Magiques Bardenas ! Surgies comme par enchantement du sol stérile d’un désert européen qui fait ressembler l’Espagne à l’Oklahoma ou encore à l’Utah. Adoubées par l’UNESCO comme Réserve de Biosphère, les Bardenas Reales ont un pied en Navarre et l’autre en Aragon. Si beaucoup la sillonnent en voiture, de point d’intérêt en belvédère et au fil d’un circuit connu, d’autres font le choix de la marche pour en atteindre les recoins inaccessibles aux véhicules. C’est à l’usage de ceux/celles-ci que s’adresse cet article de synthèse réalisé en partenariat avec Sur Les Hauteurs et destiné à planifier un séjour dans les Bardenas.
1 – LES BARDENAS REALES, C’EST QUOI ?
Je suis arrivé dans les Bardenas par la petite porte et dans un nuage de poussière. On était alors en route pour la Cantabrie, le Rav4 chargé à bloc et transformé en van de fortune. J’avais quitté le réseau routier principal depuis longtemps après avoir tourné le dos à la Sierra de Guara, traînant derrière moi un panache tourbillonnant soulevé par notre passage par des pistes et chemins qui ne connaîtront jamais le goudron.
C’était le mois d’août. L’Aragon défilait derrière nos vitres fermées dans une succession de jaunes cassants, d’oranges fissurés et de verts fanés. L’humain semblait avoir fui ces lieux de nudité crue où la sécheresse est élevée au rang de culte. Les rares habitats aperçus étaient à l’abandon. Des ruines fondues dans un décor âpre de roches cuites par un soleil écrasant. Un désert authentique au coeur de l’Europe et à deux pas de la France.
Les Bardenas Reales, c’est l’extension sublime de cette apologie de la désolation. Comme si la Nature avait tenté de modeler du beau à partir de cette matière brute et récalcitrante. Une frontière, nette, qui affiche ouvertement sa différence. La voiture quitte maintenant l’Aragon pour la Navarre. À croire que la région, autonome depuis 1982, a rechigné à céder une miette de son gâteau de 400km2 à son voisin. Seulement un quart des Bardenas est situé en Aragon.
La renommée des Bardenas a aujourd’hui dépassé les limites de ses steppes désertiques aux allures de western. Ses premiers explorateurs, dans les années 80, n’ont pas attendu les réseaux sociaux pour parcourir cette contrée alors aussi vierge et sauvage que l’Arizona à l’époque de la ruée vers l’or. Longtemps évité par les paysans locaux qui fuyaient sa stérilité et son climat infernal, le lieu sera pourtant consacré Réserve de Biosphère par l’UNESCO en 2000. Une renaissance.
Le décor des Bardenas, sculpté par l’eau et le temps, ne laisse personne insensible. Ses « barrancos » – d’énormes plateaux tabulaires aux allures d’enclumes qui émergent de ses vastes étendues arides – ou ses fascinantes cheminées de fée isolées évoquant l’Utah – le fameux Castildetierra ne rappelle-t-il pas, quelque part, le célèbre Balanced Rock d’Arches National Park ? – ne sont pas les seules raisons qui l’ont vu obtenir ce titre prestigieux. Sa faune, notamment aviaire, et sa flore sont en effet remarquables.
Ce coup de projecteur fit naturellement fondre sur elles les regards remplis de convoitise d’un tout nouveau public : le tourisme. Un intérêt tel que la nécessité de structurer la demande autour d’une offre cadrée s’imposa rapidement. Les Bardenas ne se parcourent pas tout à fait librement aujourd’hui. Pour des raisons de sécurité évidentes d’abord : une chaleur parfois implacable, un terrain piégeux insoupçonné et l’absence de tout cordon de secours réclament naturellement la mise en place de règles à respecter strictement. Sans oublier les 22km2 du polygone de tir au coeur du désert !
Pour des raisons de protection également. Divisées en trois segments – Blanca, Negro et Del Plano – les Bardenas Reales sont l’une de ces beautés fragiles que l’usure d’une fréquentation mal gérée marque rapidement et irrémédiablement. Quelle que soit la pratique – voiture, VTT ou randonnée – elle doit s’effectuer sur des itinéraires rigoureusement identifiés. Et le bivouac – ou la nuit en van – y est strictement interdit : des éco-gardes, à la gâchette de la contravention facile, y veillent scrupuleusement !
2 – LES BARDENAS EN RANDONNÉE À LA JOURNÉE ET EN AUTONOMIE
Sur les 16 itinéraires recensés, neuf sont destinés aux marcheurs/ses et cinq seulement évoluent dans la Bardena Blanca, la plus visitée car la plus spectaculaire. Je ne vous recommande pas de vous aventurer sur ceux réservés aux VTT – trop longs par rapport à la nature du terrain – et encore moins sur les circuits voitures, à moins d’aimer manger de la poussière. La boucle la plus longue compte un peu plus de 12km, via le sommet de la Pisquerra et le cirque du Rallón, alors que la plus courte ne fait que 600m.
Ce sont des itinéraires accessibles à toute personne en bonne condition physique, à condition d’être suffisamment bien équipé pour se protéger de la soif et du soleil. Eau, crème solaire, lunettes, chapeau ou casquette ne devront pas avoir été oubliés à la maison. Pour qui se contente d’être de passage à la journée, comme nous, ces petits circuits tombent à pic pour offrir un premier aperçu satisfaisant de cette planète à part entière.
Le centre d’accueil et d’information des Bardenas Reales, situé à la Finca de los Aguilares, à 7 km d’Arguedas, est un passage souvent recommandé avant d’entrer sur le site. Des rumeurs d’informations erronées circulent toutefois à son encontre et d’aucun lui préfèrent donc un passage par le site de Frédéric Moncoqut, spécialiste et amoureux des Bardenas, devenu largement incontournable. Vous pouvez notamment y acheter le guide en PDF des randonnées dans les Bardenas.
3 – SÉJOUR DANS LES BARDENAS INÉDITES EN 6 JOURS
Évidemment une découverte à la journée des Bardenas laisse la plupart du temps un déplaisant arrière-goût de frustration. J’en sais quelque chose tandis que, roulant vers Tudela, je jetais des coups d’oeil contrariés dans le rétroviseur, en direction de cette ligne de reliefs s’évanouissant derrière laquelle je savais se dissimuler encore bien des surprises. J’essayais de ne pas penser aux lumières magiques qui devaient transformer, le soir venu, les Bardenas en un tableau de maître.
La précipitation est donc, si possible, à éviter. Les secrets des Bardenas ne se révèlent qu’à qui prend le temps d’aller à leur rencontre. Pour celles et ceux d’entre vous qui cultivent ce goût de l’exhaustivité et qui sont désireux de découvrir les Bardenas Reales en séjour par des chemins inédits, l’encadrement par un guide sera donc indispensable. Le guide c’est un regard neuf et plus aiguisé sur le lieu, une connaissance garantie de sécurité et une mine d’informations pour comprendre plus intimement ces fascinantes Bardenas.
Au départ d’Olite, petite pépite rurale de la Navarre, chaque jour donnera ainsi l’occasion de parcourir, en petit groupe, les sentiers parfois secrets des différentes Bardenas : Bardena Blanca, la plus désertique, El Plano et son haut plateau cultivé pour pénétrer la réserve naturelle protégée de Vedado, la Bardena Blanca Baja et ses falaises peuplées de vautours ou encore la plus forestière et plus méconnue Bardena Negra au sud. Telle est la feuille de route du séjour Le Désert des Bardenas mijoté avec un savoir-faire particulier par les amis de Sur Les Hauteurs.
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Une intimité recherchée avec le lieu qui se prolonge jusque dans la taille volontairement réduite du groupe, limité à 8 personnes. Et le voyage ne s’arrête pas aux Bardenas : chaque fin de journée donne l’occasion de s’immiscer dans les sites et cités qui bordent le désert afin de profiter d’une vision d’ensemble. Ce sera une découverte de la monumentale Tudela, du Palais Royal à Olite ou encore des 216 hectares de la Laguna de Pitillas. Un menu qui sait savamment mêler nature et culture sans oublier d’être gourmand : on mange bio et local aussi souvent que faire se peut dans les Bardenas !
Le Désert des Bardenas : 6 jours, 5 nuits, niveau facile, à partir de 835 euros
4 – SÉJOUR DANS LES BARDENAS – PRATIQUE
La meilleure saison pour envisager un séjour dans les Bardenas Reales reste incontestablement le printemps et l’automne. Évitez le plein été si vous pouvez. L’hiver est également de plus en plus propice à la visite.
En autonomie ou encadré, à la journée ou sur plusieurs jours, voici quelques adresses complémentaires utiles pour préparer votre séjour aux Bardenas :
Le site de l’Office de Tourisme de Navarre
Le site très riche de Frédéric Moncoqut sur les Bardenas, à privilégier pour la qualité des informations données
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