Vous êtes à la recherche d’horizons montagneux inédits et d’une aventure hors des sentiers battus ? Ne cherchez plus et embarquez pour l’Albanie et les vallées méconnues des Alpes Dinariques avec le Balkan Trail ! À la frontière du Monténégro et du Kosovo, le Balkan Trail explore la substantifique moelle d’un itinéraire de plus grande envergure baptisé Peaks of the Balkans. Pour nous autres français ce petit bout d’Europe géographique où se reconnaît l’influence des pays de l’Est et du Proche-Orient et qui est sorti de la dictature seulement depuis 1985 est une totale découverte. On y côtoie des montagnes surprenantes au fil d’un itinéraire visuellement bluffant et aux côtés de bergers et de fermiers y pratiquant un agropastoralisme encore très traditionnel. Dépaysement assuré pour un parcours qui saura challenger des trekkeurs/ses sportifs en quête de nouveaux défis à relever. Mon retour d’expérience en récit et en photos.
Difficulté : assez difficile | Distance : 75,2 km | Durée : 5 jours | Dénivelé : 4250m
AVANT TOUT, C’EST QUOI LE BALKAN TRAIL ?
Le Balkan Trail est la formule réduite et plus compacte d’un trek plus long appelé Peaks of the Balkans, un itinéraire transfrontalier de 192 kilomètres qui parcourt la partie plus méridionale des Alpes Dinariques entre l’Albanie, le Monténégro et le Kosovo.
Le Balkan Trail a été imaginé par l’agence Travelbase pour faciliter l’accès au Peaks of the Balkans au moyen d’une logistique appropriée qui donne à parcourir aux trekkeurs/ses les segments les plus essentiels. Une sorte de quintessence du Peaks of the Balkans qui évite adroitement les sections de route et les fastidieux kilomètres de liaison par des pistes dénuées d’intérêt.
L’idée veut ainsi garantir l’expérience de l’essentiel de cette partie des Balkans, encore méconnue des visiteurs étrangers, tout en permettant au trek de se réaliser dans une durée contenue de cinq jours plutôt que dix. Un format qui sied mieux à la durée standard de vacances généralement octroyée par les résident(e)s francophones pour leurs congés.
Pour davantage d’informations sur le fonctionnement, l’organisation et l’état d’esprit de ce Balkan Trail, je vous invite à vous rendre dans la partie « Balkan Trail : Guide Pratique » située juste après le récit.
JOUR 1 : THETH – VALBONA
11,6 km, 1060m positif, 680m négatif
Animée autour d’une artère principale où ont poussé campings et guesthouses, Theth ressemble à l’une de ces villes de chercheurs d’or de l’Ouest Américain qui a surgi de la Nature sauvage par la force des désirs humains. Sauf qu’ici ce n’est pas la fièvre de l’or mais du trek qui a fait se lancer les Albanais dans l’aventure du tourisme.
Dans un état d’esprit agréablement « roots » et familial, Theth accueille donc avec une authenticité et un plaisir non feints ces visiteurs étrangers qui se sont mis en tête de gravir des montagnes, faisant de ce qui n’était encore qu’un village une étape désormais importante sur le fameux Peaks of the Balkans.
On y a débarqué hier après plus de cinq heures de bus depuis Tirana, le souffle coupé par l’allure féroce des sommets qui se donnent la main pour en fermer la vallée, au nord. Ma première rencontre avec la montagne albanaise me fait forte impression, tout comme ses habitants à la constitution solide, aux mains d’ours et aux cous de taureaux. Tout, ici, semble taillé dans le roc.
J’ai fait le choix du portage intégral, décision masochiste qui ne cesse de m’interroger sur le lien étroit entretenu entre le plaisir et l’effort. Les bagages de celles/ceux qui ont préféré voyager plus légers passent parfois à côté de moi, charriés par des colonnes de mules qu’on fait avancer à coups de trique et d’ordres vocaux pas plus clairs à mes oreilles que du grec ancien.
Cette première étape a pour beaucoup valeur de test. Plus de mille mètres de dénivelé vers le Valbona Pass, voilà qui devrait permettre aux membres du groupe de trouver leur place et aux encadrants d’évaluer le niveau de chacun(e).
Il n’est pas dix heures et je ruisselle déjà comme une malheureuse truite qu’on aurait arraché à sa rivière. Killian et Robin, nos guides, nous avaient prévenus la veille : la chaleur peut constituer un adversaire implacable dans ces massifs montagneux. Je songe à la Corse et au GR20, un autre pays de la soif. Sauf qu’ici les paillotes et les cafés improvisés sont monnaie courante et que la tradition n’est pas de les brûler. De quoi survivre à la déshydratation et garder la tête froide face à la menace du coup de chaud.
La fréquentation de l’itinéraire ne lasse pas de me surprendre. Ça cause dans toutes les langues, comme un dimanche au pied de la Tour Eiffel. « C’est une randonnée extrêmement populaire ici », m’explique Robin. « Beaucoup de personnes font l’aller-retour au col à la journée. Il y aura déjà beaucoup moins de monde côté Valbonna. » Une procession de petits groupes s’étire ainsi sur le sentier qui s’élève à l’ombre salutaire de grands hêtres.
Un pas après l’autre, je finis par rejoindre le Bar Kafe de Zef Rrgalla, improbable établissement aux allures de chalet alpin envoyant des riffs de pop albanaise à la vallée qu’il domine. Une clientèle jeune et internationale, ajoutée à une approche résolument inédite de la montagne par les albanais justifie ce drôle de spectacle. Dernière pause et dernier point d’eau avant les trois cents derniers mètres vers le col.
Le hêtre finit par reculer, remplacé au pied levé par des vagues denses de pins à crochets. À bientôt 1600m, des fenêtres s’ouvrent plus régulièrement dans la végétation, laissant apparaître des horizons de sommets qu’une altitude modeste – peu dépassent les 2500m – ne dépare en rien de l’aspect rocheux redoutable. Le Maja Boshit et ses 2416m compte définitivement parmi ceux-là.
Une dernière rampe, un câble pour rassurer, une poignée de marcheurs fébriles à dépasser et me voilà qui débarque au col. Le Valbonna Pass est un endroit où on se sent vite à l’étroit, une échancrure peu large en comparaison du flux de randonneurs/ses qui y transitent activement. À l’inverse, le paysage soudainement révélé est immense et spectaculaire. De quoi faire instantanément oublier l’effort de l’ascension.
Poussant à gauche dans un élan de minéralité pure, les sommets du groupe de Popluk capturent le regard par la puissance visuelle qui en émane. Blotti en son centre, dépassant d’une courte tête ses principaux voisins, le Jezercës en est, avec ses 2694m d’altitude, le point culminant ainsi que le plus haut sommet des Alpes DInariques. À sa gauche, les Maja Popluqes et Alijes s’affichent comme deux autres candidats à l’ascension parfaitement respectables.
Grimper sur l’escarpement rocheux qui surplombe le col donne l’occasion d’un bonus et d’un face-à-face mémorable avec ces géants. Il fait naître des envies d’aventures alpines par ces vallons sauvages où tant d’itinéraires semblent encore attendre d’être parcourus et racontés. Pas de doute, ma machine à rêver s’est déclenchée.
Avant de plonger vers l’immense vallée de Valbonna, le sentier s’offre une section en balcon grandiose qui courtise le versant sud abrupt du Maja Valbones. Une trace ondulante, appuyée contre le pied d’immenses falaises, qui ne lasse pas de profiter de vues magistrales sur ces reliefs taillés à coups de serpe par la patience du temps.
Le Balkan Trail est une introduction, une ronde sportive mais sage qui garde des distances de spectateur avec l’univers autrement plus engagé de la conquête des cimes.
Je suis sous le charme et dévoré de curiosité. J’entends déjà les sirènes de la frustration et leurs accents de tragédie grecque lorsqu’il sera acté que cet étalage d’objectifs aussi exotiques qu’inédits ne donnera lieu à aucune exploration pour Raf et moi. Je ne suis pas en Albanie depuis deux jours que je m’entends déjà dire que je reviendrai. Un voeu pieu qui me fait sourire par sa touchante naïveté.
La descente vers la vallée, mille mètres en-dessous, démarre. Pas la moindre trace de route dans le paysage. Seul le sillon gris clair du lit de la rivière a ouvert un passage dans cette énorme cuvette boisée et rehaussée de pics et de crêtes. J’y vois un peu de Slovénie – en moins encaissé – et de Dévoluy – avec bien moins de brebis.
Mais, surtout, je n’ai toujours pas détaché les yeux de ces colosses calcaire quand je rejoins le vieux camion Mercedes de plus de 600000 kilomètres dont la carlingue usée nous attend au pied du respectable Maja Zhapores pour nous conduire à Valbonna. Au terme de ce premier jour, l’Albanie m’a fait forte impression.
JOUR 2 : VALBONA – CEREMI – DOBERDOL
15,4 km, 1020m positif, 360m négatif
La journée démarre dans la peau d’un sac de patates, bringuebalé à droite et à gauche au gré des cahots de la piste empruntée par la fourgonnette qui nous monte à Çerem, un cul-de-sac de fermes isolées à 1150 mètres, sous la frontière du Monténégro. La partie pédestre démarre ici avec un sentier volontaire qui, sans le moindre ménagement, prend d’assaut une série de ressauts habillés en prairies, entre deux tunnels boisés.
L’essentiel du dénivelé de l’étape s’avale là, sous la chaleur cuisante du soleil albanais à laquelle on n’échappe qu’en se réfugiant à l’ombre d’un petit café, tout de bric et de broc, qui attend les marcheurs/ses en nage à l’issue de leur ascension. Des travailleurs locaux y trinquent déjà au raki – la gnole du pays – auquel nous préférons un shoot de soda frais et sucré pour effacer l’ardoise de ce premier effort. On n’est pas parti depuis une heure et je pourrais déjà boire la mer et les poissons.
Le passage de la frontière s’effectue un petit peu plus haut, sans tambour ni trompette. Pas même une barrière ou une guérite à l’horizon. Juste un cairn, modeste et discret. Nous voici donc entrés pour un temps au Montenegro, comme des clandestins, progressant en file indienne par des sous-bois ombragés où pépient des Pouillots Véloces et des Rouges-Gorges Familiers.
Plus distante qu’hier, la montagne a été reléguée à un élément de décor assez lointain qui émerge derrière la ligne des résineux fermant les nombreuses prairies d’altitude traversées par le sentier. Bien plus roulant désormais, celui-ci incite au relâchement et à une foulée plus apaisée.
Le groupe se tend comme un élastique, lâchant en tête un petit peloton pressé qui, au pas cadencé, distance rapidement le reliquat plus gouailleur de la troupe. Rendez-vous est donné pour le lunch juste après le col Aljuci où Killian et Robin nous ont fait miroiter une spécialité locale, le börek – prononcez « bourèque » – une tarte à base de pâte feuilletée qui peut être farcie d’ingrédients sucrés ou salés. Quel appétit résisterait à pareille proposition ?
Les montagnes d’Albanie affichent ici un visage plus assagi et verdoyant. Les sommets ont perdu en intensité, relégués à des cônes inoffensifs que relient entre eux des lignes de crêtes ouvertement hospitalières. De part et d’autre, de larges versants herbeux prédestinent le secteur à l’estive et il n’est pas rare de croiser, dispersées dans des parcelles d’herbes folles et d’oseille sauvage, de précaires cabanes de bois autour desquelles pâturent quelques vaches rousses.
C’est une étape différente, presque transitoire, qui offre une marche moins exigeante physiquement que la veille dans un décor de moyenne montagne forestier. On y est les témoins d’une ruralité d’altitude isolée tandis que le petit groupe auquel je me suis joins progresse, en tête, en direction du verrou qui ferme la vallée.
Le dénivelé marque un bref retour en force pour l’occasion. Malgré la pression de la chaleur de cette fin d’après-midi, Robin imprime un rythme d’ascension soutenu jusqu’à nous faire jaillir, le souffle court, face au spectacle de Doberdol, qu’il qualifie de « plus beau basecamp de la semaine ». Un avis totalement partagé.
Après une journée jamais passée très loin des sous-bois, Doberdol signe le retour à une montagne nue, pleine et entière. Un vallon immense et lumineux, dominé par le vert des alpages qui coule librement le long de chacun des longs versants en tapissant les flancs. Des poignées de fermes rustiques ont poussé dans cette vaste étendue, calfeutrées autour de clôtures en bois servant aussi d’enclos pour quelques têtes de bétail.
Au milieu de cette activité agricole mesurée, du carillon des sonnailles et des aboiements des chiens, des basecamps pour trekkeurs/ses se déploient sur des surfaces plus grandes, confrontant les cultures et invitant en ces lieux les éléments nouveaux du tourisme international.
À Doberdol, comme ailleurs, les habitants ont bien compris l’opportunité offerte par le Balkan Trail et il n’est pas rare que les fermiers s’improvisent gérants de guesthouses.
À l’instar de l’agro-pastoralisme en France, le temps passé à Doberdol est soumis aux saisons et n’excède pas quelques mois de l’année. La montagne est ensuite rendue à l’hiver et au silence du froid et de la neige. Bergers et marcheurs font ainsi cause commune le temps d’un été, se nourrissant au sein de la montagne – au propre comme au figuré – tant que les conditions y demeurent favorables.
JOUR 3 : DOBERDOL – PLAV
17,3 km, 650m positif, 910m négatif
Jamais deux sans trois. Le démarrage de l’étape est encore tonique aujourd’hui. Le groupe quitte Doberdol par un exercice proche du kilomètre vertical. Objectif : atteindre la crête étirée, au nord, entre le Shapti Peak et le Tromeda, un sommet arrondi bien marqué abritant une particularité que nos guides ont dans l’idée de nous faire découvrir.
Par ici la montagne recommence à montrer un peu les muscles, hésitant entre la raideur austère du rocher et la douceur arrondi de l’herbe.
C’est une belle ascension, patiente et sans aucune difficulté, par des sentiers toujours parfaitement dessinés. Je songe à l’Auvergne, peut-être un peu au Beaufortain ou au Chablais aussi. Ou encore au Piémont Pyrénéen avant qu’il ne vienne se heurter aux pentes plus rocheuses de la partie médiane de la chaîne.
Plus généralement, l’Albanie évoque ici ces vallées et ensembles où le vert domine et que surmontent, à l’horizon, des lignes de reliefs rocheux plus acérées, synonymes de défi et d’efforts plus nourris. Ainsi, depuis les 2350m du Tromeda, je retrouve la sensation éprouvée en 2002, lors de ma traversée des Pyrénées, quand je découvrais, au loin, l’Aneto et la Maladeta.
« Ici, les amis, sachez que vous vous tenez au point de convergence de trois frontières » nous annonce Killian en ouvrant les bras pour accompagner du geste sa déclaration. « La vallée de Doberdol c’est l’Albanie » poursuit-il en nous invitant à contempler, déjà bien plus bas, le point de départ de cette troisième journée.
« Nous on va continuer par cette crête, ici » continue-t-il en désignant une belle chevauchée vers l’ouest et le Shapti Peak. « Et, enfin derrière, par là, c’est le Kosovo et la suite officielle du Great Peaks of Balkans ». Je peine à réaliser que je suis en plein coeur de ces montagnes d’Europe dont le visage, malgré la nature inconnue, a pourtant quelque chose de familier.
Parle-t-on réellement de ce pays dont le nom évoque invariablement la guerre qui s’y est déroulée entre 1998 et 1999 ? Un quart de siècle après, le calme de la montagne en a enterré le souvenir et je regrette de ne pas disposer du temps nécessaire pour avancer, par les chemins, à la découverte de ses sommets et de ses vallées du Kosovo.
Enchaîner par la crête est le prolongement sublime et naturel à l’ascension du Tromeda, une occasion unique de jouer les funambules entre l’Albanie et le Monténégro. À la file indienne, le groupe domine les vertes vallées succédant au toboggan des versants opposés.
Un cheminement de privilégiés, généreusement panoramique, couronné par la pointe accidentée du Bogićevica d’un côté et la masse, plus indolente, du Hridski de l’autre. Je fourche encore complètement sur la prononciation de la toponymie mais n’en suis pas moins toujours démangé par la furieuse envie de grimper là-haut !
En rejoignant, plus tard, les rives bordées de pins du lac de Hridsko Jezero où la pause pique-nique a été décrétée, je songe à une version alpine de ce Balkan Trail, un tracé parent plus engagé pour aller tâter du sommet et du rocher. Le genre d’idée qu’on arrose d’un grain de folie après l’avoir plantée dans un coin en friche de son cerveau dans l’espoir qu’un jour elle donne naissance au germe d’un projet.
Puit d’eau sombre ouvert dans un écrin dense de résineux, le lac de Hridsko Jezero est un appel à la baignade après ces heures de marche entre ciel et terre. J’y entre sans prendre le temps de la réflexion, laissant la sueur, la poussière et la chaleur accumulée couler à pic dans la noirceur vivifiante de ses profondeurs. La fraîcheur de l’eau agit comme un baume.
Je nage jusqu’au centre de l’étendue en savourant le calme apaisant du lieu et la vue sur les reliefs environnants. La suite, l’après-midi, ne sera en effet plus qu’une longue descente forestière vers le hameau un peu fantomatique de Katun Bajrovica puis, par une piste sans difficulté mais monotone, vers le fond de vallée et l’Eco Hrid Lodge où doit nous attendre la navette qui nous conduira ensuite à Plav.
Phénomène inhérent à l’itinérance alpine, le retour en basse altitude induit une attention réduite et le retour à des instants d’introspection mentale plus marqués. Le temps des marches en silence pour les uns ou, à l’inverse, à des sessions de bavardages interminables pour les autres. Choisissez votre camp !
JOUR 4 : PLAV – VUSANJE
15,3 km, 660m positif, 1110m négatif
Une nouvelle navette nous a transférés, depuis Plav, quelques 500 mètres plus haut, nous épargnant ainsi, et une fois de plus, un segment plus fastidieux par des routes chaudes et des pistes aveugles. On pourrait nourrir un sentiment d’illégitimité en comparaison de ces courageux trekkeurs qu’on croise, intégralement à pied, sur l’itinéraire complet du Peaks of the Balkans.
Mais quelle gloire y aurait-il à retirer de gaspiller un temps précieux sur ces épisodes sans grand intérêt quand on n’a qu’une courte semaine devant soi pour découvrir cette partie des Balkans ? Revendiquer chaque kilomètre du parcours nécessite davantage d’un temps dont aucun de nous ne dispose à cet instant.
L’option des navettes peut bien être vue comme une trahison à l’intégrité du parcours, elle demeure, à ce stade, un choix naturel et logique. Les sous-bois nous accueillent donc à nouveau le temps de contourner le mamelon boisé du Karaula et de nous élever, en douceur, jusqu’au pied du mur du Maja e Borit, le gros client de la journée.
Nous sommes ici dans le périmètre du cinquième Parc National Monténégrin, créé en 2009 et baptisé Prokletije. Appuyé contre la frontière albanaise, c’est un endroit que sa jeunesse rend encore sauvage et peu visité. Pour en prendre la pleine mesure il va falloir gagner le rebord de cette crête qui mène ensuite, plus en douceur, vers des espaces d’altitude qui n’ont pas encore été baptisés par la toponymie.
Jusque là encore aimable, la pente se fâche, s’emballe, se redresse de toute sa hauteur en ruant comme un cheval fou. La pesanteur se rappelle à moi. Le poids du sac aussi. Le groupe explose, abandonnant chacun(e) à la souffrance de l’effort et à un palpitant hors de contrôle.
Le sentier se déploie comme un raide escalier de marches trop hautes où la main accroche les troncs et les racines le bordant comme une rambarde. Les premiers arrivés encouragent les autres depuis la plate-forme sommitale. L’effet de groupe dope la combativité face à l’adversité du terrain. Un(e) par un(e), chacun(e) vient à bout de l’épreuve de force. Le plus dur est désormais derrière soi.
La suite de l’itinéraire se passe sur un nuage. Émergeant d’entre les derniers pins jusqu’à ne plus rencontrer autre chose que l’air frais de l’altitude, la ligne claire du sentier chemine maintenant sur l’échine large et arrondie d’une crête bosselée.
D’un mouvement souple, elle guide le groupe en direction d’une éminence herbeuse au-delà de laquelle dépassent les masses de roche grises de l’important groupe de Kolata culminant à 2556 mètres d’altitude. Je m’en approche en caressant l’espoir un peu fou que le tracé s’engage dans ce vaste couloir ouvert entre deux de ses sommets.
Un coup d’oeil à la carte m’offre de constater que le passage non seulement existe mais permet, porté par la promesse d’un itinéraire sauvage, de rejoindre Valbonna où nous dormions deux jours plus tôt. Pas vraiment notre direction et je comprends donc que la seule issue possible est désormais cette immense dépression envahie de forêts qui s’affaisse jusqu’à Vusanje et la vallée de Grlja.
Depuis ce promontoire panoramique où se consomme la pause déjeuner, je m’imprègne en silence de la puissance évocatrice de ces montagnes trapues, à la beauté austère, que je reste invité à contempler de loin en nourrissant ma frustration d’ascensionniste. Qu’il est terrible de vouloir en permanence grimper sur le moindre sommet…
Le début de la descente donne heureusement l’occasion d’admirer encore cette explosion de calcaire surgissant en à-pics et en falaises courbes d’un socle de gradins rocheux et d’affleurements qu’entourent des prairies lumineuses. L’identité alpine propre aux Alpes Dinariques de l’Albanie et du Monténégro s’exprime dans cette débauche visuelle qui accueille le/la marcheur/se au-dessus de 1700 mètres.
Le coeur palpitant du Balkan Trail est là, dans ces instants de confrontation visuelle à la force tranquille de la montagne. Des étages de pure magie où chaque élément contribue à la perfection du tableau. Il suffit de redescendre de quelques centaines de mètres pour sentir qu’on a à nouveau quitté ce divin sanctuaire.
Plus bas c’est en effet le retour dans le monde des hommes, des chiens qui protègent des loups, des fermiers souriants qui veillent sur leurs vaches en prenant le temps d’accueillir les visiteurs étrangers autour d’un goûter à base de yaourt et de miel.
Un univers plus rude et touchant, propice à ces rencontres éphémères forgées sur le choc des cultures. Un bout d’humanité dans un recoin reculé du Monténégro. Juste le temps d’une pause, avant de glisser vers Vusanje et la fin de la journée, tout en bas de la vallée.
JOUR 5 : VUSANJE – THETH
15,6 km, 860m positif, 890m négatif
Vusanje. Un bout du monde avant les montagnes et la frontière albanaise. Une vallée profondément étirée et encadrée de sommets dont aucun accès n’a l’air facile vu d’en bas. Du temps où la zone était encore sous influence communiste, le passage que nous nous apprêtons à suivre était interdit.
Bien des malheureux/ses y furent arrêté(e)s alors qu’ils tentaient de fuir le régime, payant de leurs vies cet acte désespéré. Aujourd’hui encore, le triste surnom de « montagnes maudites » reste accolé à cette immense vallée qui permet de relier Theth au niveau du col de Qafa e Pejës.
Soudain, un éclat de turquoise surgit entre le feuillage des arbres. L’iris bleuté d’une vasque de la taille d’un petit étang est juste là, en bordure du chemin. Oko Skakavice est une invitation indécente à la baignade. La trempette sera brève cependant : le spot est aussi sublime que glacial. L’eau, profonde, peine à dépasser les 10°.
L’immersion complète me coupe le souffle et rend la respiration difficile. Quelques secondes seulement et je me suis senti Jack aux côtés de Rose après le naufrage du Titanic. N’en reste pas moins une petite capsule de beauté qui peut être admirée depuis la rive sans devoir céder aux sirènes de ses eaux arctiques.
Reprise de la marche. La vallée n’en finit pas de dérouler son couvert forestier sur des kilomètres, refusant de prendre de l’altitude jusqu’au lac de Ropojana. Ou plutôt ce qu’il en reste. À savoir une plaine asséchée et fleurie, surmontée de pics évoquant davantage des crocs que des montagnes. Les sommets de Prokletije renvoient une allure redoutable et fascinante, ode irréelle à la verticalité.
La frontière avec l’Albanie est repassée plus loin, près de l’embouchure fantôme du lac. Dans cette vallée écrasée de chaleur, l’eau potable est une denrée rare et précieuse. Robin nous en a heureusement promis un peu plus tard, au débouché du verrou glaciaire qui nous fait enfin prendre de la hauteur.
Au sortir d’un sentier en lacets escaladant une hêtraie, le groupe surgit à l’air libre sur un nouveau plateau piqueté de pins à crochets et fermé par la redoutable muraille rocheuse servant de socle à la splendide ogive du Maja Vukoçes. C’est là, au-dessus d’un camp de fortune, que nos gourdes presque vides s’abandonnent à la fraîcheur précieuse de la source promise. Soulagement.
La suite frise le grand spectacle. Une sorte d’apothéose qu’on aurait réservée aux plus tenaces. Sans même s’en rendre compte, l’emprise de la montagne est plus que jamais là. Une réunion de sommets siégeant partout autour du sentier, certains affichant des silhouettes plus impressionnantes que d’autres.
Parmi mes favoris, le rognon boursouflé, falaiseux et jouxté d’une épaule herbeuse caractéristique du Maja e Proshit à 2412 mètres ne laisse pas indifférent. Évidemment, impossible d’ignorer également la formidable dent du Maja Harapit, dressée dans le paysage à la rencontre des nuages. Un hymne à l’escalade sportive et à la beauté nue du rocher. Une ligne parfaite qui semble supplier d’être gravie.
Évoluer dans ce décor est la plus belle façon de clôturer ce tour initiatique dans les Alpes Dinariques. Tout ici appelle à revenir. J’en oublie la fatigue et la chaleur, l’eau qui peut manquer et le poids du sac dans mon dos. Je rejoins Qafa e Pejës dans un état second alors que Killian et Robin prodiguent les derniers conseils avant la descente.
« On va vous demander de rester toujours extrêmement concentrés pendant la descente. » recommandent nos guides avec la plus grande rigueur. « C’est un terrain exigeant, qui peut être glissant. Utilisez bien vos bâtons et gardez un oeil sur vos pieds. »
Le dernier tronçon avant la ligne d’arrivée semble devoir être pris au sérieux. C’est un passage ancien de bergers et de muletiers, une trace improbable qui se taille une ouverture là où, de loin, ne s’aperçoivent que ravins et falaises. Pourtant, camouflé dans cette raideur, un chemin se tortille adroitement et permet de perdre sèchement 700 mètres d’altitude en deux kilomètres.
On y croise d’ailleurs un troupeau de chèvres qui, immobile dans une cheminée pas bien large, créera un embouteillage que le berger, amusé et peu réactif, n’aura pas eu l’air véritablement pressé de résoudre. Le bouchon évacué, le groupe s’écoule comme l’eau dans le robinet au fil d’un chemin torturé flirtant parfois avec des falaises gigantesques.
Un exercice plus fastidieux à la fin mais motivé par la perspective d’un final imminent qui fait taire la fatigue et les bobos. Et ce sont ainsi des hourras victorieux qui sont poussés lorsque le café, où attend notre navette, est finalement atteint près d’une heure trente après avoir quitté le col. L’heure est maintenant à la fête sur le Balkan Trail.
BALKAN TRAIL : GUIDE PRATIQUE
Venir en Albanie
On est venu en Albanie en avion avec Austrian Airlines au départ de Nice et avec une correspondance à Wien. Départ à 9h45 et arrivée à Tirana à 14h15. C’était le choix le plus logique en habitant dans le sud. On a rejoint Nice le matin du vol en voiture. On a stationné celle-ci dans le secteur de la faculté de lettres – gratuit – et on a ensuite pris la ligne 2 du tramway qui dispose d’un arrêt au Terminal 1. Pratique autant à l’aller qu’au retour avec des horaires de tram tirant jusqu’au-delà de minuit.
Si c’était à refaire, j’opterais peut-être en revanche davantage pour un vol direct, moins fatiguant en cas de retard. Pour info vous pouvez également rejoindre Tirana depuis Paris, Lyon et Bruxelles pour nos amis belges. Depuis l’aéroport, je vous recommande d’utiliser les bus qui font la navette vers le centre de Tirana pour 4 euros (400 leks), plus économique que le taxi (entre 12 et 25 euros selon vos talents de négociateur/trice).
Visiter Tirana
En fonction de l’heure à laquelle vous arriverez et selon que vous vous serez vous-même chargé de votre nuit à Tirana, vous disposerez sans aucun doute de quelques heures pour découvrir la capitale albanienne. Le centre de Tirana se parcourt facilement à pied : parcs et esplanades piétons seront vos premiers choix pour embrasser cette ville qui semble en proie à la folie des grandeurs et en travaux perpétuels.
Depuis la place Skanderberg vous constaterez à quel point les projets – achevés et en cours – d’immeubles aux architectures arty sont légion. On y a croisé une population souriante et accueillante, plutôt prompte à aider le visiteur perdu qu’à l’arnaquer.
On s’est naturellement dirigé vers le Bunk’Art, un ancien bunker transformé en musée sur le régime totalitaire d’Enver Hoxha (entrée adulte : 9 euros) avant d’aller flâner du côté du marché de Tirana et de sa halle de verre et d’acier autour duquel gravitent de bonnes adresses pour un dîner. Un endroit apprécié des locaux et des touristes où vous pourrez récupérer un premier souvenir.
Où dormir à Tirana ?
Au chapitre des choses que je n’avais pas spécialement envie de faire, c’était de chercher où dormir à Tirana. J’ai donc confié ce point à Travelbase en amont et, entre nous, je n’ai pas été déçu car ils nous ont mis sacrément bien. Pour une option payée 45 euros par personne, Raf et moi avons dormi au Marinaj Hotel, un 4 étoiles à la présentation soignée et aux prestations impeccables.
Situé à 15mn en bus du centre, ce n’est peut-être pas l’établissement qui fait rêver par sa vue – on donne directement sur une sorte de périphérique embouteillé qui accueillait, en 2024, un chantier copieux ! – mais le confort des chambres n’a rien de factice et s’apprécie à sa juste valeur après une journée dans les transports et avant une semaine à venir sous la tente.
Se déplacer à Tirana
Comme on est un peu joueur avec Raphaèle, on a décidé de prendre des bus sur la simple base de la présence d’arrêts autour de notre hôtel (merci Google Maps pour l’info). Dans la réalité c’est un peu plus compliqué : les arrêts de bus de Tirana ne portent pas de nom et n’affichent pas de plan du réseau et/ou de la ligne concernée ! Autant vous dire qu’on y a été pas mal à l’aveugle en misant beaucoup sur mon sens de l’orientation. Le ticket s’achète directement dans le bus : une personne dédiée à ça viendra vous voir assez rapidement après votre montée. C’est hyper économique puisque ça coute 40 leks, soit 40 centimes d’euro !
Faire le Balkan Trail en indépendant
On croise régulièrement des randonneurs/ses indépendants effectuant le Peaks of the Balkans. Si envisager d’organiser par soi-même l’intégralité de la randonnée de 10 jours est évidemment possible, il sera beaucoup plus compliqué d’imaginer réussir à reprendre le concept du Balkan Trail en solo.
D’abord parce que, sur place, la barrière de la langue pose déjà un premier frein sérieux aux désirs d’autonomie des voyageurs/ses. Même à Tirana, la pratique de l’anglais n’a rien de courante et se faire comprendre n’est pas chose aisée malgré la bonne volonté des habitant(e)s.
Je ne vous parle même pas de partir à la recherche d’un bus ou d’une navette pour Theth ou, plus difficile encore, de trouver un véhicule pour vous permettre de réaliser les sauts de puce entre deux points par vos propres moyens !
Sans une préparation en amont, des contacts sur place et l’appui de guides locaux, c’est presque mission impossible. Passer par l’agence dédouane de la difficulté d’organiser ses propres déplacements en Albanie et, dans la pratique, je peux vous garantir que ça représente un énorme confort pour profiter l’esprit libre des paysages et des trésors naturels des montagnes d’Albanie et du Monténégro.
Balkan Trail : Niveau & Difficulté
Parlons tout de suite sans langue de bois : le Balkan Trail n’est pas un trek pour débutant(e)s. Entre un dénivelé quotidien conséquent – parfois plus de 1000 mètres, ce qui n’est pas si courant au programme d’une agence – un terrain qui sait se faire exigeant et des températures élevées qui viennent compliquer la tâche, le Balkan Trail demande non seulement une préparation physique adéquate mais un minimum d’expérience dans la pratique du trek de type alpin.
Ce n’est pas un parcours techniquement difficile : on est toujours sur de bons sentiers et vous ne rencontrerez aucun passage où il faut mettre les mains. En revanche l’effort à fournir est constant quoique réparti différemment sur l’ensemble des étapes. Plus que des aptitudes techniques, c’est une bonne endurance qui sera plutôt réclamée.
La première journée est, à mes yeux, la plus rude avec une ascension longue et quasi immédiatement sévère qui donne le ton. Bien que concentré au début des deux étapes suivantes, le dénivelé se dilue ensuite davantage dans la distance. Le quatrième jour prévoit une seule réelle difficulté, brève mais conséquente. La dernière étape offre une progression en altitude progressive mais longue et, à la clé, une descente un peu plus technique que le reste du trek.
Ce niveau de difficulté s’ajustera ensuite à deux autres facteurs : le poids de votre sac et votre gestion de l’eau. Si vous pensez être un peu « juste » physiquement par rapport aux pré-requis pour participer à ce trek, je vous recommande de souscrire à l’option de portage de vos bagages (130 euros par personne). Voir ensuite le paragraphe « L’eau sur le Balkan Trail » pour mes conseils à ce sujet.
L’eau sur le Balkan Trail
Préparez-vous à avoir chaud et soif sur le Balkan Trail. Cette semaine dans les Alpes Dinariques m’a rappelé pas mal le souvenir cuisant de la Corse et du GR20. Ce n’est cependant pas une raison pour vous charger comme une mule car, avec une gestion raisonnée, il est possible d’aller de point d’eau en point d’eau sans souffrir d’un poids excédentaire.
Sur beaucoup d’étapes – notamment la première et la seconde – vous serez déjà surpris du grand nombre de « paillottes » en bordure du sentier où, à défaut de trouver une source, vous aurez la possibilité, moyennant 2 euros (ou 200 leks) de vous désaltérer avec une cannette fraîche. Il y a, ensuite, deux points d’eau sur la deuxième étape, un sur la troisième, deux sur la quatrième et un sur la cinquième.
Je vous conseille donc de boire régulièrement mais sans excès. L’hydratation sur le Balkan Trail est un point essentiel. Pratiquée raisonnablement, elle ne devrait pas justifier la présence de plus de 2 litres d’eau dans votre portage.
Les repas
Pour des raisons personnelles, vous pourriez avoir envie de gérer vos repas vous-mêmes. Cela sous-entend la préparation de vos menus pour 5 jours, matin, midi et soir et donc du volume et du poids en plus dans le sac à dos. Sans oublier le gaz, le réchaud et les accessoires de cuisine. Tout cela devra être pensé et prévu en amont car vous ne trouverez rien pour acheter à manger sur l’itinéraire.
L’autre option est de confier cette partie de la logistique à Travelbase. Ça coûte 165 euros soit un peu plus de 30 euros par jour pour 3 repas quotidiens. Pas cher payé pour voyager plus léger et profiter des moments en marge de la randonnée.
En revanche vous mangerez un peu toujours la même chose : légumes et crudités – concombre, salade, ratatouille, chou, confiture de poivrons – frites, viande – poulet et saucisse type kefta – börek, fromage blanc. La région n’est pas très portée sur le sucré et les desserts sont assez rares, excepté à Theth. Vous terminerez plus souvent par un fruit – pêche ou pomme. Les pique-nique sont peu ou prou réalisés à partir des mêmes ingrédients.
Pour compléter ce régime à la fois sain – les produits sont locaux et savoureux – mais redondant, vous pouvez emporter avec vous quelques barres de céréales ou des paquets de fruits secs. Les petits-déjeuners mixent le salé – saucisse, bacon, oeufs, fromage blanc – et le sucré.
Les pains sont souvent des « boules » entières ou en vrac. Côté boissons chaudes, ce sera thé et café. Attention : le café gratuit est un « turkish coffee » fadasse peu convaincant ! Il faudra payer pour espérer avoir un café à peu près digne de ce nom : le résultat varie très largement d’une étape à l’autre…
Les hébergements sur le Balkan Trail
À l’exception de Doberdol, situé en pleine montagne, tous les spots d’hébergement sont des basecamps établis autour d’une guesthouse et dans des localités en fond de vallée. Une zone, d’importance variable, est mise à disposition des campeurs/ses pour monter leurs tentes.
Si vous ne venez pas avec votre tente personnelle (ou que vous n’en avez pas) il est possible de la louer auprès de Travelbase pour 79 euros. Vous récupèrerez alors une jolie petite tente MSR de type Elixir.
Les guesthouses sont toutes équipées de toilettes et de douches. Contrairement à ce que j’aurais pu imaginer, ces dernières sont loin d’être aussi rustiques qu’on pourrait le croire. Vous y aurez même droit à de l’eau chaude, fonction de votre chance et de votre doigté à manipuler la robinetterie.
Les hébergements proposent presque tous un wifi gratuit mais sa fiabilité dépend pour beaucoup du nombre de personnes qui se connectent dessus le soir ! À l’exception de Theth où il y a toujours une bonne raison de faire la fête, les soirées sont plutôt calmes et tout le monde est au lit à 22h (ou presque).
L’électricité et internet sur le Balkan Trail
Vous ne pourrez pas faire recharger vos appareils aux basecamps. Tirana est le dernier point de recharge possible avant de vous engager sur le Balkan Trail. Je vous recommande donc l’usage d’une PowerBank – ou chargeur nomade externe – adapté à la puissance de vos équipements.
Dans mon cas, ayant à gérer l’autonomie de 2 téléphones, d’une montre connectée et d’un drone, j’avais vu large en emportant deux Powerbank Charmast de 26800 mAh chacune. Pour ma part je n’avais pas souscrit d’abonnement pour accéder à la 4G. En laissant le téléphone en mode avion et en désactivant les données mobiles, je n’ai eu à le recharger qu’une fois pendant le séjour.
Et encore j’ai joué la carte de la prudence car il venait juste de passer sous les 50%. Il aurait sans doute pu tenir jusqu’au bout sans la moindre charge. Si vous souhaitez utiliser votre mobile pendant le voyage, il faudra acheter une carte SIM pré-payée à Tirana auprès d’un des opérateurs locaux comme Vodafone, One ou ALBtelecom. En général, pour 20 à 30 euros max, vous avez la totale !
Balisage et suivi de l’itinéraire sur place
Le Peaks of the Balkans est intégralement balisé. Pas de manière conventionnelle comme en France – genre avec des références de peinture précises, des tailles homologuées et un protocole scrupuleux – mais somme toute très régulièrement et de manière claire. Ce sont des marques de peinture blanche-rouge-blanche superposées ou sous forme de pastilles rondes.
On trouve également parfois un logo « Peaks of the Balkans ». La signalétique fléchée est en revanche beaucoup plus clairsemée et inégale : ne comptez pas trop sur elle d’autant que tout est écrit en albanais.
Moyennant un abonnement et l’accès à internet – voir paragraphe précédent pour ce point précis – vous pourrez, en complément, faire l’usage de vos applications de randonnée habituelles pour suivre votre progression et utiliser des traces GPX préalablement importées. Ce sera AllTrails, VisoRando, Komoot, OutdoorActive ou MapsMe.
Il est également possible de télécharger les fonds de carte en amont afin de pouvoir y accéder en mode hors-ligne et, ainsi, de se dispenser d’un abonnement internet pendant le séjour. Sachez, enfin, que Travelbase dispose de sa propre application et d’un mode carte, accessible hors-ligne, qui vous géolocalise en temps réel sur l’itinéraire. Très pratique.
Sachez aussi que les guides sont toujours présents, en tête et en queue de groupe, pour répondre à vos questions sur l’itinéraire et vous indiquer le bon chemin.
Fréquentation de l’itinéraire
Le Peaks of the Balkans jouit visiblement d’une notoriété encore timide mais en constante évolution. Principalement auprès des trekkeurs/ses allemandes et/ou anglais. On ne croise donc pas encore beaucoup de marcheurs/ses dans les Alpes Dinariques et, dès lors qu’on quitte les sentiers, il n’y a plus personne.
C’est un authentique territoire d’explorateurs/trices. À l’exception de Theth, qui semble être une sorte de Kathmandou albanais où l’engagement sur les chemins est plus marqué, le Balkan Trail permet de jouir d’une solitude appréciée sur son itinéraire.
À propos de la dynamique de groupe
L’esprit Travelbase apporte à mes yeux quelque chose de neuf au voyage collectif encadré. À moins d’être un individu à l’asociabilité assumée souhaitant jouer les ours albanais, intégrer un groupe pour découvrir les montagnes d’Albanie et du Monténégro est une expérience enrichissante que je ne regrette pas d’avoir vécue. Il faut dire que le groupe en question était du genre exceptionnel, réunion assez miraculeuse de belles personnes encadrée par quatre guides au top.
Première bonne impression : je ne me suis pas senti « prisonnier » du groupe et de l’accompagnement. Du fait de la présence de quatre guides – dont un guide local venu du Kosovo – il est possible de s’étaler : marcher vite devant ou flâner à l’arrière devient donc possible contrairement à ces groupes constitués emmenés par un seul guide.
Deuxième bonne impression : la nature hétéroclite du groupe. Le profil du/de la voyageur/se Travelbase est plutôt jeune avec, je dirais, une trentaine d’année en moyenne. Une tendance qui se ressent sur l’atmosphère générale avec des personnes naturellement fraîches, avenantes, drôles et spontanées. Avec Raphaèle on faisait partie des plus âgés (respectivement 44 ans pour elle et 49 ans pour moi) mais on ne s’est absolument pas senti isolés par cette différence d’âge parfois marquée (le plus jeune participant avait 19 ans).
Le groupe était soudé et bien équilibré. Une réussite qu’on peut sans doute aussi mettre sur sa taille raisonnable de 13 personnes + 4 guides. De l’aveu de Robin et Killian c’est une taille inhabituelle qui leur a aussi permis de mieux profiter de nous. Il faut savoir que certains groupes peuvent monter jusqu’à plus de 40 participants. Toujours selon nos guides cela n’empêche pas l’installation d’une bonne ambiance. La différence vient que des sous-groupes d’affinités se créent alors que le notre a pu conserver son côté uni. Et que cela leur laisse moins de latitude pour créer des liens avec tout le monde.
Comment s’inscrire au Balkan Trail ?
Le Balkan Trail version Travelbase a lieu en juillet pour le public francophone. Il n’y a que trois départs possibles, aussi les places sont-elles limitées et une inscription à l’avance est-elle recommandée. Le prix de base de ce voyage est de 550 euros par personne, vol et options non comprises.
En vous inscrivant en avance via le formulaire mis en place sur le site, il est possible de recevoir en exclusivité les dates d’inscription pour l’année suivante et d’être parmi les premiers à s’y inscrire, 24h avant l’ouverture officielle des inscriptions. Il est alors également possible de bénéficier de tarifs « early bird » avantageux.
Pour plus d’informations et/ou pour réserver votre place, rendez-vous sur le site du Balkan Trail.
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