Extraordinaire et fascinante montagne que le Caroux, colosse héraultais qui n’a rien à envier aux Alpes ou aux Pyrénées. Un terrain d’aventures aux possibilités inépuisables et aux visages multiples qui régalera tout particulièrement les randonneurs à la recherche d’itinéraires sportifs et exaltants. Le Caroux se mérite mais sait se faire généreux quand il s’agit de récompenser le visiteur dont l’effort et la curiosité seront la principale monnaie d’échange. Pour cette première incursion de Carnets de Rando sur les sentiers du géant, je vous propose un itinéraire en forme d’introduction à la randonnée dans ce lieu unique et définitivement magique.

Difficulté : assez difficile | Longueur : 9 km | Durée : 5h | Dénivelé : 850m

Je suis de retour au Caroux. Indicible sensation de joie. Le Caroux est un cadeau fait aux méridionaux amoureux de montagne pour qui les sommets des Alpes ou des Pyrénées restent définitivement trop loin. Une authentique montagne, ici, au coeur de l’Hérault, capable d’offrir aux amateurs d’itinéraires escarpés et physiques des aventures mémorables à prendre au sérieux. L’ensemble se compose d’un stupéfiant maillage de sentiers, tracés dans les endroits les plus surprenants et, parfois, les plus accidentés, voire hostiles, à fortement déconseiller aux personnes sujettes au vertige.  Au-dessus de Saint-Martin-d’Arçon, les flancs du Caroux se déploient face au randonneur, colossaux et abrupts, imposant leur présence massive. Plus haut, Roque Rouge déroule sa vire entre deux océans de dalles raides. Assurément l’un des grands itinéraires du lieu. Des vagues de châtaigniers nus et gris dévalent le long d’un ravin où résonne l’écho de la cascade de l’Albine, sans aucun doute la chute la plus impressionnante du Caroux. Il y a ici comme un air de Corse. L’eau y épouse la roche dans un théâtre de nature à l’exubérance sauvage et des sentiers sportifs partent à l’assaut de la montagne pour en rejoindre le sommet. Le Caroux est lieu hors du temps où chacun doit ménager son souffle. L’économie de soi fait partie des choses à savoir y faire.

Le Caroux est une malle aux trésors dont on n’épuise jamais véritablement la richesse mais c’est dans l’humilité et l’effort qu’il se révèle à sa juste mesure. La force hypnotique du lieu est incroyable. Nul passionné de montagne ne peut y demeurer insensible. Ensorcelant et exaltant  : mon admiration et ma passion pour ce petit bout de montagne héraultaise va décidément croissante

D’anciennes terrasses, où l’on venait jadis ramasser les châtaignes, ne sont plus aujourd’hui visitées que par randonneurs et des fantômes parcourant cette forêt déserte où poussent les ruines d’antiques cabanons de pierre. La progression y est patiente et régulière. Si les traileurs voient dans le Caroux un univers de défi, le randonneur y voit lui un espace à adopter au rythme tranquille de la marche. Les derniers châtaigniers ont perdu du terrain depuis maintenant une dizaine de minutes. La pente se couche progressivement à l’approche du sommet. Les torrents, juvéniles, dévalent les pentes sous le couvert de hêtraies aux accents encore parfois automnaux. Les bourgeons, fragiles, sont dans l’attente de cette énergie verte que des conditions climatiques complexes leur refusent. C’est là-dedans que se cachent les mouflons, ongulés emblématiques du lieu. On les dit faciles à apercevoir mais c’est principalement tôt le matin ou tard le soir que les chances d’une rencontre se font les meilleures. Ils sont pourtant plus de 5000 aujourd’hui après une réintroduction antérieure où ne se comptaient que 19 individus   ! Malgré cette expansion remarquable, ils resteront invisibles ce jour-là…Carré Caroux

Au-delà d’un vaste sous-bois de fougères rousses et cassantes, s’atteignent les zones sommitales du Caroux. Avec près de 4 km de large, autant dire qu’il y a assez d’espace là-haut pour randonner encore quelques heures. Nous ne verrons aujourd’hui pas ce vaste paysage de lande balayé par le vent qui caractérise cette partie du Caroux. Nous demeurons sous le couvert apaisant et accueillant du bois de résineux qui délimite la partie sud du plateau. La tension musculaire de l’ascension se relâche à l’ombre de ces pins sylvestres, jusqu’à totalement disparaître, arrachée à nos muscles par un chemin reposant et régénérateur. Le pas se fait plus léger dans ces allées linéaires qui conduisent vers la table d’orientation. Un souffle d’air plus brusque, quelques blocs rocheux épars et l’horizon qui se rompt soudainement tandis que la forêt s’immobilise. La lumière du jour inonde à nouveau l’espace face à nous. Nous voici là où le Caroux plonge en direction du sud.

Les possibilités de randonnées sont trop nombreuses ici pour revenir par le même itinéraire qu’à la montée. La descente est une opportunité d’explorer d’autres secteurs, de s’extasier en dominant ces profonds vallons encadrés de ressauts rocheux où se dessinent parfois des animaux imaginaires, de galoper sur ces chemins qui rappellent, sans avoir à rougir de la comparaison, certains de leurs homologues alpins

Partout le massif déploie une imagerie de pentes abruptes et de roches aux formes fantasmagoriques. Sous le sommet, les racines de la montagne dévalent jusqu’à rejoindre, tout en bas, la vallée de l’Orb qui disparaît plus loin à l’ouest, en direction de Saint-Pons-de-Thomières et de la Montagne Noire. Loin vers le sud c’est le ruban grisonnant de la mer qui se confond avec la ligne des nuages. A l’ouest, des reliefs boisés modestes convulsent en direction de la vallée de l’Hérault. Fantastique belvédère, à la croisée des mondes de la Méditerranée et des Cévennes, du littoral et de la montagne où, par temps clair, il est également possible d’apercevoir les Pyrénées. Les Cévennes sont également tout proche. Après tout le Caroux n’est-il pas la péninsule la plus méridionale du Massif Central ? Le site entre au rang de ces expériences qui hantent le marcheur bien longtemps après la fin de la randonnée. Une nouvelle découverte qui entrouvre la porte à bien des joies à offrir. En le quittant, plus tard, je lui adresse un salut muet et respectueux, en nourrissant déjà l’envie secrète d’y revenir dès que possible.

carré caroux 2

– INFOS PRATIQUES –

Carte : IGN 1/25000 2543OT Lamalou-Les-Bains, L’Espinouse Le Caroux, PNR du Haut-Languedoc
Accès : en voiture, de Montpellier nord, suivre l’A750 direction Béziers/Millau/Clermont. A la jonction avec l’A75, suivre au sud la direction Béziers et prendre la sortie Clermont-l’Hérault. Au rond-point à la sortie de l’autoroute, aller tout droit. Au rond-point suivant, continuer également tout droit, par D908, direction Bédarieux puis Lamalou-les-Bains. Une fois Lamalou rejoint, continuer par la D908 direction Saint-Pons. Passer le Poujol-sur-Orb puis Colombières-sur-Orb. Après environ 2km, quitter la D908 par la droite pour vous rendre à Saint-Martin-de-l’Arçon. Se stationner face à l’église et au cimetière.
Topo : depuis le parking, remonter en direction du village. A la fourche, après le panneau de départ de la randonnée, suivre la petite route qui monte à droite. Plus haut, suivre un chemin à droite qui se termine en cul-de-sac au niveau d’un réservoir (1). Repérer alors le sentier qui part à droite à travers la végétation en franchissant un muret de pierre (marque bleue). Il s’élève jusqu’au col de la Pomarède. En quittant le sentier et en cherchant son chemin dans les taillis et les blocs à droite, on atteint le belvédère sur la cascade de l’Albine qu’on voit dans le reportage (2). Revenir au col de la Pomarède et poursuivre par le sentier en direction de la cascade. Franchir le torrent après l’étroit petit défilé rocheux et prendre pied sous la cascade. Le sentier continue brutalement à la droite de celle-ci, en escaladant un talus raide. On grimpe ensuite à travers une forêt de châtaigniers par un long escalier de pierres. A l’intersection des Baraques de Caylus (3), poursuivre à gauche par le GR de Pays balisé rouge et orange. Le laisser un peu plus loin (4) pour continuer à monter à droite par le sentier du Garel. Rejoindre ainsi le plateau sommital. Au niveau du point coté 996 (5), quitter le sentier pour un chemin qui s’élève doucement à gauche entre les arbres. Rejoindre l’intersection avec le GR7 (6) et prendre à gauche une allée rectiligne qui conduit au belvédère et à la table d’orientation (7). Revenir un peu sur ses pas pour repérer et emprunter à gauche le sentier balisé jaune qui longe le bord du plateau jusqu’au refuge de Font Salesse (8). Du refuge, piquer plein sud entre les arbres par un sentier qui va descendre par le versant sud du Caroux et rejoindre le col de Bartouyre (9). Du col continuer tout droit la descente en direction de Saint-Martin-de-l’Arçon. Traverser le village jusqu’à la route principale qui ramène au parking du départ.

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Notes : le Caroux ne s’aborde pas à la légère. N’en doutez pas : vous êtes sur un authentique terrain de montagne. Aussi l’équipement doit-il être adapté car les conditions peuvent changer rapidement. Il peut ainsi faire très froid ou très chaud, une tempête peut se lever sur le sommet, très exposé aux vents violents. Adaptez également votre itinéraire à votre niveau. Certains sentiers sont particulièrement techniques et requièrent une certaine expérience ainsi qu’un bon degré d’engagement.
Les hébergements : pour votre hébergement, je ne peux que vous recommander la Maison d’Hôtes au Poujol-sur-Orb. L’établissement est tenu de longue date par Richard et Delphine, un couple passionné de randonnée et qui connaît le massif comme sa poche. Une vraie adresse pour les marcheurs avec un accueil au top et où on se sent réellement bien, le tout dans une belle demeure au cachet très local et très montagne. Cartes et topos des lieux y sont consultables et on pourra vous donner plein de conseils pour bien choisir votre randonnée. Deux chambres et deux suites, à partir de 59 euros la nuit + le petit déjeuner.
Liens utiles : une visite sur le site internet de Hérault Tourisme apparaît comme une introduction utile et recommandable à tout périple dans l’Hérault. Plus spécifiquement, une visite au site de l’Office de Tourisme du Caroux pourra ensuite permettre d’affiner votre connaissance du terrain à ce secteur plus localisé où se situe l’itinéraire présenté dans cet épisode de Carnets de Rando. On ne l’a pas vu dans Carnets de Rando mais, vous l’avez entendu, le mouflon est bien présent sur le massif. Pour en savoir plus à son sujet, je complète cet article avec un lien vers un article consacré à ce bel ongulé sur le site de la Montagne du Haut-Languedoc.
Bibliographie : L’Hérault… à pied | C’est la 6ème édition du topo-guide officiel édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre. 69 itinéraires de Promenade & Randonnée y sont recensés pour approfondir votre découverte de l’Hérault, accompagnés de leurs cartes et de leurs explications. Plusieurs itinéraires dans et autour du Caroux y sont présentés. Prix indicatif : 15,20 € | Ref.D034

Tours dans le Pays Haut-Languedoc et Vignobles | J’en parle également à la fin de l’épisode : le topo du GR de Pays Tours dans le Pays Haut Languedoc et Vignobles, dont c’est la 1ère édition. Plus de 300 km de découverte à pied qui franchissent le Caroux, puis la montagne de l’Espinousse et qui s’en vont jusqu’aux abords du Salagou.Prix indicatif : 14,70 € | Ref.3400

 

Randonnées dans le Caroux | Une mention également à cette bible malheureusement en rupture de stock actuellement qu’est l’ouvrage du CAF consacré aux randonnées dans le Caroux. A-t-on jamais vu topo aussi exhaustif sur ce massif ? Je ne le pense pas. Une carte y est associé afin de visualiser l’ensemble des itinéraires, du plus facile au plus sportif. Prix indicatif : 19,50 €

EN BREF

Je suis dépassé par mon enthousiasme. Impossible d’évoquer le Caroux par autre chose que des adjectifs dithyrambiques. C’est un pur plaisir que d’en parcourir les sentiers, quels qu’ils soient. Une profonde envie d’en découvrir toujours plus subsistera dans tous les cas. L’itinéraire présenté dans ce reportage n’est qu’un petit aperçu de ce que peut offrir cet incroyable massif. Pour moi, le lieu est un must où la déception est impossible.

 

by-nc-ndCe reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.

8 Comments

  1. RONNÉ Répondre

    Bonjour,
    Merci pour ce superbe reportage. Nous sommes déjà allés dans cette partie de l’Hérault où nous avons pas mal randonné. Nous avons été surpris par la beauté des paysages (Les gorges d’Héric, le col du Bardou et son village typique, le village médiéval d’Olargues, les gorges de l’Orb etc…). Effectivement tout le monde peut y trouver son bonheur. Nous pensons y retourner très bientôt.

    Amicalement

  2. besoi Répondre

    Je confirme c’est un beau massif.
    Nous y sommes passé au cours d’une rando de 4 jours avec notre fille.
    Nous étions accompagné d’un âne.
    Je garde un beau souvenir du plateau du Carroux dans la brume.
    Le massif est aussi connu pour ses nombreux mouflons !

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Eh oui, d’où ma grande frustration le jour de la réalisation du reportage de ne pas avoir vu la corne d’un seul d’entre eux ! D’habitude, je suis plus verni avec la faune. Pour le coup, le mouflon a boudé Carnets de Rando 🙂

      1. Domi Répondre

        Bonjour, d’abord merci pour vos reportages. Malheureusement ce n’est pas le meilleur spot pour observer des mouflons. La vallée du Vialais dans le nord du massif s’y prête plus.

  3. David Aubery Répondre

    Faite ce jour, 16/07/2020

    Tout d’abord merci David pour cet enthousiasme qui nous a motivé pour aller voir, car jamais, scotché au Queyras ou à l’Ubaye, nous aurions avec ma compagne ouvert un topo pour le Caroux.
    Magnifique montée, ludique, exigeante et amusante. Merci aux cairn, car le « balisage » bleu est assez ératique et discret… l’arrivée sur la plateau est une merveille malgré une météo couverte. Qui nous a tenu au frais et c’était pas plus mal car monter pieds-mains dans le cagnard ne nous aurait pas fait rire (mais ni plus ni moins que dans les Écrins !).
    Par contre la redescente est en fait une montée ! Pour le coup, descendre dans ce chemin de pierres nous a paru sans intérêt et surtout pénible ; sauf à être amateur de descente sportive/technique nous n’en voyons pas l’intérêt.
    Si vous avez des enfants, ils vont se régaler (à la montée hein 😉 La cascade est potentiellement un joli coin à pic-nic. Je suis parti avec mon matos photo et j’avoue ne pas avoir étais emballé par le spot ; mais les conditions de lumière n’étaient pas exceptionnelle.

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Hello David !

      Merci pour ton retour ! Je suis content que cette parution t’ait motivé, toi et ta compagne, à partir à la découverte du Caroux ! J’espère que vous avez pu en entrevoir le gros potentiel car les itinéraires qui le sillonnent sont vraiment nombreux. Celui de cet article est une possibilité parmi tant d’autres ! Moi je sais que j’adore retourner là-bas car y’a quand même pas mal de parcours engagés et, j’avoue, c’est là que va ma préférence en général 🙂

  4. Cécile Répondre

    Un grand bonjour et merci pour le partage de cette belle expérience qui se présente comme une invitation à explorer à notre tour. Je lis un commentaire parlant de passages « pieds/mains », ce qui me porte à poser la question de quel itinéraire vous apparaît comme le plus adapté au public sujet au vertige ?

  5. Olivier Laboria Répondre

    Saluti,
    D’abord merci à toi pour ce récit poétique d’aventure que j’ai découvert il y a de ça quelques jours.
    Je viens de réaliser cet itinéraire aujourd’hui et ce fut un moment de pur joie…
    Merci, grand merci !
    Olivier

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