Ascension du Mont Ventoux : le défi de la Directe Sud-Ouest

Le Mont Ventoux en hiver ? Ça faisait un bail que l’idée me trottait dans la tête. À peine sortis d’un sérieux épisode bronchique et sitôt la fièvre tombée, Raphaèle et moi avons décidé de nous l’offrir en complément thérapeutique. Idée saugrenue dont nous ne sous-estimions que trop peu l’effort et le temps à consentir pour la mener à bien. Il existe plusieurs façons d’atteindre le sommet du Ventoux et celle-ci, baptisée pour le fun « Directe Sud-Ouest », en est une parmi d’autres. Elle visite l’incontournable Combe de Curnier, emprunte quelques sentiers marginaux et boucle, pour le retour, par la très peu usitée crête occidentale des Rochers de Cachillan. Un programme très – trop – dense pour la saison mais assurément synonyme d’instants épiques. Un plan à réserver aux énervé(e)s à la recherche de défis sportifs pour l’hiver. Retour en récit sur une ascension de fou.

Difficulté : difficile | Distance : 22,5 km | Dénivelé : 1505 mètres | Durée : 9h | Carte : IGN TOP25 1/25000è 3140ET Mont Ventoux

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Aux Sources de la Folie

Comment qualifier autrement que de douce folie cette entreprise qui vise à grimper au sommet du Mont Ventoux un jour d’hiver et de grand vent alors que je suis toujours sous antibiotiques suite à une fièvre de cheval et à un épisode de toux qui m’ont cloué au lit quatre jours auparavant ?

D’autant plus qu’un froid polaire est ouvertement annoncé ce jour-là, entretenu comme le feu dans la cheminée par un vent cinglant qui malmène à ce point le ressenti qu’il finit par faire confondre le Vaucluse avec les confins arctiques du monde. On a bien choisi notre jour, tiens. Foutu vendredi. Notre unique créneau de la semaine. À prendre ou à laisser.

Le soleil ? Congédié. Les couleurs ? Délavées. La chaleur ? Évanouie. Lorsqu’on dépasse les artères léthargiques du centre de Bédoin, je me demande sincèrement si l’idée de venir ici est finalement aussi brillante que ça.

C’était pourtant grand soleil, une semaine plus tôt quand, du fond de notre lit, à cracher nos poumons, on enrageait de voir passer les photos de skieurs de randonnée exaltés sur les réseaux. Sept jours plus tard, nous voici – à peu près – sur pieds mais les conditions n’y sont plus. On récolte à la place une journée d’hiver morne, davantage propice à la dépression qu’à l’inspiration.

Raf avait proposé de jouer la carte de la proximité, insistant sur le fait de ne pas trop forcer après la claque infligée par la crève à nos organismes. Et donc c’est ça le plan ? 1500m de dénivelé dans le froid c’était censé passer ? Il faut croire qu’on n’a pas tous la même conception d’une sortie reposante…

La fameuse station sommitale du Mont Ventoux, à 1910m d’altitude : pas vraiment en mode hiver ce jour-là

L’idée, sur le papier, était clairement motivante. Après tout je voulais des images d’hiver pour le blog. Des gerbes de neige propulsées par les raquettes, des éclats pailletés scintillant face à l’azur, des sapins figés par le vent et le froid dans des gangues glacées… Tout ça quoi.

Je savais le Mont Ventoux capable d’un tel déploiement et, de surcroit, il y avait neigé récemment. Ça ferait donc l’affaire m’étais-je dit en balançant les raquettes à l’arrière de la voiture. Mais ça, c’était il y a deux heures, quand l’imaginaire joyeux travestissait encore la réalité.

« Mais bon sang mais y’a plus un poil de neige là-haut ! », m’étais-je exclamé, consterné, en lorgnant vers le Ventoux depuis l’autoroute un peu plus tard. Le fait était que le Géant de Provence, en effet, n’était à nouveau plus qu’une énorme bosse sèche posée tristement sous un ciel blafard. Un tableau morose mais les jeux étaient faits : il faudrait faire avec.

Les tout premiers mètres sur la DFCI qui ondule au pied du versant méridional du Ventoux

ACTE 1 – REZ-DE-CHAUSSÉE : LES ENTRAILLES DU VENTOUX

Du parking des Clops au Jas des Landérots

Distance : 5,4 km – Durée : 2h30 – 595m D+

Après avoir dépassé Bédoin, le goudron cède finalement la place à la terre et au gravier : nous prenons maintenant pied sur le « périph » sud du Mont Ventoux, cette longue piste qui s’arrondit au plus près du croissant formé par le piémont du sommet, entre la Combe Obscure, au nord, et Villes-sur-Auzon, au sud. C’est contre elle que vient mourir la plaine du Comtat Venaissin.

J’avais prévu de partir des Clops, un point intermédiaire situé entre les combes de Malaval et de Curnier. Et cette piste était la desserte unique à chacun des accès au sommet. C’était aussi le moyen le plus direct et le plus rapide, en venant de Malaucène, d’atteindre la partie sud du massif, notamment les gorges de la Nesque, entre Méthamis et Monieux.

Hommes, vignes, tout s’arrête ici, au pied du Ventoux, contre la bande de cette DFCI qui en parcourt tout le piémont. Au-delà la pente se durcit, les combes s’ouvrent et la végétation libre se lance à l’assaut de la montagne.

C’est ce que j’explique à Raf en l’entraînant en direction de l’entrée de la Combe de Curnier et en suivant les balises jaune et rouge du GR® de Pays Massif du Ventoux qui l’empruntent intégralement. Pas forcément l’étape la plus marrante de cet itinéraire. Je l’avais faite, partiellement, avec Olivier, il y avait trois ans de ça, pour un énième tournage de Mon GR® Préféré.

Une poilade. Trois kilomètres passés à essayer d’enregistrer une séquence où Olivier évoquerait le système d’hébergement « Compagnon de Route » en place sur ce tracé. En vain. Marrant comme une section de marche, au demeurant peu excitante, peut être associée à un souvenir aussi précis que précieux.

L’ambiance DFCI avec quelques beaux spécimens de chênes verts entre les Clops et les Colombets

Le poteau signalétique des Colombets apparaît derrière un chêne (1). C’est notre sortie du « périph ». Il y a mille et une manières – enfin quand même un peu moins mais c’est une façon d’insister sur le fait qu’il y en a néanmoins beaucoup – d’atteindre le sommet du Mont Ventoux depuis son versant sud-ouest. De quoi faire varier les plaisirs, bien que toutes ne se valent pas.

Quoiqu’il en soit, les combes du piémont demeurent, à mes yeux, les plus belles portes d’entrées pour démarrer une ascension du Mont Ventoux. Et, parmi elles, celle de Curnier est incontestablement la plus belle. C’est en tout cas la plus torturée par les coups de butoir du temps, celle où le passage du sentier s’amenuise comme le fil qui passe dans le chas d’une aiguille.

Curnier a de faux-airs de Gorges de Regalon. Comme dans le Luberon, l’eau a joué ici les artistes, ne laissant derrière elle que le sillon sinueux d’un canyon sec et étroit où le marcheur doit presque forcer le passage.

On avait également fait des images ici pour Mon GR® Préféré. Cela me paraissait à l’époque aberrant de simplement passer à côté sans inviter le randonneur à jeter un coup d’oeil, en aller-retour, à cet endroit fantastique. Aucun autre spot sur ce versant du Ventoux ne donne autant l’impression de frayer profondément dans ses entrailles.

Raphaèle ouvre des yeux émerveillés. Curnier est en effet de ces lieux qui ne laissent pas indifférent. Ici on peut toucher au socle du colosse, à ses fondements même. Il suffit simplement d’écarter les bras. Le cheminement se fait dans les couloirs rocheux du temps. Il y a peu de lumière qui filtre ici bas. Le matin ressemble à l’après-midi tout comme l’hiver à l’été.

Le passage de la Combe de Curnier : l’un des très beaux endroits à visiter sur le Mont Ventoux

La combe offre une déambulation hallucinée dans le creux de ses convulsions contrites. Jusqu’à ce que, progressivement, l’espace s’y invite à nouveau, l’air y circule mieux et la végétation y apporte une touche plus organique.

Les indices de sortie de la section la plus caverneuse de la combe s’immiscent dans le décor comme la mousse qui suinte d’humidité sur les troncs décharnés des buis. Une pente plus marquée de cailloux amoncelés supporte le chemin s’extrayant des profondeurs sombres de Curnier. On s’extirpe du passage comme d’une grotte, en dérapant sur des pierres et en moulinant des bras pour appeler l’air et la lumière.

Minuscule segment sur la totalité de l’ascension, la Combe de Curnier donne l’impression d’avoir commencé cette randonnée depuis la cave du Mont Ventoux. On la quitte vers 700m en fermant définitivement la porte à ces ambiances souterraines à l’allure de prologue (2).

L’après Curnier : plus moussu, plus humide mais toujours et définitivement atmosphérique

La suite se veut plus quelconque, un simple chemin ouvert entre les chênes. La courbe s’y fait timide et l’horizon bouché par le buis. Le genre de trace dont on ne s’échappe pas, sujette à la monotonie quand ce n’est pas au découragement.

Le randonneur s’y acquitte d’une montée patiente et sans grande surprise sur un versant densément boisé. Un pas après l’autre on rejoint ainsi le Jas des Landérots (3), point globalement assez central de l’itinéraire et aux côtés duquel on jette nos sacs et notre lassitude le temps d’une courte pause.

Entre la sortie de la combe et le Jas des Landérots : d’un coup un peu moins excitant

2 – PREMIER ÉTAGE : JAS ET COMPAGNIE

Du Jas des Landérots à la Piste du Bâtiment

Distance : 2,1 km – Durée : 1h25 – 440m D+

Les jas sont légion sur ce versant sud-ouest du Mont Ventoux. Je me suis laissé dire qu’on pouvait en dénombrer jusqu’à soixante. Ce sont de belles constructions en pierre sèche, étirées en longueur comme des longères bretonnes et coiffées d’un toit d’une seule pente en tuiles ondulées, façon Provence.

Ils abritaient bêtes et hommes à l’époque où les brebis empêchaient encore le buis et le chêne de coloniser les pentes méridionales sous le sommet. Celui des Landérots est du genre imposant et des travaux de rénovation y sont en cours comme en témoignent les échafaudages jouxtant le mur est et la toiture toute neuve qui y a été déposée.

Le Jas des Landérots en pleine opération de rénovation

Le corps du bâtiment est massif : il y aurait de quoi aménager un gîte ou, tout du moins, un bel abri pour les randonneurs de passage. Après tout on est ici sur un carrefour de sentiers assez central et par où transite une branche du GR® de Pays Massif du Ventoux, celle qui permet de relier la Combe de Malaval à Sault.

L’abri aurait ainsi du sens pour les itinérants autonomes à la recherche d’un point de chute pour la nuit. Pour l’heure on est loin du compte. Le chantier est désert et les seuls visiteurs qu’on y aperçoit sont des panaches de nuages qui s’invitent à notre pique-nique sans autorisation.

Nos doigts sont aussi gelés que les restes de quiche qu’on a ramenés avec nous. Mon syndrome de Reno, basculé en mode actif, m’incite autant à anticiper la sortie des moufles et des chaufferettes qu’à écourter l’arrêt. Il est encore loin le temps des siestes peinardes au soleil.

« Il reste encore 800m de dénivelé, c’est ça ? » interroge Raphaèle sur le ton de celle qui connaît déjà la réponse. Oui, ça semble dingue, mais c’est ça. On a à peine fait 600 mètres de dénivelé depuis la voiture. Autant dire qu’on n’est pas rendu.

Paysagèrement, la suite est heureusement plus réjouissante. Après l’euphorie de la Combe de Curnier, le monopole du mariage buis-chêne avait en effet quelque peu entamé notre moral. Mais le Mont Ventoux, dans le secret de ses étages, sait bien se renouveler. Chaque palier est ainsi l’occasion de pousser la porte d’un nouvel univers jusqu’à atteindre les tout derniers étages du building, en mode rooftop.

Après le Jas des Landérots, c’est la pinède qui accueille le randonneur en route pour le sommet

Pour l’heure ici, aux abords des 1000m d’altitude, le pin est hégémonique. Sylvestre essentiellement. La vue n’y est guère plus ouverte que précédemment mais la hauteur des sous-bois confère au lieu une allure de grande volière offrant au regard des perspectives plus enthousiasmantes.

Sans doute le sentier, single d’humus doux et de racines, y est-il aussi pour quelque chose. N’importe quel changement aurait de toute façon été le bienvenu après cet épisode fastidieux qui nous a vus nous hisser péniblement jusqu’au Jas des Landérots. Aussi cette configuration renouvelée est-elle vécue comme un réel soulagement.

Nous sommes toujours sur le GR® de Pays Massif du Ventoux qui dépasse maintenant le Jas ruiné de Baumasson pour remonter sèchement le versant gauche du vallon de la Fougassette. Un chemin direct, sans appel, qui renoue un temps avec la caillasse et l’effort aveugle.

On se sent un peu moins enfermé sur cette partie de l’ascension, moyennant quelques ouvertures sur le versant opposé du vallon. Une vue tristounette certes, plombée par le gris oppressant du ciel du jour, mais une vue quand même.

Je me fais la réflexion que, une fois sorti des combes et d’ici à son sommet, le Ventoux est relativement pauvre en matière d’accroche visuelle. Pas exactement une surprise en soi. Plutôt la confirmation d’une impression que m’a toujours soufflée son observation plus lointaine.

L’ascension vers le sommet du Mont Ventoux se poursuit avec des vues un peu plus ouvertes qu’au départ

D’un geste de la main je chasse cette conclusion, aussi peu glorieuse que prématurée, soucieux de garder l’esprit ouvert et de donner sa chance à chacun des chemins qui sillonnent son immense face méridionale et que je n’ai pas encore parcourus.

De toutes ces options émergera forcément un jour un assemblage « idéal » qui permettra de recommander un tracé d’ascension plutôt qu’un autre. Là est, après tout, l’objectif inavoué de cet lubie de prospection dont j’ai pratiquement fait une profession de foi avec le blog.

La vue depuis la partie supérieure des combes qui remontent vers le sommet : un peu austère quand même

Les balises surgissent à plat sur une sorte d’épaule (4), au débouché d’une série de troncs de pins gris cendre. C’est le point de rupture avec le GR® de Pays qui s’en va rejoindre, provisoirement, l’une des DFCI d’un réseau autrement plus grand quadrillant tout le versant sud-ouest du Mont Ventoux.

Enfilant les combes successives comme le fil les perles d’un collier, elle s’éclipse ensuite vers le sud-est et Combe Fiole, surmontée quelques mètres plus haut par le sentier à usage des marcheurs. Pas pour nous cependant.

J’ai un peu honte d’avouer éprouver une profonde aversion pour les DFCI et autres pistes forestières, ces grands axes inhumains, pourtant garants de la sécurité incendie dans le sud de la France. Utiles oui mais définitivement moches et sans le moindre intérêt pour le marcheur.

Les traileurs, ces petits malins, évitent eux soigneusement la piste, lui préférant le petit chemin qui prolonge la longue ascension du thalweg qu’on tient à main gauche depuis déjà un moment. Ce sera aussi notre choix. Ni plus ni moins qu’un raccourci par les sous-bois qui recroise la DFCI plus haut.

Toujours aussi peu inspiré par celle-ci, je persiste et signe sur la trace des traileurs, plus directe et plus intime, pour aller chercher la courbe des 1400m d’altitude un peu plus haut. Indice du franchissement d’un nouveau palier, la présence neuve du hêtre dans le sous-bois est aussi le signe annonciateur d’un climat plus hostile à cet étage.

Sur le sentier de trail qui évite d’emprunter de fastidieuses DFCI

De cette végétation en pleine mutation, il ne restera d’ailleurs bientôt plus grand-chose. À l’approche du sommet, les essences commencent en effet à réduire drastiquement leur voilure avant de disparaître tout simplement. Le Mont Ventoux est un parfait cas d’école pour s’initier et comprendre la mécanique des étages de végétation.

Le sommet arbore une calvitie généreuse, une tonsure de moine fouettée par la neige l’hiver, par le soleil l’été et par le vent toute l’année. La toponymie est éloquente : de Ventoux à venteux, il n’y a qu’un pas. Clin d’oeil à Tolkien qui a fait du Mont Venteux de ses Terres du Milieu le lieu où Frodon est poignardé par les Nazgul.

Les spectres de l’Anneau auraient tout aussi bien pu bâtir la forteresse de Minas Morgul là-haut, au milieu de ce champ de ruine austère et balayé par les tempêtes. À l’identique de celle qui ravage le sommet ce jour-là et dont Raphaèle et moi ne ressentons encore que quelques désuètes bourrasques chargées de froid polaire lorsque nous croisons la grande piste menant au Jas des Pèlerins (5).

3 – DERNIER ÉTAGE : ATTENTION AUX COURANTS D’AIR

De la Piste du Bâtiment à la chapelle Saint-Croix

Distance : 2,4 km – Durée : 1h15 – 400m D+

Après pas loin de quatre heures d’effort, nous voici enfin au pied de la dernière difficulté de l’ascension. Dans peu de temps, le parcours de trail que nous suivons avec la même application surgira dans les immenses espaces nus cernant le sommet.

Déjà des avalanches de bloc brisés remplissent le fond des combes et des bouquets de genévriers pointent au-dessus du sol en faisant le dos rond. Les résineux tombent comme des mouches, tenus en respect par une garnison de caillasses en pleine opération de maintien de l’ordre pour interdire l’accès au sommet à tout ce qui dépasse la hauteur d’un cade. Il n’y a maintenant plus rien qui retiennent le vent.

On fait une entrée prudente dans ce théâtre d’éléments déchainés. Sur le chemin tracé parmi les cailloux, des cloques de neige durcies par le froid nous feraient presque regretter nos crampons. Entre des conditions éminemment hostiles et des accès routiers fermés, il n’y a contre toute attente pas foule de candidats au Mont Ventoux aujourd’hui.

Plus loin, dans les pentes dévalant sous les bâtiments de l’antenne-relais, des points noirs avancent lentement contre le vent, indifférents à la tempête. Aucun doute possible : ce sont des chamois. Les seuls êtres vivants que nous croiserons au sommet du Ventoux ce jour-là.

La trace de trail finit par se raccorder au chemin balisé qui monte depuis le Jas des Pèlerins, environ 150 mètres sous le sommet (6). L’étreinte du froid se fait désormais plus intense, agressant la peau, faisant pleurer les yeux. « Hors de question qu’on aille tout en haut », clame Raphaèle par-dessus la charge brutale des bourrasques.

Sous le sommet du Mont Ventoux, il ne reste plus grand chose pour se protéger de l’agression du vent.

Son coup de gueule est aussitôt emporté par le vent. Elle a raison : l’endroit est à peine vivable. Inutile de s’exposer inutilement. Quelques mètres au-dessus de nous surgit la silhouette providentielle de la chapelle Sainte-Croix (7) : l’abri idéal, protégé du harcèlement d’Éole par les remparts de la maison de Jésus. Trois fois rien mais largement suffisant pour s’offrir quelques minutes de répit.

On s’y réfugie après une dernière trace directe, passée à déraper dans une pente de cailloux minuscules et mal assemblés. Je me fais violence pour sortir quelques photos mal cadrées en mode automatique. Mes doigts n’y résistent pas. Les rafales cinglantes s’emparent du peu de chaleur corporelle qui y reste, laissant derrière elles des phalanges gourdes aux allures de cadavre. Je les replonge dans les moufles en me jurant de ne plus jamais les en ressortir : au diable les photos !

Arrivée à la chapelle Sainte-Croix : on n’ira pas plus haut avec ce vent de tous les diables !

3 – L’ÉPISODE DE LA CRÊTE DES ROCHERS DE CACHILLAN

De la chapelle Sainte-Croix à l’intersection de la Casseù

Distance : 3,3 km – Durée : 1h – 370m D-

Ce n’est pas le tout d’avoir atteint le sommet. Il va maintenant falloir en redescendre. Et si possible pas par le même chemin. Coup d’oeil à la montre : on a déjà passé les 15 heures. « On va finir de nuit », j’annonce à Raphaèle. Je vois mal comment il en serait autrement. « Tu as pris la frontale ? », me demande-t-elle. Oui. Non. Je sais pas, je crois. On verra le moment venu.

Le sommet est bien plus à l’est que notre position de départ. Je me laisserais donc bien tenté par un cheminement par la crête ouest et les Rochers de Cachillan pour nous remettre dans l’axe. Un pari un peu risqué car aucun sentier n’y apparaît sur l’IGN. L’instinct me souffle néanmoins que ça passe. Et j’ai envie de m’accrocher à cette idée.

On s’équipe comme des marins obligés de manoeuvrer sur le pont d’un bateau en plein tempête. Je voulais des conditions hivernales : j’en ai. Et pas forcément besoin de neige pour se mettre dans le bain.

Je vise le creux de la cuvette ouverte entre le promontoire du petit édifice et la crête portant la sphère du radar de l’aviation civile. J’espère y trouver un semblant de protection le temps de nous diriger, selon un axe ouest, vers le couvert relatif de la vague de résineux qui reprend, plus bas, possession du sommet.

J’évite soigneusement les patinoires formées par de rares pentes de neige traîtres, préférant une progression trébuchante sur l’amas de caillasses grisonnantes qui tapisse tout le sommet. Le vent, turbulent comme un sale gosse dans une cour de récréation, cherche à nous y déséquilibrer en permanence.

En chemin pour rejoindre le départ de la crête des Rochers de Cachillan

On finit par échapper à la pression du vent dans le renfoncement visé, ainsi que je l’espérais. Un semblant d’accalmie qui m’autorise à enfin poser un regard plus marqué sur cet environnement unique. Car oui le sommet du Mont Ventoux est un monde à lui tout seul.

Le sceau de la minéralité confère au tableau un dénuement souverain qui est habituellement la marque des déserts. À pas loin de 1900m d’altitude, le Mont Ventoux hybride la beauté hostile de ceux-ci aux rigueurs d’un climat de montagne. Nul ne peut rester insensible à ce sentiment écrasant.

Le Ventoux infuse d’une aura de mythologie. Davantage qu’un sommet c’est un colosse échappé de l’Antiquité, si ce n’est de temps plus antédiluviens encore.

J’avise ce qui ressemble à une trace sur le sol gelé et caillouteux, une vingtaine de mètres sous la crête. Je nous y dirige en direction de ce qui devrait être l’aire de décollage des parapentes (8). Évidemment aucun d’entre eux n’est visible aujourd’hui.

Au passage de la crête, l’étendue des Baronnies Provençales se déploie au nord, par-delà les chalets déserts du Mont Serein et de la vallée du Toulourenc qui ceinture la face nord du Ventoux. À l’horizon, s’étirant en un long arrondi vers l’est, une ligne de sommets enneigés prend le soleil qui se refuse à nous ici.

Ambiance sur la crête des Rochers de Cachillan. Au loin, à gauche, la ligne des Écrins.

« Tu vois qu’on aurait pu aller faire du ski ! » fait observer Raphaèle qui ne manque jamais une occasion de m’épingler. « Pourquoi ? On n’est pas mieux ici ? », réponds-je avec un sourire amusé. Et puis d’abord on n’avait pas parlé de ne pas skier pour justement pouvoir un peu récupérer de nos virus ? Tu parles d’une récupération, me dis-je en réprimant une quinte de toux.

C’est une sensation étrange que de contempler ces lointains massifs depuis ici. Je suis plus habitué à l’inverse. Nous voici, comme Alice, de l’autre côté du miroir et un peu à la peine lorsqu’il s’agit d’identifier formellement les sommets hauts-alpins dressés au-dessus des Baronnies et du Buëch.

Je me fais prendre en flagrant délit de doute. Et il fait trop froid pour interroger PeakFinder. Je mise donc sur le Dévoluy et les Écrins avant d’entraîner Raphaèle à ma suite sur une petite ligne de rochers édentés, partie émergée d’une courte barre rocheuse coiffant la crête côté nord.

Passage des pierriers et lapiaz qui tapissent la partie supérieure de la crête.

Aucun chemin n’est ouvertement défini mais le terrain est cependant largement praticable : ça sent plutôt bon. La suite le confirme en restant du même acabit, toujours rassurante et évidente, alternant entre rochers éclatés et timides prairies bordées de pins.

Parfois même des cairns de taille modeste surgissent entre les troncs, dessinant un itinéraire plus concret et confirmant définitivement l’existence d’un passage. On y avance cependant moins rapidement qu’on ne le souhaiterait. C’est un terrain tordu et irrégulier qui impose de se tortiller entre des branches basses et des troncs récalcitrants.

Parcourir la crête des Rochers de Cachillan offre un cheminement plaisant et totalement sous les radars. Une progression solitaire sur les sentiers secrets du Ventoux avec vue sur le Toulourenc, les Baronnies et les Écrins à l’horizon

Plus bas, à l’approche des Rochers de Cachillan, la netteté relative de la trace s’égare dans les dédales fissurés de modestes lapiaz. Alors les cairns, camouflés pierre sur pierre, se font plus difficiles à repérer. Il faut savoir s’écarter de la crête dans ces moments-là, chercher plus bas, derrière le liseré des arbres mais jamais trop loin non plus.

La trace s’y retrouve, parfois fragile et plus aussi bien lisible, se décalant sans prévenir de la ligne de crête lorsque celle-ci se fait moins directement praticable. Les pins resserrent les rangs, prenant de la hauteur quand l’altitude, elle, décroit. La pente se rompt un peu plus, entaillée par une strate rocheuse dans laquelle une brèche a été ouverte, autorisant le passage.

On descend désormais plus sèchement à travers le sous-bois. J’aperçois la ligne plus claire d’une piste dans l’opacité du mur de branches entrelacées. Les derniers cairns nous y amènent tout droit. Quelques mètres encore et on débouche sur la piste de la Tête du Chauva (9), pile en face de l’antenne relais dressée à travers les pins, de l’autre côté. Un poteau signalétique y signe la fin de nos aventures hors-sentier.

Au bout de la crête, le cheminement passe en versant nord et s’écroule à travers une barre rocheuse pour rejoindre la forêt.

4 – LA NUIT TOUS LES CHEMINS SONT GRIS

De l’intersection du Casseù au parking des Clops

Distance : 9,5 km – Durée : 2h55 – 1120m D-

Une heure trente aura presque été nécessaire pour parcourir une distance assez insignifiante depuis la zone de décollage des parapentes. Il fera nuit dans autant de temps et on est encore plus de mille mètres au-dessus du point de départ. Ce qui confirme mes soupçons de finir à la frontale.

« On fait quoi maintenant chef ? » entends-je dire Raphaèle derrière moi. La question à cent euros. « On se pose cinq minutes, on boit et on réfléchit », dis-je en déposant le sac au pied du poteau signalétique. Il est trop tôt pour commencer à ressentir la fatigue. Elle est pourtant bien là, à l’affut, rongeant les muscles, empoisonnant l’esprit.

Un coup d’oeil vers le sud et l’horizon du Comtat Venaissin pour constater la défaite de la lumière. Notre temps est compté.

À l’origine, quand j’avais imaginé cette boucle dans l’insouciance et le confort de mon salon, je nous avais imaginés rentrer par la Combe de Malaval. Deux combes pour le prix d’une et l’occasion de revoir celle de Malaval, explorée en solo et en vidéo à l’époque où je présentais encore des épisodes de Carnets de Rando moi-même.

Avais-je seulement considéré la réalité de la distance à effectuer ? M’étais-je préoccupé une seule seconde du facteur horaire et de la durée salement réduite des journées d’hiver ? Évidemment que non. J’avais préféré la politique de l’autruche, le « ça passera » qui, en réalité, ne passe pas du tout.

La strate rocheuse par laquelle le cheminement passe, à la faveur d’une brèche, pour rejoindre plus la piste de la Tête de Chauva.

Rien que du point où on vient d’atterrir jusqu’à l’intersection de Collet Rouge Haut – d’où on pourrait raccorder le GR® de Pays ramenant sur Malaval – il y a déjà près de 7,5 kilomètres de marche pénible sur piste. Pas loin de 2h en y allant d’un bon pas. Autrement dit la nuit sera sur nous avant même d’entrer dans la Combe.

La vacuité de ce scénario me saute à la figure. Je miserais bien sur l’existence d’une trace tirant tout droit par la Tête de Chauva qui prolongerait l’expérience de la crête… Sur le papier ça permet de gagner une heure pour atteindre Collet Rouge Haut. À condition que le passage en question existe… Ce qui n’est pas foncièrement gagné.

Il manque vraiment un chemin dans ce secteur, un raccourci qui taille dans ce grand versant boisé pour écharper les lacets inutiles de la piste. Au diable Malaval : il faut maintenant aller au plus court et anticiper l’arrivée de la nuit.

Je le sens nettement moins bien que pour les Rochers de Cachillan. Ce que j’ai devant moi c’est l’annonce d’un chantier forestier interdit au public portant avec lui la promesse d’un beau chablis inextricable plutôt que d’un accueillant petit sentier en sous-bois. Fais chier.

« On trace par la piste », annonce-je à Raphaèle en réajustant le sac à dos sur les épaules. « On va aller récupérer notre trace de montée un peu plus bas », continue-je. « ça devrait être le plus rapide pour descendre ». C’est en tout cas ce que mon instinct me dit. Et je suis dans une relation de confiance avec celui-là.

Sur la piste de la Tête de Chauva : c’est parti…

Cette solution me saoule en réalité car je n’aime pas – vous le savez si vous me lisez souvent – faire deux fois le même chemin et je tiens, en plus, à mes images de Malaval. Mais à quoi bon faire des photos dans l’obscurité ? Il y a une différence sérieuse entre ce que je veux et ce que je peux.

La piste de la Tête de Chauva est, ainsi que je m’y attendais, une véritable plaie. Laide au possible, interminable  et insuffisamment pentue pour nous faire perdre rapidement du dénivelé. Elle me rappelle les « fortstrasse » autrichiennes et les coups de gueule de Jean-Marie pendant notre traversée des Alpes.

On atteint à la patience le carrefour suivant (10). J’y abandonne tout espoir d’atteindre Malaval et tourne donc le dos à la piste des Graviers Blancs pour poursuivre, sud-est, à la rencontre du croisement avec le chemin de trail emprunté quelques heures plus tôt. J’y pique sans hésitation, conscient qu’une descente énergique raccourcira le temps à passer, prochainement, dans l’obscurité.

« On est passé par là à la montée ? » m’interroge Raphaèle. Alors ça c’est bien elle ! À ne pas reconnaître le chemin qu’on a pris le matin même ! « C’est ça qui est bien avec moi », s’amuse-t-elle à commenter en rigolant. « Tu peux m’amener plusieurs fois au même endroit que j’aurai quand même l’impression d’y passer pour la première fois ! »

Retour sur la trace de trail empruntée à l’aller pour atteindre le plus rapidement possible le Jas des Landérots

De mon côté, aucune amnésie. Je reconnais jusqu’à l’arbre où j’ai fait une pause, le rocher où j’ai fait une photo. Étrangement la descente me paraît pourtant plus longue que la montée. Je compte les pas jusqu’au Jas de Beaumasson, puis celui des Landérots, déjà plongé dans une torpeur en clair-obscur lorsqu’on y déboule le souffle un peu court et les pieds fatigués.

C’est là que je fais le pari du changement en nous aiguillant sur le tracé du GR® de Pays en direction du Jas du Pié Gros. Raf s’alarme. « Pourquoi on rentre pas par Curnier ? » me questionne-t-elle. « Parce qu’on ne verra bientôt plus rien et que je ne veux pas être dans le creux d’une combe à ce moment-là. » Pas plus celle de Malaval que de Curnier.

Simuler l’assurance est le plus sûr moyen de s’acquitter du moral des troupes quand la perspective d’une fin de randonnée confortable et facile chancelle sur l’autel de la nuit.

J’ai donc un plan : aller récupérer le chemin qui reste en hauteur, entre deux vallons, et qui relie Pié Gros à la piste du piémont, tout en bas. J’espère ainsi y « voir » un tout petit peu mieux que dans le trou humide et caillouteux d’une combe. « T’es sûr de toi ? » insiste Raf derrière moi. Que répondre à ça à part « oui » ?

Le terrain ne joue pourtant pas dans mon camp lorsqu’il se remet à grimper une fois dépassé le vallon de Cabriolas. J’aurais pu le voir si je m’étais arrêté pour étudier le parcours plutôt que de le valider sans m’arrêter de marcher, pressé par la crainte de perdre la moindre seconde.

La nuit est proche et c’est le ciel qui le dit. Il faut se préparer à marcher dans l’obscurité

Le fait est que ça remonte bel et bien. On se reprend bien 70m de dénivelé. J’entends Raf fulminer derrière moi, la fatigue n’aidant pas à maîtriser le sang-froid. Je ne relève pas et réaffirme mes choix, priant en silence pour voir le Jas de Pié Gros apparaître un jour. Il y a presque deux kilomètres entre les deux mine de rien. Et le tracé, contre toute attente, n’est pas ce qu’il y a de plus roulant.

Bloc d’obscurité plus marqué dans le puits de ténèbres formé par la forêt, la forme massive du jas finit par surgir devant nous (11). Nous y voilà. Le moment d’abandonner le GR® de Pays pour plonger dans une interminable et ultime descente est venu. Avec 2,7 kilomètres annoncés, je pressens que ce sera long et, selon toute probabilité, exagérément fastidieux.

Dans une trouée de nuages tirant sur le violet sombre et contrarié, une palette de teintes sanguines annonce le déclin du crépuscule. En face de nous, les lumières de Bédoin forment un tapis d’étoiles dans le paysage enténébré.

« Tu veux que je t’éclaire ? » me demande Raphaèle, inquiète de me voir avancer devant sans frontale. Aussi surprenant cela paraisse, ma réponse est non. Parfaitement défini entre les rangées de la végétation, le chemin dégage une vague clarté, suffisante à l’oeil nu pour avancer d’un pas sûr, ainsi que je l’avais espéré. À condition de ne pas se retrouver dans le halo de la frontale qui fait danser des ombres trompeuses devant moi.

Le vent s’est dissipé avec les dernières lueurs du jour en emmenant le froid avec lui. Le maigre effort de la descente rend la nuit étrangement douce. J’apprécie de randonner en marge du monde, à ces heures indues où la nuit renvoie habituellement les hommes à la chaleur et à la sécurité de leur foyer. Je ne m’y sens pas étranger, bien au contraire. Mais j’ai ma dose pour aujourd’hui et les derniers pas sont les plus coûteux.

Arrivés au niveau du Jas de Pié Gros, il est temps d’allumer les frontales. Pour ceux qui en ont bien sûr !

A l’amusement de marcher au clair de lune finit par succéder l’impatience d’en finir avec cet interminable chemin. Je me réjouis de l’effectuer de nuit, le faisant mentalement disparaître dans le tiroir de ces itinéraires que je me garderai bien de recommander sur ce versant méridional du Mont Ventoux. À moins, comme nous, de chercher la voie la plus directe pour rentrer.

Au bout d’une heure d’éternité, le poteau signalétique du Grand Replanas surgit parmi les ombres et avec lui la piste du piémont. Soulagement. Plus que quelques pas sur un terrain à nouveau roulant et ça en sera fini de cette boucle démesurée. Plus qu’une randonnée, une véritable odyssée.

J’en tire des leçons mais aussi des envies d’approfondir cet immense versant jusqu’à en épuiser tous les accès. Objectif ? Épargner aux suivant(e)s les tronçons pénibles et sans intérêt pour ne conserver que les itinéraires d’ascension seulement les plus croustillants. Et là, j’en suis convaincu, y’a du pain sur la planche !

MONT VENTOUX : LA DIRECTE SUD-OUEST – GUIDE PRATIQUE

Accès au Mont Ventoux

Situé dans le département du Vaucluse, le Mont Ventoux s’approche depuis la partie inférieure de la vallée du Rhône. En voiture, l’accès le plus courant se fait depuis l’A7 et la sortie Avignon-nord. Tournant le dos à Avignon, il faut ensuite suivre la direction de Carpentras par la D942R. Le contournement nord de Carpentras permet plus tard d’attraper la direction de Bedoin par la D974. Bedoin est le point d’accès à l’itinéraire routier menant au sommet via Chalet Reynard. C’est la direction à suivre une fois Bedoin rejoint, via la D974. Une fois engagé sur cette route, peu avant de quitter Bedoin et face à un parking, prendre à gauche le petit Chemin de la Montagne. En montant il se greffe au Chemin des Clops. Suivre en montant celui-ci jusqu’au bout. Se stationner au niveau de son terme, une fois le goudron derrière soi.

Mont Ventoux, directe sud-ouest : itinéraire suivi & topo pas-à-pas

Si besoin, j’ai retracé l’itinéraire sur VisuGPX. Je peux vous transmettre le fichier GPX à la demande par mail. Contactez moi à l’adresse contact@carnetsderando.net

Depuis les Clops, suivre le GR® de Pays à droite, est, par la longue piste qui borde le piémont du Mont Ventoux. Atteindre puis dépasser l’intersection de Grand Replanas. Rejoindre plus loin celle des Colombets (1).

Suivre à gauche, nord, la direction Jas des Landérots. Entrer dans la Combe de Curnier, la traverser et croiser à sa sortie un chemin à niveau (2). Le suivre quelques mètres à droite puis, à la sortie d’un virage, prendre à gauche un sentier balisé jaune qui remonte longuement le versant. Atteindre le Jas des Landérots (3).

L’un des plus beaux passages de la Combe de Curnier

À droite du Jas, prendre le chemin balisé jaune et rouge GR® de Pays et qui disparaît dans les buis, nord-est. Passer devant le Jas de Beaumasson puis s’élever franchement sur un versant de résineux. Atteindre plus haut une épaule (4).

Ne pas suivre le GR® de Pays qui rejoint une piste mais repérer le sentier filant tout droit et à travers le sous-bois, balisé pour le trail. Recouper plus haut la piste. La suivre quelques mètres à gauche et, dans la courbe suivante, la quitter à droite en continuant à suivre la trace de trail. Atteindre encore plus haut une nouvelle piste (5).

Traverser cette piste et emprunter la trace de trail de l’autre côté. D’abord parallèle à la piste, elle s’en éloigne rapidement en montant à gauche dans le versant. Longer une combe pierreuse avant de la traverser plus haut pour se diriger en direction du sommet, désormais visible. On croise au bout d’un moment le chemin balisé montant depuis le Jas des Pèlerins (6).

Le suivre à gauche. Il arrondit plus haut à droite et rejoint la chapelle Sainte-Croix (7).

Entrée dans les étages sommitaux du Mont Ventoux, en laissant la végétation derrière soi

Passer devant la chapelle pour obliquer à l’ouest et basculer, au mieux, dans la cuvette s’étirant dans le prolongement du parking et du lacet de la route, en contrebas, sous le radar sphérique de l’aviation civile. Suivre une trajectoire ascendante pour passer sous le radar et poursuivre vers l’aire de décollage des parapentes (8).

Continuer plein ouest par la crête. D’abord en restant sur ou proche du fil. Puis en s’en éloignant de quelques à plusieurs mètres quand celui-ci devient moins facile à suivre. Des cairns, placés régulièrement, permettent souvent de tenir le cap. La trace bascule en versant nord au niveau des Rochers de Cachillan avant de rejoindre une piste forestière au niveau du poteau signalétique Le Casseù (9).

Suivre la piste à gauche, sud, jusqu’à l’intersection suivante (10).

Prendre en face la branche de la piste qui descend sud-est, direction — jusqu’à croiser l’itinéraire de la montée au niveau du point coté 1372. Quitter alors la piste à droite pour suivre la trace de trail. Rejoindre l’épaule (4) et descendre par le GR® de Pays jusqu’au Jas des Landérots (3).

De là continuer par le GR® de Pays direction Jas de Pié Gros et atteindre celui-ci (11).

Descendre à gauche par un chemin balisé jaune jusqu’à Grand Replanas (12).

Tourner à droite et revenir au départ des Clops.

MONT VENTOUX, DIRECTE SUD-OUEST : RECOMMANDATIONS PARTICULIÈRES

On a choisi de faire cette ascension un jour d’hiver. On s’exposait donc au risque de finir de nuit. À moins de démarrer plus tôt que nous – aux alentours de 9h – préparez-vous à ce qu’il vous arrive la même chose. Soyez donc prévoyants et n’oubliez pas la frontale. On n’est pas tous à l’aise avec la marche de nuit sans lumière.

On n’a pas trouvé de neige au sommet. Du moins de neige en mesure de ralentir ou de gêner notre progression. Ça n’aurait pas été la même sinon. Non seulement cela aurait plus long et plus pénible mais je suis convaincu que la neige aurait rendu la traversée de la crête de Cachillan laborieuse, voire par moment compliquée. Aussi checkez bien en amont les conditions d’enneigement avant d’entreprendre cette odyssée vers le sommet du Ventoux.

Gardez à l’esprit que le dénivelé est conséquent pour une randonnée hivernale. Limite excessif. Mais on aime se challenger avec Raphaèle alors on a décidé que ça passerait. Je vous invite à ne l’entreprendre que si vous êtes déjà bien familiers avec les dénivelés supérieurs à 1200m. 

Peu après la sortie de la Combe de Curnier

Emportez de bonnes affaires chaudes. Le Mont Ventoux peut être sacrément retors et hostile en hiver. C’est une vraie montagne, malgré sa position provençale, avec les températures et les conditions extrêmes qui vont avec. Un peu comme l’Aigoual dans les Cévennes. Il faut pouvoir vous en prémunir à chaque instant.

Prévoyez suffisamment à manger et à boire parce que l’effort à fournir l’impose. Ne laissez pas le coup de barre survenir. Anticipez toujours, en particulier en hiver où les baisses d’énergie surviennent brutalement. 

Les chemins mentionnés dans ce récit sont tous parfaitement balisés, à l’exception de la partie entre la chapelle Sainte-Croix et l’intersection du Casseù. La crête de Cachillan se suit de manière assez instinctive sur plus de la moitié de sa longueur totale. La seconde partie nécessite un peu plus d’attention et de savoir chercher les cairns. Globalement la trace, quand elle est amenée à s’éloigner du fil de la crête, ne le fait jamais plus que de 20m. Ne partez donc pas la chercher trop bas quand vous serez dans le secteur des petits lapiaz et des pierriers ! Et rappelez-vous que la partie finale fait la bascule côté nord !

HÉBERGEMENT ASSOCIÉ

Ventoux Cocoon

Moi je dis qu’après une journée pareille – ou avant ! – il faut savoir se faire plaisir. Bédoin ne manque pas d’adresses pour un séjour de plusieurs nuits mais trouver pour dormir à la nuitée est nettement moins facile. En général, dans cette rubrique, je propose des adresses avec un budget à moins de 100 euros. Là j’ai un peu craqué le budget. Mais l’esprit de Nadège et Jeanne, la mère et la fille, m’a séduit. Il y a de l’humain dans la démarche et des prestations à même de faire oublier une dure marche dans le froid. En option, notez la possibilité d’une séance de massage et l’hospitalité d’une table d’hôte qui fait envie. Je zappe volontairement la piscine, hors sujet en hiver. Pour vous faire cocooner il faudra compter un budget base double à partir de 135 euros, petit déjeuner compris. Plus d’infos et réservation au 07 69 49 82 49 ou par mail contact@ventouxcocoon.com

Remarque : les informations données dans cet article consacré au Mont Ventoux engagent uniquement la responsabilité de l’utilisateur/rice sur le terrain qui saura les adapter à son niveau et à son expérience. Carnets de Rando ne saurait être tenu responsable de tout accident survenant suite à un mauvais usage de cet article ou à une mauvaise appréciation du niveau du/de la pratiquant(e) par rapport à celui requis.
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