Pile et Face : Ce Jour où J’ai atterri sur l’Incroyable Planète Salagou

La planète Salagou, c’est un monde de contrastes, une mosaïque de paysages qui satellisent autour de l’orbite de ce vaste et accueillant lac situé à seulement une heure de Montpellier, dans l’Hérault. Le randonneur pourrait se contenter d’une boucle autour de cette petite mer intérieure mais ce serait faire peu de cas des richesses, parfois insoupçonnées, qui se nichent dans les environs de celle-ci. A commencer par le cirque dolomitique de Mourèze, de l’autre côté de la Montagne de Liausson. Sans oublier, les paysages lunaires – à moins qu’ils soient martiens – des sources de Lagarel, totalement confidentiels. On fait un tour du propriétaire dans ce nouvel épisode.

Difficulté : moyenne | Longueur : 7,5 km+10 km | Durée : 3h+3h30 | Dénivelé : 420m+270m

Quelle curiosité d’imaginer trouver ici, dans l’Hérault, un paysage venu tout droit d’Italie, mère patrie des fameuses Dolomites ! Surgis soudainement à travers la végétation, le cirque de Mourèze et ses formations calcaires pétrifiées attirent irrésistiblement le visiteur. Mais ce ne sont uniquement les Dolomites qui viennent à l’esprit en découvrant ces piliers sédimentaires que le temps et l’érosion ont sculpté tantôt en champignons boursouflés, tantôt en étroites bougies calcaire : ce sont aussi les Mourres de Forcalquier.

Véritable musée à ciel ouvert, le cirque de Mourèze invite à un voyage dans un temps géologique où l’océan était roi.

C’est l’un de ces témoins de l’ancestrale présence de la mer qui, une fois retirée, a laissé le soin à la Nature et à ses outils de façonner le paysage. Les matériaux les plus tendres ont été transformés en pièces d’un musée minéral figé, au sein duquel déambule désormais librement le randonneur moderne, témoin éphémère de cette érosion qui se poursuit à l’échelle géologique. L’itinéraire  se faufile à travers ces colonnes massives auxquelles on a même donné des noms : Sphynx, Gardien, Oracle, Ours ou encore Cerbère ! Les divinités du cirque de Mourèze évoquent celles, incroyables aussi, du Bois de Païolive, en Ardèche.

La Montagne de Liausson, vaste éminence élevée au-dessus du cirque de Mourèze, permet ensuite de prendre un peu de hauteur pour le contempler ainsi que le ferait le Circaète Jean-le-Blanc, invité régulier dans le ciel de cette partie de l’Hérault. L’ascension, courte mais fulgurante, s’envole à travers l’ombre des chênes pour surgir, quelques 300 mètres plus haut, dans une explosion de genêts. Le souffle un peu court, le randonneur reçoit une soudaine bouffée d’air frais tandis que s’ouvre, sous ses pieds et en face nord, le spectacle inattendu du Lac du Salagou.

De l’autre côté du sommet de la Montagne de Liausson, l’immense surface du lac du Salagou et son vaste paysage coloré constituent en soi un objectif valable pour justifier une ascension sportive

Une teinte platine à peine ridée par le vent et rehaussée de l’ocre brillant des ruffes en ceint le tour : sous un ciel azuréen où naviguent quelques nuages solitaires, le lac du Salagou offre un visage coloré et joyeux, souligné par le vert jeune et lumineux d’une végétation printanière renaissante. L’endroit est en passe de devenir l’un des grands sites touristiques de l’Hérault, capable d’offrir les plaisirs de l’eau aux Montpelliérains que la saturation du littoral a fini par épuiser. Un refuge nature au-delà duquel s’élèvent les contreforts des Causses et des Cévennes et, plus loin, encore le Pic Saint-Loup, et même le Mont Ventoux et le Canigou, dans les Pyrénées.

Mon doigt se pointe vers le nord, en direction du cirque du Bout du Monde et du Pas de l’Escalette, repères vagues qui annoncent le Larzac. Dans les replis de ce terrain ondulant, Lodève reste invisible. Vers le nord-est, des reliefs qui se rompent en crêtes successives délimitent le nord de la plaine de l’Hérault et le pays de Saint-Guilhem-le-Désert, point de départ de la boucle des Fenestrettes. Au sud, la ligne brillante de la Méditerranée repose sur celle, plus sombre, de la langue terrestre qui relie Sète à Agde en délimitant le Bassin de Thau.

Vue d’ici, la colline de la Sure, qui avance par le sud sur la surface du lac, me paraît gigantesque. Plus petite, celle de Rouens, à sa gauche, offre les mêmes reflets printaniers qui tranchent avec la couleur sanguine de la roche

Vers l’ouest, la forme de femme allongée du Caroux semble m’inviter à de prochaines aventures. Je me réjouis de découvrir ces nouveaux horizons et de combler ce vide de connaissances entre le Gard et l’Aude. Comme aux Salles-sur-Verdon, l’aménagement du territoire et la mise en eau du lac a contraint les habitants à se reloger ailleurs. La vie perdure pourtant parmi ces ruffes et ces murs de pierre rouge. Sur les rives du Salagou, le clapotis de l’eau accompagne le pas du marcheur. Une envie me taraude : celle de voir le site tel qu’il était avant, quand il n’était que ruffes et canyons. Pour cela, il n’y a qu’un seul endroit où se rendre.

Décidé à remonter le temps, je pars à la recherche du visage ancestral du Salagou en me mettant sur la piste des sources de Lagarel. Une zone immense et déserte, un peu oubliée, et pourtant détentrice du secret des origines de ces paysages martiens. Plus connu sous le nom de Canyon du Diable, cet espace exotique et hors-norme se fracture en canyons plus ou moins profonds abritant des oasis vertes dissimulant parfois une cascade. 

Ni sentier, ni balisage. L’exploration se fait à l’instinct, avec l’impression tenace de fouler du pied une planète lointaine.

Au cœur de cette terre inconnue, l’âme du randonneur renoue avec celles des explorateurs. Ici les itinéraires s’improvisent, dictés par la furieuse envie de dénicher un trésor caché. Tout dans ce lieu est original et fascinant. En remontant vers le nord, en direction du Rocher des Vierges, on découvre ainsi un territoire incroyable, sillonné de courts canyons créés par l’infiltration répétée de l’eau coulant le long des pentes. Le point final mémorable de ce premier atterrissage sur la planète Salagou.

Le Salagou, l’élément central de multiples possibilités de randonnées

– INFOS PRATIQUES –

Cirque de Mourèze

Carte : IGN 1/25000 2643OT Lodève, Bédarieux, Lac du Salagou
Accès : en voiture, de Montpellier nord, suivre l’A750 direction Béziers/Millau/Clermont. A la jonction avec l’A75, suivre au sud la direction Béziers et prendre la sortie Clermont-l’Hérault. Au rond-point à la sortie de l’autoroute, aller tout droit. Au rond-point suivant, continuer également tout droit, par D908, direction Bédarieux. Après Villeneuvette, suivre à droite la direction de Mourèze et du cirque dolomitique par D8. Se garer à l’entrée de Mourèze : stationnement règlementé et payant (3 euros/véhicule)
Topo : l’itinéraire est entièrement décrit dans le topo-guide de la FFRandonnée « l’Hérault… à pied ». C’est la randonnée n°29, page 95. Voir la rubrique bibliographie plus bas.
Notes : pendant les grosses chaleurs qui succèdent au printemps, prévoyez d’emporter de l’eau, un chapeau et de la crème solaire. Ne craignez pas les scorpions ! Comme expliqué dans l’épisode, ces beaux et intrigants animaux se dissimulent sous des pierres pendant la journée et ne chassent que la nuit.
Les hébergements : il n’y a pas beaucoup d’hébergements à Mourèze. L’auberge du Val de Mourèze est un bel établissement qui propose des chambres standards à partir de 60 euros/nuit jusqu’à des suites à 120 euros/nuit, le tout dans un cadre entretenu et élégant. Pour une offre plus globale, rendez-vous directement sur la section « se loger » du site du tourisme Clermontais.

Lac du Salagou

Il y a plusieurs possibilités de randonnée autour du lac. Certaines balisées, d’autres partiellement. Le circumvirat complet est réalisable en une grosse journée de 8h et de 23,5 km de marche. Pour Carnets de Rando, je vous invite plutôt à découvrir un itinéraire sur la rive nord, idéal pour découvrir le site.

Carte : IGN 1/25000 2643OT Lodève, Bédarieux, Lac du Salagou
Accès : en voiture, de Montpellier nord, suivre l’A750 direction Béziers/Millau/Clermont. A la jonction avec l’A75, suivre au nord Millau/Clermont. Prendre la 2ème sortie « Saint-Alban ». Passer sous l’autoroute en suivant la D609 direction Lodève. Au rond-point suivant, à Cartels, tourner à gauche par D148, direction Octon, lac du Salagou. Après 1 km et être passé sous la ligne haute tension, tourner à gauche par un petit chemin carrossable en direction du lac et de la base nautique.
Topo : l’itinéraire est entièrement décrit dans le topo-guide de la FFRandonnée « l’Hérault… à pied ». C’est la randonnée n°30, page 99. Voir la rubrique bibliographie plus bas.
Les hébergements : à Vailhès, au départ de la randonnée, la Maison du Lac propose la location de 3 gîtes de 4 à 15 personnes. Pour une offre plus globale, rendez-vous directement sur la section « se loger » du site du tourisme Clermontais.

Sources de Lagarel

Notes : il n’y a pas d’itinéraire précis à réaliser sur le site des sources de Lagarel. Le visiteur y improvisera un parcours à sa guise en évoluant au fil des ruffes et des canyons. Le niveau d’eau présent sur le site est variable : vous le trouverez peut-être à sec selon le cas. Il convient par ailleurs d’observer quelques règles de prudence, notamment de ne pas s’approcher trop près de certains points hauts : la ruffe est un élément fragile et pourrait, à certains endroits, céder sous votre poids. Tenez en compte lors de vos explorations. Les meilleurs points de départ se situent dans les environs de Saint-Jean-de-la-Blaquière. L’intérêt du site tenant également à sa nature confidentielle, la recherche d’itinéraire devra faire partie de votre sortie. Nous ne vous donnerons donc pas de point de départ précis, préférant laisser ce point à votre inspiration et votre flair.
Carte : pas de chance, le site est à cheval sur pas moins de trois cartes IGN ! IGN TOP 25 1/25000 2643OT Lodève, Bédarieux, Lac du Salagou, 2642OT Le Caylar Lacouvertoirade et 2643ET Clermont-L’Hérault

Autres informations pratiques

Liens utiles : une visite sur le site internet de Hérault Tourisme apparaît comme une introduction utile et recommandable à tout périple dans l’Hérault. Plus spécifiquement, une approche de l’espace Clermontais pourra ensuite permettre d’affiner votre connaissance du terrain à ce secteur plus localisé où se situent les itinéraires présentés dans cet épisode de Carnets de Rando. Pour plus d’informations sur les activités de Philippe Martin, rendez-vous également sur le site de son association Matorral
Bibliographie : L’Hérault… à pied | C’est la 6ème édition du topo-guide officiel édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre. 69 itinéraires de Promenade & Randonnée y sont recensés pour approfondir votre découverte de l’Hérault, accompagnés de leurs cartes et de leurs explications. Le circuit du Cirque de Mourèze ainsi qu’une randonné au lac du Salagou y sont présentés. Prix indicatif : 15,20 € | Ref.D034
Salagou-Mourèze | Je souhaitais également évoquer ici le splendide ouvrage de référence de Philippe Martin Salagou-Mourèze qui concentre les images et les textes de 203 experts de ce secteur. L’ouvrage, magnifiquement illustré, a été édité par l’association de Philippe Martin. Il est disponible sur le site de Sauramps au prix de 20 euros.

EN BREF

Apaisant, grandiose et inattendu. Les surprises qui jalonnent cette combinaison d’itinéraires autour du lac de Salagou sont nombreuses. Si le lac du Salagou joue un peu les centres du monde, c’est surtout le cirque de Mourèze et les sources de Lagarel qui montent sur le podium des meilleurs souvenirs de cette journée. Entre site 100% touristique et destination intimiste et méconnue, la planète Salagou joue la carte des opposés et ça marche !

Ce reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.