Le Cap Sicié fait office de rendez-vous incontournable quand on est en balade du côté de La Seyne-sur-Mer. Pourtant son accès le rend moins fréquenté que Notre-Dame-du-Mai qui veille sur la mer depuis son promontoire rocheux. C’est néanmoins un rendez-vous avec la Méditerranée fort pour qui aime les littoraux à l’allure rebelle et déchiquetée. Le chemin qui y conduit, usé et escarpé, contribue à sa réputation de cap sauvage et souvent malmené par les vagues et le vent. Voici l’itinéraire qui y conduit depuis les hauteurs de Fabrégas.
Difficulté : moyen | Distance : 8,8 km | Durée : 4h | Dénivelé : 715m
SITUATION & ACCÈS
Situé dans le département du Var et baigné par la Méditerranée, le Cap Sicié est cette petite pointe rocheuse qui prolonge l’épais rempart de falaises où s’est perché Notre-Dame-du-Mai. Un lieu à l’aspect éminemment sauvage – si on fait abstraction, bien sûr, de la station d’épuration – flanquant l’extrémité méridionale de ce vaste carré de terre avançant vers la mer entre, d’un côté, la Baie de Sanary et, de l’autre, la Rade de Toulon.
Si on peut y arriver par l’ouest et le Brusc, c’est cependant depuis sa façade est et La Seyne-sur-Mer qu’il faudra arriver pour attraper le départ de cet itinéraire. On l’atteint en quittant l’A50 – autoroute qui relie Marseille à Toulon – par la sortie 13. Après avoir rejoint le centre de La Seyne-sur-Mer, il faudra ensuite suivre les indications Cap Sicié et Corniche Varoise par la D2816. Stationnement au parking de l’Aire du Boeuf.

DIFFICULTÉ PARTICULIÈRE & RECOMMANDATIONS
La partie du sentier littoral située au-dessus de la plage du Jonquet est fermée par arrêté municipal du fait d’un risque d’éboulement. Une déviation a été mise en place. Même topo entre la Pointe des Jonquiers et le Cap Sicié.
Je sais c’est regrettable car ce segment est tout bonnement incroyable. Le Cap Sicié s’atteint donc pour le moment uniquement en aller-retour depuis le haut. Des portiques sont en place pour empêcher le passage.
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Vous constaterez par vous-mêmes qu’ils se contournent assez facilement. Je ne vous encourage cependant pas à braver l’interdiction. Si la trace existe toujours, le risque d’éboulement demeure. Principalement entre la Pointe des Jonquiers et la Grande Pointe des Jonquiers.
Il faut espérer que les travaux nécessaires à la sécurisation de cette partie de sentier côtier puissent un jour être réalisés afin de rendre cette superbe section à nouveau praticable.

Il est possible de passer par la plage du Jonquet pour contourner la première déviation. Ça rajoute du dénivelé à cause des escaliers mais c’est sympa et c’est joli. C’est aussi une plage naturiste. C’est bien de le savoir avant, histoire de ne pas être surpris(e) ! Ma trace l’emprunte, sachez-le. Mais vous pouvez aussi choisir d’utiliser la déviation à l’aller et au retour si vous préférez vous en tenir à l’écart.
L’itinéraire qui descend vers/remonte depuis le Cap Sicié n’est pas balisé officiellement. On y trouve un vieux marquage, essentiellement bleu, qui permet de suivre un cheminement souvent évident, parfois un peu moins.
Avoir un bon oeil pour éviter de partir n’importe où est obligatoire. La partie inférieure se fait plus escarpée, ouverte à flanc de rocher et empruntant parfois des escaliers rudimentaires. Rien à voir avec les bons chemins bien larges qui montent vers Notre-Dame-de-Mai. Soyez-en avisé(e)s et partez bien chaussé(e)s.

Parlons eau maintenant : bah y’en a pas sur le parcours ! Prévoyez-en donc un minimum pour la balade. Et aussi parlons chaud : les ailes de saison – printemps et automne – sont les meilleures périodes pour randonner dans le sud.
L’été il faut trop chaud et y’a toujours le risque incendie qui plane comme une épée de Damoclès au-dessus de la Provence. Entre juin et septembre, pensez à consulter le site de la Préfecture pour connaître les conditions d’accès aux massifs.

Trace GPX
Si vous avez besoin de la trace pour cet itinéraire, je la mets à disposition gratuitement. Il suffit de m’en faire la demande par écrit en envoyant un message à l’adresse contact@carnetsderando.net
1 – LE LONG DE LA CORNICHE VAROISE
Depuis le parking, il faut se laisser glisser entre deux murs de végétation en direction de la mer. Un balisage jaune permet de rejoindre une borne signalétique « Sentier du Littoral ». Si vous souhaitez, comme moi, passer par la plage du Jonquet, il faut suivre la branche de gauche, comme pour aller vers la Pointe du Bau Rouge. Sauf que, un peu plus loin, le balisage jaune devra être abandonné pour lui préférer, à droite, l’ancien sentier côtier (1).

La trace déroule bien et – presque – à plat jusqu’à venir buter contre l’arrêté municipal placé au-dessus de l’accès nord de la plage du Jonquet (2). On emprunte alors plutôt les ruines d’escalier qui conduisent à la plage pour surgir face au littoral.
Une poignée d’anses entre roche et sable s’ouvrent à gauche, séduisantes et confidentielles. C’est cependant à droite qu’on dirige nos pas pour remonter la longue plage naturiste jusqu’à la Pointe de Saint-Selon.

Il n’est pas exclu que la mer mette la pression à cet endroit pour empêcher le passage chaussures aux pieds. Qu’à cela ne tienne : se mouiller n’a jamais tué personne et l’obstacle se franchit amusé, en restant néanmoins vigilant pour ne pas glisser sur un rocher.
L’amorce d’un escalier passablement usé se dessine ensuite dans le cap rocheux (3). Un bel effort est alors à produire pour en venir à bout et prendre pied sur le confortable sentier du littoral presqu’une centaine de mètres plus haut (4).

2 – SUIVRE LE CAP (OU PAS)
Large et presque aussi lisse qu’une peau de nouveau né, le chemin se cale en balcon en tirant vers le sud et le cap Sicié. À ce stade on aimerait que ça dure ainsi jusqu’à son extrémité. Sauf qu’il n’en est rien. Un balisage explicite réoriente le cheminement vers le haut (5).
La trace clandestine qui poursuit vers le sud se heurte à une porte grillagée qui condamne autant la voie que l’espoir d’atteindre le cap par la prometteuse sente de flibustier qui se prolonge au-delà.
Si, comme moi, vous allez jusqu’à cette porte, vous en constaterez forcément la totale inefficacité : un passage praticable la contourne par la gauche ! Presque une invitation à poursuivre. Sauf que non. Question de responsabilité. À chacun(e) de décider en son âme et conscience s’il-elle est suffisamment joueur-se pour braver l’interdit.

D’autant plus tentant que c’est une sacrée économie de temps, de distance et de dénivelé qui éviterait de monter pour tout redescendre – puis tout remonter – afin de profiter du Cap Sicié. À se demander ce qu’attendent les pouvoirs publics pour régler le problème… Ha si, attendez, je sais : de l’argent ! Déjà plusieurs années qu’il en est ainsi. Mon petit doigt me dit que ce n’est pas près de changer. On va quand même tuer le budget pour des randonneurs quand même !
Il faudra donc remonter patiemment le sentier balisé jaune qui s’élève en lacets dans un sous-bois de résineux parfaitement méditerranéen jusqu’à déboucher sur la large piste DFCI qui permet aux véhicules autorisés de rejoindre l’îlot d’antennes jouxtant Notre-Dame-de-Mai (6). Pas question d’y user tout de suite une semelle : une petite sente, non balisée elle, s’en échappe immédiatement pour tirer vers l’ancien sémaphore (7).

3 – CAP OU PAS CAP DE DESCENDRE ?
Les choses s’ensauvagent à partir de ce point. Des choix se dessinent à travers les bouquets de cistes. Le Cap Sicié est là, en-dessous, quelques 300m plus bas. D’aucun se contenteront de l’admirer d’ici en poursuivant, pourquoi pas, en direction de la chapelle de Notre-Dame-de-Mai par le sentier balisé qui longe prudemment le bord des falaises. Et d’autres voudront descendre. Qu’importe l’aller-retour obligatoire que cette entreprise exige forcément.
Une sente entortillée dans le versant s’emploie ainsi à le rejoindre, tant bien que mal. D’abord buissonnante, boisée et touffue. Puis rapidement plus exposée au vent marin qui remonte le versant depuis la mer tandis que le tracé va chercher le passage derrière de modestes saillies rocheuses. L’altitude décroit rapidement au fil de marques bleues usées mais pas encore invisibles. Il est loin le temps où ce chemin devait être la voie normale du Cap.

Après un long « à plat » qui expédie le/la marcheur/se vers l’arête est, la descente reprend, plus échevelée que jamais. Des restes d’escalier s’ancrent encore fermement dans le rocher. Ici tout est plus minéral et dépouillé.
Dans cet amphithéâtre hostile de falaises, le littoral se dresse comme un bouclier géant face à la puissance marine. Le décor fait sensation. Et le sentier, parfaitement camouflé, ne se dévoile qu’au fil de nos pas prudents vers ce cap qui fend les flots comme la proue d’un navire (8).

Les ruines de l’antique poste photoélectrique qu’on avait érigé ici au début du 20ème siècle paraissent bien fragiles désormais et je m’en tiens à l’écart. Alimentés par une génératrice – flanquée de deux citernes d’eau de mer pour son refroidissement – deux projecteurs étaient chargés d’éclairer la zone marine pour faciliter les tirs depuis la Batterie de Peyras en cas d’attaque. Le dispositif sera également utilisé par les allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui il est rendu aux goélands argentés et aux visiteurs que n’effraient pas un accès peu commode.

4 – LE CHEMIN DU RETOUR
La remontée offre moins de surprises que la descente, tout ayant déjà été révélé. Si la recherche de l’itinéraire en est facilitée, l’effort requis pour atteindre à nouveau l’ancien sémaphore n’est évidemment pas le même et c’est le souffle un peu plus court que sont finalement rejoints les bons sentiers à nouveau bien balisés qui le prolongent en versant nord. Il faut opter pour celui de droite qui tire rapidement en direction de la DFCI (9).
Je fais le choix de cette grande bande de terre pour rejoindre la zone du parking de Fabrégas (10). Elle donne l’occasion d’un répit jusqu’à l’entrée du tunnel de la station d’épuration. Portées par l’air y circulant depuis la mer, des lambeaux de pestilence imprègnent ici l’air d’une fragrance de décharge. On opère rapidement la bascule par ce sentier caverneux qui, par un thalweg boisé, rejoint plus bas le sentier littoral des familles (11).

Tronc commun de quelques mètres avec le chemin de l’aller jusqu’à une balise invitant à droite à une promenade sous les résineux par un sentier plus étroit et donc plus attrayant : c’est la déviation actuelle du côtier interdit au-dessus du Jonquet.
S’il rejoint la route plus haut, il s’en tient cependant à l’écart grâce à une voie piétonne sécurisée. Puis, un dernier baroud d’honneur sur sentier, évite par la droite un bout de goudron jusqu’au parking (12). Plus long certes, mais nettement plus amusant que le bitume pour finir.

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