Le Luberon, ce pays de châteaux ! Du nord au sud du massif, nombreux sont encore ceux qui se dressent pour défier les âges et embellir le paysage de leur présence souveraine. Ou de leur souvenir ému quand l’Histoire s’est montrée moins clémente à leur égard. C’est justement deux d’entre eux et dans chacune de ces catégories que je vous propose de découvrir avec cette randonnée aux allures de balade à faire en famille ou entre amis. Sur la route vous y découvrirez deux superbes villages du Luberon : Lourmarin et Cadenet. Effort minimum et plaisir maximum : une boucle où la marche n’est qu’un prétexte à la visite.
Difficulté : assez facile | Distance : 11 km | Dénivelé : +255m | Durée : 3h30
Lourmarin et son château, fierté du Luberon
Quel autre point de départ que Lourmarin pour cette boucle ? Son fameux château jouit d’une belle notoriété et d’un prestige particulier ici, dans le Luberon. Son état de restauration impeccable et son allure si particulière, mariage réussi de médiéval et de Renaissance, n’y sont sans doute pas étrangers. Difficile d’imaginer qu’il a échappé de peu à la destruction après avoir été abandonné à l’état de ruine au début du siècle dernier.
Un sauvetage qu’on doit à Robert Laurent-Vibert, un industriel lyonnais passionné par l’art qui en entreprend la rénovation en 1920. La Fondation de Lourmarin qui en porte le nom assure aujourd’hui cet héritage avec honneur et a fait de l’endroit un haut lieu culturel du Sud Luberon. Évènements, conférences et expositions animent ainsi le château de Lourmarin tout au long de l’année.

J’en avais fait la visite en famille il y a quelques années. On avait alors profité du jeu de piste ingénieux spécialement imaginé pour les enfants pour découvrir les intérieurs reconstitués avec le mobilier d’époque. Je garde un très bon souvenir de cette expérience que j’avais couplée avec une déambulation dans les rues de Lourmarin. Une décision prise également par l’itinéraire qui m’entraîne du château vers le coeur palpitant du village.
Bien plus petit et compact que Cadenet, Lourmarin cultive l’image d’une Provence de carte postale élégante qui fascine le tourisme international. Échoppes d’artistes et de créateurs le disputent aux terrasses de restaurants fleuries et animées. Ici chaque détail compte pour donner au village un air immédiatement plus bourgeois qu’ailleurs dans le sud Luberon. Un trait de caractère qui séduit en remontant sans hâte le long de la belle rue pavée Henri de Savornin.

À travers bois et vignes, direction Cadenet
Cap maintenant sur Cadenet. Je quitte le village en prenant la clé des champs. Le discret chemin de Saint-André opère une liaison avec celui de Collongue pour s’éloigner de Lourmarin par l’est. Une section de route un peu longue démarre pour aller chercher assez loin le contournement de cette imposante bosse boisée qui sépare Lourmarin de Cadenet.
Je m’en échappe grâce à un passage ouvert dans une propriété. Sensation étrange de rentrer chez les gens. C’est pourtant bien là, par une belle rampe d’herbe verte qui file en ligne droite jusqu’à l’orée des bois. Le dénivelé m’y guette à l’abri des chênes et me fait renouer avec l’effort le temps d’une brève montée à l’étage des vignes. Un nouvel instant de sentier apprécié qui fait s’estomper le souvenir de la récente session goudron.

Le cheminement vers Cadenet est charmant et livre un aperçu de l’ingénieux aménagement agricole et viticole de cette partie de la colline à l’exposition favorable. Un décor champêtre, habilement traversé par quelques chemins qui évite l’usage de la route le plus souvent possible. J’y marche sans précipitation, d’un pas volontairement retenu.
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Ce bout de Luberon ne souffre pas l’urgence pour être découvert et c’est sur un rythme volontairement apaisé que fais mon entrée à Cadenet par son chemin de la Tuilière. J’ai un peu de temps devant moi pour faire connaissance avec le village et je décide de me laisser porter librement à travers ses petites rues avant de monter vers le site du château. Et rien n’exclut que tout ça ne finisse pas à la terrasse d’un café !

Cadenet et son château
Cadenet m’a toujours fait forte impression. Quand on fait le saut par-dessus la Durance en venant des Bouches-du-Rhône, on change immédiatement de monde. La barrière du Luberon annonce aussitôt le goût local prononcé pour les villages perchés et Cadenet en revêt instantanément tous les attributs.
Ses maisons aux toits panachés de rose et de beige se serrent autour de leur rocher comme si leur vie en dépendait. Depuis les ruines de son château, Cadenet s’est peu à peu étirée vers la plaine et poursuit aujourd’hui son essor à l’est, dans ce triangle plus ouvert où coule le ruisseau de Laval, au pied de la colline du Castelar.

Je rejoins la place du Tambour d’Arcole que la fameuse statue du sculpteur André Estienne semble vouloir quitter au pas de course. En ce jour printanier, Cadenet affiche le visage animé d’une Provence vivante : les terrasses des cafés ont fait le plein, les portes des galeries d’art sont ouvertes et attendent les amateurs. Tout pousse le visiteur à s’attarder.
Les senteurs d’un barbecue improvisé font d’ailleurs se contracter mon estomac pour me rappeler qu’il est bientôt midi… Un air de fête répand comme un voile de gaieté dans le centre de cette ancienne capitale de la vannerie dont l’Histoire a pourtant été mouvementée. Les ruines de son château, sentinelle locale déchue, sont là pour en témoigner.

Si, en France, certaines places fortes ont pu s’enorgueillir de leur nature imprenable, le castrum Cadenatum a lui, en revanche, collectionné les assaillants. Pris à peu près tous les deux siècles à partir du 12ème, il subit finalement un démantèlement sur ordre de Louis XIV au 16ème.
Du château ne subsistent aujourd’hui qu’un soubassement, quelques assises et salles troglodytiques qui font le bonheur des enfants et des amateurs de souterrains.
Histoire d’enfoncer le clou, les révolutionnaires l’incendieront en 1792, ne laissant derrière eux qu’une carcasse et un site en ruine dont les pierres seront récupérées au cours du 19ème siècle pour la construction du Cadenet qu’on connaît. Pas de pitié pour les châteaux…

Loin d’être honteuse de ce patrimoine bafoué par l’Histoire, la commune a magnifiquement su mettre en valeur ce qui aurait pu n’être qu’une vilaine cicatrice dans le visage de Cadenet. Entretenue avec autant de soin que de tendresse , la colline déroule aux visiteurs de belles terrasses d’herbe fleuries et rehaussées de hauts pins sous lesquels cavale tout un réseau de sentiers.
L’ensemble a été intelligemment nettoyé et sécurisé pour permettre la découverte d’étonnantes salles caverneuses dont certaines s’atteignent grâce à des escaliers en pierre ouverts en tunnel à même la colline. Une passerelle élégante enjambe un large fossé et fait le pont entre les époques qui ont vu des hommes de siècles différents s’escrimer à occuper et défendre le site. En vain.

En route pour Lourmarin
Le site du château s’abandonne par son flanc occidental et un sentier étroit aux allures de chemin de ronde. Par un couloir aplani ouvert dans la colline des Gardis – au sud de laquelle Cadenet s’appuie – un chemin confortable, large et sans difficulté, glisse alors entre de hauts chênes à mi-pente du versant.
Un tracé presque parallèle à la départementale, invisible une cinquantaine de mètres en-dessous. Dans le secret des sous-bois, quelques propriétés sont camouflées, rappelant que, si l’essentiel des Cadenetiens ont leur adresse au village, d’autres – moins nombreux – ont choisi le luxe de l’isolement. C’est bel et bien une Nature habitée que traverse l’itinéraire.

La route se croise plus loin et doit s’emprunter quelques mètres à proximité du lieu-dit Coustières, exigeant une prudence accrue. La sensation de vulnérabilité en tant que piéton face à la vitesse des véhicules est réelle et dérangeante. Je ne suis pas fâché d’abréger ce passage obligé pour basculer par une trouée de végétation par laquelle s’engouffre le balisage.
À lire également sur le blog : Un Pèlerinage en Provence, au pied du Luberon
Un étroit corridor, plutôt agréable, fait rapidement le lien avec les vignes et les plantations d’oliviers qui entourent Lourmarin dont j’aperçois à nouveau le fier château émergeant par-dessus la ligne sombre d’une assemblée d’arbres. L’asphalte a maintenant succédé à la terre et c’est par une petite route peu fréquentée que j’en rejoins l’entrée sud où se pressent des visiteurs endimanchés. Pour moi la boucle est maintenant bouclée.

Guide Pratique
Venir en Sud Luberon
Lourmarin est une commune située au sud département du Vaucluse, séparée des Bouches-du-Rhône par la Durance voisine. Elle fait partie de l’agglomération Luberon Monts de Vaucluse quand Cadenet, elle, fait partie de Cotelub, une communauté de communes rassemblant seize villages du sud Luberon. Elle se rejoint en voiture depuis le sud – Aix et Marseille – ou Gap par l’A51 et la sortie Pertuis. On suit alors la D973 direction Cavaillon pour rejoindre d’abord Cadenet, puis par la D943, direction Apt, on atteint Lourmarin.
Depuis la vallée du Rhône c’est l’A7 qu’il faut prendre direction Marseille puis sortir à Sénas. Par la D7n on suit Aix-en-Provence jusqu’à Mallemort. À Mallemort, on bifurque à gauche par la D23 direction Pertuis. Au rond -point avec la D973 tourner à droite et rejoindre plus tard Lauris. Prendre alors direction Apt et par la D973 – qui passera plus tard D27 – rejoindre Lourmarin. Stationnement conseillé sur le parking situé après la sortie nord de Lourmarin, en suivant la direction du château.

Topo & Trace GPX
Le descriptif de cette randonnée et sa trace GPX sont tous les deux disponibles sur le site des Chemins des Parcs. Je vous invite donc à les y retrouver plutôt que de faire un copier-coller.
Une fiche rando est également téléchargeable sur le site de Destination Luberon qui complète idéalement la trace GPX.
Difficulté particulière et recommandation
Cette boucle n’a, en soi, aucune difficulté. La distance demeure raisonnable et envisageable par un très large public déjà un peu familier de la randonnée. Les montées sont rares et brèves. Le cheminement se fait essentiellement sur de bons revêtements. L’ensemble est correctement balisé en jaune.
La traversée des villages requiert éventuellement un peu plus d’observation comme souvent. Une trace GPX en complément facilitera la chose. Reste la traversée de la D943 qui demande de la prudence : c’est une route assez passante et il faut la longer ensuite quelques mètres avant de retrouver la sécurité du chemin.

Saisonnalité
Cette randonnée a été effectuée au printemps, pendant le mois de mai. Une saison favorable où les arbres ont retrouvé leurs feuillages et où la vigne commence à reverdir. La température est agréable et les villages retrouvent leur animation en approche de la saison touristique. L’été est souvent trop chaud et l’hiver un peu plus triste en matière de paysage. L’arrière saison qui court de septembre à mi-octobre est un second choix possible pour effectuer cette boucle.
Visiter le château de Lourmarin
Au regard de la durée raisonnable de la randonnée, la visite du Château de Lourmarin est presque une évidence, d’autant que l’itinéraire passe juste devant ! De mai à septembre il est ouvert de 10h30 à 18h45 (17h45 d’avril à octobre). Les horaires changent entre novembre et mars. C’est 8 euros pour les adultes et 3,50 euros pour les enfants entre 6 et 12 ans (gratuit en-dessous). Pour en savoir plus et préparer votre visite, rendez-vous sur le site du Château de Lourmarin.

Liens utiles
Pour découvrir Cadenet et Lourmarin plus en profondeur, leur histoire et les incontournables d’une visite, ça se passe sur le site de Destination Luberon qui vous donnera au passage un aperçu de la partie située entre Cavaillon, à l’ouest, Gordes, au nord et Lourmarin, au sud.
Pour davantage d’idées de randonnées dans le Parc Naturel Régional du Luberon, rendez-vous sur le site des Chemins des Parcs.
Pour en savoir plus sur le Luberon, son patrimoine, ses paysages et sa nature, ainsi que ses activités, vous pouvez vous rendre sur le site du Parc Naturel Régional du Luberon.

Où dormir à Lourmarin ?
Bon n’y allons pas par quatre chemins : quitte à être à Lourmarin, autant se faire plaisir. Oubliez les gîtes d’étapes et les refuges et succombez au confort douillet de la Provence classe et cosy. Pour ça je vous envoie au Moulin qui, comme son nom l’indique, est un ancien moulin transformé en hôtel. Mais non sans savoir-faire : carrelages en terre cuite, sols en sisal, murs en plâtre brut et tissus provençaux, ici on vise l’excellence. Une expérience hors-norme à coupler avec un dîner au restaurant de l’hôtel Le Bacheto. Infos et réservation : 04 89 81 40 77 ou mail à lemoulin@beaumier.com
Autrement, un peu à l’extérieur du coeur du village, vous avez aussi la chambre d’hôte du Mas La Chêneraie, un authentique petit havre de paix planté au milieu des chênes et où vous pourrez vous relaxer au bord de la piscine extérieure. Infos et réservation : 07 85 04 49 71 ou mail )à contact@maslacheneraie.com

Où dormir à Cadenet ?
Un peu à l’écart du centre, posé dans son parc ombragé de 3500m2, l’hôtel le Mas du Colombier propose 17 chambres allant de la standard à la suite, avec ou sans terrasse. Vous pourrez également profiter d’un moment appréciable de fraîcheur après la randonnée grâce à la piscine de 12m dont est pourvu l’établissement. Anne et Stéphane, les propriétaires, sont également labellisés Accueil Vélo si, par hasard, vous veniez avec votre deux roues. Infos et réservation : 04.90.68.29.00 ou par mail à info@lemasducolombier.com
Où manger à Lourmarin ?
À mi-parcours Lourmarin sera sans aucun doute le lieu de votre pause déjeuner. Si vous n’avez pas prévu le pique-nique, vous trouverez largement de quoi ne pas rester l’estomac vide sur place. Lourmarin est assez côté et les amateurs-trices de bonnes tables s’en réjouiront : en coeur de village Chez Gaby et le Bistrot de Lourmarin sont ainsi des institutions mais La Récréation ou le Bacheto constituent également de très solides adresses.
Pour les budgets plus serrés ou pour qui souhaite manger un peu plus rapidement, je peux vous orienter vers les sandwichs fait maison de chez Twenties qui fait aussi coffee shop et salon de thé. Ou alors une pizza chez Nonni, un peu à l’écart du centre et qu’on avait trouvé très bonnes pour un budget carrément raisonnable rapporté à Lourmarin (où on peut trouver des pizzas à 32 euros mais je ne vous dis pas où, vous trouverez vous-même !)

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