Luberon secret : le site de Buoux revisité

Il y en a du monde qui vient se promener dans ce petit secteur du Luberon. Un accès voiture plutôt facile, des possibilités de balades courtes dans un environnement de falaises du genre plutôt sympa, un petit ruisseau qui coule au milieu, un château, un coin pour se poser, manger un morceau ou boire un coup… Autant dire une belle manche d’atouts pour attirer le touriste. En mode un peu plus sauvage, j’ai cherché comment profiter du lieu en évitant les autoroutes. Un objectif qui a plutôt pas mal fonctionné grâce à un réseau de sentiers un peu perdus de vue que j’ai tenté de réhabiliter. De quoi offrir, en plus, des angles de vue inédits sur les falaises de Buoux. Suivez le guide.

Les espaces pour stationner ne manquent pas une fois engagé sur la petite route conduisant aux Seguins. Garez-vous où vous voulez : le tout étant de se retrouver à pied d’oeuvre face au poteau indicateur de Moulin Clos. De là, les balises rouge et jaune du GR® de Pays du Tour des Claparèdes nous mènent en direction du Fort du Buoux ; par une route goudronnée d’abord puis, après avoir passé la grille d’accès au site, par une large piste. Après avoir arrondi sous une gigantesque baume, le GR®Pays laisse l’entrée officielle – et payante – du fort à gauche pour continuer à s’élever, à droite, à travers le vallon de Serre. Alors si vous avez cinq minutes – ou plutôt une bonne heure – n’hésitez pas à visiter le fort, une belle citadelle provençale perchée sur un éperon rocheux, face aux falaises du Buoux. Des siècles d’histoire à parcourir et, au bout du site, un escalier secret, taillé directement dans la roche et intégré à la falaise. En bonus, de superbes vues sur les alentours depuis le site.

fort du buoux

Une volée de 60 marches, taillées dans le rocher et presque invisibles selon l’angle de vue. Le petit secret du Fort du Buoux.

Mon chemin à moi, il ne passe pas par le fort. Il faut donc remonter un peu ce GR®Pays jusqu’à l’altitude de 550 mètres. Un dégagement apparaît à gauche du chemin : sans doute un espace pour permettre aux chasseurs de stationner (1). Il faut y entrer et prendre le petit sentier qui apparaît en haut à gauche de cet espace, très aléatoirement balisé par de vieilles traces de peinture rouge – aujourd’hui plutôt rose pale, avouons-le… Il s’élève à travers les chênes et les buis, traverse un petit affleurement rocheux puis contourne le relief sur lequel on se trouve pour arrondir dans l’axe de l’éperon du fort, à main gauche. Une courte descente et nous voilà au pied du vallon du Colombier, très sauvage dans sa livrée d’automne naissante. Tellement sauvage qu’on aurait presqu’envie de le remonter, mais non. Arrivé à un petit espace circulaire dégagé, il faut partir à gauche par une trace s’élevant au-dessus du vallon (2). On sort rapidement la tête de la forêt pour remonter le versant grâce à un ancien chemin dont on remarque encore les murets en pierre servant au soutènement. On arrive ainsi à un vague col, indiqué sur la carte IGN par le point côté 614.

buoux

Depuis l’extrémité du Fort du Buoux, une vue inédite et spectaculaire sur les falaises de Buoux et le vallon d’Aiguebrun

A partir de là, la section de sentier est fort sympathique, tirant à flanc en direction du GR®9, plus loin vers l’est. Alors attention en arrivant à proximité du secteur de « la Montagne » : le petit carré noir que vous voyez sur la carte c’est une propriété privée (3). Un sentier a été bricolé pour la contourner par en-dessous et rejoindre le GR®9. Ne le manquez pas ! Vous tomberez aussi, peut-être, sur le chien de la maison, qui n’hésite pas à aller au-delà de son territoire pour vous aboyer dessus. Un peu pénible mais il suffit d’aboyer plus fort que lui. Peu après on récupère la piste grossière où est tracé le GR®9 : pas terrible. On la descend rapidement jusqu’à ce terre plein, plus bas, où la piste redevient route. Oublions-la et tournons-nous plutôt de l’autre côté, vers cet accueillant sentier vaguement caladé qui repart, non balisé, vers le nord et la partie amont du vallon d’Aiguebrun (4). En le suivant on arrive à un beau belvédère sur l’entrée du vallon, signalé par un cairn à hauteur d’homme.

buoux aiguebrun

Le belvédère, peu après avoir abandonné le peu attrayant GR9. En s’écartant du balisage officiel, le décor reprend l’envergure qu’il mérite.

La suite de l’itinéraire est superbe. Peut-être l’une des plus belles sections de sentier de ce parcours. A se demander pourquoi elle n’est pas officiellement balisée ? Vous allez ainsi remonter le vallon de Chantebelle par un magnifique chemin caladé et emmuré qui fait face, de l’autre côté, à des falaises aux formes incroyables. Il y a une lumière magnifique en ces lieux. Au fond du vallon, le sentier, toujours aussi agréable, mais davantage ombragé, remonte en quelques lacets (5) vers Chantebelle, propriété privée également mais dont une partie, dédiée à de l’exposition d’artisanat, est ouverte au public. Ne craignez pas de la manquer si l’information vous intéresse : l’échoppe est juste à la sortie du chemin ! De là, on part à gauche, par le large chemin qui s’éloigne de la propriété. Initialement il fait tout le tour de la colline. Perso, j’ai déniché un peu plus loin à droite un vague sentier qui remonte en zig-zag dans les rochers jusqu’au toit de la colline : il y a une yourte à cet endroit. En coupant ensuite un peu au flair, on rejoint plus rapidement la piste qui repart derrière en direction de Sivergues.

buoux luberon

Depuis Chantebelle, petit coin isolé et peu visité, la vue s’ouvre vers des vallons vierges de tout sentier et de tout passage.

On atteint un espèce de carrefour de pistes (6) : il faut prendre le petit sentier qui s’en échappe à gauche. Il rejoint un passage empierré qui sert à franchir le thalweg – signalé comme passerelle sur l’IGN. Juste à sa sortie, monter à droite, passer sous une baume et rejoindre une route qu’on suit, à gauche, jusqu’à Sivergues. Profitez-en pour découvrir ce charmant village, fruit d’une restauration minutieuse et passionnée. Ce lieu façon «bout du monde » , évoqué par Henri Bosco, est un ancien fief Vaudois, situé en cul de sac dans un environnement naturel remarquable. De là, récupérer le PR balisé en jaune qui redescend en direction du vallon d’Aiguebrun. Après les espaces ouverts en restanques qui s’étirent sous le village, on repasse la tête sous les frondaisons des arbres. La fraîcheur et l’ombre sont de retour lorsqu’est atteint l’Aiguebrun qui, à cet endroit, est à sec. Disons plutôt qu’il passe en-dessous de son lit et qu’on ne le verra pas tout de suite.

luberon aiguebrun

Changement d’ambiance sur la rive droite de l’Aiguebrun : l’ombre et la fraîcheur de la forêt succèdent aux températures plus chaudes des hauts de Sivergues

Je vous propose de continuer de suivre le balisage jaune, en rive gauche de l’Aiguebrun, mais pas éternellement. A la sortie d’un passage entre les buis, repérez une belle clairière, bien ouverte, sur votre droite (7) : échappez-vous y pour traverser ensuite l’Aiguebrun et récupérer le petit sentier, beaucoup plus confidentiel, qui parcourt sa rive droite. Il n’y a presque jamais personne dessus et vous pourrez donc savourer à loisir l’atmosphère si particulière qui règne dans le fond du vallon, sans avoir à vous cogner dans les colonnes de marcheurs qui vont et viennent sur l’autre rive. Plus tard, le chemin s’éloigne de la rivière, passe au pied de petites barres rocheuses et rejoint finalement le GR®9 à nouveau (8). Si vous êtes pas trop en retard – et que vous avez encore du jus – je vous invite chaudement à monter en aller-retour jusqu’au sommet des falaises de Buoux. La vue là-haut est trop grandiose, avec les pieds dans le vide, pour s’en priver !

buoux seguins luberon

Les pieds dans le vide, au sommet des falaises de Buoux. Un point de vue encore spectaculaire sur le site et l’auberge des Seguins, en contrebas.

Sinon, maintenant, c’est quasiment terminé : on suit gentiment le GR®9 qui redescend en direction des Seguins. Au passage, faites la pause sur l’Aiguebrun, au niveau du petit pont qui le franchit, plus bas. Vous avez un petit passage qui s’échappe du GR®, à gauche après le pont, et qui rejoint une agréable zone de petites cascades. Ensuite c’est le demi-tour : on revient sur notre GR® et on file en direction de l’auberge des Seguins. Retrouvailles rapides avec l’espace immense du lieu, ses falaises dominant le randonneur. Il suffit ensuite de suivre la grande piste/route qui vous ramènera inévitablement au parking du départ, quel qu’il soit. Malgré quelques variantes originales, l’impression qu’il me reste tant encore à explorer dans ce coin persiste. Un simple coup d’oeil sur la carte me suffit pour réaliser que bien des choses y sont encore possibles. Vous n’avez peut-être pas encore fini d’entendre parler de Buoux et du vallon d’Aiguebrun donc !

aiguebrun buoux luberon

Avant l’arrivée, un petit crochet par les mini-cascades de l’Aiguebrun. Un bel espace, ouvert et accueillant, pour mettre le point final à cette randonnée.

GUIDE PRATIQUE

Difficulté : moyen | Dénivelé : 385 m + 45 m | Distance : 10 km + 2 km | Durée : 3h30 + 40 mn
Carte : IGN 1/25000è TOP25 3243OT Pertuis, Lourmarin
Accès : en voiture, depuis Aix ou Marseille, A51 sortie 15 « Pertuis ». Au rond-point direction Aix puis, au suivant, suivre le Puy par la D15. Avant le Puy, continuer par D561 direction la Roque-d’Anthéron. Au pont sur la Durance, tourner à droite direction Cadenet. A Cadenet, suivre la direction Lourmarin puis, à Lourmarin, celle de Apt par la D943. Laisser plus tard la D36 qui part à gauche vers Bonnieux, continuer direction Apt et, environ 2km plus loin, tourner à droite par la petite D113 en direction de Buoux. Dans une épingle, quitter la D113 pour la petite route communale se dirigeant vers le Fort les Seguins. Se stationner plus loin sur les parkings prévus à cet effet. Autre accès : rejoindre Apt (A7 sortie 25 « Cavaillon » depuis Lyon ou Nîmes puis D900 jusqu’à Apt, A51 sortie 19 « Forcalquier » depuis Gap puis D900 jusqu’à Apt) et suivre la D943 direction Lourmarin. Récupérer à gauche la D113 dans la descente de la Combe de Lourmarin. Suite comme indiquée ci-dessus.

En bleu, le tracé donné dans le topo. En orange, la variante « pour en faire plus », donnée dans le guide pratique

Notes : cette randonnée est située dans le massif du Luberon, massif soumis au risque incendie. Le vallon de l’Aiguebrun fait partie des trois sites du massif ouverts toute la journée de 5h à 20h, sauf cas exceptionnel. Des restrictions d’accès sont néanmoins possibles entre le 1er juillet et le 15 septembre. Se renseigner sur le site de la Préfecture du Vaucluse grâce à une page et une carte actualisées quotidiennement.
Pour en faire plus : à Sivergues, plutôt que de redescendre par le PR mentionné dans mon descriptif, suivez les balises rouge et jaune du GR®Pays (également présentes les rouge et blanc du GR®911) qui vous font descendre au niveau de l’Aiguebrun beaucoup plus en amont. Remontez ensuite sur le plateau des Claparèdes jusqu’à toucher une route à la sortie du chemin. Suivre cette route à gauche, direction Buoux (c’est un peu long cette partie). Un peu avant Buoux, suivre le GR®9 qui part à gauche et rejoindre le haut des falaises. Redescendre sur les Seguins en suivant ce GR® et retrouver plus bas l’itinéraire d’origine | +6,5 km et +100m D+
Où dormir  : je ne l’ai pas testée mais l’Auberge des Seguins paraît la solution la plus adaptée pour cette randonnée. Elle est ouverte du 1er mars au 15 novembre. Elle fait également restaurant. A partir de 77 euros la demi-pension.
Liens utiles : je vous joins le lien vers la page du Fort du Buoux dans le cas où vous avez besoin d’infos en amont pour le visiter lors de votre randonnée. Si vous passez par le village de Buoux, vous pourrez également avoir envie d’en savoir un peu plus sur ce beau village typique du massif. C’est ici, sur le site de la mairie de Buoux. Et pour celles et ceux qui veulent prolonger leur séjour dans cette partie du Luberon, rendez-vous sur le site de l’Office de Tourisme Intercommunal du Pays d’Apt Luberon.

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2 Comments

  1. THIERRY MOSBAIAH Répondre

    Bonjour très belle découverte sur votre blog.Dommage pas de vidéo dans le Vaucluse pourtant très belle région provençale qui se visite toutes l’année. Encore merci pour la découverte des autres région amicalement Thierry

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Hello Thierry,

      Alors les mises à jour graphiques successives du blog ont, je crois, fait disparaître du code certaines choses. Et ça doit concerner les vidéos du Vaucluse car j’ai pourtant bien le souvenir d’en avoir faites dans le secteur du Ventoux, notamment dans les Combes de Curnier et de Maraval. Tu devrais pouvoir les retrouver sur YouTube. Ceci dit, ce sont des vidéos qui datent pas mal et dont l’image a pas mal souffert en 2021. Le territoire mériterait que j’y revienne avec mes moyens matériels actuels. Bonne nouvelle quoiqu’il en soit : on a réalisé cette année un épisode de Mon GR Préféré autour du Ventoux. Sortie prévue un peu après la mi-octobre sur http://www.mongr.fr et j’en reparlerai sur Carnets de Rando !

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