L’Aubrac est derrière moi et le départ de la vallée du Lot est proche. C’est un nouveau territoire que je m’apprête à découvrir dans la suite de cette itinérance lozérienne sur le Chemin Urbain V. Personnage majeur de cette aventure sur les traces du fameux pape gévaudanais, les Cévennes sont sur le point de m’ouvrir leurs portes. Il faudra plusieurs jours pour les traverser et faire connaissance avec cette mosaïque de paysages de moyenne montagne aussi vaste que superbe. Causses, menhirs, églises remarquables, sommets aérés, sans oublier les rives du Tarn à la naissance de ses gorges, constituent le programme de cette seconde partie.
Difficulté : moyen | Longueur : 95 km | Durée : 5 jours | Dénivelé : 3640m
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[dropcap]L[/dropcap]es rues de Mende s’animent doucement lorsque je quitte la ville dans la fraîcheur d’une belle matinée d’été, idéale pour démarrer l’effort de l’ascension vers le Causse de Mende, transition vers la planète Cévennes qui va totalement renouveler le paysage de l’itinéraire. Là-haut, la forêt recule, se réduisant ici et là à quelques bosquets disséminés dans le creux d’un vallon. Le relief s’espace en ondulant lascivement, surmonté par endroit de chaos de pois granitiques aux formes arrondies. En dépit de l’absence de sommets impressionnants, les Cévennes n’en demeurent pas moins un authentique territoire de moyenne montagne. Ne vous fiez pas au bleu azuréen qui surmonte ses prairies et pelouses : laissez-y entrer la fourne ou la burle, chevauchées par des températures glaciales, revenez-y quand le brouillard, la pluie ou la neige s’y abattent sans répit et vous découvrirez à quel point elles exigent le respect et l’humilité du visiteur lorsqu’il s’y aventure. Les clocher de tourmente, ces édifices inféodés au pays et visibles dans des villages célébrant le granit , y sonnaient jadis pour guider les marcheurs égarés dans la tempête.
Le paysage se transforme peu à peu tandis que les Cévennes se dévoilent pas après pas. Le Causse de Mende rompt avec le charme bucolique de la vallée du Lot. Plus qu’un simple espace naturel et géographique, les Cévennes me donnent l’impression d’avoir posé le pied sur une autre planète.
La volonté d’implantation humaine semble remonter ici à des temps immémoriaux, comme en témoigne la Champ de Bondons, second site mégalithique de France. Vestiges muets d’une période lointaine de l’Humanité, ces menhirs gardent jalousement avec eux le secret de leur fonction et de leur implantation et font le pont entre des temps immémoriaux et le monde moderne de maintenant. Cet univers de menhirs a justifié ici la création d’un itinéraire de découverte pédestre dédié.En forçant le regard on parvient à les débusquer ici dans une clairière, en contrebas, ou là, juché sur un point haut, liaison entre des temps immémoriaux et le monde moderne de maintenant. Il flotte comme une aura d’éternité dans cette partie des Cévennes couronnée de quelques puechs, témoins muets d’une époque volcanique révolue. Le massif me cerne et m’engloutit, me noyant dans un espace immense de sucs silencieux et de hameaux isolés, habillés de granit.
[dropcap]L'[/dropcap]uniformité du paysage se rompt soudain, bousculé par le passage du Tarn qui, en forçant sa route à travers Causses, a laissé derrière lui des gorges fameuses dont on rejoint l’entrée nord-est au niveau d’Ispagnac. Première étape d’une longue liste de villages en « -ac », Ispagnac et ses rues animées les jours de marché marque également le début d’une itinérance patrimoniale au fil du Tarn et de lieux marqués de différentes manières par Urbain V. En remontant la rivière, on remonte ainsi le temps et on consolide ses connaissances sur la vie de ce pape qui a donné aujourd’hui son nom au sentier. Sur cette route des villages des bords du Tarn, Florac est une bourgade accueillante et fleurie, sillonnée de canaux aquatiques, où de petites places invitent à la pause. La halte y est presque incontournable avant de repartir au fil du Tarn, en direction de Bédouès et de sa chapelle Saint-Saturnin. Juchée sur un tertre herbeux et dominée par les contreforts des Cévennes, le petit édifice arbore une magnifique teinte orangée, résultat de sa construction en micaschiste. Une architecture splendide qui dissimule, à l’intérieur, des peintures murales qui raviront les amoureux de l’art ancien.
Le chemin passe par Quézac, rendu célèbre par son eau minérale. Mais, davantage que la source, c’est la collégiale s’y abritant qui retiendra l’attention du randonneur. Urbain V fut en effet l’instigateur de sa fortification au 14ème siècle et, à l’intérieur, se découvrent un voile de fraîcheur bienvenue ainsi qu’une nouvelle vierge noire qu’on vient vénérer.
Au-delà de Bédouès, l’itinéraire abandonne le cours du Tarn pour s’élever dans les versants boisés cernant de part et d’autre la rivière. Le son du courant n’est bientôt plus qu’un bruit de fond et finit par s’évanouir totalement, remplacé par les mélodies de la forêt. Grizac et son château – lieu de naissance de Guillaume Grimoard, futur Urbain V – sont rejoints, plantés dans le décor immense de ces Cévennes du haut se déployant à plus de 1000 mètres d’altitude. Il suffira maintenant de quelques kilomètres vers l’est pour atteindre le sommet du Signal de Ventalon, formidable belvédère sur ce territoire majeur traversé par le chemin Urbain V. Vers l’ouest, des courbes boisées viennent buter contre la masse du Causse Méjean. A l’est, les Cévennes plongent peu à peu vers Alès, invisible au-delà de Génolhac. Au nord, la Lozère s’en va épouser la Montagne Ardéchoise et ses célèbres sucs. Mais c’est évidemment vers le sud que les yeux se posent, vers ce Gard tout proche où se dessine la suite de l’aventure Urbain V.
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– INFOS PRATIQUES –
Carte : IGN 1/25000 2638E Mende, 2639E Florac, 2739OT Mont-Lozère, Parc National des Cévennes, 2740ET Corniche des Cévennes
Accès : pour rejoindre Mende : A75, depuis Clermont-Ferrand ou Montpellier, sortie 39.1 puis N88. Pour rejoindre Nasbinals, A75 également mais sortie 38 puis D900 jusqu’à Nasbinals. En train : Mende dispose d’une gare SNCF, située sur la ligne ferroviaire du Translozérien, entre Le Monastier et La Bastide – Saint-Laurent-les-Bains. La gare est également le point de départ des liaisons TER quotidiennes vers Clermont-Ferrand en autobus. Pour plus d’informations : Gare de Mende – Tel : 04.66.49.00.39 ou au 3635
Lien : www.voyages-sncf.com. En avion : depuis Paris, du lundi au vendredi, via Le Puy-en-Velay. Lien : www.hexair.com ou par tel : 04.71.08.62.28 . Une navette aérienne est également mise en place afin de relier Mende au Puy-en-Velay par la route.
Topo : le topo complet de l’itinéraire est à retrouver dans le topo-guide le Chemin Urbain V, édité par la FFRandonnée sous la référence 670 (cf. Bibliographie plus bas) A noter qu’une application mobile en version bêta est disponible depuis très récemment sur Android et IOs, à retrouver sur vos AppStore respectifs
Les hébergements : c’est un peu long à atteindre depuis Mende mais La Fage est vraiment un charmant petit village au coeur des Cévennes dans lequel il serait dommage de ne pas faire étape. On y trouve d’ailleurs le gîte de La Fage. Logiquement, l’étape suivante s’effectue à Ispagnac ou à Quézac. La suivante à Grizac. Tous les hébergements répertoriés sur l’itinéraire sont cités sur le site du Chemin Urbain V, à la rubrique Hébergements.
Liens utiles : difficile de commencer par autre chose que le site officiel du Chemin Urbain V où se concentrent l’essentiel des informations nécessaires à sa préparation. Pour des informations plus général sur le territoire, une visite à suivre sur le site du Comité Départemental du Tourisme de la Lozère sera utile. Pour en apprendre davantage sur le pape Urbain V, voici l’adresse du site de l’association qui lui est consacré : www.pape-urbain-v.org. Les étapes de cet épisode s’y déroulant majoritairement, il est également instructif de visiter le site du Parc National des Cévennes.
Bibliographie : Le Chemin Urbain V | C’est le topo-guide officiel édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre pour suivre à la trace ce bel itinéraire réalisé en assemblant notamment des portions des GR®70, 61, 6 et 63. De la Lozère au Vaucluse, de l’Aubrac à Avignon, c’est parti pour 329 km d’aventure ! Prix indicatif : 15,20 € | Ref.670
La Lozère… à pied | En rupture de stock, ce topo consacré à la Lozère sera réédité en 2017. Alors guettez-le pour ne pas manquer la cinquantaine d’itinéraires sélectionnés par la FFRandonnée pour découvrir ce territoire qui comptabilise l’un des plus grands nombres de sentiers français ! Prix indicatif : 14,70 € | Ref.D048
EN BREF
Ha ! Les Cévennes ! Il y a quelque chose d’épique dans ces paysages et une magie qui imprègne la marche. Nostalgique de ces terres découvertes il y a longtemps – c’était en 1993 et j’avais 18 ans – je m’y replonge avec un plaisir sincère. Et j’en valide le potentiel pour la randonnée au passage. Quelle bonne idée que d’avoir fait cheminer le parcours au fil de ces causses et de ces villages ! Un vrai régal !
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bonjour monsieur,
je me permets de prendre contact avec vous pour un conseil. j’ai visionné vos différentes séquences et je souhaiterai savoir si le tronçon Nasbinals – Anduze serait idéal pour une Brando itinérante en famille. a savoir le père (donc moi) et deux filles (8 et 12 ans) fort sportives. Nous partirions du 24/07 au 03/08.
C’est la première Rando itinérante avec mes filles et je ne voudrais pas me tromper. Je vous remercie d’ores et déjà de l’attention que vous voudrez bien apporter à ma demande. Bien à vous.
LN MANCIER 0673017769 . nicolas_mancier@hotmail.com
Bonjour,
En soi, le Chemin Urbain V n’est pas un itinéraire trop exigeant. Il reste un minimum de dénivelé à réaliser quotidiennement et des étapes dont il ne faut pas négliger le kilométrage : on parle en moyenne de 5h à 6h de randonnée par jour. Il faut que tout le monde soit motivé et comprenne bien ce que cela représente au quotidien. Pour de jeunes sportives motivées, cela me paraît jouable. Attention toutefois à la répétition plusieurs jours durant : fatigue ou lassitude. Prendre également en compte le facteur sac à dos qui ajoute à la sensation de fatigue. Et savoir que la météo est très changeante sur ces secteurs (Aubrac et Cévennes) : soyez bien équipés contre les orages, la pluie et le froid qui peuvent être très violents sur ces sites. Il faut, là aussi, savoir comment réagir face à ces intempéries qui peuvent créer de la fatigue et du stress. Par bonnes conditions et en parfaite connaissance de l’effort demandé, l’itinéraire se prêtera donc bien pour découvrir l’itinérance. Sachez que vous pouvez faire déjà le tronçon Nasbinals-Mende pour « tester » un peu nos jeunes trekkeuses et décider ainsi, fonction du ressenti, de poursuivre vers Anduze ou de vous échapper à Mende (gare SNCF). Voilà ce que je peux vous dire !
Merci Céline, content que ce petit sujet puisse servir à la préparation de votre futur séjour ! Bonnes vacances dans les Cévennes !