
Le Tanargue en Ardèche. Davantage qu’une montagne, un mythe ! Un nom puissant dont l’évocation résonne comme un coup de tonnerre. Une sorte d’Asgard ardéchois sur lequel se colportent de fracassants récits d’orages anthologiques. Comme si Thor en personne avait élu domicile au sommet, faisant du Tanargue un haut lieu fascinant et qui force le respect. Le Tour du Tanargue, c’est quatre jours et 62 kilomètres. Une boucle en place depuis de nombreuses années et qui autorise les randonneurs-ses à en franchir les frontières redoutées. Cette réputation sulfureuse, qui a dépassé les limites de l’Ardèche, me l’a longtemps fait convoiter. Et parce que le Tanargue se satisfait de patience, j’ai attendu le bon moment pour me lancer dans cette aventure dont je vous livre ici et enfin le récit et les clés.
Difficulté : difficile | Distance : 62 km | Durée : 4 jours | Dénivelé : +2580m/-2565m
TOUR DU TANARGUE : INDEX DU REPORTAGE
Venir à Largentière
Il est évidemment possible de venir jusqu’à Largentière avec son véhicule personnel. C’est pratique et flexible. Cependant l’option de faire usage de la mobilité douce a du sens ici, d’autant que les moyens de rejoindre le Val de Ligne sont concrets. Il faut reconnaître à l’Ardèche de faire l’effort de désenclaver ses communes et ses vallées grâce à un réseau bus efficace.
On peut ainsi arriver à Largentière depuis Alès – qu’on aura rejoint en train – grâce à la ligne E13 qui la relie à Aubenas. Une autre possibilité est d’utiliser la ligne X74 qui fait Valence TGV-Aubenas via Montélimar (ce qui donne la possibilité d’arriver en train soit à Valence TGV, soit à Montélimar) et qui, une fois par jour, prolonge jusqu’aux Vans via Largentière. C’est ce que j’ai fait en venant depuis la Provence, via Montélimar.

Où dormir à Largentière ?
Il n’y a plus de gîte d’étape actuellement à Largentière. Je suis donc allé chez Jeff, un adorable géant néerlandais passionné d’art moderne, qui tient la chambre d’hôte Les Escaliers du Paradis dont l’un des avantages – non négligeable – est d’être situé à 150m à peine de l’arrêt du bus qui vient d’Aubenas. Un endroit au calme, délicieusement 19ème siècle, où il est également possible de dîner à la table d’hôte. Tarif à partir de 85 euros, petit déjeuner compris. Infos et réservation : 06 71 06 48 37 ou par mail à contact@lesescaliersduparadis.fr
JOUR 1 : LARGENTIÈRE – PONT DU GUA
Difficulté : difficile | Distance : 12,5 km | Durée : 4h45 | Dénivelé : +705m/-630m
Son nom sonne déjà comme un objet précieux. Retranchée au-dessus de la Ligne et accrochée au versant ouest de la rivière, Largentière irradie de l’éclat particulier de ces villes qui ont su tirer avantage de l’Histoire. Le château, qui domine la ville, capte immédiatement l’attention. Ce bâti imposant de près de 30 mètres de haut, a d’abord appartenu à l’Évêque de Viviers.
Des propriétaires successifs et fortunés vont l’agrandir jusqu’à permettre aux siècles de se lire dans chacune des extensions réalisée entre le 13ème siècle et aujourd’hui. Une vigueur extérieure qui dissimule pourtant un intérieur sous perfusion. Si un plan de restauration est bien en cours pour le restituer un jour au public, le château de Largentière, interdit à la visite, ne s’admire pour l’heure que de loin.

La Porte des Recollets, dernier vestige des cinq autres portes fortifiées qui défendaient la ville, donne accès au petit coeur médiéval de Largentière. Pendant plusieurs siècles, Largentière prospère grâce à l’exploitation des mines de plomb argentifère du Val de Ligne. Une richesse convoitée qui explique les vestiges de l’architecture défensive de celle qui est aujourd’hui connue comme la plus petite des sous-préfectures ardéchoises.
Plus tard, c’est la sériciculture qui enrichira les Largentiérois. Un héritage apprécié qui confère à la commune une identité visuelle attractive, à l’image de son ancien Palais de Justice aux allures de temple romain qui trône face au château, sur l’autre rive de la Ligne, ou encore de la Montée Mazon, cet immense escalier caladé qui me remonte vers l’église Notre-Dame-des-Pommiers et le départ de mon Tour du Tanargue.

C’est un ancien sentier muletier colonisé par le printemps qui ouvre le bal. Les pierres s’y effacent sous les vagues vertes d’une végétation enthousiaste. L’ombre des arbres, arcboutés au-dessus du chemin, ouvre quant à elle un puits de fraîcheur qui tient la chaleur naissante à distance. Plus loin, les reliques d’une autre calade dégringolent vers le pied du coteau où le ruisseau de Pézenas épouse le cours de la Ligne.
En levant la tête, la belle cité de Montréal me contemple du haut de sa colline. Le Tour du Tanargue n’y passe pas, préférant l’esquiver par le discret vallon du Roubreau où les gourmand(e)s en quête de saveurs ardéchoises pourront pousser les portes du Domaine de l’Eau Vive, adresse localement réputée pour sa cuisine de qualité. Il est cependant bien trop tôt pour succomber à l’appel de l’assiette et, sous le couvert protecteur des chênes verts, je lance mon offensive contre la côte de Roubreau.

Des traces de vie passée rappellent l’usage ancien de ces chemins qui font aujourd’hui le bonheur des randonneurs-ses : ici une ruine ouverte aux quatre vents et habitée par une famille de chênes, là un long muret de pierre sèche grignoté par le lierre. S’élevant avec application et patience au fil des courbes de niveau qui épousent les versants méridionaux du lit du Roubreau, le sentier jaillit finalement à l’air libre de Bas Laval dans une explosion de vignes.
À mes pieds se déroule le terroir viticole de Sanilhac dont je distingue la flèche de l’église dépassant d’une trouée d’arbres. Plutôt que de s’y rendre, le balisage préfère le contourner par le nord de la colline de Gratte-Loup. Ici le pin maritime a remplacé le feuillu et du sol et de l’air exhale un parfum de résine persistant. L’air se fait plus lourd et la menace d’un orage enfle au sein de légions de nuages sombres qui progressent hardiment au-dessus de la forêt. Quand l’averse écume finalement le sous-bois, le providentiel refuge des Renards m’ouvre sa porte in extremis.

Je sais gré aux chasseurs de laisser à disposition ce bel abri, équipé et fonctionnel, où on peut entrer à vingt, refaire le plein d’eau et même cuisiner le temps d’une pause. Je m’assois et dégaine le poulet-crudités que m’a préparé Jeff en regardant la pluie tomber dehors avec rage. L’averse dure le temps de la pause avant de se décider à aller arroser plus loin. Aussi brusquement qu’elle avait disparu la lumière revient et, avec elle, les chants d’oiseaux que l’orage avait littéralement noyés.
Je reprends la route en guettant depuis le sentier le château de Brison, signalé par l’IGN. En vain. Le rempart des arbres dissimule désormais à la vue toute trace de l’ancien édifice et la mention « privé » sur le moindre départ de sentier douche chacun de mes espoirs de l’atteindre à pied. Je reporte mon attention sur la Tour éponyme, temps fort annoncé de cette première étape du Tour du Tanargue et dont la vigie du SDIS s’aperçoit bien plus haut, perchée au sommet du promontoire sur laquelle elle a été bâtie.

Le segment de chemin qui y remonte depuis l’imposant ensemble bâti des Combes gagne le titre de ventre mou de l’étape. Rien de bien excitant dans ce fatras de végétation délabrée fendu par un chemin grossier qui remonte sans charme en direction du sommet. J’y déboule solitaire et accompagné de la valse hésitante de gouttelettes charriées par des amas de nuages courroucés.
Là-haut le quelconque est relégué au versant sud, remplacé par un panorama souverain sur le Vivarais qui arrondit du Tanargue au Mont Lozère puis jusqu’aux lointains reliefs gardois. Des vaisseaux de pluie croisent lentement dans cet océan immense de crêtes et de vallées, douchant brutalement le monde des hommes affairés en-dessous.
On raconte que le Diable en personne, en représailles d’un affront du seigneur de Brison, ébranla jadis la tour d’un éclair et en emporte depuis une pierre chaque 31 décembre. Lorsqu’il n’en restera plus une seule, ce sera la fin du monde. Considérant les 50 mètres de hauteur de l’édifice, soigneusement restauré depuis 1989 par Robert Brugère et les membres de l’association « les Amis de la Tour », je me dis qu’il lui reste encore de longues et belles années à vivre avant que le Malin mette sa sentence à exécution.

Une brèche, habilement camouflée parmi les rochers d’escalade du rebord nord du sommet, invite à se lancer dans ce que des rumeurs définissent comme une section impressionnante. Quand ce n’est pas terrifiante. La scène se déroule plus bas que la ceinture de chênes verts enroulée en écharpe autour du sommet. Une limite nette et radicale en-dessous de laquelle ne subsiste plus qu’une raide pente à genêts où le sentier s’aventure avec audace, dans une coulée de schiste.
À découvrir également sur le blog : Le Cévenol, 5 Jours de Trek dans les Vallées Oubliées des Cévennes d’Ardèche
La pente a de quoi impressionner, tout autant que la nature retors du terrain. D’aucun se sentiront subitement exposé sur ce schiste nu et faussement inconfortable. L’habitude des un(e)s ou le sang-froid des autres convertiront alors la surprise et l’anxiété initiales en une forme d’enthousiasme autorisant à profiter du spectacle offert par cette magnifique descente vers le Collet de la Berle. Personnellement, j’ai adoré.

« Le plus dur est derrière moi » se diront peut-être alors certain(e)s. Assurément. Du moins pour aujourd’hui ! L’étape n’est pourtant pas encore terminée. Il faut maintenant aller chercher la Beaume, fraîchement expulsée de ses gorges plus au nord, dans le fond de la vallée. Tracé presqu’au cordeau le long de la longue arête occidentale descendant depuis la Tour des Brisons, le Tour du Tanargue s’affaisse lentement sans pour autant se détacher du schiste qu’il courtise encore un moment.
D’épaisses saillies de roche – largement moins féroces que précédemment – hébergent encore sa trace le temps de quelques pas. Le charme ne se rompt pas après qu’elles aient disparu, plus bas, parmi les chênes. L’imminence de l’arrivée et l’empressement à découvrir la rivière me donnent des ailes. Le Pont du Gua surgit dans une trouée, enjambant la Beaume avec élégance et projetant le reflet de son bel arrondi dans le miroir vert de la rivière. Piquer une tête ici pourra tout autant être un réflexe de pure joie qu’une nécessité d’oublier l’effort de cette première journée de marche.

Où dormir au Pont du Gua ?
Première possibilité – celle pour laquelle j’ai opté – se rendre, après avoir passé le Pont du Gua et suivi la Beaume vers le sud, jusqu’au Camping du Relais des Brison et dormir soit dans de leur trois « pods » pensé pour 2 personnes (à partir de 32 euros) soit planter la tente sur l’un des emplacements prévus à cet effet (à partir de 14,70 euros). Lionel et Thierry, les gérants, sont au top et leur petit camping familial au bord de la rivière est superbement arboré. Un art oublié du camping se cultive ici et j’ai vraiment apprécié. Infos et réservation : 06 71 38 89 35 ou mail à relaisdesbrison@orange.fr
Pour le repas, soit vous avez avec vous le nécessaire pour cuisiner, soit vous pouvez acheter des aliments de première nécessité à la petite épicerie du camping. Autrement il faudra prendre votre repas au restaurant du Sentier des Arches – juste à côté du camping et qui fait aussi hôtel pour info mais ce n’est plus le même budget – soit à La Boucharade moyennant de retraverser le Pont car il est de l’autre côté de La Beaume. Surveillez bien les jours d’ouverture dans ce cas ! Le petit déjeuner peut être pris au camping sur réservation.
Seconde possibilité – qui nécessitera de marcher et, surtout, de monter, un peu plus (3,5km,1h30, +385m) – se rendre à Beaumont par le PR passant d’abord par l’Elze pour faire étape au Theleme qui fait hébergement (gîte et chambres d’hôte) et table d’hôte. Le gîte totalise 12 couchages (nuitée à 20 euros). Petit déjeuner et panier pique-nique en option. Infos et réservation : 06 84 61 70 02 ou mail à aubergedutheleme@gmail.com

JOUR 2 : PONT DU GUA – LOUBARESSE
Difficulté : assez difficile | Distance : 16,2 km | Durée : 5h45 | Dénivelé : +1100m/-155m
Le sentier retrouvé à proximité du Pont du Gua donne le ton de la journée : cette deuxième étape du Tour du Tanargue va atteindre des hauteurs, au propre comme au figuré. L’objectif est lointain, presque flou : c’est le petit village de Loubaresse, quelques mille mètres plus haut. J’ai veillé à prendre suffisamment d’eau en quittant le Relais des Brison ce matin, ne nourrissant que peu d’espoir d’en trouver en chemin.
À part peut-être celle de la pluie, annoncée pour la mi-journée. Difficile de croire un traître mot de cette prévision pessimiste quand le ciel d’Ardèche affiche un bleu azur éclatant et vierge de tout nuage. Le scénario du mensonge me convient parfaitement pour aborder ces seize kilomètres d’ascension qui, dès ce soir, m’auront fait changer d’univers.

J’ai conscience d’entrer dans le vif du sujet en m’élevant progressivement au-dessus de la vallée de la Beaume par un ancien sentier muletier qui zigzague sur un versant bien ouvert. Ici la jasione fleurit aux côtés du ciste à feuilles de sauge et de la digitale pourpre. Plus haut à 500 mètres d’altitude, là où la pente renonce provisoirement, l’humain a semé quelques fermes et bâtisses.
Elles sont faites de la même pierre de taille que ces petites croix qu’on aperçoit parfois entre des bouquets de cerfeuil et qui servaient à conjurer le sort et affirmer la foi. L’itinéraire coupe à plusieurs reprises la route, s’affranchissant de l’asphalte comme des courbes pour rejoindre le Fraysse, ultime frontière des hommes avant la longue traversée vers Loubaresse, encore à quatorze kilomètres de là.

L’ascension reprend en calade, parfois proprement entre les chênes, parfois totalement dévastée comme si le sol avait été secoué, pareil un vulgaire tapis, jusqu’à disjoindre la moindre pierre. Un champ de bataille en miniature sur lequel je débusque également de gros pois de granit qu’une main invisible semble avoir envoyé rouler dans des lits de fougères.
J’en viens à bout sans réelle difficulté, enveloppé d’un voile de fraîcheur lorsqu’apparaît le col des Cayras deux cents mètres plus haut. Au-delà, le balisage s’aventure dans une nursery de résineux. Des pépinières de sapins de Douglas ou de pins noirs s’y déploient en rangs serrés, légions taciturnes peu enclines à autoriser le passage de la lumière. Le sentier les traverse en faisant profil bas, usant d’un corridor étroit qui lui a été accordé jusqu’à finir par cogner contre une DFCI, à plus de 850m d’altitude.

Un cap symbolique cette piste. On ne la quittera désormais plus d’un iota jusqu’à Loubaresse. Après l’intimité apprécié du sentier matinal et à taille humaine laissé derrière moi, l’ouverture brusque du chemin et sa façon de s’étirer loin et sans surprise m’intimident. J’y fais mes premiers pas avec une certaine réserve, peu convaincu par ce décor de plantations forestières trop artificiel qui en trahit la nature exploitable.
La suite viendra pourtant peu à peu à bout de cette réticence initiale. Le Sommet de l’Abitarelle y sera grandement pour quelque chose. Hors GR® et sud-est par rapport à un col sans nom où un sentier bascule en versant ouest vers Dompnac, il m’apparaît comme le candidat potentiel à l’élection d’une vue providentielle. Et aussi le spot un peu marginal pour une pause déjeuner déconnectée et proche du paysage.

Une trace non balisée remonte vers son sommet moyennant un effort relatif. Mon instinct ne m’avait pas trompé sur ce coup-là : L’Abitarelle donne le ton de la nature résolument panoramique du Tour du Tanargue. Il y a des itinéraires où la vue attend le randonneur au sommet ou au passage d’un col, comme une récompense. Et il y a le Tour du Tanargue qui, comme la suite va me le prouver, l’offre généreusement tout au long de la marche.
C’est comme une rampe sur laquelle s’appuyer pour faire oublier l’effort. Ou simplement un cadeau, disponible presque en permanence en tournant simplement la tête. En marchant ou à l’arrêt. Depuis le sentier ou bien en se perchant sur l’une de ces nombreuses cimes à l’accès souvent intuitif qui invitent à contempler le monde d’un peu plus haut. C’est ce que j’ai fait depuis celle de l’Abitarelle.

En versant ouest, une ceinture de roche fragmentée s’effondre sous le sommet et répand l’Ardèche à mes pieds. Au-delà, tout n’est plus que succession de plis en nuances de vert, comme si une puissante houle forestière s’était subitement figée dans l’espace. Des creux et des vagues de sous-bois qui, formant autant de vallées, s’en vont lécher les contreforts du Mont Lozère.
La sensation d’espace est forte et grisante. Un damier d’ombres et de lumière s’y déplace à vitesse lente alors que la menace de la pluie, venue du Tanargue, couve dans mon dos. D’ici quelques heures, un voile d’obscurité aura sans doute opéré un fondu au noir sur cet univers de reliefs et de forêts. Considérant la distance restant à parcourir, je décide de ne pas pousser ma chance et expédie le sandwich fissa pour me remettre le plus rapidement possible en route.

Vaine précaution. La pluie, puis la grêle, me cueillent peu après le passage du Sommet de Chaylar et ne me lâcheront pas jusqu’au Rocher de Braysse. C’est l’hégémonie du gris. La victoire des averses qui font courber l’échine et rentrer les têtes sous les capuches. Un assaut que de gros coups de vent finiront par obliger à battre en retraite, pareil à des manifestants agités renvoyés dans leurs cordes à coup de matraques et de gaz lacrymogène.
Et, aussi sûrement qu’il s’était éclipsé, le soleil revient en force. Si ce n’était quelques grêlons condamnés à disparaître, dispersés à droite à gauche, on jurerait qu’il ne s’est rien passé. Ce retournement de situation tombe à pic : le passage sous le Sommet de Malpas, rendu plus visuel par la présence de nombreux rochers, vaut le coup d’oeil. Sur l’immense scène déployée à ma gauche, j’observe le nuage noir de colère continuer à déverser son ire pluvieuse en direction du Gard et du lointain Mont Bouquet.

À maintenant 1100m d’altitude, au niveau du Sommet des Moles, la route forestière quitte son axe pour faire son entrée dans la Forêt Domaniale de Prataubérat. Avant de m’y précipiter, j’ose un coup d’oeil sur la vallée de la Beaume, côté nord. L’occasion de se confronter au Tanargue, où je serai dès demain, qui dresse son rempart impressionnant au-dessus du village de Valgorge qu’on aperçoit tout en bas.
Plus je le regarde, plus je réalise que ce Tanargue doit regorger d’itinéraires aventureux à même de réinventer chacune de ses ascensions
Un sacré client dont la nature traversante de mon itinéraire épargne les morceaux de bravoure sur les sentiers sportifs qui parcourent toute sa face sud. Pour certain(e)s probablement un soulagement. Pour moi davantage une frustration ! Un pan de montagne ardéchoise qui mériterait un reportage à lui tout seul c’est sûr ! De quoi déjà me donner autant d’idées que de fourmis dans les jambes !

Pour l’heure je plonge en forêt. Le panorama y est tenu à distance par une garnison de sapins pectinés, de pins sylvestres et d’épicéas communs au beau milieu desquels serpente un chemin large et toujours confortable. Presque du billard pour venir à bout de cette assez longue étape qui, une fois passée la Croix de Triousse, pousse enfin les portes de Loubaresse à 1220m d’altitude.
Pentes à genêts et prés de fauche y créent un paysage ouvert, à la ruralité joyeuse. Avec ses 32 habitants au compteur et son statut de plus petit village d’Ardèche, Loubaresse pourrait compter parmi ces hameaux tristement en sursis que compte la France. Ce n’est pas le cas. À l’instar de Montselgues, associations et hébergements déjouent cette fatalité pour faire activement vivre le village.
Au carrefour de plusieurs itinéraires de grande randonnée et sur la route d’un col cycliste et de la Traversée du Plateau Ardéchois en VTT, Loubaresse et son splendide clocher crénelé sont définitivement un point de convergence et une étape incontournable pour les adeptes d’activités de pleine nature dont je fais partie.

Où dormir à Loubaresse ?
Loubaresse dispose de deux gîtes. Le premier, le gite de l’Oustàou, est communal et en gestion libre. Il est juste à côté de l’église et comprend deux chambres et un dortoir. Il peut accueillir jusqu’à 12 personnes. Une salle commune avec cuisine équipée permet de préparer et prendre son repas. Infos et réservation : 04 75 88 96 93 ou par mail à mairieloubaresse@orange.fr
Le second gîte, privé, est le gîte de l’Église qui est tenu par Nino et sa maman. Une sacrée équipe qui a l’art de vite vous faire sentir bien sitôt la porte franchie. 12 places également à celui-ci, réparties en chambre de 3 à 4 personnes. Vous pourrez manger sur place à la table d’hôte et, je vous l’assure, vous mangerez bien et sain. Tout est fait maison et ça ne lésine ni sur la quantité, ni sur la qualité. Le repas est pris dans la véranda qui domine le village et ouvre sur les alentours. Une excellente adresse que je vous recommande les yeux fermés. Tarif à partir de 49 euros la demi-pension. Infos et réservation : 06 26 65 59 76 ou par mail à gitedeloubaresse@gmail.com
Bon à savoir : à Loubaresse se trouve également Le Pegan où il est possible de manger mais uniquement le midi. Il est ouvert tous les jours à partir de 10h sauf le samedi et ferme après le service. Menu de 15 à 23 euros.

JOUR 3 : LOUBARESSE – GÎTE DU JAL
Difficulté : difficile | Distance : 23,5 km | Durée : 7h15 | Dénivelé : +585m/-1260m
L’orage a cogné une bonne partie de la nuit aux volets de Loubaresse. Le Tanargue dans toute la splendeur de son mythe. Au petit matin le ciel est pourtant lavé de tout soupçon de déluge. Le vent de tempête qui sème la panique dans les feuillages des arbres n’y est sans doute pas étranger. L’étape du jour risque de décoiffer, dans tous les sens du terme.
Plus de vingt kilomètres à parcourir sur toute la longueur du massif : depuis les hauteurs du village, l’objectif est si lointain qu’il en paraît irréel, dissimulé là-bas tout à l’est derrière le paravent du Chantor, une éminence poussée au-dessus de Laboule.
J’ai encore du mal à prendre la pleine mesure du défi lorsque j’effectue les premiers pas de la journée vers Pratarabiat. Une montée un peu brusque pour se remettre dans le bain, en coupe sur un versant qu’un écobuage mal maîtrisé a purgé de 19 hectares de genêts au mois d’avril dernier.

Je passe en versant nord du Tanargue et sous la protection de la forêt dont l’épaisse coiffe fait office de bouclier. Large et aussi roulante qu’une autoroute, la route forestière du Tanargue invite à adopter un pas cadencé. Autant de temps de gagné pour plus tard. Une économie aussitôt dépensée pour crocheter hors GR® vers le Ron de Coucoulude.
Le nom m’amuse et le sommet m’attire. Signalé comme spot d’escalade, sa fière allure rocheuse et sa position dominante me font dire que, depuis là-haut, des vues à couper le souffle doivent mériter ce petit écart. Il faudra cependant savoir mettre les mains pour venir à bout des quelques mètres de rocher qui défendent l’accès au sommet.
Je m’y fais cueillir par des rafales furieuses dont l’unique but semble être de tenter de raccourcir mon temps de présence sur ce promontoire remarquable. Malgré cela je valide mon choix et le prolonge par un raccourci en crête qui m’épargne un retour sur la piste. Je la retrouve plus bas – et pour un moment – qui me met maintenant sur les rails du Sommet de Méjan.

Spécial Bivouac
La section entre le col de Meyrand et le Sommet de Méjan offre pas mal de possibilités de bivouac pour celles/ceux qui marchent en autonomie sur ce Tour du Tanargue. Je pense notamment au couvert forestier avec ses tables de pique-nique un peu après avoir passé le col de Meyrand, sur la droite du chemin (pas d’eau). Il y a aussi de belles clairières en bifurquant vers le Ron de Coucoulude. Il paraît que ce secteur est connu pour ses « teufs » qui y ont parfois lieu (pas d’eau non plus).
Également quelques petits dégagements en bordure de chemin dans le secteur indiquant « aire de pique-nique » sur l’IGN. La présence d’un petit cours d’eau (à filtrer) est un plus. Il y a même une timide vasque dans le lacet pour tremper les pieds. Enfin, un peu plus loin, un abri pour randonneurs appelé la Grangette est signalé par des flèches en bois. Il s’agit d’une ancienne estive offrant un toit pour passer la nuit et accessible en 300m hors GR®. Je n’y suis pas descendu pour pouvoir la décrire ici.

Tout ceci n’était qu’un échauffement. La véritable rencontre avec le Tanargue c’est bien le Sommet de Méjan. Lorsque j’émerge enfin de la forêt, aux alentours de 1400m, je me fais encore sévèrement cueillir par le vent que plus rien ne semble pouvoir arrêter sur ces hauteurs largement dénudées où rampent quelques courageux genêts.
À découvrir également à proximité : Montagne Ardéchoise, le Suc de Bauzon à raquettes
Le meilleur reste pourtant à venir, à condition de braver ces bourrasques agressives qui, obstinément, semblent vouloir m’empêcher d’approcher de la vue béante ouverte sous le rebord sommital. Je persiste, je lutte, chaque centimètre est une victoire. Puis la vue est là. L’inattendu du spectacle me prend de court.

Peut-être est-ce le fait d’attentes insuffisamment élevées de ma part mais la beauté de la vision révélée me coupe le souffle. Devant et en-dessous de moi, le Tanargue bombe le torse, exposant un coffre de roc et de raideur que je n’aurais pas soupçonné aussi marqué. Je me sens soudain minuscule. Tout ici m’évoque le Caroux et c’est un compliment.
Le Tanargue c’est une certaine image des grands espaces.
Avec le géant héraultais, le Tanargue a ce goût commun de la démesure, une altitude somme toute similaire, des accès sportifs en versant sud et une allure de plateau sommital fouetté par un air vif et sain. Une impression confortée en déboulant dans les vastes et riantes prairies de son versant nord qui semblent onduler sous l’effet du vent et me rappellent l’Aubrac. À moins que ce soit le Rohan de Tolkien…

La portée de la vue se hisse de ce côté de quelques degrés supplémentaires en terme de qualité, comme si cela paraissait encore possible. Presque à portée de main, le Rocher d’Abraham, redoutable, impressionne de l’autre côté de la vallée du Lignon. Je l’avais gravi en 2015 pour Carnets de Rando, juste avant la naissance de ma fille, et n’étais jamais revenu depuis.
lire aussi sur le blog : Cévennes Ardéchoise, le Rocher d’Abraham
S’ensuit derrière la ligne escarpée de son sommet une répétition de lignes de crêtes et de larges vallées, ici plus rocheuses que boisées, qui se prolongent jusqu’au Mont Gerbier des Joncs dont je distingue parfaitement la forme d’oeuf qui s’arrondit sur l’horizon. Tout à l’heure c’était le Pic Saint-Loup au sud. L’amplitude panoramique du Tanargue me file le tournis.

J’avoue me laisse griser par le paysage, oublieux de ce chemin large, presque carrossable, qui a succédé aux pelouses. Une longue ligne claire et sinueuse qui épouse le Tanargue avant de disparaître derrière l’encore lointain sommet de Sucheyre. Un cheminement qui fait écho à celui de la veille mais dont le charme limité, à l’instar de celui-ci, sait se faire oublier par la balade paysagère qui l’entoure.
À l’aplomb du col des Langoustines, la profonde échancrure au fond de laquelle doit couler la rivière de Salindres met en lumière l’aspect toujours aussi falaiseux de cette partie plus orientale du massif délimitée entre le Mont Aigu et le Suc du Capitaine. Dans ce décor étendu et cassant, le chemin serpente à flanc de versant comme un long serpent clair.

Avec des versants sud toujours aussi abrupts et sauvages dans lesquels se dissimulent à coup sûr des sentes secrètes, le Tanargue continue d’imposer une présence forte. Un enthousiasme que je ne peux cependant empêcher de s’engourdir invariablement au contact répété d’une piste qui semble ne jamais vouloir se terminer.
Note : attention, au col des Langoustines, puis au suivant, celui de Sucheyre, il y a une erreur de signalétique sur les poteaux directionnels. Rocles y est en effet indiqué à plus de 17 kilomètres ! De quoi mettre un sacré coup au moral à ce moment-là. Ce n’est évidemment pas le cas, soyez rassuré(e)s et n’en tenez pas compte !

Lancé en pilote automatique, je manque de passer à côté du changement de direction du col du Merle. Le Tour du Tanargue abandonne enfin la monotonie de la piste pour flirter à nouveau avec un sentier digne de ce nom. Et rappeler ainsi au marcheur que je suis qu’il n’en a pas encore terminé avec le dénivelé.
L’ascension, puis la traversée, de la Cham du Cros réveille brutalement l’appareil musculaire après ces kilomètres de chemin sans résistance. La pente est raide et sans concession, le passage étroit. Grimper à une échelle ne produirait pas un effet plus différent. L’omniprésence du rocher donne un caractère soudainement très alpin à ce segment qui prend de court et qui dure.

Près de 200m de dénivelé sortis du chapeau à avaler sur moins d’un demi kilomètre. J’en rigole entre deux halètements. Vachard de Tanargue ! Je me dis qu’il n’y a pas intérêt à arriver ici, au pied de la Cham du Cros, déjà à moitié cramé. Quoiqu’il en soit ça fait du bien de se frotter à un Tanargue moins docile. D’autant que la récompense, au sommet, est réelle.
Comme une porte de sortie de luxe, la Cham du Cros bombarde en effet le/la marcheur/se d’une ultime salve paysagère : à main droite, le terrain s’affaisse. Lentement d’abord, avant de s’effondrer en cascades de roche grise et ravinée. À main gauche, des pelouses, grasses et lumineuses, nourries par de nombreuses sources qui fournissent l’or bleu aux hommes habitant en-dessous.
Le tout tient dans un bel équilibre entre ciel et terre, ouvrant au-delà du sommet de Pissas vers l’Ardèche Méridionale qui remplit désormais l’espace tandis que recule la montagne. Mon sentier file avec charme et assurance dans cette ultime vision d’altitude avant que ne se referment sur lui les portes du Tanargue.

Sous mes pieds viennent les retrouvailles avec les pierres grossièrement jointes d’un ancien sentier muletier. Du bel ouvrage qui dessine des lacets raides et bien marqués dans une portion du versant largement ouverte. Puis les châtaigniers sont là, dissimulant définitivement une vue dont je n’ai été jusqu’alors que très rarement privé aujourd’hui.
Étrangement le retour du sous-bois va de paire avec la capitulation du sentier à rester en bon état. Toutes les pierres de la calade paraissent avoir été retournées, secouées et abandonnées en l’état dans un magistral champ de bataille qui m’oblige à ralentir l’allure. Moi qui pensais que la descente m’offrirait un répit après cette journée fleuve, je me trompais !

L’arrivée au Vernet, dans une douce lumière de fin d’après-midi, est un véritable soulagement. À l’approche de la fin de journée, le corps donne des signes de faiblesse. À ce stade, atteindre le Gîte du Jal, après moins d’un kilomètre hors GR, n’est qu’une simple formalité sur la feuille de route de cette troisième étape qui, j’en suis convaincu, laissera autant de traces que de souvenirs forts !
Où dormir à Rocles ?
Pas d’hésitation, on dort au Gîte d’Étape du Jal sur cette troisième étape. Une évidence, parfaitement située de surcroit. C’est Clément et Christina qui vous y accueilleront. Soit dans le grand gîte, en dortoirs, soit en chambres d’hôtes. Ce sont deux belles personnes avec lesquelles j’ai eu beaucoup de plaisir à échanger le soir. Notamment sur la randonnée et les chemins, sujet parfaitement maîtrisé par Clément. Le gîte fait également table d’hôte et la cuisine est délicieuse, à base de produits du jardin ou de proximité, comme on peut s’y attendre. Tarif demi-pension à partir de 43,40 euros. Infos et réservation : 06 70 73 31 36 ou par mail à gitedujal@gmail.com

JOUR 4 : GÎTE DU JAL – LARGENTIÈRE
Difficulté : assez facile | Distance : 11,5 km | Durée : 3h20 | Dénivelé : +190m/-520m
Cette dernière étape ressemble à un retour sur Terre. Je la vis comme le passage nécessaire par un sas de décompression. Une transition en douceur entre la spectaculaire rudesse du Tanargue et l’Ardèche du bas, animée, habitée et foisonnante de végétation. Tout y est subitement plus exubérant et luxuriant.
Fleurs, herbes, arbustes poussent sans retenue, inondant les fossés et les bas-côtés, débordant sur les chemins et les routes, dressant des murs naturels où seule une myriade d’insectes semblent disposer d’une carte de membre. Une explosion de nature aux portes des maisons, qu’aucune barrière ne paraît assez robuste pour arrêter.

Une vieille croix en granit ou un oratoire discret s’y aperçoivent parfois, porteurs d’une histoire oubliée où Dieu, Jésus ou Marie devaient occuper les premiers rôles. La religion est autant victime du temps qui passe que du printemps.
Sous mes semelles, le goudron a refait son apparition. En perdant de l’altitude, les vieux chemins ont souvent dû accepter de disparaitre sous le ruban gris de la modernité. Et moi, piéton, de réapprendre à tenir ma droite pour me protéger des rares voitures qui patrouillent à intervalles irréguliers entre les hameaux.

Le tracé évite au maximum cette cohabitation toujours un peu pénible, s’esquivant dès que possible par un ancien chemin dissimulé, trait d’union inespéré entre deux bouts de bitume. De brefs – mais appréciés – moments bucoliques, porteurs d’images délicieusement romantiques d’une campagne ardéchoise d’hier.
C’est ainsi que j’arrive en vue de Joannas, dernière chance d’admirer le Cham du Cros dont je suis descendu hier. Vu d’ici, plutôt une belle perf. Joliment étiré dans un écrin de collines clairsemées, Joannas m’accueille au concert des grenouilles qui poussent la sérénade sur la scène aquatique de son petit étang.

Je tourne le dos au spectacle, abandonnant les amphibiens à leur symphonie en « coa » majeur. L’écho de leur vacarme se dissout progressivement dans le chant des rouges-gorges et des loriots dissimulés parmi les chênes verts poussant autour du sentier qui me conduit vers la Croix de Roure. C’est là que s’opère le point de bascule.
Le Tour de Tanargue et ses quatre petites journées m’ont fait l’effet d’un trip dans un manège à sensations. À la fois incroyablement intense et douloureusement bref.
En plongeant sous les frondaisons d’un sous-bois garni de bouquets denses d’ombellifères et d’épervières figurant autant de soleils, je sais que je viens de faire mon retour dans le Val de Ligne. La proximité de l’arrivée me fait hésiter au seuil de l’excitation et de la tristesse. Un bouquet d’émotions contradictoires surgi en atteignant le petit hameau de Chalabrège où démarre la véritable descente vers la vallée.

Le bruit de la circulation sur la départementale me prépare à ce retour progressif à la civilisation du pétrole. En la traversant avec prudence au niveau du camping des Ranchisses, je suis alors convaincu que le Tour du Tanargue ne peut désormais plus me surprendre. Qu’il n’a plus aucun atout dans la manche si près de Largentière.
C’était compter sans un ultime sursaut d’audace, perché une trentaine de mètre au-dessus de la route et de la rivière, sur le sentier muletier vétuste serpentant accroché au versant. Un dernier balcon avec vue sur le Tanargue et le Cham de Cros qui s’éloignent, doublé d’un coup d’oeil dominant sur la vallée en ce point plus étroit et très esthétique où le cours d’eau force le passage vers l’aval. J’en souris.

Je ne sais qui remercier pour cette application à opérer le retour sur Largentière sans céder à la facilité. Aux portes de la ville, je décide d’un crochet par le Palais de Justice et sa façade épique. Quel décor plus théâtral pour dire au revoir à cette diablesse d’itinérance qui a si bien su conjuguer le goût de l’effort et la profondeur des paysages ardéchois ? Le Tanargue est définitivement à la hauteur de sa réputation.
TOUR DU TANARGUE : À VOUS DE JOUER !
Point final du récit. J’espère que ce retour d’expérience vous aura convaincu ou donné envie de vous élancer sans plus attendre sur ce Tour du Tanargue. J’y ai intégré le plus d’informations pratiques possibles pour vous permettre de vous projeter et de concevoir votre propre aventure ardéchoise. J’espère avoir été le plus exhaustif possible.
Avant de terminer, je me livre au jeu des questions-réponses pour apporter quelques éléments d’information supplémentaire. Cette liste n’a rien de définitif et si, par hasard, une question que vous vous poseriez ne s’y trouve pas, n’hésitez pas à la poser par mail à l’adresse contact@carnetsderando.net

Existe-t-il un TopoGuide du Tour du Tanargue ?
Il a existé oui. Le Tour du Tanargue était alors décrit aux côtés d’autres itinéraires et tout ce petit monde était rassemblé dans un ouvrage intitulé « Tour des Cévennes et de la Montagne Ardéchoise » édité par la FFRandonnée sous la référence 702. Ça, c’était avant car ce topo est épuisé et n’a pas été réédité. Il doit cependant encore pouvoir se retrouver d’occasion.
Qu’à cela ne tienne car, en 2025, on souhaite la bienvenue à la Topocarte, un tout nouveau support, pratique, lisible et léger qui n’embarque que l’essentiel. En plus je suis en couverture dessus haha (rires) ! Celle-ci offre, recto et verso, le descriptif du Tour du Tanargue mais aussi du Cévenol. Tarif : 12,90 euros. Rendez-vous sur la boutique de l’Office de Tourisme Cévennes d’Ardèche pour la commander.

Où puis-je trouver la trace GPX du Tour du Tanargue ?
La trace n’a rien de secrète et peut se trouver en téléchargement au format GPX ou KML sur le site Rando Cévennes d’Ardèche. Vous pouvez également me la demander par mail à l’adresse mentionnée au début de cette rubrique. J’y ai intégré le crochet par le Ron de Coucoulude ainsi que vers celui du Rocher des Barres, un peu après le Méjean : un autre spot sympa et rocheux qui se détache du massif et sur lequel grimper pour un point de vue sympa sur le massif.
Je lis partout que le Tour du Tanargue est difficile. Est-ce que je dois m’inquiéter ?
Tout devient tellement subjectif dès qu’on commence à parler de difficulté. Et d’abord difficile par rapport à quoi ? Au terrain ? À sa propre expérience ? En comparaison de quel(s) autre(s) itinéraire(s) ? Qui sert au juste de mètre étalon pour cette échelle de la difficulté ? Dans un premier temps, s’efforcer de demeurer local et à l’aune d’autres itinérantes ardéchoises ou voisines de l’Ardèche me paraît utile et pertinent.
Parce que, au final, qu’est-ce qui rend le Tour du Tanargue difficile ? J’avancerais sa brièveté – seulement quatre jours – qui le contraint à concentrer ses difficultés objectives sur très peu de temps. En gros sur deux étapes, autrement dit la moitié du parcours. Je fais référence à la deuxième étape, assez longue et montante, et à la troisième, très longue avec un dénivelé court mais intense et une descente finale éreintante.

Il est ici question d’endurance et de tonus pour tenir dans la durée. S’y ajoute une difficulté plus « technique » sur la première étape avec la fameuse descente de la Tour de Brison. Un passage assez court mais qui peut surprendre par sa nature rocheuse, son inclinaison marquée et son absence d’aide à la progression.
Une formalité pour qui pratique la montagne, les corniches, les vires et autres passages aventureux. Un dépassement de soi pour beaucoup d’autres, insuffisamment habitué(e)s à ce terrain faussement exposé. Entre les deux il faudra être capable de se situer sachant qu’il y a un peu d’exagération dans ce qu’on entend. D’autant que le rocher est rugueux, majoritairement adhérent et non patiné. L’effet toboggan n’y est pas à craindre.
Pour conclure sur le sujet, considérez que, pour s’aligner sur le Tour du Tanargue, il faut savoir faire de la distance et plus de mille mètres de dénivelé et se savoir relativement à l’aise et habile pour venir à bout de segments courts et plutôt isolés exigeant de savoir s’y prendre avec le rocher. Attention toutefois : il n’est ici nullement question d’escalade ! Ça passe juste avec les pieds !

Est-ce que le Tour du Tanargue est bien balisé ?
En toute honnêteté ? Franchement oui, je lui donne la mention bien. Les balises jaune et rouge du GR® de Pays sont présentes la plupart du temps. Pas toujours de la première fraîcheur mais néanmoins visibles. Et l’itinéraire est pourvu de nombreux poteaux signalétiques aux carrefours importants. Il faut juste garder à l’esprit que le tracé chevauche parfois celui des PR® et que, de ce fait, les balises alternent entre le jaune/rouge et le jaune/blanc typique de l’Ardèche pour ses sentiers de Promenade & Randonnée.
Est-ce que je peux faire le Tour du Tanargue en bivouac ?
Il y a une grosse demande sur le bivouac. D’abord par appétence pour la sensation de liberté que la pratique induit. Ensuite pour des raisons de budget qui poussent les plus jeunes randonneurs/ses à privilégier ce mode de fonctionnement. J’avoue que lorsque des hébergements type gîte d’étape ou campings existent sur un itinéraire, j’ai tendance à les valoriser parce que, pour un budget raisonnable on a accès à un minimum de services et de confort pour l’étape. Raison numéro 1.
Raison numéro 2 c’est que beaucoup d’itinéraires tombent dans l’oubli et disparaissent parce que insuffisamment dotés d’hébergements de ce type. Aussi, quand ils existent, je trouve important de les faire vivre. C’est aussi notre part à accomplir, en tant que randonneur, pour pérenniser des itinéraires. Donc le bivouac, OK. Moi aussi j’adore. Mais je trouve ça important de trouver un équilibre et de profiter des locaux qui font l’effort d’accueillir pour des tarifs très raisonnables.

David j’ai compris, le message est passé mais tu n’as pas répondu à ma question alors je te la repose : est-ce que je peux faire le Tour du Tanargue en bivouac alors ?
Il y a en effet des spots qui se prêtent bien au bivouac sur le Tour du Tanargue. Comme souvent – et vous vous en doutez – ce n’est pas à proximité des zones habitées. Nonobstant la gestion de l’eau (qu’il faudra anticiper avant de se poser quelque part) voici des endroits très recommandables pour poser la tente : la Tour de Brison, éventuellement le col des Cayras, la Forêt de Prataubérat, le col de Meyrand, les abords du Ron de Coucouludes et, bien évidemment, le Sommet de Méjan, spot cinq étoiles. Attention toutefois vous êtes ici sur la Réserve biologique Mixte du Grand Tanargue où le camping est interdit. Par extension le bivouac n’y sera donc que toléré : ne faites pas de feu et monter tard/démonter tôt en ne laissant aucun déchet.
Côté cabane, vous trouverez le refuge du Renard sur l’étape 1 avant d’arriver à Brison (avec de l’eau et de quoi cuisiner, mais rien pour dormir), l’abri des Grangettes, sur l’étape 3 avant la montée vers Méjan, ainsi que la cabane pastorale du sommet de Méjan qui, selon l’époque, pourra être occupée par un(e) berger(e). Il y a de l’eau à Loubaresse (pas la fontaine mais un point d’eau potable juste à côté).

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