Plus largement, voir également le site du tourisme dans l’Eure. Pour en savoir plus sur l’activité de Philippe Brière et sur ses produits : rendez-vous sur son site Bienvenue à la Ferme. Enfin, pour découvrir d’autres randonnées sur les Andelys, rendez-vous sur la page des activités de pleine nature de l’office de tourisme.
Bibliographie : L’Eure… à pied | C’est la 4ème édition du topo-guide officiel édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre. 41 itinéraires de Promenade & Randonnée y sont recensés, dont un aux Andelys, pour approfondir votre découverte de l’Eure, accompagnés de leurs cartes et de leurs explications. Prix indicatif : 14,50 € | Ref.D027

EN BREF

Un itinéraire en boucle sans difficulté qui permet de passer d’un univers à un autre en peu de temps. Riche de nature, d’histoire et de paysages superbes, ce parcours sur le thème des mares est une introduction en douceur à l’Eure et à la Normandie. Bucolique et oxygénante, voilà une randonnée pour se remplir les poumons d’air pur avant de finir par une visite obligatoire au château Gaillard.

by-nc-ndCe reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.

Share

2 Comments

2 Pings & Trackbacks

  1. Pingback: Marcher dans les pas des Bénédictins au Bec-Hellouin

  2. Pingback: Compostelle, Version Normande ou Comment j'ai croisé le chemin de Saint-Jacques à Rouen

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.