A la découverte du Causse Corrézien

Si, pour vous, Causse est synonyme d’étendues immenses, plutôt arides et à la végétation rare, alors le Causse Corrézien pourrait bien être une véritable surprise. Avec ses forêts profondes et atmosphériques et son grand lac où le tout Brive-la-Gaillarde se donne rendez-vous, voilà décidément un Causse qui affiche sa différence. Les activités de pleine nature y sont légion et, parmi elles, la randonnée tient forcément une place d’honneur. Parmi les boucles proposées, l’une d’elles a particulièrement retenu mon attention : celle des Trois Villages, un itinéraire complet pour s’introduire, en un tour de lac, à la nature toute particulière de ce véritable causse géologique.

Difficulté : moyen | Longueur : 14 km | Durée : 4h | Dénivelé : 300m

Le ciel est gris au-dessus du lac du Causse. Pour ce dernier jour en Corrèze, la météo a décidé de ne pas être de la partie. Rien qui n’entame notre enthousiasme pour aller réaliser quelques images autour de ce lac majeur qui, je l’apprends très vite, est une des destinations favorites des habitants de Brive pour leur séance d’oxygénation. Il faut dire qu’il y a tout ici : un cadre naturel agréable, une étendue d’eau apaisante et accueillante, pléthore d’activités de pleine nature. Et, bien évidemment, d’une panoplie d’itinéraires de randonnée pour partir à la découverte du lieu. C’est l’une d’elles, au départ de Chasteau, que Florent a choisi de me faire parcourir pour ce reportage. Perché sur sa colline, affublé de son château et faisant face au lac, le petit village est l’un des trois que je découvrirai sur mon chemin. Après avoir dégringolé par le cimetière, Florent et moi nous engouffrons rapidement sous les arbres, sur la piste des petites balises qui disparaissent dans la forêt.

Belle ambiance au coeur d’une forêt changeante, tant dans sa forme que dans ses lumières. On se laisse happer par l’atmosphère des lieux, mû par une envie délibérée de sortir de la trace balisée pour s’égarer dans ces sous-bois envoûtants

La forêt. C’est l’un des éléments omniprésents de cet itinéraire. Elle est encore différente des forêts précédemment découvertes dans les autres épisodes corréziens. Est-ce cette météo obscure, mais elle m’apparaît ce jour-là un peu mystérieuse et fantasque. Le plus on progresse vers son coeur, le plus on semble pénétrer des endroits insondables. L’atmosphère s’y fait feutrée et humide, les chemins y deviennent des traces étroites qui basculent dans des ravins dont on ne soupçonnait pas l’existence. La mousse, abondante, s’écoule en masses épaisses le long des troncs et recouvre les rochers. Inattendue est peut-être le qualificatif qui me vient le plus facilement à l’esprit pour résumer mon expérience dans la forêt du causse corrézien. D’ailleurs, une forêt sur un causse, cela paraît un peu contradictoire, non ? Tout comme un lac en fait. Cette luxuriance a de quoi surprendre en effet pour qui associe habituellement l’image du causse à celle d’un espace immense, plutôt glabre, sec et désert. En Corrèze, pourtant, il n’en est rien.

Si, au sens géologique du terme, Florent me confirme bien que nous nous trouvons sur un causse – plus précisément dans le prolongement du causse du Quercy, situé dans le Lot – il m’explique également que la particularité du causse corrézien est de ne pas répondre aux critères habituels qui définissent ces énormes socles calcaire. Rien à voir ici avec le Causse Noir ou le Causse Méjean : le Causse Corrézien revêt l’habit verdoyant et généreux d’une nature où il fait bon vivre. Le lac du Causse, coeur palpitant du lieu, en est le témoin vivant, entouré de ses trois villages : Chasteau donc, puis Saint-Cernin-de-Larche et, enfin, Lissac-sur-Couze. Un triangle dont le randonneur relie chaque extrémité. Saint-Cernin est une halte agréable avant l’escalade de l’autre versant du Causse. A l’option « chemin », nous préférons en effet une courte – et facile – parenthèse rocheuse qui nous amène directement à la Vierge de Fournet. Au sommet de cet isthme dénudé, la vue sur le sud de la Corrèze est excellente.

Au-delà de la pointe du lac, les villages s’égrènent en chapelets dans un bel écrin de verdure que surmontent des collines boisées lointaines. Que de changement depuis le Plateau de Millevaches il y a plusieurs semaines !

Sur cette deuxième partie de la randonnée, la vue se fait davantage ouverte. La forêt, moins omniprésente, est souvent remplacée par de belles fenêtres sur le lac du Causse. Ancrée dans un écrin boisé et verdoyant, cette jolie étendue bleutée confère fraîcheur et sérénité à notre itinéraire. Après l’avoir jaugée d’en haut, on en rejoint plus tard les berges paisibles après avoir traversé le village de Lissac-sur-Couze dont on ne manquera pas d’admirer le robuste château. A ce stade, le marcheur fatigué rejoindra Chasteau par une brève ascension soutenue. En revanche, le randonneur encore curieux pourra, comme Florent et moi, aller profiter d’un intéressant coup d’oeil sur le village du sommet de la Côte Pelée. Au sommet de cette butte aux versants chauves, sur laquelle s’épanouit une végétation quasi méditerranéenne, on peut en effet profiter d’un point de vue unique sur Chasteau ; mais aussi, de l’autre côté, sur la luxuriante vallée de la Couze, creusée au-delà d’inattendues et minuscules falaises. Une variation de l’itinéraire original, qui ajoute un peu de distance et de dénivelé certes, mais qui donne au point final une tonalité à part. A faire si vos jambes vous le permettent !

– INFOS PRATIQUES –

Carte : ha mince cette randonnée est à cheval sur deux cartes IGN… Des fois c’est sur trois, l’angoisse ! Bon sinon, aujourd’hui, pour pallier à ce problème, sachez que l’IGN propose un service « à la carte » – c’est le cas de le dire – pour commander en une carte la partie qui vous intéresse. Autrement voici les références des deux cartes concernées par ce reportage : la TOP25 1/25000è 2135O Brive-la-Gaillarde et la TOP25 1/25000è 2035E Terrasson
Accès : en voiture, depuis Paris, A10 jusqu’à Orléans, puis A71 jusqu’à Vierzon : de là l’A20, direction Limoges, puis Toulouse. Prendre la sortie 51 et, au rond-point, après le péage, tourner à gauche pour repasser au-dessus de l’autoroute. Au rond-point suivant – pas celui de l’autoroute, hein ! – tourner à droite, passer au-dessus de la voie-ferrée et rejoignez un nouveau rond-point. Là vous partez à droite, par la D59, direction Lissac. Au rond-point de Lissac, vous filez en descente à gauche jusqu’à l’intersection avec la D154, dans le petit hameau du Soulier. Là vous partez à droite, ça monte un peu et il faudra peu après monter à droite, direction Chasteau. Il y a un petit parking au niveau de l’église avec le mobilier du départ de la randonnée. Vous pouvez bien sûr également rejoindre la sortie 51 depuis le sud, en venant de Toulouse, mais aussi depuis Bordeaux, par l’A89 : jonction avec l’A20 entre les sorties 49 et 50. Il faut donc suivre la direction Toulouse quand vous arrivez de l’A89 !
Topo : le topo de cette randonnée est disponible en version imprimable sur le site Corrèze Rando. Il y a également une version mobile et la trace GPX : que demander de plus ?
Liens utiles : le territoire du Causse dispose de son propre petit site : ça s’appelle tout simplement Lac du Causse Corrézien et ça inventorie quelques sympathiques possibilités de découverte. Je vous parlais aussi de Corrèze Rando précédemment. Je le recolle ici en rappelant qu’il propose de nombreuses autres suggestions de randonnée en Corrèze, à pied mais aussi à vélo. Le site officiel du département c’est bien sûr Corrèze Tourisme, indispensable pour découvrir le territoire dans sa globalité.
Les hébergements : je n’ai pas dormi sur place – j’arrivais de chez l’ami François, à la Mérelle, ce matin-là. Et je suis reparti directement à la maison à l’issue de la randonnée. Donc je n’ai rien testé et je n’ai pas de bon plan particulier à vous proposer, dommage. Le mieux est encore de se rendre sur la page Hébergements du site du Lac du Causse. Vous y trouverez probablement votre bonheur !

EN BREF

Intéressante incursion sur cette nouvelle variation sur le thème de Compostelle. On y retrouve ce lien entre la marche, l’esprit et la nature. La solitude y empreint davantage la randonnée. Un atout certain pour les pèlerins rebutés par l’effet de masse généré par le Chemin sur ces voies plus classiques. Le tout dans les paysages délicatement bucoliques de la Corrèze et avec un sérieux risque d’accueil généreux auprès des habitants !

 

by-nc-ndCe reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.

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