Le GR46 c’est 960 kilomètres entre Tours et Toulouse. En chemin l’itinéraire déroule plusieurs étapes en Corrèze, entre Lacelle et Turenne. Desservi par la ligne de train reliant Brive-la-Gaillarde à Paris-Austerlitz, il fait partie de ces grands linéaires facilement accessible en mode mobilité douce. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre de faire mon sac à dos pour repartir séance tenante en Corrèze. Au programme quatre jours de marche entre Uzerche et Turenne, deux remarquables petites cités, pour « tester » ce GR46 et, au passage, me mettre au vert. Car ici on déconnecte rapidement, immergé dans une nature habitée mais préservée. Et, pour m’accompagner, j’ai choisi la Vézère, élégante rivière affluent de la Dordogne et fil rouge sur plusieurs étapes du parcours. C’est parti pour une itinérance tout en douceur à usage des trekkeurs/ses qui aiment prendre le temps d’explorer une France plus secrète.
Difficulté : moyen | Distance : 79 km | Durée : 4 jours | Dénivelé : 1815m
Le GR46 est un bon prétexte pour revenir en Corrèze. Au même rang que l’Ariège, avec laquelle je me plais à comparer cette manière familiale et amoureuse qu’elle a d’animer son territoire, la Corrèze déborde de coeur quand il s’agit d’accueillir des visiteurs/ses. En pousser les portes – et tant pis pour la distance qui m’en sépare et le temps nécessaire pour la rejoindre – est chaque fois un plaisir.
La dernière fois c’était pour Mon GR® Préféré, en 2023, où elle était candidate – avec le GR®440 Tour de la Montagne Limousine – au titre de GR® Préféré des Randonneurs dans le cadre d’une sélection thématique « GR® Secrets ». Elle avait trébuché du podium, à la toute fin du concours, en se classant finalement quatrième.
Lors de ce tournage de quatre jours, on avait terminé terminé, avec Olivier, sur le quai de la toute petite gare de Lacelle. Lacelle qui, pour l’anecdote, est la première commune corrézienne traversé par le GR46 en venant de la Haute-Vienne. À nos yeux, ce jour-là, un étonnant bout du monde !
Je trouvais ce clin d’oeil amusant. Un peu comme si une certaine forme de continuité se manifestait pour justifier mon retour en Corrèze en 2024. Ce n’est pourtant pas de Lacelle que je vais m’élancer cette fois mais d’Uzerche, plus en aval de la Vézère, fil rouge – ou plutôt bleu – du GR46 ici en Corrèze. Ce sera en revanche également d’une gare.
Le train est un premier vecteur d’immersion, un prologue idéal pour se conditionner et se faire une première idée du territoire qu’on s’apprête à traverser à pied
Honte à qui, sans la connaître, viendrait à considérer la Corrèze comme un trou perdu. Ce serait manquer d’égard à un département que deux autoroutes ont rendu accessible et qui – et j’ai envie dire, surtout – a maintenu vivant, par ses efforts, un réseau ferroviaire interne qui désenclave efficacement son territoire.
Voilà un vrai bénéfice pour les randonneurs/ses qui peuvent, dès lors, concevoir leur séjour sous l’angle de la mobilité douce avec une arrivée et un départ en train. Le tout via des lignes au charme fou, façon « Des TER pas comme les autres » délivrant un premier aperçu paysager de ce qu’on s’apprête à parcourir à pied. Quelques indices semés derrière la vitre, en forme de promesses. C’est ainsi que je débarque à Uzerche, une fin d’après-midi de mois de mai.
Prologue : Visiter Uzerche
Pour rejoindre le centre d’Uzerche et le départ du GR46 depuis la gare, je reste dans le thème du rail en franchissant le tunnel de l’ancienne ligne à voies métriques du POC – Paris-Orléans Corrèze. J’en surgis face à cette cité royale, longtemps favorite du Roi de France au détriment de Brive ou de Tulle. Émerveillement.
« Après que Pépin le Bref ait érigé ici son camp de base fortifié au 8ème siècle pour en découdre avec le Duc d’Aquitaine, Uzerche a prospéré. », m’explique Nathalie Jurmelle, de l’Office de Tourisme Terres de Corrèze. « Notamment par l’entremise de sa puissante abbaye bénédictine au 10ème siècle. Également en résistant à l’envahisseur anglais au cours de la Guerre de Cent Ans. »
Un acte de bravoure qui lui confère rapidement les faveurs du Roi qui pourvoit alors Uzerche en sièges de sénéchaussée, favorisant ainsi l’installation d’officiers royaux et, in extenso, l’instauration d’un pouvoir administratif fort. Uzerche prenait une longueur d’avance sur ses rivales.
C’est cette opulence d’hier qu’on retrouve régulièrement dans le bâti remarquable de la ville avec, entre autre, l’Hôtel du Sénéchal, le château Pontier et ses tours coiffées de toitures en poivrière, le gothique flamboyant de la Maison Eyssartier. Uzerche marie les genres avec habileté et fait se côtoyer les époques. Un charme fou.
À ses pieds, la Vézère est là, qui s’enroule comme un long serpent d’eau autour du rocher portant la ville. Uzerche a « de la gueule » pour qui, comme moi, la découvre pour la première fois. L’allure fière de ces communes dressées là depuis la nuit des temps et qui interrogent le/la visiteur/se pour lui demander pourquoi diantre il/elle a attendu aussi longtemps pour venir à elle.
Il serait sincèrement malvenu de tourner le dos à Uzerche sans prendre le temps de faire plus ample connaissance avec elle. Le GR46 est de ces itinéraires dont le nectar se savoure aussi en marge du sentier
La ville peut compter sur ses amoureux pour lui assurer de voyager dans le temps sans perdre de sa superbe. Des locaux comme Sophie Dessus – aujourd’hui décédée – son ancienne maire et députée qui en a défendu les couleurs jusque dans les plus hautes sphères de l’État. Elle lui a ainsi évité le sort funeste de ces bourgades rurales que les mutations du monde ont lentement mené vers l’isolement et l’oubli.
Sans oublier des initiatives locales qui séduiront autant le visiteur que l’Uzerchois(e). Ainsi, au pied de la ville, au bord de la Vézère, les bâtiments industriels de l’ancienne papeterie ouverte en 1893 et fermée en 2006 ont été réhabilités en éco-quartier pour accueillir des événements culturels ou artistiques et inviter les habitant(e)s à tisser du lien social autour d’un projet collectif.
Moderne et résolument tournée vers les nouvelles cultures urbaines, la cité a également reconverti l’ancien hangar qui jouxte la Papeterie en Graffeterie, espace dédié aux artistes du street-art et aux ténors du graff pour s’adonner à leur passion. Que de chemin parcouru depuis le 8ème siècle, me dis-je ! Uzerche vit avec son temps grâce à des projets modernes et audacieux. La commune se bouge et c’est tant mieux.
Avant de m’attaquer au GR46, je veux donc comprendre quel est ce p’tit truc en plus qui a vu des noms célèbres se lier de manière indissociable à celui de la cité : parmi eux Stendhal, Arthur Young – qui la qualifiera de Perle du Limousin – ou encore Simone de Beauvoir à laquelle une petite boucle de randonnée a été consacrée – 5 km et 1h30 – qui sied idéalement à une intention de découverte de la ville.
Dans ses « Mémoires d’une Jeune Fille Rangée » la célèbre philosophe et écrivain écrivait à propos d’Uzerche : « Le foisonnement des couleurs, des odeurs m’exaltait. Partout, dans l’eau verte dés pêcheries, dans la houle des prairies, sous les fougères qui coupent, au creux des taillis se cachaient des trésors que je brûlais de découvrir. »
À l’instar d’un Marcel Pagnol à La Treille, la future gagnante du Prix Goncourt de 1954, venait passer, durant son enfance, une partie de ses vacances tout près d’ici. Une connexion à la Corrèze et à Uzerche qui se révèle au gré de la lecture de plusieurs plaques informatives consacrées à l’auteure, au fil du sentier et de la Vézère.
La rivière, quant à elle, tient la ville en tenaille. Ses remous et ses rapides en font un spot particulièrement prisé des kayakistes. La rivière corrézienne affiche ainsi une célébrité au moins égale au Tour de France pour les cyclistes ! Dans ce microcosme qui m’est étranger, la notoriété de la Vézère rayonne à l’international.
Où dormir à Uzerche ?
Les yeux fermés, je vous expédie chez Agnès et Fernand au Cheminou ! Ces deux anciens champenois venus de Reims et tombés raides dingues amoureux de la Corrèze et d’Uzerche viennent juste d’ouvrir leur chambre d’hôtes. Pour vous dire, j’étais le tout premier client lors de mon passage ! Passage plus qu’apprécié et placé sous le signe du sourire et du plaisir d’accueillir. Un excellent moment avec ces hôtes qui en connaissent un rayon sur le territoire et dont les conseils sont précieux avant mon aventure sur le GR46.
Épicuriens, ils nourrissent des envies d’échanges et de rencontres avec leurs hôtes. Autant vous dire que le dialogue a rarement été rompu, de l’apéro pris sur leur charmante terrasse avec vue sur Uzerche au dîner savoureux que j’ai pu passer avec eux. De quoi démarrer cette aventure déjà dans l’intensité de moments humains inoubliables. Compter 55 euros la nuit et 15 euros pour le repas (à réserver à l’avance). Infos et réservation : 06 88 20 57 02 ou 06 40 44 28 74
GR46 / Étape 1 : Uzerche – Estivaux
22 km, 6h20, 610m positif, 545m négatif
Je quitte Uzerche par la grande porte – la porte Bécharie, l’unique rescapée des neuf autres qui constituaient l’enceinte fortifiée de la ville – puis par celle, plus petite, d’un sous-bois de cornouillers et de noisetiers où se prolonge le balisage blanc et rouge du GR46.
La Corrèze est verte cette année-là. Très verte, presque fluorescente. Adieu le stress hydrique de l’an passé. La Nature, anémiée, a retrouvé ses couleurs sous l’effet des fortes pluies qui ont arrosé la France en 2024. Certain(e)s diront un peu trop. Mais avec ce climat qui perd les pédales et qui anime désormais les conversations de bars au même titre que la politique, mieux vaut le scénario du trop que du pas assez.
Je me réjouis d’avoir bientôt les pieds douchés par une végétation en mode jungle ou de m’aligner sur des épreuves de saut en longueur par-dessus des flaques d’eau boueuse. J’y vois un bon signe. Celui d’un monde en sursis qui profite d’une pause bienvenue
À ma droite, la mélopée de la Vézère guide mes pas. « Va toujours dans le sens du courant », m’a dit Gilles, de Corrèze Tourisme, avant mon départ. « Si tu es à contre-courant, c’est que tu n’es pas sur le bon chemin. » C’est qu’il s’agit d’attraper effectivement ce GR46 dans le bon sens au départ d’Uzerche. Une seconde d’inattention et on a vite fait de partir vers Treignac et la Haute-Vienne !
Je note que le chuintement du courant s’est maintenant transformé en un vague murmure lorsque le sentier, prenant son élan, gagne des hauteurs nettement plus agricoles. C’est le territoire des brebis et des faucons crécerelles, qui chassent le campagnol au-dessus de prairies fleuries de boutons d’or, indifférents aux activités humaines. Une parenthèse d’asphalte, le temps d’enjamber l’A20 et voilà le GR qui se précipite à nouveau avec empressement vers la Vézère, peu après la ferme du Got.
Insoupçonnable, une petite coursive d’herbes folles et d’arbrisseaux bas de plafond aiguille alors le chemin hors du goudron, à l’approche de la voie ferrée. Non sans surprise, je tombe sur une petite passerelle qui, enjambant le ruisseau d’Anglard, s’engage avec lui dans un tunnel arrondi. L’amorce inédite et enthousiasmante d’un segment long et remarquable en bordure de Vézère.
Je passe un moment d’intimité prolongée avec la rivière qui débite à gros rouleaux, plus loin, à quelques pas seulement du sentier qui la longe en rive gauche. Le GR46 marche bras dessus, bras dessous avec la Vézère, par un sentier sans exigence d’un quelconque effort excepté celui de mettre un pied devant l’autre. Des rais de soleil viennent caresser les tapis de mousse qui, comme une seconde peau, envahissent sans retenue le sous-bois.
L’ambiance baigne dans le vert luxuriant d’une jungle étrange où pépient, habilement camouflés, des pouillots véloces et des troglodytes mignons. Je savoure ce moment en bord de Vézère, calant mon rythme sur celui de la rivière. Peu avant les Bourrats, une série d’escaliers et de passerelles en bois entérinent le charme ludique du tronçon.
Après un bref interlude routier, je retrouve la Vézère au vieux pont de Vigeois. Solidement campé sur ses quatre arches de pierre, ce bel ouvrage classé depuis 1969 aux Monuments Historiques enjambe la rivière sur les 45 mètres d’un ancien gué.
Un passage carrément séduisant de ce GR46 que j’additionne aux temps forts de cette première étape qui n’en manque décidément pas. Je m’y attarde plus que de raison car, à partir de Vigeois, le GR46 prend ses distances avec la Vézère qu’il ne croisera à nouveau que demain, au Saillant.
Au-delà de Vigeois, la suite se passe maintenant en rive gauche – c’est le GR de Pays des Gorges de la Vézère qui occupe la rive droite. Ne surtout pas quitter Vigeois sans avoir pris le temps de découvrir son abbatiale, rare et remarquable démonstration d’art roman en Bas Limousin.
Par d’agréables chemins creux, que sangliers et chevreuils ont imprimé de leur passage, telles des stars d’Hollywood Boulevard, je traverse ensuite une campagne corrézienne paisible et immersive. Châtaigniers du Japon et Chênes Sessiles se mêlent ici aux Charmes pour encadrer le chemin. Dans les taillis, le chant surmené d’un Hypolaïs Polyglotte me fait frôler la tachycardie.
Note : pour celles/ceux qui sont en autonomie et qui auraient passé trop de temps sur Uzerche le matin, sachez qu’il est possible de couper l’étape en deux en faisant étape chez Melissa et Jérôme au Domaine La Valade. Vous pourrez y planter la tente (comptez 5,50 euros pour l’emplacement et 4,50 euros par adulte) et profiter de ce beau site de 11 hectares.
Pour manger, et sous réserve d’avoir prévenu à l’avance, il est possible de se faire livrer un repas préparé par un excellent traiteur de Vigeois. Idem pour le petit déjeuner avec pain et viennoiserie de la boulangerie du village. La Valade est hors GR mais facilement accessible depuis la sortie de Vigeois, au croisement du GR et de la D7. Infos et réservation : Melissa au 07.70.70.71.37 ou Jérome au 06.62.42.59.97 ou par mail clevasion19@outlook.fr
Plus bas, le son proche de l’eau me fait me réjouir de retrouver la Vézère. Trompé sur la marchandise : c’est son affluent, le Brezou, que je franchis par un petit pont routier. Je suis par la suite rapidement de retour parmi la mousse et le lierre, par des chemins ouvrant parfois sur des prés occupés par un troupeau de Limousines.
Cette seconde partie de l’étape se fait plus champêtre, sinuant parmi les champs comme la Vézère dans le fond de ses gorges boisées. Deux routes, presque parallèles, qui dirigent mes pas vers le sud et Estivaux. Depuis les hauteurs du Bois-Coutal je la soupçonne sans la voir. Sur l’autre versant, moins faciles à camoufler, les pignons et une partie des façades du château du Repaire s’aperçoivent parmi la végétation.
C’est dans les détails et l’observation que ces séquences à pied dans la campagne prennent une toute autre dimension. Ici une mélodie courte et étrangement grinçante que je n’ai pas usage d’entendre et voilà un Tarier Pâtre surpris sur un fil électrique ; là une plume sur le chemin trahissant la présence de la Buse dont le cri plaintif ne tarde pas à s’envoler ; plus loin la flèche rousse d’un Chevreuil surpris en train de brouter dans le fouillis de sous-bois en-dessous du Mas. La Nature est vivante et abondante en milieu rural et ma marche en solitaire favorise la mise en alerte de mes sens.
Note : dans le même esprit que précédemment, le Camping du Bois Coutal, situé entre Bois-Coutal et Le Mas, permet un découpage d’étape alternatif. Situé sur le terrain d’une ferme corrézienne, ce petit camping familial ouvert depuis 1983 accueille les visiteurs du 15 avril au 15 octobre. Vous pouvez y poser une tente ou, si vous n’êtes pas en autonomie, y dormir à la nuitée dans un mobil-home, un lodge, une caravane ou une tente aménagée. À noter qu’un petit snack permet une restauration d’appoint mais seulement en juillet et en août. Tarifs à partir de 4 euros l’emplacement + 4,20 euros par adulte. Infos et réservation : 05 55 73 27 66 ou 06 33 23 19 57 ou 06 89 65 38 02 ou formulaire de contact sur le site
Le plaisir qu’on prend à fouler les chemins de campagne tient pour beaucoup au rythme qu’on choisit de leur imprégner. La lenteur et la retenue obtiennent les meilleurs résultats. Je médite sur leurs vertus à l’occasion d’une pause passée au creux des racines accueillantes d’un arbre, sur les berges d’un minuscule étang dont la découverte n’aurait pu être réalisée par un pas trop pressé.
Ralentir celui-ci pour mieux observer et interroger le chemin et ses abords. La stratégie est payante à l’automne pour les champignons mais tout aussi efficace au printemps pour appréhender la vie qui fourmille autour de moi. Jusqu’à sous mes pieds où je manque d’écraser un robuste spécimen de Grand Capricorne du Chêne occupé à traverser maladroitement le chemin qui remonte, dans le creux d’un thalweg.
En montant vers Estivaux, j’ai une fois encore laissé la Vézère derrière moi, à l’instar de Vigeois plus tôt dans la journée. Les retrouvailles furent brèves et largement empêchées par la végétation qui n’autorise qu’un contact distant et essentiellement sonore. De quoi nourrir mon impatience de la retrouver dès demain depuis le belvédère de La Roche, temps fort attendu sur ce GR46.
Où dormir à Estivaux ?
Pas d’hésitation, à Estivaux, on pose son sac à dos chez Gwendoline et Franck au Vallon d’Estivaux. Déjà parce que le lieu est un appel au calme, vaste amphithéâtre de 5 hectares de verdure où on peut à loisir planter sa tente ou opter pour l’une de celles, confortables et aménagées, mises à disposition des visiteurs (à partir de 32 euros).
Ensuite parce que la philosophie lorgne plutôt du côté des pratiques durables : éclairage solaire à détecteur, compostage, épicerie de produits locaux sur place, vaisselle réutilisable et écologique… Enfin parce que le sens de l’accueil n’y est pas calculé mais simplement naturel et profondément humain. « On voulait accueillir chaque hôte comme on accueillerait la famille ou les amis » m’explique Franck pendant le dîner que je partage avec lui et Gwendoline.
On se sent immédiatement bien au Vallon d’Estivaux. Pas de chichi et que du vrai, du spontané. Un stop incontournable pour ne pas oublier qu’il y a encore du bon dans l’Homme. Et, en plus de ça, une petite épicerie-bistrot pleine de bons produits issus de circuits ultra-courts. En prévenant à l’avance, possibilité de manger le soir au bistrot. Infos et réservation : 06 24 99 81 15 (Gwen) ou 06 81 50 60 64 (Franck)
En marge de la rando : le Safran de la Vézère
À moins d’une vingtaine de minutes de marche depuis le centre d’Estivaux, je rends visite à Emmanuelle Jamond qui est safranière. Elle m’accueille à sa boutique constituée de produits transformés à base de safran : confiture, moutarde, miel, sirop, bière… La petite épice aux mille bienfaits est au coeur de son activité et elle m’en parle avec l’énergie de la passion.
« On est arrivé en 2019 (avec Laurent, son compagnon, NdR). Ici avant c’était une ferme avec des espaces assez à l’abandon. On est parti de zéro, il a fallu tout éclaircir et restaurer avant de penser à démarrer une activité. », se souvient-elle. « Moi je ne suis pas du tout agricultrice. Je souhaitais une approche plus douce, plus nature. Au départ j’ai exploré la piste des plantes aromatiques et médicinales jusqu’à mon coup de foudre avec le safran. » Le coup d’envoi était donné.
En parfaite autodidacte, Emmanuelle se forme alors par l’expérience et les rencontres qui vont lui permettre de dépasser ses erreurs et le découragement qui jalonnent forcément une telle aventure. « Le safran ça se vit et c’est vivant. C’est une plante qui a un cycle végétatif inversé qui le fait rentrer en dormance dès le mois de juin et qui fleurit en octobre. Avec lui il faut tenter des choses, agir sur les variables de croissance. C’est une incroyable culture de niche ! »
Le safran est également exigeant : pour en obtenir un gramme, il faut récolter entre 180 et 220 fleurs. Un travail patient et une méthodologie minutieuse sont requis pour travailler la plante. Sans oublier pas mal d’énergie. « Une journée à 6000 ou 7000 fleurs, ça peut nous occuper jusqu’à 3h du matin ! » me confie Emmanuelle.
En marge du safran, Emmanuelle glisse dans la visite la découverte de l’élevage de vaches Highlands de Laurent, une race rustique que ce vétérinaire de métier bichonne pour le plaisir. Pas une vache ici qui n’est son petit nom et qui y réponde ! Un p’tit air d’Écosse sur le Causse !
Infos et réservation : pour permettre à Emmanuelle de s’organiser et de vous recevoir, il est recommandé de la prévenir à l’avance de votre venue. Vous pouvez la contacter au 06 74 76 06 87 ou par mail contact@safrandelavezere.fr
GR46 / Étape 2 : Estivaux – Saint-Viance
17 km, 4h45, 150m positif, 385m négatif
Je quitte Gwendoline et Franck sous un ciel chagrin sitôt mon café avalé. Je fuis la menace de la pluie en me réfugiant à couvert, dans la forêt. J’y retrouve la luxuriance de mes premiers pas, hier, après avoir quitté Uzerche. Les sous-bois luisent d’un vert si outrageusement excessif qu’on les croirait forgé dans de la Kryptonite.
En pénétrant maintenant le territoire de Brive Tourisme, le GR46 marche sur le chemin des écoliers, le même que ceux de Pouch empruntaient au siècle dernier, avec leurs sabots et leurs cartables, pour se rendre en classe à Estivaux. L’itinéraire me surprend au passage du petit pont de Pouch, patiemment restauré en 1949 après que l’original ait été emporté par des inondations.
La forêt sait se faire belle en présence d’un randonneur et, malgré la météo décourageante, elle me met immédiatement dans de bonnes dispositions pour ce début d’étape. À cet instant précis, j’arrive presque à me convaincre que tout est encore possible pour profiter du site à venir de la Roche. Sauf que.
Sauf que le temps de couvrir la distance entre Pouch et la Roche, les choses se sont gâtées. Le ciel s’est purement et simplement effondré, se nourrissant de l’humidité des étages inférieurs pour engrosser cette chape de brume filasse et de crachin humide qui emprisonne maintenant les Gorges de Saillant, de la Vézère et jusqu’au belvédère, où je me trouve.
Je me sens floué, victime d’un scénario du pire qui me prive du panorama attendu. J’aimerais écarter de mes bras ce rideau gris déprimant, souffler dessus comme le loup sur la maison du petit cochon pour le faire s’envoler à la force de mes poumons. Ou attendre. Faire le pied de grue. Lancer une grève de la vue, ou plutôt de la non-vue.
Le tic-tac de la montre, l’impératif du mouvement perpétuel, l’échéance de l’étape à respecter mettent un frein à cette vaine révolte. Si personne n’a dit que courir sur un GR était utile, il n’en demeure pas moins que la progression obéit à certaines contraintes de temps. Je noie donc mon chagrin dans la brume et entame, à contrecoeur, ma descente vers le Saillant.
En marge de la rando : les Coteaux de la Vézère
Malgré la visibilité réduite et la nature ronchon de la météo du jour sur ce GR46, je n’ai pas manqué d’apercevoir ce treillis de vignes qui prend d’assaut les versants raides dévalant d’un côté et de l’autre des gorges de la Vézère. Car on fait du vin, ici, dans cette petite enclave où des vignerons passionnés font vivre des cépages historiques dont l’usage remonte à des temps bien lointains.
« Ici on est sur une faille ardoisière, sur les contreforts du Massif Central et des terroirs réputés depuis le Moyen-Âge. » me détaille Stéphanie Hebert, maître de chai à la cave des Coteaux de la Vézère à laquelle j’ai rendu visite. « Il faut imaginer, à l’époque et avant la crise du phylloxera, que la vigne s’étendait alors jusqu’au bassin de Brive : c’était une surface de plantation supérieure à celle de l’Alsace aujourd’hui. Après ça les gens de Brive se sont réorientés vers du maraichage. »
Seules les pentes actuelles n’ont pas été abandonnées, quoique désormais réservées à un usage plus local. Il faudra attendre 2003 pour qu’intervienne le renouveau et la coopération de viticulteurs ayant foi dans la valeur de cet héritage de schistes ardoisiers pour que les vins de la Vézère repartent à la conquête de la Corrèze.
Un travail qui paye et qui permet aux vins de récolter une IGP – « Pays de Brive » – et une AOC – « Corrèze – Coteaux de la Vézère » en Chenin et en Cabernet Franc. Des distinctions qui récompensent une dynamique locale, presque familiale, capable de produire entre 70000 et 100000 bouteilles par an. Une visite à effectuer impérativement pour tout amateur/trice de vin un peu autochtone qui se respecte !
Informations et contact
Le Domaine est ouvert le lundi, mardi, mercredi et jeudi de 9h-12h et de 14h-18h. Le vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h. L’ouverture le samedi ne se fait qu’en saison ou pendant les vacances scolaires de 9h30 à 12h et de 14h30 à 17h. Téléphone : 05 55 25 24 60 ou mail info@coteaux-vezere.fr
Il est l’heure de retrouver la Vézère, mon lot de consolation après le fracassant loupé de la Roche. Je joins quelques-unes de mes larmes à son puissant courant – bien supérieur aux 50m3/s habituels – qui prend d’assaut les six arches ogivales monumentales du Vieux Pont. Parvenu jusqu’à nous en droite ligne du 16ème siècle et pas pris une ride depuis. Quel édifice !
Saillant marque la sortie des gorges, le lieu où le relief s’incline face à cette plaine de courbes plus douces qui s’étend de Allassac jusqu’à Brive. C’est un endroit imposant où la rivière ouvre de multiples chemins parmi une forêt dont elle a submergé les racines. Assurément un nouveau temps fort sur le tracé du GR46.
Un paysage qui résonne par son spectacle et ses couleurs avec les vitraux de la chapelle du Saillant, qu’on doit à Marc Chagall et qui consacrent les valeurs premières de l’Homme au sein de la Nature. Un cas unique en France et qui, à ce titre, mérite amplement un petit crochet.
En tournant le dos aux gorges pour accompagner la Vézère, maintenant apaisée, vers le sud, je comprends que j’entre maintenant dans une étape de transition. Pour rejoindre Garavet, les trajectoires cèdent désormais à la facilité du rectiligne. Il ne pleut plus mais l’horizon fait grise mine. Au-dessus de moi, le ciel arbore une couleur de goudron abimé. À l’image de celui qui a remplacé le chemin et que je foule à la patience.
Le cheminement se montre moins imaginatif, plus paresseux, abattant du kilomètre frontalement comme lorsque, par exemple, il décide de remonter la départementale jusqu’à Lasteyrie. Une parenthèse très inconfortable qui se referme heureusement au moment où les balises font finalement un pas de côté pour aller chercher un passage parmi les champs fourragers des Reclos.
Et revoilà finalement la Vézère que le tracé du GR46 accompagne jusqu’à Saint-Viance. Derniers kilomètres un peu émus avec celle que je considérais déjà comme une amie. Je la salue en la gratifiant d’un au revoir depuis le pont qui l’enjambe pour entrer à Saint-Viance, terminus de cette étape marquée par un changement flagrant de cap. Je ne la croiserai plus qu’une fois à Saint-Pantaléon et ce sera demain.
Où dormir à Saint-Viance ?
Pour ce soir, je m’arrête chez Olivier et Laurent, heureux propriétaires de l’Auberge de Saint-Viance, une vieille bâtisse rénovée dans un style contemporain maniant à la fois élégance et modernité. J’occupe l’une des 6 chambres de l’hôtel et prend mon dîner dans la salle « René » – baptisée ainsi en hommage aux anciens propriétaires, « Irène » étant la salle du petit déjeuner. Ici, dans l’assiette, c’est une restauration traditionnelle, issue pour l’essentiel d’un circuit court et servie avec le vin de récoltants locaux. Nuitée à partir de 82 euros. Infos et réservation : 05 55 85 15 53 ou mail aubergesaintviance@gmail.com
GR46 / Étape 3 : Saint-Viance – Lissac-sur-Couze
20,5 km – 6h – 580m positif – 555m négatif
Retour sur le bitume pour le départ de cette troisième étape. Pour rejoindre Varetz, il n’y a pas d’autre alternative que d’emprunter la petite route qui surfe sur la partie haute du coteau séparant la Vézère de la Loyre. Peu circulante certes – voire franchement déserte – mais route néanmoins. De là il est possible de faire un crochet par Les Jardins de Colette – voir plus bas En Marge de la Rando.
Le moment est cependant mal choisi pour remettre en question le balisage car l’asphalte sera le compagnon de route par défaut des premières heures de la journée. La disparition des chemins à l’approche de l’immense agglomération de Brive en constitue la principale raison. La difficulté – voire l’impossibilité – de créer de nouveaux passages et, au-delà encore, de les homologuer en constitue une seconde.
C’est pourtant bien une ouverture qui a été réalisée – au forceps certes – pour prolonger le chemin retrouvé conduisant à l’antenne-relais surmontant l’A89. Toujours ça de pris. La troisième se résume à faire traverser l’autoroute par l’itinéraire. Les choix faits pour assurer ici une continuité au GR46 peuvent paraître évidemment discutables mais la réalité est que les options restaient extrêmement limitées.
Aussi ne faut-il pas être trop surpris de venir cogner à l’arrière de l’enceinte close de l’aire d’autoroute du Pays de Brive. Le tronçon n’a rien de séduisant mais reste le seul moyen possible d’assurer la continuité de l’itinéraire vers le sud. Un moment à considérer comme un passage obligé, une transition contrainte par l’urbanisation, avant de retrouver le giron accueillant et apaisant de la Nature.
La dégringolade vers Saint-Pantaléon-de-Larche se fait, à ce titre, dans une émeute d’herbes folles qui n’ont pas vu le coiffeur depuis longtemps. Toujours mieux que le goudron même si, à la sortie, j’en viens à me maudire d’avoir oublié les guêtres qui m’auraient épargné d’accueillir dans mes chaussures toute la rosée du monde. Je patauge littéralement dans deux pédiluves en franchissant pour la dernière fois la Vézère plus bas.
Cette fois c’est un adieu. Arrondissant vers l’ouest et la ville de Larche, la Vézère disparaît à ma vue au-delà du massif pont ferroviaire qui permet aux trains de rejoindre ensuite Brive. La suite, en ce qui me concerne, est de venir à bout de la robuste colline boisée portant, à son sommet, le petit bourg de Gramont Haut. Une ascension dans l’étau de la forêt, effectuée essentiellement sur une piste monotone de gravillons gris.
J’abats ces derniers kilomètres avec une énergie retrouvée, porté par la promesse de la fin imminente de ce long segment de transit démarré hier à la sortie du Saillant. Au-delà de l’antenne-relais du Puy Gramont, la route et les pistes capitulent enfin. Elles n’iront pas plus loin. C’est le temps de la forêt et des chemins retrouvés. Une glissade enjouée que salue à son tour le soleil qui signe de son côté, en fin de journée, un retour providentiel.
Lorsque l’immensité du lac du Causse surgit parmi les arbres, j’ai la sensation qu’un nouveau chapitre du GR46 s’apprête à s’ouvrir, que je me sens prêt à dévorer d’un appétit redoublé. Lissac-sur-Couze, ancienne cité industrielle reconvertie aujourd’hui en station touristique, m’accueille en grande pompe pour la fin de mon troisième jour de marche.
Où dormir à Lissac-sur-Couze ?
Dans le cadre de ce reportage sur le GR46, j’ai pu passer la nuit dans l’un des chalets en bois proposés à la location par le Camping du Lac du Causse. Un peu grand pour un randonneur solo mais fonctionnel et pratique. Sauf que même problématique qu’à Vigeois à La Valade : normalement ce type d’hébergement n’est pas disponible pour une seule nuitée. On en revient donc à la notion d’autonomie ou pas. Infos et réservation : 05 55 85 37 97 ou formulaire de contact sur le site
Si autonome, il y a alors moyen de planter la tente sur l’un des 59 emplacements du camping à partir de 15 euros la nuit. Si, en revanche, pas autonome, il faut trouver une autre solution. Direction alors le Château de Lissac pour une nuit en chambre d’hôte : la grande classe ! Mais la vie de château a un prix : à partir de 130 euros la nuit ! Pas pour toutes les bourses forcément. Infos et réservation : 06 08 14 95 97 ou contact@chateaudelissac.com
Où manger à Lissac-sur-Couze ?
Que vous dormiez au camping ou au château, il n’y a pas de service restauration. À moins d’être autonome et de dégainer le réchaud et un bon vieux plat lyophilisé, il va falloir manger en ville. Ça se passera donc forcément au Relais de Lissac, une excellente adresse bien achalandée en produits de qualité et où on sait bien cuisiner. Le restaurant se situe en face du château et de l’église, au niveau du rond-point central du village. Contact et réservation : 05 55 87 57 32
En marge de la rando : les Jardins de Colette
Après avoir quitté Varetz, il y a possibilité de mettre en pause le « matin-bitume » imposé en faisant un crochet par les Jardins de Colette, à l’occasion d’une petite variante du tracé d’origine du GR46. Ouverts en 2008 à deux pas du château de Castel-Novel où la romancière vécut une dizaine d’années avec son second mari, ces jardins invitent à un voyage dans la vie, l’oeuvre et les régions où Colette séjourna.
« C’était une plume avant-gardiste et une personnalité atypique », m’explique Catherine Bezos, la directrice des Jardins. « Elle va écrire près de 60 romans mais aussi faire du music-hall, devenir reporter de guerre, tenir un institut de beauté… » Une existence affranchie de toute contrainte que raconte un circuit conçu autour de six univers thématiques distincts comme la Bourgogne – son enfance – la Bretagne, la Provence… Des lieux où s’écrivent des chapitres importants de la vie de l’auteure.
Le tout est pensé et entretenu dans une philosophie durable, en mode « zéro phyto ». « Colette c’était quelqu’un qui était profondément éprise de liberté. Elle disposait d’une ouverture d’esprit que beaucoup de femmes de son époque n’ont pas eu. On a souhaité le respecter. Ici, par exemple, les gens ont le droit de traverser les pelouses, ils peuvent aller toucher les fleurs, les sentir. »
En 2016, les jardins vont plus loin et intègrent des jeux géants pour s’amuser en famille qui s’ajoutent à l’immense labyrinthe végétal en forme de papillon de 5000m2 ! « Chez nous, le concept c’est de poser son téléphone et de partager un moment humain avec les gens et avec des jeux bien connus ». Marelle, dominos, mikados sont là mais version XXL.
Et si c’est intergénérationnel c’est encore mieux ! « On a des grands-parents qui nous remercient », me raconte Catherine en souriant. « Ils nous disent : enfin des jeux qu’on connaît ! » Ludique et pédagogique, dans le respect du parcours de découverte consacré à Colette, l’endroit fait s’agiter la matière grise et convoque l’âme d’enfant qui sommeille en chacun de nous, de l’ado aux seniors.
Une boutique et un salon de thé complètent l’offre et parachèvent ainsi une visite bienvenue avant de se remettre en route vers Pantaléon. Pour rejoindre ensuite le GR je vous recommande d’emprunter la route de la Chassagne puis de monter par celle de Lavialle.
Informations Pratiques
Les Jardins de Colette sont ouverts de fin mars à début novembre. Pendant les vacances de Pâques et la Toussaint, ils sont ouverts tous les jours de 10h à 18h. En Avril, Octobre et Novembre (hors vacances scolaires toutes zones confondues) l’ouverture est du mercredi au dimanche de 14h à 18h. En Mai, Juin et Septembre du mardi au dimanche de 10h à 18h et en Juillet et Août, ils sont ouverts tous les jours de 10h à 19h. Plus d’infos : 05 55 86 75 35 ou formulaire de contact sur le site internet
GR46 / Étape 4 : Lissac-sur-Couze – Turenne
19,5km, 5h45, 475m positif, 275m négatif
Départ matinal pour ce dernier jour de marche sur le GR46. Un choix nécessaire pour la gestion équilibrée d’une étape avec de la distance, un train à ne pas manquer en fin de journée et une furieuse envie de ne pas bâcler mon passage par Turenne.
Je n’aime pas la course et me lever tôt ne m’effraie pas. L’aube est de surcroît un moment gratifiant. S’éveiller avec la Nature, bien avant que les échos grossiers de la société humaine ne viennent polluer sa tranquillité et la douceur de ses chants, s’apparente à de la connivence.
J’ai de la chance ce jour-là en plus. Un brouillard fragile s’est répandu à la surface du lac, dansant avec hésitation dans l’air et emprisonnant les sons. Un Héron Cendré décolle avec prudence de derrière l’ancien moulin de Lissac et s’évanouit rapidement dans un voile de brume.
Le soleil est maintenant proche de percer la chape mouvante oscillant au-dessus de l’eau. Parfois même aperçois-je la silhouette sombre de l’église de Chasteaux qui émerge de la cime des arbres, là-haut sur cet éperon boisé où le village a poussé.
Qu’il s’agisse de Chasteaux ou du Soulier, les petits bourgs du lac arborent avec fierté les couleurs d’une géologie riche et variée qui, jadis, donna lieu à une frénésie d’extraction de matériaux en tous genres et dont les maisons, robustes et cossues, témoignent toujours aujourd’hui.
J’étais déjà venu par ici il y a quelques années. C’était alors mon baptême de la Corrèze, le terme d’un voyage de quatre jours pour lequel Florent, accompagnateur du Bureau des Guides de la Montagne Limousine, avait alors été mon guide – voir l’article : À la Découverte du Causse Corrézien.
Je pénètre maintenant dans le vallon de la Couze, longue section boisée devant me remonter patiemment jusque sur le Causse Corrézien, au niveau de La Fage. Sur le papier « un simple et classique tronçon de sous-bois » m’étais-je dit en amont. Dans la réalité et les lumières encore jeunes du jour naissant, un véritable enchantement.
Ce tour de magie, on le doit notamment aux roches affleurant de part et d’autre parmi les arbres. Le sentiment de progresser dans un corridor de plus en plus large, au sein d’un univers hybridant forêt, rochers pétrifiés et porches caverneux, se fait à chaque pas plus tenace.
Défendu par des versants boisés à la pente redoutable, le vallon abrite ainsi la Couze qui, après avoir couru à sa Perte, plus en amont, disparaît momentanément de la surface de la Terre pour explorer les souterrains du Causse. Elle rejaillit plus bas, au niveau de la résurgence du gouffre du Blagour, dont il est possible, depuis le sentier, d’apercevoir les massives murailles en dissimulant l’entrée.
Je poursuis mon chemin dans cette Brocéliande corrézienne que n’aurait sans doute pas renié Merlin. Il y a de la bienveillance qui suinte de cet univers de mousses, d’écorces et de lumières tamisées. On en sort en un claquement de doigts, par la petite porte d’un simple trou ouvert dans la végétation. Le masque du quelconque pour mieux dissimuler le petit trésor sylvestre s’étendant secrètement au-delà.
La civilisation du pétrole, ignorante de ces univers païens, se rappelle à moi au passage de l’A20. Je presse le pas pour écourter ce moment, disparaissant à nouveau dans le secret des chemins, au-delà du château de La Fage.
Avec un peu plus de temps, j’aurais fait le crochet par le gouffre voisin éponyme, joyau souterrain de 25 mètres de profondeur qu’étudia, en 1891 et 1892, le célèbre Édouard Alfred Martel, père de la spéléologie moderne et à qui l’on doit l’exploration du Grand Canyon du Verdon. Non, vous ne rêvez pas, c’est bien à lui que rendu hommage le fameux sentier Blanc-Martel !
Je m’enfonce plus profondément dans les sous-bois du Causse. Une inattendue petite échelle en bois m’aide plus tard à franchir une lèvre rocheuse perçant l’humus. J’y vois comme une frontière, la mise en place d’un nouveau décor. Timidement en effet, en nuances discrètes, la forêt se transforme.
La proximité géographique avec le Lot se lit dans les essences qui bordent le chemin, dans le dessin et la coloration brune plus marquée de celui-ci, dans la présence plus prégnante de ces murets de pierre sèche dont ce territoire raffole. J’ai l’impression d’avoir fait un voyage dans le temps quand, deux ans plus tôt, je faisais des images sur le Chemin de Compostelle entre Figeac et Cahors.
Le GR46 a maintenant rejoint Jugeals-Nazareth. Un nom de commune qui résonne d’une flagrante sonorité juive. Rien d’étonnant quand on sait que le petit village corrézien a abrité, de 1933 à 1935, le plus grand kibboutz de France. Entendez un lieu où ont trouvé refuge de jeunes juifs pour apprendre le métier d’agriculteur avant de partir pour la Palestine.
À l’est de Jugeals-Nazareth, le paysage se creuse mais sans brutalité. Ici les collines ont des formes généreuses et des rondeurs douces à l’oeil. Me voici dans la Tourmente, nom qui sonne étrangement faux dans cette exposition de ruralité apaisée.
La Tourmente c’est cette petite rivière qui accompagne les trains de la ligne de chemin de fer jusqu’à croiser, bien plus au sud, la route de la Dordogne. Je lui emboîte le courant le temps de quelques foulées bucoliques au cours desquelles m’apparaît le château de Turenne et son drapeau claquant au vent. Un terminus prestigieux que le GR46 atteint au terme d’un dernier effort.
Dans le respect de la tradition défensive médiévale, Turenne a poussé sur une éminence à la taille de guêpe et à la pente respectable. Me voici, solitaire, montant prendre d’assaut ce qui fut, entre le 14ème et le 18ème siècle, une vicomté particulièrement puissante, authentique État dans l’État – elle battait sa propre monnaie – parmi les plus grands fiefs du royaume de France à cette époque-là.
Sa vente à Louis XV en 1738 signe le début de sa fin. Démantelé pierre par pierre, le château affronte son déclin, sombrant dans le sommeil de l’oubli plus de deux siècles durant. Quand j’en atteins les murailles, un bataillon d’échafaudages emprisonnent ses façades sud et est. Un siège contemporain et signe de renouveau.
Sous l’impulsion de son nouveau propriétaire, Édouard de Broglie, le château de Turenne veut s’offrir une nouvelle jeunesse. Le lifting a un coût à la hauteur des ambitions. Au carrefour d’axes historiques – terrestre, entre Limoges et Toulouse, ou fluvial avec la Dordogne – Turenne et son château voient à nouveau grand.
Leur objectif : ressusciter une présence et un prestige sur ce petit bout méridional de Corrèze entre les Plateaux du Limousin et les grands causses du Quercy. Un souffle d’histoire qui me balaie le visage depuis le sommet de la Tour de César, érigée au-dessus des jardins suspendus du château, lieu symbolique et spectaculaire pour conclure cette aventure sur le GR46.
>> Le GR46 se poursuit ensuite dans le Lot en direction de Rocamadour
En marge de la rando : le château de Turenne
Grâce à Édouard de Broglie, le château de Turenne revit. Après sa mise en vente – partielle – par l’État en 1920, il devient propriété privée. Si les visites étaient alors possibles sous certaines conditions, on était loin du projet de restitution au public du lieu porté par son nouveau propriétaire. Turenne version 2024 a retrouvé son ambition mais doit, auparavant, consolider son assise.
Les travaux menés actuellement par la DRAC oeuvrent ainsi au renforcement du rocher sur lequel il se tient. Un projet fou, mais indispensable, qui devrait s’étaler sur 5 à 6 ans. « L’idée, ensuite, sera d’ouvrir un restaurant gastronomique et panoramique qui donnera sur la vallée de la Tourmente, ainsi que des chambres d’hôtes », me détaille Katia Mamlina, la responsable du site. « Pour le grand public, on a également toute une programmation estivale pour faire vivre le château autour de grands événements. »
Au moment de mon passage, le site baigne dans l’effervescence de la préparation de la première édition des Musicales de Turenne. Le coup d’envoi d’un agenda festif qui prévoit ensuite, en pleine saison, un concert hebdomadaire chaque jeudi avec une possibilité de dîner dans les Jardins Suspendus. « On a appelé ça Dîners dans le Ciel », glisse Katia en m’expliquant le concept. Le château de Turenne, pris à nouveau dans les courants de l’Histoire, pourrait bien, à terme, devenir la nouvelle place forte de la culture en Corrèze.
Informations Pratiques
Le château est ouvert de fin mars à début novembre, de 10h30 à 18h30 – 19h30 en juillet et août. En nocturne jusqu’à 22h30 les mardi et jeudi ainsi les 27 et 28 Juillet, 3 et 4 août pendant les Musicales et les Dîners dans le ciel. Le tarif d’entrée est de 7,90 euros pour les adultes (réduit à 6,50 euros pour les moins de 18 ans, étudiants, séniors, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap) et 5,90€ pour les enfants de moins de 12 ans. C’est gratuit pour les moins de 7 ans. Contact : 05 19 31 02 68 ou formulaire de contact sur le site
Où manger à Turenne ?
À Turenne, où je suis arrivé aux alentours de midi après mon départ aux aurores, j’ai mangé un bout à La Gargouille. Déjà parce que je trouvais l’endroit joli avec sa petite terrasse extérieure donnant sur la muraille du château. Ensuite parce que sa carte de petits plats et de tapas faits maison avec des produits locaux m’a fait de l’oeil. Je n’ai pas été déçu. C’est la bonne adresse gourmande où faire la pause. Je vous la recommande. Infos et contact : 05 55 74 35 09 ou mail gargouille.turenne@gmail.com
Rejoindre la gare de Turenne
Il vous faudra encore marcher quelques kilomètres pour rejoindre Turenne-Gare (+3km et 50mn). Quitter d’abord le village par son portail sud en suivant le balisage blanc et rouge. Au débouché de la rue Droite prendre à gauche la route de Coutinard et suivre le tracé du GR480. Attention à ne pas continuer tout droit : c’est la suite du tracé du GR46 !
Passer devant le cimetière et, plus loin, prendre à droite le chemin de la Croix de Belonie. Continuer au bout par un chemin. Descendre et atteindre le haut d’une voie. L’emprunter et continuer à descendre jusqu’à une intersection. Tourner à droite et suivre la route jusqu’à la gare qui se trouvera à gauche.
GR46 d’Uzerche à Turenne : à vous de jouer !
Quatre jours, ce n’est pas la mer à boire pour se rendre disponible et poser ses RTT. L’arrivée et le départ par le train sans nécessité de venir avec un véhicule personnel consolident l’argumentaire de cette parenthèse itinérante corrézienne. La lecture du reportage a achevé de vous mettre des envies de Corrèze en tête. C’est très bien. Mais, avant de partir, voici quelques conseils et recommandations pour être certain(e) de vivre une expérience inoubliable.
Où puis-je trouver le topoguide du GR46 ?
Facile : nulle part ! Il n’existe pas. La rando-fiche non plus. Ça, c’est fait ! Pour rester sur le bon chemin, la trace GPX sera votre alliée la plus précieuse. Et comme vous savez que je prends toujours soin de vous, vous pouvez me la demander en m’écrivant à l’adresse contact@carnetsderando.net. Je réponds également, si nécessaire, à toutes les questions que vous vous poseriez au sujet de ce GR46 et auxquelles l’article n’aurait éventuellement pas répondu.
Est-ce que le GR46 est bien balisé ? Est-ce que j’ai besoin de ta trace GPX ?
Au moment de mon passage, le balisage était inégal. Très qualitatif sur l’étape 1 et une partie de l’étape 2, puis un peu moins sur la fin de cette deuxième étape et le début de la troisième, avec carrément un segment catastrophique : le territoire m’a cependant affirmé que ces quelques écueils avaient été corrigés depuis mon passage. Les choses repartent ensuite à la normale après Lissac. L’appui de la trace peut néanmoins demeurer utile.
Est-ce que les chemins sont propres ?
J’ai réalisé ce trek sur le GR46 à la fin du mois de mai et sur une année de précipitations abondantes en sortie d’hiver. Le genre d’année où la végétation fait la fiesta dans les sentiers si vous voyez ce que je veux dire. Dans la très grande majeure partie des cas, l’entretien de l’itinéraire restait pourtant excellent. Étrangement sa qualité suivait la courbe de celle du balisage.
C’est donc à peu près aux mêmes – et rares – endroits où ce dernier virait à la catastrophe (voir ci-dessus) que la praticabilité du GR souffrait le plus de laxisme. Ça n’a cependant représenté que quelques kilomètres en J3, entre le passage sous le viaduc de l’A89 et l’arrivée à Saint-Pantaléon-de-Larche. Mineur donc bien que certes agaçant. Il va de soi que, selon l’année et la saison, cette donnée reste subjective et variable.
Est-ce que c’est mieux de le faire en autonomie ou pas ?
Voilà une question cruciale dont la réponse reste irrémédiablement liée au budget et, plus particulièrement, à la fin de l’étape 3 à Lissac. Si vous avez lu entièrement le reportage, vous aurez constaté que la seule offre d’hébergement possible en-dehors du camping c’est le château de Lissac et sa nuit à 130 euros minimum. Si craquer le budget est totalement exclu pour ce qui vous concerne, se reporter à la tente représente l’unique solution pour cette étape.
La question de l’autonomie ou non ne se posera donc pas : pour moi, c’est oui évidemment. Hors considération budgétaire, je trouve que, tente ou pas, ça reste sympa et vivement recommandé de pouvoir passer un moment avec des hébergeurs passionnés par la rencontre, l’échange et pétris d’amour pour leur territoire. Et si vous souhaitez couper la poire en deux et jongler entre nuit « en dur » et en tente, je vous recommande de privilégier l’arrêt chez Agnès et Fernand à Uzerche et chez Franck & Gwen à Estivaux.
Est-ce que le GR46 est un GR difficile ?
Honnêtement ? Pas vraiment. Le GR46 est un GR de contemplatifs et de gens pas pressés. C’est davantage de la distance que du dénivelé et les chemins sont, pour l’essentiel, très bons. N’allez tout de même pas croire qu’il se fait sans effort, ce serait mentir. Mais ça reste un itinéraire à la portée du plus grand nombre, sans le moindre piège.
Tu dirais que c’est pour quel public ce GR46 ?
Ces quatre jours, c’est un équilibre habile de nature et de patrimoine avec, en entrée et en sortie, deux superbes villages à découvrir. En Corrèze randonnée doit rimer avec curiosité. Ouvrez vos yeux, ouvrez vos oreilles et appréciez d’aller à la rencontre des locaux. Ce n’est pas un itinéraire pour les grognons ou celles/ceux qui fuient les échanges.
La richesse humaine de la Corrèze contribue à la qualité de l’expérience. L’itinéraire séduira également les solitaires – mais les solitaires affables et sociables je précise ; pas les ours(es) taciturnes ! – car, pour l’heure, les sentiers corréziens sont largement préservés du tourisme de masse. L’axe Uzerche-Turenne est très peu fréquenté et donne donc lieu à une déconnexion totale.
Qu’est-ce que tu retiens comme temps forts sur ce GR46 ?
L’entrée et la sortie de ces quatre jours sont remarquables. Démarrer à Uzerche et finir à Turenne, c’est fort et ça crée une sorte de continuité, de cohérence pour le linéaire. C’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié. J’ai aussi totalement bloqué sur le segment en bordure de Vézère de l’étape 1 : on y est presque les pieds dans l’eau ! Et les sous-bois et les aménagements comptent pour beaucoup dans le plaisir qu’on a à cheminer sur cette partie de l’itinéraire.
Ensuite il y a la sortie des gorges au niveau de La Roche. Bon, moi j’ai pas eu de chance avec le temps mais ça compte parmi les temps forts au programme. Sans oublier le Vieux Pont du Saillant. Si on ajoute ces petits chemins ruraux tantôt creux, tantôt en sous-bois, c’est du solide de Uzerche au Saillant.
Après l’autre temps fort, c’est le Causse Corrézien. Ça commence par l’arrivée à Lissac-sur-Couze et à la beauté de son lac. On change d’ambiance et c’est assez gratifiant. Idem avec la remontée du vallon de la Couze : une vraie plongée dans des sous-bois enchantés. Jamais ennuyeux malgré la distance à parcourir. Un segment franchement sympa. Et puis, enfin, Turenne. Le village et le château. Un point final vraiment prestigieux pour ce segment corrézien du GR46.
Est-ce que tu as quelques critiques à formuler sur ce GR46 ?
Il y a toujours des remarques à faire sur un itinéraire de grande randonnée. C’est faire preuve d’objectivité que de relever les petites à grosses imperfections d’un parcours qui méritent d’être corrigées. Ce sont des éléments qu’il me semble honnête de porter à la connaissance des futurs trekkeurs/ses.
Dans le cas du GR46, mon seul et unique véritable coup de gueule à l’époque a été l’état – ou plutôt le non-état – de la signalétique au niveau de l’aire de service du Pays de Brive. Mais ma remarque – remontée jusqu’au territoire – a été payante puisqu’il m’a été confirmé par le département que, depuis mon passage, cet endroit a bénéficié d’une remise à jour du balisage. La critique se fait donc désormais obsolète.
Globalement toute la section qui franchit l’ouest de l’agglomération de Brive constitue malgré tout une forme de ventre mou mais ça n’a rien de vraiment étonnant. Le passage des GR en ou proche d’une métropole sont de plus en plus confrontés au problème de la disparition des chemins. Ce qui explique la présence plus marquée du bitume et des routes en guise de cheminement.
Il faut considérer ces segments comme des transitions nécessaires. Ce n’est pas éternel mais pas forcément marrant non plus. À ce sujet le choix de la D9 pour progresser entre Garavet et Lasteyrie en J2 en est un exemple concret. Factuel mais qui, à mes yeux, ne remet pas en cause l’intérêt du reste du tracé. Que ça ne vous empêche pas de profiter du reste de ce très recommandable GR46 !
Très sincères félicitations à l’auteur pour ce carnet de route très abouti. Pour moi, c’est un travail de grande qualité. C’est très structuré et extrêmement complet, dans tous les domaines ( renseignements concrets, histoire, faune et flore, géographie, ressources touristiques, personnalités rencontrées… ). Ce « randonneur journaliste » écrit vraiment très bien et il est fort agréable à lire. Voilà plus de six décennies que j’arpente régulièrement ces chemins et, pour moi, les avis de l’auteur sont extrêmement objectifs. De surcroît, les photos sont magnifiques. Je n’ai qu’un seul regret, c’est de ne pas avoir rencontré le marcheur lors de sa halte à Estivaux, dans ma commune natale et de résidence. J’aurais eu plein de questions à lui poser, en particulier sur sa manière de travailler ( prises de notes en cours de route ou pas, etc… ). Grand bravo pour l’ensemble de ce travail.
Bonsoir Jacques,
Voilà un message qui me va droit au coeur et ce d’autant plus sachant qu’il est rédigé par un connaisseur et amoureux du territoire. Je suis ravi si, en tant que « simple touriste » et marcheur j’ai réussi à capturer un peu de l’esprit de la Corrèze dans ce reportage. J’espère avoir l’occasion de revenir pour poursuivre mon exploration de ce beau département. Au plaisir d’échanger avec vous à une autre occasion.
David