A la découverte de la GTJ raquettes (2ème partie)

Voici la suite de mon aventure hivernale au fil de la GTJ raquettes. Démarrée dans l’épisode précédent entre Chaux-Neuve et la Chapelle-des-Bois, je vous propose de découvrir maintenant la troisième et la quatrième étape de cette trace de légende. On met le cap sur Lajoux via deux forêts d’importance : celles du Risoux et du Massacre. Paysages immensément vastes, enchantements forestiers, solitude grisante du randonneur… Autant d’éléments qui font de la GTJ un incontournable de l’itinérance hivernale. Vous allez comprendre pourquoi en regardant ce reportage.

Me voici à nouveau seul pour ces deux prochaines journées sur la GTJ. Après l’épisode ensoleillé de la veille, je pars confiant de bon matin avec mon seul tee-shirt à travers la Chapelle-des-Bois. Un coup de vent à zéro degré me rappelle à l’ordre : l’hiver n’a pas dit son dernier mot. Je rattrappe ma casquette qu’il manque ensuite d’emporter et la fourre dans le sac à dos. Je la troque contre le bonnet et enfile rapidement une veste avant de quitter le village par le sud-est, à travers les tourbières recouvertes de neige. Sans obstacle pour le dévier de sa route, le vent s’engouffre dans le val librement. La caméra n’y résiste pas et finit par terre dès le premier plan ! Parfait, la journée commence bien !

GTJ Jura raquettes

Je trouve abri sur le chemin qui s’étire sous les pentes de Mont Risoux. Un itinéraire paisible et sans difficulté qui longe le val entre bosquets boisés et fermes isolées. L’hiver, le Jura me donne la sensation d’être presque coupé du monde. Le ski et la raquette paraissent être les seuls moyens d’y évoluer. Je coupe court à mes réflexions : mon rythme cardiaque s’affole et mes mollets se raidissent. Le sentier a fait son entrée dans la forêt du Risoux et semble vouloir atteindre la crête sans s’embarrasser du moindre virage. Un raccourci qui se paye par un effort brusque et soudain. Récompense au bout du chemin, le belvédère de la Roche Bernard dévoile son panorama au randonneur essouflé.

Sous mes pieds, balayé par le vent froid de l’hiver, le Jura déploie son espace. Entre deux océans forestiers, le val de la Chapelle-des-Bois apparaît comme une immense oasis enneigée.

Je me laisse ensuite submerger par la forêt du Risoux. La trace y sinue, y monte et y descend en courant après les petites balises jaunes qui tourbillonnent sur elles-mêmes, accrochées aux branchages. Sous le soleil retrouvé, évoluer dans cette forêt a quelque chose de magique. Le plaisir enfantin de suivre ce sillon créé par le passage répété des randonneurs éclipse toute autre préoccupation. On veillera à rester d’ailleurs sur celui-ci pour respecter la réglementation. La Forêt du Risoux fait en effet l’objet d’un arrêté de biotope pour mettre à l’abri espèces animales et végétales de l’indélicatesse humaine. Pas de dérangement de ces populations fragiles pendant l’hiver : la randonnée se doit aussi de respecter la tranquillité de la faune et de la flore à cette époque difficile.

GTJ raquettes Jura forêt du Risoux

C’est la même chose dans la Forêt du Massacre, le second espace boisé d’importance traversé par la GTJ raquettes. L’épicéa y règne en maître. C’est la forêt la plus haute de toute la Franche Comté. Au sommet du Mont Péla, son point culminant, on trône déjà à 1495 mètres d’altitude !

L’effort de la marche s’évanouit totalement, remplacé par une étrange sensation d’euphorie. En hiver, le Jura se passe de frontière. La liberté et la mobilité sont totales.

Le Jura a décidément cette spécificité de faire oublier au visiteur qu’il est un authentique territoire de montagne. L’éclatement de l’espace, l’absence de reliefs marqués et abrupts : autant d’éléments qui pourraient faire croire qu’on est ici dans une version édulcorée d’un massif montagneux. Le jalon sondant l’épaisseur de neige et signalant la clairière de l’épicéa muté rappelle l’étourdi à l’ordre. Ici, jusqu’à 9 mètres de neige cumulés peuvent être atteints les années fastes. On est dans la forêt des records !

GTJ Jura raquettes Hautes Combes

Au débouché de la forêt, je fais mon entrée dans ce qu’on appelle ici les Hautes Combes. La vue porte à nouveau loin et des sommets bien nets, comme la Dole ou le Montrond, encadrent désormais l’horizon. Rarement ai-je éprouvé en randonnée une si délicieuse sensation d’isolement. L’immersion est alors complète. Le printemps tout proche rend par ailleurs possible les pauses contemplatives : nul besoin de courir après l’horaire avec des journées désormais suffisamment longues.

La présence humaine est timide en ces lieux, limitée au passage d’un skieur perdu dans une immensité blanche. La progression est fluide, l’effort totalement secondaire.

De jalon en jalon, je fais ma trace en direction de Lajoux. Le paysage se modifie légèrement et semble pris de brusques soubresauts. J’oscille dans le creux de collines coiffées de bois disparates. Des maisons apparaissent ici et là. La fin de l’étape est proche. Un bruit de voiture m’extirpe de mon songe. J’arrive à Lajoux, mon terminus. Pour continuer à rêver, il faudrait maintenant poursuivre jusqu’à Giron. Un rendez-vous à prendre pour le futur.

INFOS PRATIQUES

Difficulté : moyenne | Longueur : 11 km + 15 km | Durée : 4h30 + 6h| Dénivelé : 360m + 380m
Carte : IGN 1/25000 TOP25 3327ET Morez, les Rousses
Accès : on accède à la Chapelle des Bois par l’A36 en venant par le nord de Dijon ou de Montbéliard, puis par la N57 via Besançon et Pontarlier. A sud de Pontarlier, quitter cette nationale pour suivre la D437 direction Malbuisson et Saint-Laurent-en-Granvaux jusqu’à Chaux-Neuve. Tourner alors dans Chaux-Neuve par la D46 direction Chapelle-des-Bois. En venant du sud, il faut passer par Lyon puis A40, sortir à Lons-le-Saunier puis D678 jusqu’à Saint-Laurent-Grandvaux, ou A404, sortir à Oyonnax et poursuivre via Moirans-en-Montagne et Clairvaux-le-Lac jusqu’à Saint-Laurent-Grandvaux. De là suivre la D437 jusqu’à Chaux-Neuve. Puis D46 comme décrit plus haut.
Topo : retrouvez le détail de cette étape sur le petit guide pratique de la GTJ à raquettes. Voir plus bas la rubrique « liens utiles »
Notes : aucune difficulté particulière à mentionner quant au profil de cette étape. La difficulté inhérente ne pourra être liée qu’aux conditions météorologiques du moment. Sous le beau temps, avec une trace et une visibilité parfaites, c’est une promenade vivifiante et agréable. En grosses conditions d’hiver – sous la neige et/ou le brouillard – il en sera probablement autrement. Savoir se servir d’une carte et d’une boussole pourra s’avérer plus qu’utile si votre visibilité est réduite, notamment dans les grands espaces de la Combe à la Chèvre.

Où dormir : à la Chapelle-des-Bois, je vous recommande la Maison du Montagnon. On y mange super bien et l’atmosphère collective est chaleureuse pour papoter rando le soir après sa journée ! (à partir de 52,50 euros la demi-pension) A Bois d’Amont, j’ai apprécié mon passage au gîte Le Montagnard. Des chambres coquettes et confortables, une cuisine qui remplit bien l’estomac et un patron passionné de traditions montagnardes. (à partir de 52 euros la demi-pension) Sur Lajoux, 2 gîtes et 1 hôtel, non testés mais présents sur le guide des hébergements.
Liens utiles : pour toute information concernant la GTJ raquettes, je vous invite à visiter le site de l’association GTJ. Vous pourrez y commander le petit guide pratique au prix de 8 euros, ainsi que le guide des hébergements, pour préparer votre randonnée (gratuit). Si la visite du Parc Polaire vous intéresse, rendez-vous sur leur site internet pour prendre connaissance des tarifs et des horaires de visite !
Bibliographie : Le Parc Naturel du Haut-Jura… à pied | C’est le topo-guide officiel édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre. 41 suggestions d’itinéraires homologués Promenade & Randonnée et 348 km de sentiers GR®5 y sont recensés pour approfondir votre découverte du Jura, accompagnés de leurs cartes et de leurs explications. Prix indicatif : 14,50 € | Ref.PN15

EN BREF

Des forêts du Haut-Jura aux Hautes-Combes, la suite de l’itinéraire déploie toujours autant d’intelligence pour rendre le plaisir de la marche total. La randonnée colle véritablement à la peau de ce territoire. La présence humaine rare et totalement intégrée au paysage contribue à l’effet immersif de l’itinérance. Je n’aime pas : j’adore !

by-nc-ndCe reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.

4 Comments

  1. Annie Répondre

    Bravo car je viens de lire et encore je n’ai pas vu la vidéo! Mais comme j’adore te lire tellement tu es un pro plus que moi! même si vidéo pas vue je te dis que tu es courageux tu en veux, et là je te sais capable… 🙂 décidemment au travers de tes lignes je vois et je ressens…. Merci Fils c’est un pur délice de te lire et de ce pas je vais visionner!!! 🙂 Bisous de qqun qui te connait bien trop et qui vit comme si je pouvais encore te suivre. <3

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      c’était difficile d’en avoir de pires que toi lol ! en tout cas on s’est bien rattrapé dans le Vercors niveau conditions 😉

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