Les Calanques fourmillent d’itinéraires alternatifs embarquant avec eux leur dose de passages techniques et autres morceaux de bravoure. Parmi ceux-ci, certains noms sortent du lot, prononcés uniquement en chuchotant entre connaisseurs/ses avec le respect et l’humilité dûs à leur nature particulière. Les Corniches du CAF font partie de ce club un peu fermé où ne sont admis que ceux/celles disposant de la bonne information. On s’y rend comme on va à une soirée dont le lieu reste tenu secret jusqu’au dernier moment et qui ne sera révélé qu’à qui saura l’obtenir. Sauf que, dans leur cas, la réputation est un peu sur-cotée. Une bonne nouvelle pour celles/ceux qui n’osaient pas l’inscrire à une sortie dans les Calanques, non ? J’espère que vous avez un peu de temps devant vous car vous trouverez ici probablement ce qui est le récit le plus détaillé du web sur ces fameuses Corniches du CAF. Et comme j’imagine que, si vous avez atterri ici, c’est précisément pour trouver la fameuse bonne information, alors ça tombe à pic !
Difficulté : difficile | Distance : 11 km | Dénivelé : 860 m | Durée : 5h | Cartes : IGN TOP25 1/25000è 3145ET Marseille
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PROLOGUE : UNE RUMEUR MURMURÉE SOUS LES ÉTOILES
C’était l’une de ces journées où ni Raf, ni moi n’avions le temps pour aller très loin mais qu’on refusait de passer enfermés. L’un comme l’autre on savait qu’on finirait rongés par la culpabilité si un excès de procrastination nous faisait passer à côté d’une occasion d’être dehors, sur les sentiers. Tout spécialement lors d’une radieuse journée de septembre comme celle-ci.
Les Calanques, où aucun de nous deux n’avait remis les pieds depuis bien longtemps, s’imposèrent comme une évidence. Le plus dur allait surtout être d’y dégotter un objectif inédit. Il fallait en effet se rendre à l’évidence, en parcourant les cartes du massif, qu’on avait déjà bien poncé la zone. Les principaux itinéraires avaient tous été parcourus et les spots essentiels atteints. Il ne restait plus désormais que ce que je nommais « les passages secrets » et les voies engagées.
Les premiers réunissaient des chemins oubliés, visibles sur la carte ou non, souvent débalisés par les gens du Parc National, sortes d’alternatives en forme de curiosité aux traces couramment empruntées. Les seconds comptaient eux des passages techniques et engagés nécessitant, parfois, de savoir dégainer la corde et le baudrier. Et c’était précisément dans ceux-là que j’avais classé le dossier un peu oublié des Corniches du CAF.
La première fois que j’ai entendu parler de ces Corniches du CAF remonte à quelques années, lors d’une veillée d’été en Corse, où la famille élargie de Raf se réunit traditionnellement dans le village perché de Monticello.
Au terme d’un de ces repas fastueux dont les corses ont le secret, j’échangeais avec le cousin Michel, conteur né et grimpeur expérimenté avec lequel j’ai toujours plaisir à partager des souvenirs respectifs de périples en montagne.
Difficile de dire comment la conversation a alors basculé de l’escalade en terrain d’aventure de la Paglia Orba aux Calanques de Marseille. Le fait était qu’il évoquait maintenant une trace oubliée, ouverte par les membres du Club Alpin Français sous les falaises de la Grande Candelle.
Il y était question d’un itinéraire de connaisseurs qui permettait, moyennant la négociation d’un pas qualifié d’impressionnant, de relier le col de la Candelle à la calanque de l’Oeil de Verre, que j’avais récemment empruntée avec Raphaèle. Michel appelait ce passage « les Corniches du CAF »…
Le nom était électrisant. Des images de randonneurs suspendus à une falaise battue par les vagues s’imprimèrent sur l’écran noir de mes pensées. L’anecdote me marqua durablement et jamais, depuis, je n’oubliai ces « Corniches du CAF » que le cousin Michel se proposait ce soir-là de nous faire découvrir à notre retour sur le continent.
Il n’en fut cependant rien et c’est seuls et bien des années après cette soirée à Monticello qu’on eut finalement l’opportunité de nous aventurer sur ces fameuses « corniches ». On décida, chemin faisant, d’agrémenter le menu par quelques pas de côté potentiellement intéressants.
DIRECTION LES CALANQUES
Le jour n’avait peut-être pas été judicieusement choisi pour nous rendre à Marseille : c’était pile la veille de l’arrivée du Pape François dans la grande cité phocéenne où il devait tenir un discours attendu en faveur des migrants. Je détestais Marseille. Et, pire encore, je détestais la circulation à Marseille. C’était quelque chose qui pouvait très vite me rendre dingue.
J’avais d’ailleurs coutume de dire que la traversée de Marseille en fin de journée effaçait les bénéfices d’une journée de marche dans les Calanques aussi sûrement qu’un coup d’éponge gommait la craie sur le tableau noir.
Ça faisait sortir Raf de ses gonds, elle qui, à l’inverse, ne tarissait pas d’éloges pour la seconde plus grande ville de France, vantant son Histoire, son lien avec la mer, sa vie fourmillante et sa grande gueule méditerranéenne. Ce qui pouvait nous valoir, au mieux, des débats houleux, au pire, des engueulades copieuses.
Une forme de sagesse commune nous fait donc chercher, ce jour-là, un passage par Cassis. Après tout, le point de départ de la boucle sur laquelle je me suis arrêté pour découvrir les Corniches du CAF était le col de la Gineste qui pouvait être rejoint sans mettre la moindre roue dans les inévitables embouteillages marseillais.
Sur le papier ce n’était pas l’itinéraire le plus court mais c’était en revanche – du moins pour moi – la garantie de ne surtout pas avoir à traverser Marseille ni à l’aller, ni au retour. Il est donc un peu plus de neuf heures trente lorsqu’on dépasse Cassis pour s’engager dans les premiers virages du col sans l’ombre d’un bouchon.
En quelques secondes le visage urbain chic de la commune est derrière nous. Il laisse la place au visage nu et gris de cette partie des Calanques étirée jusqu’à la ligne formée par la crête de l’Estret. Derrière elle, nous savons maintenant que s’ouvre, invisible depuis la route, le Cirque des Pételins qu’on avait exploré avec Raf il y a plusieurs années déjà (voir le chapitre Trésors des Calanques : le Cirque des Pételins et le Vallon de la Fenêtre).
Le col de la Gineste survient à la sortie d’un dernier virage, à l’aplomb du Mont Carpiagne et au terminus du vallon éponyme que la route s’employait à remonter patiemment. Un parking sommaire s’y découvre, de part et d’autre de ce ruban d’asphalte le long duquel se déhanchaient des cyclistes. Le début de l’aventure se trouve de l’autre côté du col, au-delà d’une barrière DFCI près de laquelle un poteau en bois pourvu des deux flèches signalétiques frappées du logo du Conseil Général des Bouches-du-Rhône nous attendent pour le coup d’envoi.
CHAPITRE 1 : LE MONT PUGET PAR LES CHEMINS DE TRAVERSE
Très vite notre premier objectif apparaît au-dessus de la vaste dépression s’ouvrant sous le col Ricard. J’aurais, clairement, pu faire le choix d’une trace plus directe vers la Candelle et les Corniches du CAF. Sans doute y aurions-nous gagné du temps. Mais la pression de la montre nous importe peu un jour comme aujourd’hui où nous jouons presque à domicile.
Aussi je mets le cap sur le Mont Puget, ce colosse paisible dont on aperçoit le dessin net de la DFCI venant du col de Luminy, pile sous ces falaises où se dissimule le pas du même nom que nous avions déjà emprunté plusieurs fois par le passé.
Si le Puget n’était plus un inconnu, nous étions loin d’en avoir en revanche épuisé tous les accès. En dépit de sa qualité et de sa précision, la carte IGN peinait, dans des endroits comme les Calanques, à identifier toutes les traces sillonnant ce massif. L’une d’elles, néanmoins, échappait à cet état de fait et se frayait un chemin à peine visible entre les lignes géodésiques de la carte 1/25000è jusqu’au sommet.
Je l’avais repérée sur la carte et la pistais maintenant en descendant sous le col Ricard, à la recherche d’un point d’entrée où j’imaginais bien dénicher un cairn. Mais seule une sente anonyme s’évanouissant à travers des bosquets de genévriers et de cistes officie en fait à signaler l’embranchement.
Il était temps de quitter ce grand boulevard qui infléchit plus bas vers le vallon de Chalabran pour s’engager dans l’inconnu du vallon Mestrallet. Bien dessiné sur ses premiers mètres, le petit sentier qui bifurquait pour s’aiguiller dans l’axe du thalweg s’étrécissait ensuite rapidement sous la pression d’une végétation plus envahissante. Le genre contrariante et qui griffait les mollets. Le signe clair que l’entretien et la signalétique dans le coin étaient de l’histoire ancienne.
Forçant le passage des branches les plus coriaces pour me rapprocher du bord de la ceinture de barres rocheuses qui fermait le vallon, je m’imagine explorateur, à défricher des routes inconnues et secrètes. Ce n’était bien sûr pas le cas mais je savais que le vallon Mestrallet, au regard de ce que j’en voyais, restait ce genre de lieu confidentiel et rarement emprunté par les marcheurs en comparaison des autoroutes comme Sugiton ou En Vau.
Raphaèle coupe court à ma rêverie d’aventurier des Calanques, s’inquiétant de l’éventualité d’un cul-de-sac alors que la trace, réduite à un maigre corridor de blocs de pierre épars, semble venir échouer, au-delà d’une haie mal entretenue d’arbustes méditerranéens, contre une baume haute et peu profonde au plafond tapissé de lierre.
C’est pile dans ces moments que je me régale à la dépasser avec l’assurance agaçante de celui qui sait où mettre le doigt sur la suite du chemin. Dissimulée par la végétation, la trace se frayait un passage discret entre les feuillages et la roche, rejoignant une série de gradins rocheux jusqu’alors invisibles qui ouvrait sur un passage camouflé dans la barre rocheuse.
C’était trois fois rien mais déjà bien suffisant pour nous régaler. On se lance dans l’escalade avec le sourire un peu niais de deux gosses qui viennent de trouver un passage secret. Une exaltation renforcée quand survient, à la suite de ces trois pas de varappe guillerets, la traversée inattendue d’un corridor planqué entre deux écailles de calcaire.
Zenitude absolue : la journée commençait décidément bien. À la sortie de ce passage surprenant, le franchissement de quelques gradins rocheux faciles nous expédie ensuite vers une sortie de facture plus classique. Nous sommes maintenant passés bien au-dessus des replis ravinés qui tordent la partie inférieure du vallon.
La croix de l’aiguille Guillemin émerge du décor bien moins accidenté d’un maquis disparate qui pousse avec l’anarchie du désespoir entre des coulées de calcaire fissuré. Raphaèle sur mes pas, on remonte rapidement vers elle en suivant le creux d’une sente qui semble avoir été enfoncée dans le sol sous la pression d’un doigt de géant.
C’est là que je repère les trois points de peinture verte sur un rocher. Un marquage discret mais suffisant pour nous mettre sur la piste du sommet. Authentique trône ouvert sur le grand bleu méditerranéen et la ville de Marseille, le Mont Puget déploie son plateau sommital à 563 mètres d’altitude.
On y embrasse une vue sur les Calanques qu’il n’est pas exagéré de qualifier d’exceptionnelle. C’est en tout cas ce qu’on lui concède à l’unanimité en redécouvrant ce panorama fantastique dont on avait oublié la puissance évocatrice et l’insondable émotion offerte à qui en atteint, le souffle encore court, l’immense espace d’une calotte harcelée par le mistral.
Excepté que, ce jour-là, le mistral soufflait aux abonnés absents. C’était l’une de ces journées de répit où la mer, immaculée, étirait, au-delà de la ligne des falaises, une vaste nappe bleutée sans le moindre remous. Croisant au large du Bec de Sormiou, la silhouette de l’île de Riou évoque la tête d’un monstrueux crocodile ne dormant que d’un oeil, patientant pour se jeter sur une proie imprudente.
Un peu devant elle, le filament tordu de l’île de Jarre se contente en comparaison d’une pâle ressemblance avec un inoffensif lombric. Sous nos pieds, le Mont Puget s’affaisse en couloirs et en falaises vers le col de Sugiton. Si le décor formidable des Calanques s’est partiellement dévoilé, nous savons l’un comme l’autre que le col de la Candelle nous en offrira davantage. On ne marque donc qu’une brève pause au Puget, pressés de poursuivre en versant sud du sommet.
CHAPITRE 2 : LE COL DE LA CANDELLE
Je n’en ai cependant pas terminé avec mes envies d’exploration avant nos Corniches du CAF. C’était plus fort que moi. Un besoin permanent de couvrir le moindre itinéraire et de le documenter. Le goût addictif de l’exhaustif. Aussi trépidant qu’épuisant.
Aussi, lorsque je repère sur la carte un nouveau trait discontinu qui s’écarte du classique sentier vert pour aller chercher la Candelle par le versant ouest d’une croupe anonyme et rongée de poussées de calcaire largement érodées, je n’hésite pas.
C’est une variante intéressante, sans être exceptionnelle, qui nous réserve un joli passage suspendu au-dessus de la calanque de Morgiou dont la tête pointue convoque une fois encore un bestiaire d’animaux fantastiques dans ma tête.
Là où d’autres voient des animaux dans les nuages, j’imagine toute une ménagerie dans les rochers. De fait, si Morgiou avait été une constellation, ç’aurait été celle du Serpent. Au bout de sa tête en triangle, je n’en démords pas de voir un oeil sombre à la pupille fendue s’afficher, plus foncé, dans le clair des falaises mangées par la mer.
Parallèle au crocodile du Riou, j’ai ainsi l’impression que les deux reptiles attendent le départ d’une course qui n’aura jamais lieu. Comme me le rappelle Raphaèle, entre amusement et agacement – je ne saurais pas dire lequel de ces deux sentiments était le plus marqué – l’imagination n’est heureusement pas indispensable pour savourer l’envergure d’un décor aussi exceptionnel.
Au terme de ce bref contournement, le sentier se fait moins net, gardant néanmoins une certaine logique tandis qu’il file rejoindre la longue arête s’achevant dans la muraille nord de la Candelle, au niveau du col du même nom.
C’était un tapis rouge déroulant des points de vue étourdissants entre Cap Gros d’un côté et la calanque de Sugiton de l’autre. Pour moi, davantage qu’un chemin, c’était une frontière sur le fil de laquelle plongeait la trace vers le col.
Carrefour de sentiers majeur, le col de la Candelle accueillait les tracés vert, jaune et rouge ainsi que celui, blanc et rouge, des GR® 98 et 51 qui, venus depuis la Madrague, s’en allaient rejoindre Cassis au terme d’un peu plus de trente kilomètres particulièrement épuisants.
S’il offrait assurément l’une des plus belles vues sur le triptyque Sugiton-Morgiou-Sormiou, il pouvait aussi se targuer d’être un point de bascule essentiel pour tout marcheur lancé dans le marathon de la traversée des Calanques.
Qui franchissait ce col en venant de Callelongue tournait ainsi définitivement le dos à ce bloc des Calanques. C’était tout un paysage qu’on quittait ou qu’on accueillait à bras ouverts, selon le sens choisi pour la réaliser.
Je rejoins Raphaèle sur ce même promontoire où je me souvenais avoir fait installer, il y a des années de ça, Franck, Lisa et Iris, mes figurants lors du tournage du premier épisode de l’Instant Passion Rando, projet depuis balayé dans les annales de l’oubli que je réalisais lors de mes premières années de collaboration avec la FFRandonnée. Tout ça paraissait si loin.
Rien n’a pourtant changé dans ce décor d’azur et de lumière qui révèle cette partie des Calanques jusqu’à Marseilleveyre. Pourtant ma vie, elle, a connu entre temps tant de bouleversements : amitiés créées puis abimées, activité professionnelle satellisée, la naissance d’Ambre, la mort de ma maman, la santé de Raf, les voyages…
Mais les Calanques, elles, étaient à l’épreuve du temps et n’affichaient aucune différence depuis bien des siècles, indifférentes aux joies et aux peines de nos vies. C’était peut-être cette certitude d’y trouver à chaque fois ce qu’on y avait laissé la fois précédente, peu importe le temps écoulé et les événements entre ces deux visites, qui les rendaient aussi formidables ?
CHAPITRE 3 : LE COULOIR DU CANDELON
L’appel de la randonnée coupe court à ces réflexions nostalgiques et je me penche prudemment par-dessus cette avancée rocheuse sur laquelle plus d’une photo postée sur les réseaux sociaux a dû être prise avec le hashtag #calanques accolé à l’image.
Je sais que c’est là-dessous, dans cet effondrement foutraque tout en bas duquel s’aperçoit la forme du Torpilleur – ce nom me donnait chaque fois l’impression de disputer une partie de Touché-Coulé – que je dois chercher le passage des Corniches du CAF.
Pour me repérer je ne dispose que du tracé de l’itinéraire sur un fond de carte maps.me dégueulasse et de bribes d’informations visuelles piochées sur un compte-rendu de sortie posté sur le site Rand’aventure13, un groupe de randonneurs encore adeptes des GIF animés et d’un style hérité de l’époque des pages perso. Mieux que rien mais tout de même pas glorieux.
J’entends déjà des voix agacées s’élever en demandant pourquoi grand Dieu je ne fais pas comme tout le monde et n’utilise pas une montre GPS. Je m’épuise chaque fois à répondre, lassé de devoir sempiternellement me justifier. Je me dis qu’à l’instar de l’histoire ancienne des sandales (voir la Sandale et la Chaussure) il faudra un jour que j’écrive un article sur ce sujet où renvoyer celles et ceux qui ne me lâchent pas la grappe avec cette pénible histoire de GPS.
Pour l’heure je me contente de faire comme j’ai toujours fait : à l’instinct, quêtant dans le paysage les indices que j’espère dénicher pour nous guider, Raphaèle et moi, sur cet itinéraire résolument hors des clous. Et c’est précisément à cet instant que je le vis.
Le monolithe. Celui que je cherchais. Un grand doigt de pierre dressé vers le ciel contre l’extrémité ouest de la Grande Candelle comme s’il voulait poser une question. Je l’avais vu sur les photos et enregistré comme repère. À ce moment-là, une trace discrète quittele GR®, à peine perceptible. J’en avise Raphaèle : le moment était venu de fermer la porte à toute probabilité de croiser du monde tandis qu’on perdait de l’altitude en s’approchant de ce qui devait être le couloir de Candelon.
L’esquisse de chemin nécessite un peu de réflexion. Une logique se dessine cependant dans la végétation buissonnante, limite envahissante, et ce malgré quelques fausses pistes. La trace nous mène finalement dans l’ombre du ravin au-dessus duquel s’interrompt le chemin. Une chaîne épaisse, arrimée au rocher, le prolonge sur une dizaine de mètres pour en atteindre le fond sans danger. Deux croix noires ont été peintes en-dessous : la signalétique des Corniches du CAF.
J’inspecte le passage afin d’en évaluer la difficulté. Rien de bien fou mais quelques petits mètres au-dessus d’un léger gaz pourraient avoir de quoi impressionner les plus frileux. « Tu te sens ? » je demande à Raphaèle dont je connais le stress lié au vide. Elle jette un coup d’oeil inquiet par-dessus mon épaule, cherchant à se rassurer. En vain : il va falloir sortir la corde.
Arrimée au bout d’un double huit et reliée à un point de renvoi installé sur un ancrage en place, elle attaque une série de pas fébriles sur le rocher en effleurant à peine la chaîne. « Mets toi en tension dessus ! » je lui lance. Autant pisser dans un violon. Raphaèle n’en fait toujours qu’à sa tête dans ces situations, ce qui a le don de me désespérer.
C’est alors que je m’aperçois que je ne lui ai donné aucune dégaine. En fait je réalise que je n’en ai pris qu’une et que c’est moi qui m’en sers pour relayer depuis le premier point ! Raphaèle se balade donc au bout de dix mètres de corde inutiles, sans aucune autre sécurité que ce point distant ! Effet placebo garanti !
Elle en a heureusement quasiment fini avec la traversée, qu’elle effectue maintenant d’un pas plus assuré jusqu’à finir par atteindre le fond du ravin où, tout en se désencordant, elle me signifie qu’elle est tirée d’affaire. Je ravale aussitôt la corde en ruminant ma dangereuse incompétence.
Les manipulations ont pris du temps et pas loin de vingt minutes se sont écoulées depuis notre arrivée sur zone. Je renvoie d’un geste sûr le sac à dos sur mes épaules et me dirige vers la chaîne. Tirant dessus pour en éprouver la solidité, j’attaque la traversée à mon tour, franchissant le passage en quelques secondes, et saute aux pieds de Raphaèle en levant la tête à la recherche de la suite du parcours.
Le couloir de Candelon est un ravin étroit et salement encaissé qui entaille toute la partie nord de la Grande Candelle depuis le Candélon, cette drôle de bougie calcaire qui lui est annexée au niveau du col. Le genre d’endroit guère hospitalier où quiconque progresse à ses risques et périls en posant les mains et les pieds où il peut en essayant de garder l’équilibre.
Le randonneur, sans le savoir, pénétrait ici le territoire des grimpeurs, les seuls à baliser ainsi à leur guise ces passages peu commodes qui leur permettent d’atteindre leurs secteurs de grimpe. J’ai, moi, les yeux fixés sur le monolithe dont l’énorme base est désormais toute proche. On n’en était séparé que par un rempart rocheux malaisé à escalader mais où, au-delà de ce qui ressemblait à une vire déversante, la difficulté semblait battre en retraite.
L’engagement excessif requis par ces quelques mètres a de quoi faire hésiter et l’absence des croix noires, qui auraient confirmé ce passage douteux, ne me tranquillise pas. Où que se pose mon regard, j’y vois la chute. La prise de risque n’en valait pas la Candelle et le spectre du but commença à pointer son nez depuis les tréfonds du ravin. Raphaèle remarqua rapidement ma fébrilité et hurla aux nues quand il fut question d’une éventualité d’abandon.
« On n’a quand même pas fait tout ça pour rien ? » s’offusqua-t-elle sans comprendre pourquoi je tirais un trait sur chaque proposition qu’elle faisait pour forcer le passage. Raf ne voyait jamais le danger là où il était. Mais je tins bon. Savoir renoncer ne m’a jamais posé de souci. Tant pis pour les corniches : on allait descendre prudemment tout en bas du ravin et on finirait bien par croiser un sentier qui nous permettrait d’improviser un autre tour.
C’était frustrant, il fallait bien l’avouer, mais il était hors de question de s’exposer à une glissade malheureuse qui bousillerait la sortie. Dans mon dos Raphaèle bougonne, moins encline que moi à accueillir aussi facilement l’échec. Je la laissais faire. Ça lui passera. Le son d’un dérapage contrôlé me fait alors rapidement me retourner : déséquilibrée, elle était assise sur des rochers difformes pour franchir un escarpement malaisé.
Sans ce faux pas je serais sans doute passé à côté des deux croix noires peintes sur le rocher, pile entre les jambes de Raf. « Les affaires reprennent ! Regarde ! » Baissant les yeux dans la direction indiquée, elle découvre incrédule les marques que je lui désigne. « Tu veux dire que depuis le début on ne cherche pas le passage au bon endroit ? » demande-t-elle sidérée en relevant les yeux vers moi. Il fallait bien avouer qu’il y avait un peu de ça.
C’était l’un de ces moments où le cerveau restait désespérément englué dans une seule et unique perspective, refusant d’élargir son champ des possibles et de considérer un problème depuis un autre point de vue. Il suffisait en fait de descendre de quelques mètres dans le couloir pour comprendre que la suite ne passait pas au pied du monolithe mais bien plus bas, à la faveur d’une zone touffue et brouillonne depuis laquelle elle s’extrayait péniblement du ravin.
Un passage de sanglier, grossièrement indiqué et qui n’avait pas dû voir une débroussailleuse depuis bien longtemps nous autorise finalement à retrouver l’agréable caresse du soleil et l’horizon iodé de la mer tandis que les parois lisses de la face sud de la Grande Candelle se propulsaient au-dessus de nos têtes. Le ravin était franchi : les corniches du CAF allaient maintenant pouvoir réellement commencer.
CHAPITRE 4 : LES CORNICHES DU CAF
La Grande Candelle était l’un de ces monuments érigés par la Nature à la gloire de l’escalade. Posée sur le socle massif et déjà impressionnant de la Falaise des Toits, elle déployait face à la Méditerranée sa verticalité parfaite où les grimpeurs/ses les plus téméraires pouvaient s’aventurer dans les grandes voies les plus longues de toutes les Calanques. De bas en haut, c’était plus de 300 mètres d’escalade qui leur étaient ainsi proposés.
Je ne l’avais jamais admirée d’aussi près. Il y avait quelque chose d’intimidant à se tenir là, au pied de cette géante de calcaire urgonien blanchie par le soleil de Provence. Presque de l’illégitimité, me fis-je la réflexion d’un air étrangement coupable. La vue y était pourtant énorme et inédite pour tous les deux.
Aucun autre endroit n’autorisait cet aperçu unique sur le bloc arrondi massif qui s’extrayait de la calanque de l’Oeil de Verre à force de falaises pour porter aux nues le sentier du Devenson, perché sur sa calotte presque chauve. Derrière lui, la proue orangée du Cap Canaille fendait les flots armée, à l’avant, de l’étrave pointue du Bec de l’Aigle. Plus loin encore se distinguait dans un flou quasi indistinct l’avancée de terre du cap Sicié et la proximité de Six-Fours-les-Plages.
On reste un petit moment à se perdre dans cette contemplation, surpris par la chaleur qui se dégage de l’endroit. La roche, le sol, les plantes, l’air : tout ici renvoie une lame de fond aux relents de fournaise. L’exposition rêvée pour des sessions de grimpe hivernale à l’abri du mistral. Quelques cordées y jouent ce jour-là les lézards, trahissant leur présence par le cliquetis des mousquetons.
Je les observe avec une pointe d’envie et de nostalgie. Je n’ai jamais été un grand grimpeur mais habiter la montagne et en fréquenter à l’époque avait favorisé l’émergence d’une dynamique de pratique assez régulière. J’aimais le contact du rocher, le défi lancé à chaque nouvelle voie, la recherche du bon geste qui allait débloquer le passage. La progression verticale a pour moi quelque chose d’exaltant même si je n’ai jamais réussi à aller au-delà du 6a.
Depuis, ma technique et mon niveau d’engagement se sont résorbés et les occasions de grimper se font plus rares. Se frotter à la Grande Candelle restera probablement au stade de la pure pensée irréalisable. Aussi je tourne le dos au haut mur qu’elle m’oppose pour plonger dans les bouquets de cistes et de chênes kermès qui s’affaissent vers le rebord de la Falaise des Toits.
On y retrouve les petites croix noires désormais familières tandis qu’on perd un peu plus d’altitude à chaque franchissement d’un de ces pas rocheux frayant astucieusement parmi les à-pics de celle-ci. C’est un itinéraire malin, exploitant habilement les faiblesses d’un versant ne misant pas naturellement sur le sens de l’accueil.
Malin oui, mais pas aussi exceptionnel que ce que je m’étais imaginé lorsque Michel l’avait évoqué à Monticello. Un constat qui me chagrine un peu. Les Corniches du CAF n’étaient finalement pas le sentier du vertige attendu. Aussi je profite de la vue depuis ce balcon suspendu sur la mer entre deux morceaux de falaises, comme les Calanques en offrent peu dans ce style.
La sente n’en finit pas de se raidir en approchant de la calanque de l’Oeil de Verre jusqu’à ne plus pouvoir aller plus loin qu’un ultime rebord au-delà duquel le plongeon – ou la chute – est le seul moyen de descendre plus bas. J’écarte prudemment les bras pour signifier à Raphaèle de ralentir et de faire attention à ne pas glisser ici.
Notre seul échappatoire s’éclipse transversalement en conduisant un brouillon de sentier à passer de l’autre côté d’une corniche que je reconnais immédiatement. Elle aussi je l’ai vue sur les photos. C’est LE pas de l’itinéraire. Le temps fort de ces Corniches du CAF. Le moment des mains moites et du coeur qui bat un peu plus vite. Peut-être aussi celui de sortir à nouveau la corde.
Je sens Raphaèle plus fébrile derrière moi, me pressant de tout un tas de questions. Je note cependant dans sa voix une forme de résolution courageuse. Elle se prépare mentalement à l’éventuelle difficulté. En m’approchant plus près du passage, je réalise qu’il pourrait se révéler finalement bien moins impressionnant que je ne l’ai initialement pensé.
D’abord, probablement, du fait de la végétation qui masque sensiblement le vide de l’espèce de cheminée ravineuse et encaissée à partir de laquelle il faut prendre pied sur le rocher pour la suite des opérations. En masquant le risque éventuel, la sensation d’engagement s’adoucit. Ensuite parce qu’il n’y a que quelques mètres en bon rocher à traverser pour vite se retrouver à l’abri derrière un gros rognon s’interposant entre la falaise et le gaz.
Ça se présentait bien. « Pas besoin de m’aider ça va le faire », entends-je Raphaèle me dire dans mon dos alors que j’effectue les premiers pas en mode éclaireur. J’avais repéré un ancrage à la sortie du passage, idéalement placé pour assurer les moins à l’aise. Je me retourne pour chercher son regard et confirmer cette décision. Cela nous ferait évidemment gagner du temps mais je voulais cependant être certain que Raf s’engageait avec le degré d’assurance et de confiance requis.
Je reviens donc en arrière pour lui indiquer les quelques appuis et prises évidents pour les mains et les pieds. « Laisse moi tranquille ! » me bat-elle froid en retour. N’importe qui d’autre se serait offusqué de cette réponse cinglante, mais pas moi et je rigolai immédiatement. C’était du Raphaèle tout craché ! Elle me rejoignit en quelques secondes, presque surprise de la facilité avec laquelle on venait de franchir ce pas.
« C’est tout ? » me demande-t-elle incrédule. C’était tout oui. Trois fois rien au point d’en être même limite décevant. Les Calanques recelaient de passages bien plus impressionnants que celui-ci. On gardait ainsi tous les deux en tête l’exigence bien plus réelle du Pas de la Demi-Lune en matière d’engagement.
Au-delà du corridor de protection délimité par le rognon rocheux, la section gentiment aérienne se conclue par le franchissement de la corniche sur des rochers inclinés avec vue sur mer. Un épilogue sans difficulté pour qui était un tant soit peu familier de ce type de terrain convoquant le sens de l’appui et de l’adhérence.
La sortie des Corniches du CAF attend juste derrière et nous expédie à travers un versant broussailleux et à nouveau colonisé par le pin d’Alep en direction de la jonction avec le sentier venant de l’Oeil de Verre. Fin des hostilités.
CHAPITRE 5 : RETOUR DANS LA CHEMINÉE DU DIABLE
La suite, on la connait déjà. Nous voici à nouveau dans le Val Vierge, cette longue dépression dégringolant jusqu’à la calanque de l’Oeil de Verre, fermée au nord par un mur de roche fragmenté qui la fait ressembler à une impasse. À tort. Plus d’une sortie permet de s’échapper de ce trou.
Le premier échappatoire – le plus long et, a priori, pas le plus simple – c’est le sentier vert des Corniches Paretti, une autre légende locale auréolée d’une réputation sulfureuse. Et toujours un point d’interrogation pour nous qui savions qu’il faudrait revenir un jour pour les affronter et cocher la case manquante.
La seconde option c’est le col des Charbonniers, une sortie directe et explosive dans une faille de la paroi orientale du Val Vierge pour sortir côté Devenson. Pas simple à trouver et possiblement engagée. On ne l’a jamais parcourue non plus.
Non, on allait la jouer classique pour sortir de là en se contentant de suivre le tracé rouge remontant entre les chênes vers le Pas de la Cheminée du Diable. Je raffolais de cette toponymie à la sémantique infernale qui témoignait d’un passé biberonné aux croyances et aux superstitions. Pas, ponts, ravins, sommets… Pas un point qui, en France, n’ait échappé à la marque du diable ou de l’Enfer.
La cheminée en question était un passage habilement camouflé dans un repli de la paroi ouest du Val Vierge, appuyé contre la falaise et serpentant entre les chênes jusqu’à finir par enfermer le marcheur entre deux pans de roche dont il ne pouvait s’extraire qu’au prix d’une escalade amusante et sans grosse difficulté. Un vrai régal pour Raf et moi, sans aucune comparaison avec les brefs pas des Corniches du CAF qui nous ont laissé sur notre faim.
La Cheminée du Diable offrait de la continuité et du fun pour un risque minimum alors que les corniches misaient davantage sur le panorama proposé. D’aucun aurait pu opposer à ça que le Val Vierge n’était pas en reste de ce côté là, la vue dans le rétroviseur sur l’ouverture de la calanque de l’Oeil de Verre ne comptant pas parmi les plus moches lorsqu’on remontait l’escarpement calcaire précédant la cheminée.
En regardant Raphaèle chercher ses prises dans ce déballage de reliefs calcaire tirant vers la patine, je sais qu’il y a là un pas majeur, l’un de ces parcours des Calanques qu’il faut nécessairement avoir effectué au moins une fois dans sa vie de randonneur/se.
Un bruit de cailloux au-dessus de nous me fait rapidement lever la tête. Un randonneur vient de surgir à deux pas du ravin qui chute brusquement dans la cheminée, interdisant toute possibilité de la rejoindre par là. « Ha. C’est sûrement pas par-là que ça passe ! » lance-t-il avec un sourire amusé qui sonne comme une réponse à sa propre constatation.
Je lui indique où trouver l’entrée, expliquant rapidement le contournement à effectuer pour récupérer la trace rouge depuis le GR® par lequel il a probablement dû arriver. Puis j’achève de m’extirper de la cheminée, prenant pied sur ces grandes terrasses qui s’étirent juste en-dessous de Cap Gros.
Je jette alors un oeil en arrière sur ce passage presque invisible qui disparait rapidement dans un trou de roche et de racines de chênes pour rejoindre l’Oeil de Verre trois cents mètres plus bas. Le randonneur me rejoint à ce moment-là.
C’était un homme à l’allure sportive assez jeune – plus jeune que moi en tout cas – dont la tenue évoquait davantage le traileur que le marcheur. Il avait déjà fait un bon tour et cherchait à savoir quel engagement nécessitait la descente vers l’Oeil de Verre. Il était bien tombé.
On lui fait le topo le plus détaillé possible, le renseignant au passage sur la possibilité de s’éviter un aller-retour en bouclant par le pied des Falaises des Toits jusqu’au col de Sugiton. Le gars hésite, considérant l’horaire, son absence de carte et sa méconnaissance des lieux. Il venait des Pyrénées et profitait d’un séjour en Provence pour découvrir ces fameuses Calanques qui n’étaient jusqu’à maintenant qu’un nom lointain évoqué par les magazines et les blogs.
C’était une rencontre sympa qui portait à trois le nombre de personnes croisées depuis le col de la Candelle plusieurs heures auparavant. Un indice éloquent sur la tendance à l’isolement de ces itinéraires en marge des grands axes des Calanques. Le marcheur opte finalement pour le demi-tour vers Luminy et nous accompagne jusqu’au GR®, retrouvé quelques mètres seulement au-dessus de la sortie de la Cheminée du Diable.
Il est surpris de nous voir prendre la direction de Cassis mais je n’en ai pas tout à fait fini avec mes envies de prospection. Raphaèle à ma suite, on part donc à la recherche d’un sentier qui nous ferait éviter de repasser par le Puget. On salue amicalement le Pyrénéen pour ouvrir le dernier chapitre de cette aventure du jour dans les Calanques.
CHAPITRE 6 : RETOUR PAR LE PAS DE L’ESCALIER
Il n’y eut pas à rester longtemps sur le GR®. Ce que je visais c’était ce sentier qui le quittait rapidement pour grimper vers le pas dit de l’Escalier et on l’attrape fissa à l’invitation de deux traits de peinture de couleur rouge et vert.
La signalétique nous envoie en direction d’une arête peu prononcée dissimulant le vallon des Chaudronniers. Elle n’a cependant pas le temps d’en atteindre les hauteurs : le double marquage nous catapulte subitement à gauche au moment de la jonction avec un troisième tracé de couleur bleu.
Les trois couleurs convergent maintenant vers le pas de l’Escalier, laissant dans leur sillage l’apparition des falaises du Devenson dans l’encadrement d’une brèche ouverte dans la crête et à laquelle on a tourné le dos.
C’était encore un beau sentier, aussi agréable qu’inattendu, qui se dissimulait dans le gris de la roche et derrière des poussées de genévriers et de lauriers tins. En prenant de la hauteur, le décor derrière nous gagnait en envergure, révélant le derme orangé du Cap Canaille, bien au-delà du Plateau de Castel Vieil montant au-dessus des ombres qui baignaient déjà le fond du vallon de l’Oule. Pouvait-on rêver plus belle sortie pour dire au revoir au front marin de cette partie des Calanques ?
Ouvert entre deux pans de roche et abrité du soleil par le feuillage d’un chêne qui en marquait l’entrée, le pas de l’Escalier portait bien son nom. Des marches de pierre nous y ramènent en douceur sur les hauteurs des Calanques et jusqu’au sommet du Cap Gros.
À près de 500 mètres d’altitude, la Méditerranée s’était transformée à nouveau en une bâche bleu marine se disputant l’espace avec l’immense toile verte claire formée par une canopée de Pins d’Alep s’étirant jusque dans les confins du Var.
C’en était fini des cheminées, des ravins et des Corniches du CAF. Sur les toits des Calanques, nous avions retrouvé l’espace. Les marquages bleu et vert venaient y mourir, n’allant pas plus loin que le Cap Gros. Seul demeurait le tracé rouge en direction de la crête de l’Estret.
Notre foulée s’y allonge à nouveau, à la faveur d’un sentier large et roulant. Un cairn aux allures de tortue géante nous prévient de mettre un coup de volant à droite pour préférer le tracé d’un chemin plus intime à celui de cette voie large et vaguement carrossable qui relie le Cap Gros au col de la Gardiole. Une déviation provisoire, le temps de retrouver l’Estret plus loin, à droite duquel s’effondrait les falaises du cirque des Pételins.
Nous n’aurons pas besoin d’aller jusque là. Au passage d’un autre énorme cairn qui aurait pu être l’un de ces galgals des Terres du Milieu, j’appelle Raphaèle, qui fonce droit devant elle, pour lui indiquer de quitter la crête et de partir à gauche. Une marque bleue et une autre rouge renseignaient sur l’existence du passage opérant la bascule vers le vallon de l’Herbe.
Les Calanques abondent en itinéraires de liaison permettant des coupes rapides et efficaces d’un secteur à l’autre. Le tout étant évidemment de les connaître et j’étais loin de les avoir tous parcourus. À titre d’exemple, cet itinéraire constituait une possibilité parmi quatre depuis l’Estret pour atteindre le même point, en l’espèce la cote 300 sur la carte IGN mentionnant la présence d’un puits ou d’une citerne.
En s’arrêtant quelques instants pour embrasser la vue côté nord, je me demande si nous aurons le temps un jour de venir à bout de tous ces sentiers tracés dans les Calanques. Dressés juste derrière le col de la Gineste, les plis et élans calcaires remarquables de la Muraille de Chine, du Mont Carpiagne et du Mont Saint-Cyr composaient ainsi une terre vierge fourmillant de traces et de sentiers inconnus. Espérer tout connaître relevait d’une douce folie.
Raphaèle a commencé à se laisser glisser dans les barres rocheuses moutonnées défendant l’accès entre la partie supérieure du vallon de l’Herbe et la crête de l’Estret. Un jeu d’enfant après les péripéties du couloir du Candélon et l’ascension de la Cheminée du Diable. Les rochers cèdent rapidement la place à un chemin caillouteux qui inscrit sa trace dans le pli du thalweg, sinuant en larges courbes entre des affleurements calcaire bordés de chênes.
Je sens notre attention se relâcher doucement. On marche maintenant en silence, assez proche de l’autre, en rouvrant la porte de nos consciences aux pensées de toute sorte pendant que le cerveau, en mode automatique, indique aux pieds où se poser.
Scénario typique d’une fin de journée où les temps forts sont restés derrière nous et où il faut se préparer à retrouver les éléments du quotidien. C’était un moment entre deux mondes, similaire à celui qui nous engourdit en s’extrayant maladroitement d’un rêve. Le genre d’instant où on a parfois du mal à identifier ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.
On tourne la tête vers le vallon Mestrallet en passant à nouveau devant pour rejoindre le col Ricard. Il n’était plus l’inconnu du début de journée. On pouvait désormais y associer des images et des souvenirs. Ainsi qu’aux Corniches du CAF, rêvées lors d’une soirée en Corse il y a longtemps et désormais transformées en une expérience concrète enregistrée dans nos mémoires.
Tous les deux connaissions désormais un peu plus ces Calanques en atteignant enfin le col de la Gineste. Mais on savait également qu’il nous faudrait encore plus d’une visite pour espérer prétendre les maîtriser intégralement. Le prochain rendez-vous ici serait certainement celui des Corniches Paretti…
LES CORNICHES DU CAF : GUIDE PRATIQUE
Venir dans les Calanques
Étirées entre la Madrague et Cassis, les Calanques constituent un massif particulièrement étendu et dont les accès principaux sont aujourd’hui limités. Il convient donc de parfaitement identifier le secteur que vous avez l’intention d’explorer avant de décider d’un point d’entrée. Les trois grands axes pour les approcher sont soit Marseille – par l’A55 ou l’A7 – soit Aubagne – par l’A50 en venant de l’A52 – soit Cassis – par l’A50 également.
Le col de la Gineste s’atteint soit depuis Marseille et Mazargues, soit depuis Cassis. Une ligne de bus – la ligne 78 – relie les deux villes mais il n’y a pas d’arrêt au col proprement dit. L’arrêt le plus proche – le Pigeonnier – se trouve sous les Monts de la Gineste, après le lacet conduisant à Vaufrèges. Il est également possible d’arriver à Marseille par le train. Depuis la gare Saint-Charles, bus et métro permettent ensuite de se déplacer au fil des quartiers. Ci-joint le lien vers le plan du réseau.
Corniches du CAF : Le topo pas-à-pas
Voici un descriptif aussi précis que possible de l’itinéraire qu’on a suivi ce jour-là. J’ai précisé les coordonnées UTM de certains points que j’avais noté sur le terrain à partir d’IphiGénie. J’y adjoins une carte avec un tracé et des points de référence plus bas. Je garde une trace GPX disponible pour celles/ceux qui me la demanderaient, tracée à la maison de manière indicative postérieurement à la randonnée. Merci de m’écrire pour cela par mail à l’adresse : contact_at_carnetsderando.net
Depuis le col de la Gineste, partir sud au-delà de la barrière par le sentier rouge indiquant le col de la Candelle et En Vau. Rejoindre le col Ricard (1) et continuer par le tracé rouge. En croisant le chemin du Centaure (qui arrive du versant nord du Mont Puget) le suivre à gauche et descendre. Aux deux-tiers de la descente, repérer à droite une sente bien dessinée qui s’engage vers le vallon Mestrallet (2) : la suivre.
Rester dans le fond jusqu’à venir buter contre la baume arrondie fermant le vallon. Passer derrière la végétation et suivre, à droite, le bord de la falaise. Un sentier s’y dessine qui entreprend de s’élever au-dessus des barres. Un passage en rocher évident permet de gagner une brèche entre deux pans de falaise. S’y engager et à sa sortie, repérer un cairn à gauche invitant à grimper dans les gradins rocheux.
D’autres cairns permettent de se remettre dans l’axe du vallon et d’aller chercher la sortie plus haut, proche de l’Aiguille Guillemin dont on aperçoit la croix sur la droite. Le sentier se dirige d’abord vers elle avant de repartir en sens opposé – cairn – en direction du Mont Puget. On retrouve alors un balisage fait de trois petits points verts menant au sommet (3).
Descendre du Puget en versant sud-est et rejoindre l’intersection signalée par le point coté 525 (4) : un pin d’Alep plus gros et beau que les autres s’y repère facilement, dispensant une ombre bienvenue.
Suivre alors la branche de droite qui part à flanc de la croupe sans nom alt.550 sur l’IGN. Elle rejoint les tracés jaune et vert sur une arête, au niveau du point côté 498 (5). Suivre l’arête et le chemin à droite. On rejoint plus bas le GR® qu’on suit au sud jusqu’au col de la Candelle (6).
Suivre d’abord quelques mètres le GR® direction Luminy/Sugiton. Surveiller le départ d’une trace à gauche qui quitte ce sentier – 43,21347N 5,46538E. À ce stade, toujours bien garder l’obélisque qu’on aperçoit en contrebas comme repère : c’est à son pied que se trouve le couloir de Candelon. Pour l’atteindre la trace va d’abord glisser jusqu’au niveau d’une avancée de rocher. À sa droite s’ouvre un vague couloir calcaire évasé qui permet de passer sous la saillie de roche. Rejoindre au terme une petite sente qu’on suit à droite sous une barre rocheuse. Peu de temps après partir à gauche pour descendre entre deux autres barres. Après un dernier arrondi, la trace vient se perdre dans un pan de rocher annonçant le couloir de Candelon. On y trouve un marquage « double croix » noir et une chaîne – 43,21262N 5,46501E – (7).
Utiliser la chaîne pour prendre pied dans le ravin. Descendre ensuite plusieurs mètres dans celui-ci pour passer sous le monolithe. Il faut alors un peu forcer le passage dans la végétation pour sortir plus bas du couloir par la gauche en se hissant vers des rochers – 43,21241N 5,46447E. On se retrouve alors quasiment dans l’axe de l’arête des Marseillais, en contrebas du monolithe, sur un versant plus ouvert à travers lequel la trace du sentier marquée par la « double croix » noire se retrouve et se suit, en ascendance, jusqu’à un replat proche des falaises de la Grande Candelle à main gauche – 43,21184N 5,46482E.
À partir de là ne pas faire l’erreur de tirer sous la Candelle où apparaissent de multiples sentiers destinés aux grimpeurs pour atteindre le pied des voies. Au contraire, repérer à droite le marquage qui choisit une sente descendant en douceur. Elle file par le grand versant étiré entre les falaises de la Grande Candelle et celles des Toits, plus bas. Franchir un premier pas pour passer une barre rocheuse et glisser ensuite au pied d’un monolithe massif en forme de vase.
La trace descend sous la barre jusqu’à arriver au-dessus d’une large coulée de caillasses dans laquelle elle engage la descente. Franchir un second pas réclamant un peu d’attention et poursuivre entre les chênes en descendant sèchement face à la mer par une sente étroite. Atteindre un rebord net au-dessus de la calanque de l’Oeil de Verre. Tirer à gauche par une petite trace suspendue et atteindre une ravine encaissée où la trace semble venir mourir dans le rocher : c’est le troisième pas (8).
Viser la brèche entre le rognon et la falaise quelques mètres au-dessus (possibilité de poser un assurage au niveau de la brèche pour sécuriser) et poursuivre au-delà en enroulant autour de la corniche qui succède au passage. Continuer par une traversée du versant pour rejoindre les résineux marquant la sortie des corniches et l’entrée dans le Val Vierge. Au croisement de ce qui ressemble à un chemin ne pas tourner à gauche mais continuer tout droit pour aller récupérer un peu plus loin le sentier rouge montant depuis l’Oeil de Verre (9).
Le suivre alors à gauche et monter en direction de la Cheminée du Diable. L’emprunter et continuer un peu au-dessus de sa sortie pour retrouver le GR® (10). Le prendre à droite quelques mètres pour le quitter par la gauche à l’apparition des tracés rouge et vert (11). Par une succession de petits gradins rocheux, se diriger vers une crête bien marquée au nord-est. Proche de celle-ci, à l’intersection avec le sentier bleu (12), infléchir à gauche pour s’élever dans l’axe de Cap Gros. Emprunter le pas de l’Escalier plus haut (13).
À sa sortie, partir sur la gauche vers le sommet de Cap Gros où on retrouve un tracé rouge amenant rapidement sur un large chemin. Le suivre et, au niveau d’un cairn (14), préférer un sentier moins large qui part à droite. Rejoindre ainsi la crête de l’Estret qu’on suit à droite.
Peu de temps après, un très gros tas de pierres signale à gauche le départ d’un marquage rouge et bleu (15). Le suivre et basculer par le vallon de l’Herbe. Plus bas on récupère un tracé vert arrivant de la gauche. Suivre les trois tracés à droite jusqu’au point coté 300, croisement de chemins au niveau d’un angle formé par un énorme amas de blocs. (16)
Laisser le tracé vert partir à gauche par le vallon de Marthe et continuer par le rouge en direction du col Ricard (1). Revenir au col de la Gineste par le même chemin que l’aller.
RECOMMANDATIONS PARTICULIÈRES & DIFFICULTÉ
Je vais m’autoriser quelques mots sur ce chapitre particulier car je reste pleinement insatisfait par la pénurie d’informations concrètes concernant ces Corniches du CAF en amont de la préparation de ma sortie. J’aimerais ainsi permettre aux prochain(e)s de moins galérer et d’attaquer leur journée avec moins de points d’interrogation en tête que nous. C’est pas le tout de publier des comptes-rendus photos, des chiffres bruts et des traces GPX : il est quand même utile d’apporter un certain nombre de précisions pour permettre aux suivant(e)s d’estimer le niveau véritable de l’itinéraire dans lequel ils vont mettre les pieds.
J’ignore si, comme moi, vous avez entendu – ou serez amenés à entendre – des sons de cloche un peu exagérés sur cet itinéraire mais il me paraît utile de nuancer un peu la réputation de ces fameuses corniches du CAF, histoire que certain(e)s d’entre vous qui aimeraient s’y lancer puissent jauger des niveaux technique et d’engagement réellement requis pour cet itinéraire.
Qu’on soit cependant bien clair, ce n’est pas non plus une balade de santé et si vous n’avez jamais entrepris de randonnée présentant le franchissement répété de passages rocheux imposant l’usage des mains, ni n’avez été confronté à des sections un tant soit peu exposées, n’allez pas plus loin. Les Corniches du CAF ne sont pas pour vous.
Pour les autres, voici ce qu’il faut savoir :
Les trois pas qui jalonnent la descente sous la Candelle vers le vallon Vierge n’ont rien d’extrêmement difficiles. Ils ne sont cependant pas « faciles » non plus et exigent toute votre attention. Les deux premiers se passent en franchissement vertical – frontalement ou en désescalade – et n’excèdent pas 3/4 mètres. Le second est un peu plus « casse-cul » à franchir que le premier au niveau des appuis. Le troisième est une traversée assez brève et bien moins exposée que d’aucun voudrait le faire croire et dotée de prises et d’appuis solides. Ce n’est pas un passage piégeux mais cependant tracé sur un terrain un poil scabreux où la chute n’est pas souhaitée. Il peut être sécurisé si vous avez une corde et un peu de matos avec vous.
Le passage du couloir du Candelon serait le plus technique s’il ne disposait pas de la chaîne qui y a été placée. La présence de celle-ci sécurise énormément l’entreprise.
À mes yeux la plus grosse difficulté des Corniches du CAF est de réussir à trouver le bon chemin. La section qui va de sous le col de la Candelle à l’entrée du couloir du Candelon est à ce titre assez galère. Idem pour sortir du couloir en question où on a bien pinaillé et la localisation GPS ne fait pas tout pour résoudre le problème. Et il n’y a pas forcément des cairns là où il y en a besoin.
Selon avec qui vous faites cette sortie, avoir un bout de corde (15m devraient suffire) dans le sac ainsi que quelques dégaines, deux baudriers et un assureur ne sera pas de trop.
Concernant la Cheminée du Diable c’est un endroit que je trouve relativement bien protégé et où la partie qui concerne l’escalade se fait bien. Le rempart à franchir est assez imposant mais bien « prisu » pour les mains et les pieds ce qui rend la grimpe ludique. C’est du même niveau qu’un sentier jaune ou noir dans la Sainte-Victoire, voire même un poil plus simple car ne nécessitant à aucun moment de mouvement tonique ou physique.
À l’exception du petit bout s’écartant provisoirement du sentier vert entre le Puget et le col de la Candelle, tout le reste de l’itinéraire présenté dans ce topic s’effectue sur des chemins parfaitement balisés par les Excursionnistes Marseillais.
On a beaucoup parlé du terrain et de technique, je finis donc avec un conseil un peu plus pratico-pratique : vous ne trouverez pas d’eau dans les Calanques. Ne partez pas à vide : vous le regretteriez rapidement !
Cet itinéraire se situe en zone coeur du Parc National des Calanques. Le Parc ne voit pas d’un très bon oeil les randonneurs qui sortent des sentiers balisés. Pour tout un tas de questions. Les Corniches du CAF n’est pas un itinéraire balisé officiel. Le marquage est le fait des grimpeurs qui bénéficient d’une tolérance du Parc pour accéder aux voies. Peut-être ne sera-ce pas toujours le cas alors profitons-en encore. Rien n’exclut un jour que le Parc décide de fermer ce type de sentier et condamne toute personne y cheminant malgré tout à une amende. On n’en est heureusement pas là mais gardez cela à l’esprit dès que vous quittez les sentiers balisés.
Note saisonnière
On a effectué cette randonnée sur les Corniches du CAF en septembre lors d’une belle journée d’arrière saison. Pas le moindre vent et un soleil souverain dispensant une chaleur agréable. Conditions idéales. Les Calanques sont appréciées l’hiver par les Marseillais et les provençaux pour leur douceur. Elles sont sous le joug d’un règlement lié au risque incendie pendant l’été. Il peut donc être utile de consulter la carte d’accès aux massifs avant d’entreprendre quoi que ce soit à cette époque. Quel que soit le moment de l’année, évitez dans les tous les cas les jours de grand vent qui, non content de refroidir la température, rend la progression dans ou au bord des falaises plus risquée.
« La prise de risque n’en valait pas la Candelle » >> j’ai bien ri en lisant ça ! Super récit en tout cas, on est transporté par votre aventure à deux, j’aime beaucoup. Et bien qu’étant Marseillais, tu m’as fait découvrir certains passages où je ne suis pas encore passé (vallon Mestrallet et les fameuses corniches du CAF donc !)
Salut Rémi,
Content de te lire par ici ! Et content aussi de constater que tu es venu à bout ce récit-fleuve qui nécessite un peu de temps pour être intégralement lu ! Ouais tu as vu le Mestrallet je pense pas qu’il reçoive beaucoup de visites. À tort car le petit passage décrit vaut vraiment le coup. Au-dessus c’est plus quelconque mais ce p’tit pas est très sympa. Quant aux Corniches du CAF c’est très sympa mais je suis resté un peu sur ma faim j’avoue. Je pensais ça nettement plus engageant. Il faudra maintenant que j’aille voir du côté de Paretti pour me confronter à la réputation de ce sentier. À bientôt et de bonnes fêtes à toi 😉
Salut David, et tous mes vœux pour cette année 2024 .
Ravi de découvrir ce parcours qui semble vraiment merveilleux.
J’ai donc programmé de le faire au début du printemps ! On dirait qu’à certains passages, l’ambiance zen et sereine doit nous emporter ailleurs
Tes récits, ta description et tes photos font toujours autant voyager.
Ravi d’être sur ce blog.
Salut Romain et excellente année 2024 à toi aussi !
Moi je l’ai démarrée avec une bonne crève qui m’a cloué au lit ces derniers jours. Je sors un peu du brouillard aujourd’hui et j’en profite pour répondre aux mails et aux messages sur le blog. Je suis content si ce sujet consacré aux Corniches du CAF t’a suffisamment inspiré pour te convaincre d’y aller. Tu me diras ce que tu en as pensé. C’est vrai que, en arpentant ce beau versant sud de la Grande Candelle, face à la mer, on a l’impression d’être un peu privilégié. Hâte d’avoir ton retour sur ce beau parcours ! Au plaisir de te lire 😉
Amicalement,
David
Merci pour cet article et la suggestion du vallon de Mestrallet qui est sympa à parcourir.
Ces corniches sont vraiment un superbe itinéraire en balcon.
J’ai opté pour la remontée du Val Vierge au col des Charbonniers par la cheminée du CAF. Il y a marques noires tout le long pour le cheminement mais c’est quand même assez technique et engagé.
Les corniches Paretti sont vraiment beaucoup plus aériennes que celles du CAF, surtout entre l’Aiguille de Devenson et la calanque, vous ne devriez pas être déçu. Si vous avez sorti la corde pour votre compagne dans le couloir du Candélon je dirais qu’il vous faudra probablement la sortir à environ 4-5 passages (pour vous donner une idée).
Bonne continuation
Bonjour Laurent,
Merci pour cette info qui vient confirmer la praticabilité de la cheminée dans ce sens même si, à première vue, ça n’a pas l’air de s’adresser au premier venu ! J’ai hâte de pouvoir aller découvrir Paretti. C’est vraiment un morceau qui manque à ma connaissance des Calanques. Je pense qu’on s’y rendra le mois prochain ou, au plus tard, en avril. J’en parlerai sur le blog en tout cas dès que ce sera fait et converti en récit. J’imagine que, effectivement, la corde devra être dans le sac et dégainée plus souvent ! Je vous raconterai ! Merci et à une prochaine 😉
David
Bonjour,
Merci beaucoup pour cet article détaillé qui me donne grande envie de découvrir ces corniches du CAF, que je pensais trop difficiles « vu de loin » et sans matériel. Après avoir parcouru Paretti l’année dernière et ses passages difficiles et excitants à la fois, j’ai hâte d’explorer les corniches du CAF !
J’espère que tu as pu faire Paretti depuis, c’est vraiment incroyable.
Au plaisir de lire d’autres articles
Raphaël
Hello Raphaël,
Ouaip, moi aussi je m’étais fait tout un flan de ces Corniches du CAF après des échos un peu alarmistes entendus ici et là. Au final, ça va. Je me suis laissé d’ailleurs entendre que Paretti était d’un tout autre niveau. Et, non, on ne s’y est pas encore aventuré depuis. Actuellement, de toute façon, il fait encore bien trop chaud à mon goût dans les Calanques. Si ça se fait, ça se fera comme souvent entre janvier et mars, hors jour de mistral ! Je ne manquerai pas, alors, de me laisser aller à un nouvel article fleuve sur le sujet 🙂
Merci pour ton commentaire enthousiaste et à bientôt,
Amicalement,
David
Bonjour David
C’est fait (hier, par un temps magnifique sans Mistral…) , j’ai enfin réussi à caser cette super rando et on a croisé …personne ! Un grand merci à toi pour cette proposition qui a tenu toutes ses promesses.
Petit compte rendu : d’abord, mention trés bien pour le vallon Mestrallet ( que je ne connaissais pas) très sympa et assez sauvage puis Le Puget ( que je connaissais) puis le Col de la Candelle (déjà fait aussi, toujours aussi élégant) et donc immersion pour trouver le passage » de la chaine » et le début du couloir du Candelon. (no problème,la sente est bien présente et évidente jusqu’au ‘promontoire’ notre repère qui se détache de la Candelle . Passage délicat mais qui se fait bien avec la chaine puis descente sur une cinquante de mètres dans le couloir ( que j’avais fais dans sa totalité en sortie du sentier CAF jusqu’en bas) pour récupérer le sentier du Caf (marques noires) toujours aussi sympa, fait également mais en sens inverse ( donc en montée). Je dois avouer que dans le sens’ descente’, cette fois ci, on a utilisé un bout de corde pour les 2 premiers pas …Puis est venue la cheminée du diable dans le Vallon vierge ( une 1ère pour nous 2), raide mais superbe (balisage rouge tout le long).
J’ai préféré, pour le retour,passé par le Vallon Ste Marthe (trés sympa et sauvage également) car je connaissais le Cap gros . Bref, journée dense comme on les aime avec du Gaz, des vues et ….personne !! Encore MERCI pour tout !!
Christophe et Corinne
Hello Christophe,
Merci pour ce retour d’expérience sur les Corniches du CAF ! Moi tu vois c’est la Cheminée du Diable que je ne connais pas (enfin, je pense pas…) Le début d’année 2025 devrait donner l’occasion d’aller faire un tour dans les Calanques. Je tacherai d’en ramener si possible un nouveau reportage sympa ! Bonnes fêtes à tous les deux !
David