Si, pour vous, neige et hiver riment davantage avec pratiques alternatives au ski qu’avec queue aux remontées mécaniques, que le calme de la nature réussit mieux à votre teint que la sono d’un contest de freestyle, il y a de grandes chances que l’Ariège corresponde aux attentes de votre petite famille. En marge de ses « hot spots » que sont Guzet, Ax-les-Thermes ou même Beille, le territoire abrite dans le secret de ses vallées les plus isolées de petites stations discrètes où on cultive l’amour de la montagne en toute simplicité. Idéal pour goûter aux joies de l’Ariège à raquettes autour d’itinéraires courts et à la portée de tous. J’en ai testé trois pour vous, des Monts d’Olmes au Donezan.
1 – LES ÉTANGS DE FAGE BELLE AUX MONTS D’OLMES
Difficulté : assez facile | Distance : 4 km | Durée : 1h40 | Dénivelé : 255m
On ne peut pas se contenter d’arriver aux Monts d’Olmes, au terminus de la route venant de Montferrier, sans nourrir un peu de curiosité à l’égard des origines de cette petite station érigée à 1500 mètres d’altitude, sur les pentes du massif de Tabe. Elle est inaugurée en 1968, au moment où Jean-Claude Killy remporte lui de son côté trois médailles d’or à Chamrousse, pendant les Jeux Olympiques.
À cette date elle a déjà mine de rien quelques quarante années d’existence non officielle. Les Monts d’Olmes font en effet partie de ces lieux qui ont très tôt réagi à l’émergence du ski en France par la création de ski-clubs soutenus par des entreprises locales. Dans ce petit bout d’Ariège, c’est l’industrie textile – on compte près de 500 tisserands indépendants en pays d’Olmes au début des années 60 – qui va s’impliquer activement dans l’essor du projet.

Figure fédératrice de cette corporation, André Roudière incarnera l’élément moteur qui va permettre à la station de sortir de terre avec ses quatre premiers téléskis en décembre 1967. Dans la réalité, l’opération va bien sûr nécessiter davantage de sueur, d’énergie, de financements et de moyens humains que ces deux lignes désuètes où s’opère l’art brillant de la synthèse. Pour la version longue, je vous renvoie à l’ouvrage Les Monts d’Olmes – Une Station de Ski en Pays Textile, disponible en version imprimable.
Trente ans plus tard, la Loi Montagne va imposer aux collectivités de récupérer la gestion des remontées et, aujourd’hui, c’est une SEM – Société d’Économie Mixte – qui, par délégation de la Communauté de Communes, assure le bon fonctionnement de la station. Mais attention, les Monts d’Olmes c’est aussi et surtout une histoire d’amour que se transmettent les enfants du pays une génération après l’autre. Que ce soit côté client ou commerçant, on cultive ici un attachement précieux au lieu.

Le défi du changement climatique et la forte concurrence des grosses stations de ski imposent cependant aujourd’hui leur feuille de route aux Monts d’Olmes. La diversification des activités est plus que jamais d’actualité et la randonnée – estivale ou à raquettes, en hiver – est en bonne place pour jouer les faire-valoir de cette station dont l’aventure a commencé il y a bientôt un siècle. Ça tombe bien, c’est aussi pas mal pour ça qu’on a répondu présent à l’appel !
à lire aussi sur le blog : 10 Fausses Idées sur la Randonnée à Raquettes
On chausse dans le prolongement des hangars des services techniques, derrière le bout du bout de la route que prolonge, une fois la neige fondue, un chemin carrossable desservant l’arrivée du télésiège des Sources, à l’aplomb du Pic du Han (2074m). En hiver c’est les Champs-Élysées de la raquette, un boulevard rendu aux seuls marcheurs pour explorer un secteur de montagne en marge du domaine skiable. Un privilège à mes yeux.

Situés à 1745m d’altitude et veillés par les 2115m du Pic de Galinat, les étangs de Fage Belle se découvrent après moins d’une heure d’ascension depuis la station. Recouverts en hiver d’un manteau de glace et de neige dont personne, dans la famille, ne souhaite éprouver l’épaisseur, ils dévoilent à cette saison un visage instantanément plus « haute montagne » que l’été, lorsque les pêcheurs viennent y taquiner le poisson assis sur ses berges verdoyantes.
C’est l’endroit parfait pour dégainer le pique-nique ainsi que semblent nous inviter à le faire les quelques tables et bancs en bois qui y ont été installés. C’est également le temps de se mettre à hauteur d’enfant histoire de rappeler à Ambre que la vie n’est pas faite pour être en permanence prise au sérieux. Le cadre appelle à être élargi et je me prends à essayer de voir au-delà du col de l’Étang d’Appy, bien plus haut. Je flaire le potentiel du massif avec sa trilogie de pics, ses nombreux étangs et son GR® de Pays qui en fait le tour. De quoi nourrir mon inspiration.

Le retour aurait pu se faire par le même chemin que l’aller. Mais j’ai promis à Ambre une découverte du freeride en raquettes. Aussi, sitôt le dos aux étangs tourné, je fais opérer à tout le monde un pas de côté pour quitter le confort du chemin balisé et basculer, en mode sanglier, à travers les sous-bois enneigés du Bois de Fage Belle. C’est sans doute dans ces moments que s’exprime tout le potentiel offert par les raquettes ici en Ariège. À condition de bénéficier d’une neige suffisante et de maîtriser un peu l’orientation et la lecture de terrain.
Découvrez les Étangs de Fage Belle à raquettes autrement : rendez-vous de décembre à mars avec l’équipe locale et passionnée du Dahu Ariégeois qui vous fera emprunter un itinéraire 100% sauvage et hors des sentiers balisés
Si, comme moi, votre expérience vous permet de cocher toutes ces cases, vous passerez un excellent moment à improviser votre chemin sous les frondaisons de jeunes hêtres et de petits sapins qui garnissent le versant nord de la Montagne de Tabe. Pour Ambre, c’est la porte d’une toute nouvelle aventure que je viens de pousser. J’en mesure la réussite aux effusions de rires et de cris de joie qui jalonnent notre descente de trappeurs. Une savante trajectoire nous ramène finalement sur la large piste qui coupe le téléski du Planas. L’heure du chocolat chaud vient de sonner !

INFOS PRATIQUES
Topo et balisage
Pas de fiche topo de disponible pour cette randonnée. La trace de montée se suit toutefois très facilement grâce aux jalons violets surmontés d’un petit logo « raquettes » qui sont disposés régulièrement le long de l’itinéraire.
Location de raquettes
Si vous n’êtes pas équipés, vous trouverez quatre loueurs de matériel sur la station ouverts de 8h30 à maximum 19h pour certains. Pour les enfants, on trouve de très bonnes petites TSL 302 qui satisfont pleinement pour découvrir l’activité. Plus d’infos.
Liens Utiles
En vue d’un séjour plus complet ou simplement pour en savoir plus, un tour sur le site officiel de la station des Monts d’Olmes se justifie pleinement. Vous pourrez y réserver un forfait ou encore prendre connaissance du programme des animations.

Où dormir aux Monts d’Olmes ?
On a passé les deux nuits de notre séjour aux Monts-d’Olmes au Chalet-Hôtel Les Marmottes, un deux étoiles cosy et chaleureux, à la gestion familiale et à taille humaine. On a logé dans l’une des 4 chambres « famille » de l’établissement qui compte également 3 chambres doubles.
Le soir on profite d’un buffet d’entrées et de desserts ainsi que d’un plat du jour aux saveurs de la montagne. Dans notre cas, ça a parlé lasagnes le premier soir et raclette le second ! Le petit-déjeuner est accompagné de petites viennoiseries appréciées.
Tarifs : à partir de 85 euros la double et 125 euros la familiale, petit déjeuner compris. Menu du soir à 24 euros. Plus d’infos : 05 61 03 14 05 ou formulaire de contact sur le site

POUR EN FAIRE PLUS
Visiter le château de Montségur
Si vous avez jeté un coup d’oeil à la carte, vous aurez peut-être remarqué que les Monts d’Olmes pointent à quelques encablures du château de Montségur. Consacrer sa fin de journée à sa visite ne sera donc pas du temps perdu, tout en restant dans le thème « je cherche une alternative au ski« .
Comptez environ 40mn depuis la station pour atteindre le parking au pied du château, sous le col de Montségur. Perché sur son promontoire rocheux en forme d’ogive – ici on appelle ça un « pog » – l’édifice impressionne avant même d’être atteint.
Montségur est l’une de ces icônes tragiques qui a survécu aux cathares, pourchassés pour hérésie par l’Église. Après un siège de plusieurs mois, 220 d’entre eux y seront brûlés vifs le 16 mars 1244. Le souvenir de ce drame s’accroche encore aux ruines de l’édifice qui défie toujours les visiteurs de l’atteindre. L’ascension sera brève mais sèche. Ne soyez donc pas surpris d’y laisser votre souffle.

Dans la lumière ténue de l’hiver, le lieu se dévoile sous un masque de solitude inédit de celui que j’avais connu lors du tournage de l’épisode de Mon GR® Préféré sur le Chemin des Bonshommes. Nouveauté également par son statut. Montségur est en effet candidat à une labellisation Grand Site de France et en lice pour une inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO avec les Citadelles du Vertige. Une consécration.
À l’horizon le Pic de Saint-Barthélémy enneigé (2348m) fait le lien avec les Monts d’Olmes. Ancrée à l’ouest de l’éperon rocheux, une table d’orientation anime l’horizon en révélant Lavelanet en contrebas ainsi que les reliefs de l’Aude annonçant le Pic de Bugarach.
On est ici à la croisée des GR®. Du 107 et du 367 quelque part vers l’est et Comus, mais aussi du Tour du Massif de Tabe et de celui des Monts d’Olmes. Depuis ces hauteurs, des souvenirs de reportage se mêlent à des projets possibles tandis que le familier épouse l’inconnu. Montségur demeure toujours aussi époustouflant.
Le musée est fermé de novembre à avril inclus. Pour plus d’infos rendez-vous sur le site du château de Montségur

2 – LE REFUGE DU CHIOULA
Difficulté : assez facile | Distance : 8 km | Durée : 2h40 | Dénivelé : 300m
Sur la route qui nous conduit des Monts d’Olmes au col du Chioula, les souvenirs se mettent à affluer. Après un bref passage dans l’Aude, l’Ariège nous accueille à nouveau à proximité de Comus. Dans une posture hésitant entre l’automne et l’hiver, les vastes espaces nus s’étirant jusqu’à Prades me projettent trois ans en arrière lorsque, caméra au poing, je filmais Olivier et Sandrine sur le GR®107. Plus loin c’est Montaillou et son château, lieu de l’interview de Jean-Claude Emlinger, le président de la FFRandonnée Ariège, avant l’ascension vers le col de Balaguès.
Nostalgie quand tu nous tiens. Même le Chioula ne m’est pas inconnu et ce n’est pas sans enthousiasme que j’amène ma famille à la découverte de ce dont je me rappelle être un somptueux balcon sur les Pyrénées Ariégeoises. Le col abrite l’accueil de l’espace nordique du Chioula où se sont greffés un magasin de location – parfait pour trouver des raquettes pour Ambre – et un petit restaurant qui porte le nom amusant de « la Marmotte Toquée« . Pour accéder au domaine, il faudra s’acquitter d’une petite redevance de 9,70 euros par adulte et 9,10 euros par enfant.

Avec 5 itinéraires identifiés pour pratiquer les raquettes, les hauteurs du Chioula invitent à une rencontre éblouissante avec les sommets de l’Ariège. Détaché de l’axe principal de la chaîne au nord de la vallée de l’Ariège, cet ensemble de petits reliefs arrondis culminant à 1820m au Roc de Quercourt offre un panorama sans obstacle sur les plus hautes montagnes du département. Mais, avant de pouvoir en profiter, il faudra commencer par venir à bout des deux kilomètres de marche à travers la hêtraie conduisant au refuge.
Je retrouve le refuge du Chioula tel que je l’avais laissé en 2021. Fidèle au poste, Alvaro, son gardien, est toujours là, avec le sourire jusque dans cette voix chaleureuse et chantante avec laquelle il vient à la rencontre des visiteurs. Le petit bâtiment est ouvert l’hiver et, attablés face à la Dent d’Orlu (2222m) qui nous contemple avec rigueur au sud, on se chuchote en secret qu’on y aurait bien mangé le midi si on avait su. Et même, encore mieux, passé la nuit pour prolonger l’expérience de ces espaces sommitaux qui appellent à la randonnée libre et sans frontière.

Le refuge du Chioula a des allures de centre névralgique. J’y vois un quartier général de l’Ariège depuis lequel opérer de grandes manoeuvres à raquettes vers le Roc de la Taillade (1808m) ou le Pic de Serembarre (1851m) avant un repli nocturne dans le confort de son dortoir et la douce chaleur de son poêle. Je suis convaincu que c’est LA micro-aventure à vivre ici en famille, sous les étoiles de l’Ariège couronnée de sommets.
Explorez le Chioula en liberté le temps d’un week-end avec un accompagnateur et une nuit en refuge ? C’est aussi possible pour celles/ceux qui préfèrent se laisser guider. Réservez votre séjour sur le site de Cap Adrénaline ou Guides Pyrénées Sensations
En guise de lot de consolation, on dirige nos pas vers le Roc de l’Orri d’Ignaux, un point haut proche du refuge et dont la crête sud-est peut accueillir une traversée hors-piste vers le col d’Ijou. Parce qu’ils sont plus exposés que le versant nord et boisé de la Montagne de Tabe hier, les espaces ouverts du Chioula sont plus facilement victimes des assauts du soleil. Nos envies de freeride s’y trouvent donc un peu plus vite freinées en cette année 2025 où la neige peine à prendre ses quartiers d’hiver à cette latitude.

Je n’en démords pas et motive les troupes à un hors-piste ludique. On quitte le confort du large chemin glissant en douceur vers le col pour remonter vers l’orée de la hêtraie. S’il est encore possible de dénicher une neige propice à nos digressions, c’est forcément sur ces versants nords un peu abrités. Une fois n’est pas coutume, la raquette confirme sa nature tout-terrain, portant autant sur la couche de neige transformée que sur les tapis de fougères que la fonte fait parfois réapparaître.
Là-haut, entre les troncs glabres et gris des hêtres encore jeunes du Bois des Goutines, je piste les pentes prometteuses et les clairières à l’ombre. J’y expédie alors Ambre qui s’y précipite avec avidité en faisant jaillir derrière elle des nuages de neige lourde. Mission accomplie. Je n’aurai encore pas volé mes galons de bon père ce soir ! Puis, petit à petit, les possibilités d’incursions hors-piste se réduisent à l’approche du centre d’accueil. Il n’est pas loin de 17h, heure limite fixée par la location pour la restitution du matériel. Il aurait été difficile de mieux optimiser cette journée au Chioula !

INFOS PRATIQUES
Topo et balisage
Il n’y a pas de fiche-rando ou de topo détaillé qui existe à ce jour pour les itinéraires à raquettes du Chioula. Ils sont sommairement décrits par le plan des pistes général du domaine et se retrouvent sur la plaquette d’information disponible à l’achat du forfait. Une signalétique assez disparate se retrouve sur le terrain : jalons violets, panneaux directionnels et traces de balisage lorsque l’itinéraire s’appuie sur un itinéraire de randonnée estivale.
Recommandations Particulières
Le paiement d’une redevance pour accéder au domaine est obligatoire. Lorsque les conditions d’enneigement sont insuffisantes, la partie « ski nordique » du domaine est fermée et il devient alors possible aux raquettes d’emprunter les itinéraires de ski de fond. Cela est sinon interdit et vous sera demandé de rester sur les itinéraires dédiés.
Location de raquettes
Il est possible de louer du matériel au niveau du bâtiment d’accueil de l’espace nordique du Chioula. Le magasin est ouvert de 9h à 17h. Tarifs : 14 euros/adulte et 11 euros/enfant (6-15 ans)
Liens utiles
Pour retrouver l’ensemble des informations sur le domaine, rendez-vous sur le site du Chioula
Le refuge du Chioula est ouvert à partir du 15 décembre et jusqu’au 31 mars pour la saison d’hiver. Il est indispensable de réserver pour la demi-pension et conseillé d’appeler également pour la restauration. Des couvertures sont à disposition pour la nuit mais il est nécessaire d’apporter un sac à viande ou un duvet. Tarifs demi-pension 48,50 euros (adulte) et 34 euros (enfant jusqu’à 10 ans). Plus d’infos : 05 61 64 06 97 ou 06 67 73 60 91 ou par mail alvaro@refugeduchioula.com

3 – LA CABANE DU RIOU PLA À MIJANÈS
Difficulté : assez facile | Distance : 4,25 km | Durée : 1h30 | Dénivelé : 190m
Il est plutôt amusant de se dire que, sans Ambre, on aurait pu rejoindre Mijanès en une seule bonne journée de marche à raquettes depuis le Chioula ! Il aurait suffi pour cela de suivre la trajectoire du GR®7B qui emprunte, à l’est, le col du Pradel puis, plus tard, celui de Pailhères avant de basculer sur la plus orientale des petites stations ariégeoises, à la frontière de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Au lieu de ça, près d’1h40 de voiture par des routes sacrément pittoresques sera nécessaire pour rallier Artigues, notre village étape pour les deux prochains soirs.
On pose ainsi nos valises dans le Donezan, probablement l‘un des territoires les plus isolés qu’il m’ait été donné de voir depuis longtemps. Barricadé à l’est par les sauvages et étroites gorges de l’Aude, le Donezan se compte en une poignée de hameaux et de villages où Quérigut et ses 130 habitants se pose en capitale autoproclamée. L’accès se mérite et impressionne, surtout si, comme nous, vous rejoignez ce bout du monde par l’étroite D29 qui serpente à flanc de montagne loin au-dessus de l’Aude.

Ici ce sont trois itinéraires balisés qui attendent les curieux de raquettes en Ariège. Ils ont en commun de desservir chacun une cabane pastorale différente. Ces petits édifices, ainsi que nous nous apprêtons à le découvrir, constituent, par leur présence et leur nombre, une sorte de marque de fabrique territoriale. Un coup d’oeil à la carte et aux conditions d’enneigement me fait porter mon choix sur celle de Riou Pla. Les adrets sont décidément trop peu chargés en neige pour la pratique de la raquette.
Et puis, ce jour-là, la météo n’y met pas du sien. Le ciel est contrarié, les nuages abondants et passablement maussades. C’est un temps à aller en forêt plutôt qu’en hauteur. Dans le creux de sa cuvette boisée, je fais le pari de trouver la plaine de Riou Pla suffisamment blanche pour satisfaire au plaisir de la marche en raquettes. Des balises aux couleurs vives accrochent facilement le regard et nous font nous mettre en route par les larges chemins forestiers du Bois de Latrabe.

Ma supposition quant à la présence suffisante de la neige se heurte à une réalité fragile cette année-là. Si le début de notre randonnée supporte bien les raquettes, la bascule vers la plaine de Riou Pla nous contraint ensuite à provisoirement les remiser à l’arrière des sacs. Sur le rebord nord de son périmètre où les balises continuent de tracer la route, la sécheresse du chemin est flagrante. Qu’à cela ne tienne. Il en faut plus pour me décourager. Si l’hiver ne vient pas à nous, c’est nous qui irons à lui !
J’entraine ma troupe vers le centre enneigé de la clairière centrale qui, de plus près, ressemble à s’y méprendre à une zone humide : arrondis caractéristiques des milieux tourbeux, méandres de sillons d’eau glacée, végétation arbustive basse de plafond. On arpente sans le savoir la tourbière du Riou Plaou, vaste étendue de 20 hectares alimentant le ruisseau de la Bruyante, l’une des têtes de bassin de l’Aude. Je connais la fragilité de ces milieux et m’emploie donc à bien rester en surface des paquets de neige qui la recouvrent.

La progression sur la tourbière enneigée m’évoque un voyage à travers une lointaine toundra. L’Ariège version raquettes prend ici des airs de Sibérie. J’apprécie le dépaysement procuré par ce simple petit pas de côté. Je tire ensuite ma famille de plus en plus au nord pour contourner une zone moins ouverte et rester le plus possible sur la neige afin de ne pas endommager la tourbière. Ambre donne par ailleurs des signes de fatigue qui me font me hâter vers la fameuse cabane.
Tentés par un bivouac hivernal en cabane ? Prenez le départ d’un week-end raquettes organisé par Xavier Phan, accompagnateur en montagne diplômé, qui vous fera découvrir le Donezan comme personne !
C’est l’une des dix semées sur le Donezan. Simple, rustique mais fonctionnelle, elle a bénéficié comme les autres d’un lifting par les membres passionnés de l’association Le Counc en Donezan. Une vraie déclaration d’amour à ce patrimoine qui, en plus de rendre hommage à l’identité du territoire, offre un abri apprécié pour les randonneurs en quête d’un toit pour dormir ou échapper au mauvais temps. Je reconnais bien là un trait caractéristique des Pyrénées où la tradition de la cabane ouverte à tous demeure toujours profondément ancrée.

Les nuages prennent d’assaut les crêtes boisées autour du nous pendant le pique-nique, réduisant la visibilité et portant avec eux les premières gouttes de pluie. La pause déjeuner est abrégée trop tôt à mon goût. Reprise vers le pied du ressaut boisé qui ferme au sud-est l’étendue du Riou Pla. On y retrouve la neige en quantité suffisante pour progresser sereinement avec les raquettes : tout en Ariège est décidément question d’exposition.
La pente forcit légèrement tandis que les balises nous mènent de tronc en tronc vers une jonction attendue avec la piste forestière du Riou Pla. Tout est plus hivernal de ce côté et, ne seraient-ce la pluie et la baisse de régime de Ambre, on aurait presque envie de goûter à un peu de rab’ en poussant par la cabane de La Mire, un peu plus haut. Les conditions du moment condamnent néanmoins la seule mention de cette option. L’essentiel a été tenté et, somme toute, réussi. Il faut parfois savoir accepter d’être mis à la porte par la montagne pour aller maintenant chercher le réconfort de l’étape du soir !

INFOS PRATIQUES
Topo et balisage
Ici non plus, pas de fiche-topo descriptive à emporter avec soi ou à consulter. Un panneau explicatif situé au départ des itinéraires raquettes et ski de fond permet de visualiser l’ensemble des parcours mais reste insuffisant pour une orientation précise. Fort heureusement une signalétique colorée et régulièrement disposée permet de s’orienter facilement sur les différents itinéraires.
Recommandations Particulières
L’accès au domaine raquettes est libre et gratuit. En revanche il est demandé aux randonneurs/ses de bien rester sur les parcours dédiés à cette pratique. L’usage des pistes de ski de fond est rigoureusement interdit à moins que celles-ci soient fermées.

Location de Raquettes
Si vous ne disposez pas de votre propre équipement, il est possible d’en louer sur place dans le petit magasin situé à côté de la vente des forfaits.
Pique-nique
Si vous avez oublié le pique-nique, il est possible de s’en faire faire à La Trabe, le snack-bar restaurant de la station. À moins que vous ne préfériez carrément vous y attabler après la randonnée pour y savourer un bon plat chaud et disputer, au passage, une partie de baby-foot en famille !
Liens Utiles
Un peu ancien mais concis et actualisé, le petit site de la station de ski de Mijanès vous fournira les informations les plus importantes la concernant.

Où dormir à Mijanès ?
Pas d’hésitation : après la randonnée, cap sur le village d’Artigues, à 10-15mn de la station, pour faire étape chez Thomas et Lydie au Sapin Rouge ! Habillée avec un soin particulier qui évoque à la fois la montagne et le cocooning, l’adresse séduit par son confort et le sens de l’hospitalité de ses propriétaires. Si, de son côté, Ambre s’est trouvée rapidement une copine avec Mila, leur fille, nous on a tout de suite accroché avec nos hôtes dont on a pu profiter généreusement avant l’ouverture de leur pleine saison.
Cuisinier de talent, Thomas nous a régalés de plats délicieux et savamment élaborés. On a aussi apprécié une cave de connaisseurs ! Les chambres familiales sont colorées et joyeuses, parfaites le temps d’une courte étape. On s’y est vraiment senti bien. Le Donezan a de la chance de compter le Sapin Rouge parmi ses hébergements. On recommande sans hésiter ! Tarifs : chambre familiale à partir de 68 euros et repas à partir de 28 euros. Infos et réservation : 06 70 07 43 21 ou mail lesapinrouge@orange.fr

Laisser un commentaire