Compostelle, Version Normande ou Comment j’ai croisé le chemin de Saint-Jacques à Rouen

Comment ça ? Compostelle en Normandie ? Certain(e)s d’entre vous pourraient légitimement être surpris(es) à la lecture de l’intitulé de cet article. Mais c’est pourtant vrai ! Compostelle se décline de nos jours à toutes les régions de France. Et ce n’est pas un effet de mode ou un coup marketing pour surfer sur la notoriété du chemin. Du moins pas que. La démarche initiale est d’offrir la possibilité aux pèlerins de suivre un itinéraire d’approche vers les quatre voies les plus fameuses qui convergent vers l’Espagne et Compostelle. C’est le cas de cette voie normande, baptisée « Chemin des Anglais », qui relie Dieppe à Chartres afin de s’y connecter à la voie Paris-Tours. En chemin elle traverse Rouen, en Seine-Maritime. De quoi piquer ma curiosité et m’inciter à parcourir les 23 kilomètres du tronçon s’achevant aux Roches d’Orival. Le détail de cette exploration en texte et en images.

Difficulté : moyen | Distance : 23km km | Dénivelé : 260 m | Durée : 5h30 | Chiens admis : oui | Carte : IGN TOP 25 1/25000è 1911ET – Rouen, Forêts Rouennaises, PNR des Boucles de la Seine Normande

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COMPOSTELLE ET MOI, DÉJÀ TOUTE UNE (PETITE) HISTOIRE

Je passe rarement une saison de rando sans me retrouver à suivre les fameuses coquilles jaunes sur fond bleu qui balisent la route des pèlerins en route pour Compostelle. Si vous ouvrez l’œil vous en découvrirez partout. Il y en a même probablement près de chez vous. En ce qui me concerne je n’ai pas encore parcouru « El Camino » intégralement. Je n’ai pas – plus – le temps. Je me réserve ça pour ma retraite, histoire d’avoir l’impression de continuer à travailler !

Année après année, Compostelle continue de me dévoiler la multiplicité de ses visages à travers la France.

En revanche, Compostelle, que ce soit pour Carnets de Rando ou pour d’autres projets, j’y ai déjà usé pas mal mes semelles. Sur le blog vous avez, par exemple, un focus sur sa partie Aveyronnaise, entre l’Aubrac et Conques. Pour la FFRandonnée, j’ai également couvert sa partie Gersoise dans l’Instant Passion Rando, ainsi que le GR® 654 en Dordogne pour la saison 2 de Mon GR® Préféré. Mais en Normandie c’était une première et je tenais à l’inscrire dans le marbre du blog.

La Seine telle qu’on la découvre sur les hauteurs d’Orival

ROUEN, LA SURPRENANTE CITÉ DE JEANNE

Pour cette nouvelle excursion normande sur les Chemins de Compostelle, j’ai mis Patrick et Bernadette dans la boucle puisqu’ils étaient mes invités sur la session de reportages en Seine-Maritime de 2021. Patrick c’est un éternel curieux et je me doutais que lui ouvrir les portes de Rouen et de ses alentours allait le passionner.

Comme je ne suis ni Stéphane Bern, ni Lorant Deutsch et encore moins Nota Bene, j’ai veillé à bien m’entourer pour partir à la découverte des essentiels de Rouen.

À nos côtés on a eu la chance d’avoir Marion Rabiller, une amoureuse de sa ville qu’elle connaît sur le bout des doigts et également chargée de communication chez Rouen Normandie Tourisme. Elle a très gentiment accepté de nous guider à travers les rues de Rouen pour nous aider à poser les yeux aux bons endroits.

La flèche de la Cathédrale était en phase de rénovation lors de notre reportage.

Moi, vous le savez peut-être, en général j’ai du mal avec les villes. Ça m’oppresse, c’est trop bruyant. Je ne suis pas un urbain, encore moins un citadin. La ville me donne davantage l’envie de prendre mes jambes à mon cou que celle de jouer au badaud curieux. Encore que je trouve que je fais des progrès depuis quelques années…

Ma nature profonde n’est définitivement pas urbaine mais, contre toute attente, Rouen, au même titre que Tours ou Bordeaux plus récemment, compte parmi ces rares villes qui m’ont charmé.

Rouen se révèle donc une très bonne surprise. Peut-être aussi parce qu’en mon for intérieur je n’en attendais absolument rien. Mon enthousiasme s’effrite généralement assez vite sur les murs des villes. Mais pas là. Sans doute est-ce lié à ce passé palpitant et encore très vivace qui se superpose au centre de Rouen, faisant écho à des moments toujours très forts de l’Histoire de France.

Les magnifiques façades des maisons de Rouen, ici place Jeanne d’Arc.

Rouen, pour moi, c’est définitivement Jeanne d’Arc, personnage emblématique et universel qu’on sent très présent dans le cœur des Rouennais(es) et la pierre de leur ville. C’est ici même, sur cette place du Vieux Marché où nous avons rendez-vous avec Marion, qu’elle a été brûlée vive le 30 mai 1431, près de 600 ans plus tôt. Un sort funeste et une mort abominable qui questionnent encore de nos jours en créant un lien d’empathie très fort avec celle qu’on surnommait la Pucelle d’Orléans.

L’histoire de Jeanne-d’Arc, inscrite durablement dans notre histoire collective et dont les derniers chapitres se sont écrits ici, à Rouen, suscite une émotion forte et authentique

Ma présence à Rouen prend d’autant plus de sens que, trois ans plus tôt, à l’occasion du tournage de Mon GR® Préféré dans la Meuse, je filmais sa maison natale à Domrémy. Les hasards de mon métier m’ont conduit aux deux extrémités de la vie de cette icône nationale dont le souvenir traverse les siècles sans avoir perdu de sa force d’expression. Je me sens à la fois connecté et perturbé par une vague émotion face à sa statue figée dans le temps.

Échapper à la présence de Jeanne d’Arc lorsqu’on visite Rouen est impossible tant elle imprègne encore très largement le quotidien et l’apparence de la ville.

Rouen a su lui rendre l’hommage mérité grâce à l’Historial, ouvert en 2015 et dont la scénographie envoûtante plonge le/la visiteur/se dans les vies de Jeanne. Le lieu n’a pas été choisi au hasard puisqu’il s’agit de ce qui reste de la salle de l’Officialité où fut prononcée sa condamnation. Une atmosphère médiévale se marie aux technologies plus récentes pour offrir une expérience immersive unique qui complétera idéalement la visite des lieux où Jeanne a vécu les derniers moments de son incroyable et courte existence.

LA CATHÉDRALE DE ROUEN : UN RENDEZ-VOUS AVEC LA DÉMESURE

Direction ensuite la cathédrale de Rouen, pièce maîtresse de l’équilibre architectural de la métropole et source toujours moderne de superlatifs. Pas d’hésitation, c’est du 100% gothique. Mais du gothique vivant, du genre qui évolue avec son temps. Les Vikings l’ont abattue au 9ème siècle, puis les bombes alliées – partiellement – au 20ème. En vain. Elle est toujours là. Encadrée par ses deux tours – de Beurre et Saint-Romain – la façade ouest de la cathédrale aligne un colossal portail central et deux latéraux, tous surmontés de tympans richement décorés. Incontournable sur le chemin de Compostelle.

Côté déco, Rouen a sorti le grand jeu. Les amateurs/trices de détails ne sauront où donner de la tête, croyez-moi ! C’est un ensemble bluffant, un témoignage précieux du savoir-faire des bâtisseurs de cathédrales d’antan.

Sa tour-lanterne, coiffée d’une flèche de fonte, atteint l’altitude record de 151 mètres ! C’est la plus haute de France et rien moins que la troisième plus haute église du monde ! Croyant ou pas, on ne peut qu’être époustouflé par cette démonstration technique de haut vol. Elle a, de plus, cette particularité, rare dans notre pays, de conserver son palais archiépiscopal, à ce jour toujours occupé par un archevêque. Côté reliques, l’édifice conserve précieusement le cœur de Richard… Cœur de Lion, roi d’Angleterre rappelez-vous mais également Duc de Normandie, eh oui !

ROUEN, UNE VILLE OU LE PIÉTON EST ROI

La Cathédrale de Rouen c’est une forme de démesure. Si elle constitue une sorte de vitrine de la ville, c’est cependant autre chose qui m’a définitivement séduit et qui tient davantage à un ressenti de piéton. Rouen, sachez-le, est une ville pionnière en matière de piétonisation de ses rues et, surtout, de son centre. Rien d’étonnant à la trouver parmi les bons élèves du baromètre des villes de France où il fait bon marcher, publié en septembre dernier.

Marcher librement en ville sans la pression, le bruit et la pollution des voitures, ce n’est tout de suite plus la même expérience. À ce jeu-là, Rouen sort parmi les meilleures villes de France.

C’est une sensation que j’avais déjà beaucoup aimé dans l’hyper-centre de Bordeaux et que j’ai retrouvé ici, à Rouen. Avec un cadre cependant complètement différent car Rouen affiche une identité singulière où la patte médiévale perdure, habilement intégrée au moderne : passages étroits, façades à colombages, encorbellements, rues commerçantes pavées… Rouen a un charme fou, même pour le non-citadin que je suis. Un vrai voyage dans le temps qui me réconcilie avec l’urbain.

Avec la cathédrale, le Gros Horloge est l’un de ces passages-clés autour duquel rayonne des rues affichant un caractère médiéval affirmé qui séduira sans aucun doute le pèlerin pour Compostelle.

L’emblème de la ville, le Gros Horloge, est par exemple l’un de ces incontournables qui illustre la très grande qualité d’une déambulation dans les rues de Rouen. Pour le symbole, c’est également la première rue piétonne de France, rendue aux habitant(e)s en 1970. On y passe sous une arche surbaissée soutenant un pavillon de la Renaissance dans lequel s’intègre, massive et richement enluminée, une magnifique horloge dorée pointant une unique aiguille. Un trésor suspendu et riche de détails discrets ainsi que vous l’apprendrez si vous vous donnez la peine de visiter les coulisses de cette ingénieuse mécanique.

Le passage du Gros Horloge : un must à voir et à visiter

DEUXIÈME PARTIE : LE POUMON VERT DE ROUEN

C’est donc avec la désagréable sensation de passer encore à côté de mille autres choses que je dois m’extirper, non sans regret, de cette visite de Rouen. Compliqué de rattraper plus de 1000 ans d’Histoire en seulement quelques heures. Car le temps passe, inarrêtable, et le reportage sur Compostelle doit se poursuivre. Par-delà le Pont Boieldieu, encadré de part et d’autre par d’imposantes statues de pierre, la rue d’Elbeuf nous conduit jusqu’à l’entrée du Jardin des Plantes, dont la visite est signalée comme vivement recommandée sur mon plan de route.

La traversée de la métropole de Rouen donne l’occasion de crocheter, sans se rallonger, par l’intéressant Jardin des Plantes local dont on a poussé les portes avec une sincère curiosité.

Celui qu’on appelle ici le poumon vert de Rouen invite, au débouché d’une section urbaine plus classique – entendez voitures, trottoirs, agitation et autres nuisances sonores inféodées à la nature intrinsèque d’une ville – à une parenthèse agréable dans le calme de ses larges allées encadrées de plantes remarquables et de plans d’eau. Une oasis apprécié dans cet environnement péri-urbain à l’intérêt plus discutable que celui, légitime, du vieux Rouen. Et d’autant plus si vous êtes amateurs/trices de botanique ou de jardins paysagers.

Au-delà de la rutilante serre centrale, huit hectares de nature minutieusement entretenue abritent ici quelques 5000 espèces de plantes et de végétaux.

Le Jardin des Plantes a également vocation d’officier comme Conservatoire pour des espèces végétales issues des cinq continents. Volières et serres exotiques seront également au rendez-vous des curieux qui auront poussé leur déambulation jusque dans les recoins les plus secrets du lieu. Peut-être pas, pour le pèlerin, de quoi s’attarder plusieurs heures mais assurément un crochet à faire pour rompre avec la patiente remontée de ce grand axe routier qui relie le centre de Rouen au Parc des Bruyères, prochaine étape attendue de notre pèlerinage sur Compostelle d’un jour.

La grande serre de 170 ans d’âge du Jardin des Plantes de Rouen

LE PARC DES BRUYÈRES : L’AUTRE JARDIN DES ROUENNAIS(ES)

Le tracé de Compostelle ne prévoit pas la traversée du Parc des Bruyères mais il faut parfois savoir enfreindre le balisage ! La randonnée ne souffre pas la rigidité. Improvisation et curiosité doivent s’imposer pour éviter une marche en aveugle. D’autant que, vu de l’extérieur, le Parc des Bruyères ne semble pas avoir réellement grand-chose à raconter au visiteur. Grossière erreur !

Au son « parc » on a tendance à plutôt attendre quelque chose d’arboré et de boisé. Ici c’est tout l’inverse.

Les Bruyères ont des allures de friche industrielle restituée aux joggers et aux pique-nique des Rouennais(es). Plate, ouverte, immense. Pourtant, et contre toute attente, cet ancien hippodrome reconverti est une avancée majeure dans le paysage urbain de Rouen, doublé d’une pépinière d’innovations qu’une lecture superficielle et sans support informatif ne permet pas au visiteur extérieur d’imaginer.

La visite du Parc en compagnie de Sylvain Wattier et de Yann Le Bideau de Rouen Métropole Normandie

Les 28 hectares de cet espace sont, en effet et bien au contraire, une authentique mosaïque de paysages ne se limitant pas à ses seules immenses pelouses. « L’idée du parc c’est d’être un parc naturel urbain.« , nous explique Sylvain Wattier, chargé d’exploitation du site. « L’aspect naturel fait référence à des zones dites en gestion différenciée où la végétation se développe librement et qu’on utilisera pour du paillage ou du pâturage. L’aspect urbain ce sont les 9000m² de zones de jeux et d’agrès pour les sportifs. En marge de cela, les Bruyères c’est également la création d’un verger conservatoire, d’une forêt comestible mais également d’une réserve écologique visant au développement d’espèces remarquables.« 

Rien n’a été laissé au hasard dans ce Champ des Bruyères – y compris le choix de mobilier identitaire réalisé sur-mesure – qui arbore le visage dynamique de l’écologie urbaine de demain.

Invisibles de loin, de petits chemins en lamelles de bois rappellent des sentiers de randonnée et se faufilent entre des plants de jeunes arbres protégés par des tuteurs colorés. Pas loin de 5000 arbres ont été plantés ici pour recoloniser l’espace ! « La gestion d’un milieu naturel, l’apprentissage de son exploitation raisonnée, sont pour nous des axes prioritaires. » Tout un monde, intégré à la métropole, que les riverains – proches ou plus lointains : le Parc est accessible en bus – s’approprient au quotidien, notamment grâce à un jardin partagé et une ferme pédagogique. Après le chapitre de la piétonisation du centre, le Parc des Bruyères s’affiche, non sans fierté, comme un nouvel exemple du statut de précurseur de la métropole.

DE LA VILLE À LA FORÊT, SANS TRANSITION

Retour sur Compostelle. La suite de l’itinéraire offre peu d’intérêt et consiste essentiellement à s’extraire des derniers faubourgs de la métropole en direction de l’orée de la forêt de la Londe Rouvray. Cette immense superficie boisée s’est faite grignoter, au fil des siècles, par des générations d’humains en quête d’extension pour leur habitat. Elle n’en impose pas moins aujourd’hui une couverture végétale remarquable de plus de 5000 hectares, légèrement inférieure à celle de Brotonne que j’ai déjà visitée pour Carnets de Rando.

Ici s’ouvre un nouveau chapitre paysager pour le pèlerin de Compostelle – ou le randonneur – qui tourne définitivement le dos à l’urbanisme rouennais.

Quelque chose m’interpelle ici : la capacité de Rouen à basculer, en quelques mètres seulement, de la métropole à la nature. On parle ici d’une frontière nette, immobilisée aux portes de la ville, qui offre aux citadins la possibilité d’une échappée verte immédiate et entière. Un détail qui ne m’avait pas échappé et que j’avais coché, dans ma tête, au rang des atouts de Rouen pour les pratiquants d’activités de pleine nature.

Serrée en tenaille entre les bras d’un méandre de la Seine, la Londe Rouvray hisse son plateau forestier un peu plus d’une centaine de mètres au-dessus du niveau du fleuve. Elle se traverse cependant par des allées forestières qui ignorent ce qu’est une courbe jusqu’à rejoindre finalement Oissel pour s’y reconnecter au GR®2. À l’instar du GR®3 pour la Loire, le GR®2 est le fil rouge de la Seine qui l’accompagne de ses sources, au-dessus de Dijon jusqu’à son embouchure au Havre.

Toujours un plaisir de retrouver les balises du GR®2, ce bel itinéraire qui accompagne la Seine de ses premiers émois à sa rencontre avec la Manche.

Le GR®2, on en avait déjà parlé lors de ces randonnées dans l’Eure, en amont, du côté des Andelys mais aussi de Giverny. Et, aussi dans Mon GR® Préféré, la saison dernière pour les Sources de la Seine, au-dessus de Dijon, mais également en saison 2, de Paris aux portes du Vexin Français. Le revoici aujourd’hui, cette fois aux abords de Rouen ! C’est la partie de l’itinéraire que je convoitais le plus, j’avoue, afin de compléter ma couverture de ce long itinéraire de près de 860 kilomètres qui, petit à petit, trouve son public, à l’instar de Compostelle.

Sur le GR®2 entre Oissel et la Maison des Forêts d’Orival

LES ROCHES D’ORIVAL : LE GROS TEMPS FORT DE L’ITINÉRAIRE

Au débouché d’Oissel et du Parc du château de La Perreuse, le GR® 2 passe en clandestin sous le viaduc avant d’escalader le coteau jusqu’aux espaces dénudés succédant aux fermes du Catelier. Un cul-de-sac pour les voitures au-delà duquel un sentier en bonne et due forme happe enfin le marcheur dans une intimité appréciée. Ce troisième et dernier chapitre est ce qui s’apparente le plus à ce que d’aucun attendent d’une randonnée : sentier joueur et étroit, dénivelé, terrain à venir accidenté et insolite, atmosphère forestière prenante…

Les Roches d’Orival réservent leur lot de surprises et prennent clairement leurs distances avec le volet « tourisme pédestre » qui sied plus spécifiquement à la première moitié du parcours. Deux salles, deux ambiances.

Avant de plonger sous les frondaisons des arbres, le marcheur profite du vaste panorama du Catelier, cadre élargi au pied duquel se dévoilent des bribes de la Seine coiffées, à l’horizon, par le mur sombre d’une autre forêt : celle de Bord Louviers. Le GR®2 se dissimule ensuite parmi les arbres de la Forêt Départementale du Bois des Pères, refermant cette vue le temps d’une liaison moins excitante jusqu’à l’incroyable site des Roches d’Orival.

En montant au-dessus du Catelier, la Seine commence à se dévoiler dans le paysage

Le GR®2 compte des moments forts. Des instants associés généralement à un peu de hauteur, un soupçon de sentier aventureux, une omniprésence rocheuse et de généreuses ouvertures sur la Seine. Une recette miracle qui ne fait encore pas défaut ici, à Orival, où quatre sentiers pédagogiques ont été greffés à l’itinéraire principal pour permettre la découverte de ce site naturel, paysager et historique assez exceptionnel.

Un peu comme dans le Luberon, autour de Buoux, ou sur la Colline du Barry, près de Saint-Restitut dans la Drôme, le site d’Orival dissimule une succession de spots et de surprises qu’on ne s’attendraient pas nécessairement à y trouver.

C’est un site pour explorateurs où s’enchaînent les découvertes en tout genre : château en ruines – celui de la Roche Fouet, avant-poste de Richard Cœur de Lion, rien que ça – habitats troglodytiques, vestiges d’un oppidum, belvédère aménagé sur la Seine… Une concentration assez énorme rapportée à la modeste superficie de la zone. Le tout relié par un chemin parfois escarpé, en forme de montagnes russes, et qui s’aventure dans le pli des falaises en offrant un balcon régulièrement magnifique sur le fleuve en contrebas.

C’est un parcours joueur, tracé dans une forêt où s’épanouissent des essences variées parmi lesquelles le hêtre, le chêne et le pin sylvestre ainsi qu’une biodiversité remarquable. Autant de richesses – naturelles, paysagères et patrimoniales – qui ont valu à La Londe Rouvray – berceau de ces Roches d’Orival – de décrocher le label « Forêt d’Exception ». Rien d’étonnant à ce que ce patrimoine soit mis en valeur par les Maisons des Forêts de la Métropole au travers d’animations, d’ateliers, de conférences et d’exposition œuvrant à la sensibilisation du public à cet environnement exceptionnel.

Après la ville, les parcs, la forêt, les Roches d’Orival apportent de l’aventure et une fantaisie bienvenues à cet itinéraire sur Compostelle.

« Les Maisons des Forêts appartiennent à un réseau de structures dédiées à l’environnement. Des animations sont proposées à destination des scolaires et périscolaires mais aussi du grand public le week-end.« , nous explique Christelle Simon, la responsable Forêt au sein de la Métropole Rouen Normandie, qui nous a rejoints l’après-midi. « Comprendre la gestion sylvicole, reconnaître des essences ou des traces de faune font partie, par exemple, des propositions qui sont faites toute l’année lors de programmes renouvelés tous les quatre mois et assurés, sur le terrain, par quatre animateurs à temps plein.« 

L’une des nombreuses cavités troglodytiques qu’on découvre au fil du chemin dissimulées dans les falaises

Je n’ai pas peur de dire que je me suis éclaté comme un petit fou sur ces sentiers parfumés à l’odeur de l’ail des ours au printemps, rentrant inlassablement dans la moindre caverne ouverte de ces falaises à la teinte crayeuse caractéristique de cette partie de la Seine. L’érosion si particulière ici confère à l’endroit des airs de temple perdu enfoui sous la végétation et excavé par le randonneur. Le genre de spot où jaillit à nouveau la vive étincelle d’une âme d’enfant.

Impossible de ne pas s’amuser avec ces roches percées, ces cavités et ces arches modestes qui façonnent le relief des falaises de la Seine et autour desquels s’enroule avec malice le chemin

Ici on laisse éclater sa joie à dévaler/escalader des pentes courtes, mais parfois abruptes, qui se contorsionnent dans la forêt. On pourrait presque signer pour un second tour avant l’ultime bascule vers le Nouveau Monde – qui ressemble étrangement à l’ancien – et qui annonce la fin de cette section de 23 kilomètres sur le Compostelle normand. La suite c’est Elbeuf, de l’autre côté du lacet de la Seine, avant d’atteindre Dreux, puis Évreux. Mais ceci est une autre histoire qui vous sera peut-être contée, un jour, sur ce blog !

Panorama sur la Seine depuis l’un des belvédères aménagés des Roches d’Orival

VENIR EN SEINE-MARITIME

La Seine-Maritime, vous le savez peut-être, c’est 2h depuis Paris en voiture mais de 6 à 9h depuis Strasbourg, Toulouse ou Marseille ! Mais cela ne doit pas être un frein pour venir séjourner dans ce joli petit bout de France. Autrement, il faut venir à Rouen en train (5h30 à 8h30 pour 7/8 départs quotidiens depuis les trois métropoles précédemment citées à titre indicatif) et y louer une voiture. C’est la solution à laquelle j’avais souscrite lors de cette nouvelle tournée de reportages d’une petite semaine. Ceci étant, pour cet itinéraire sur Compostelle à proprement parler qui est au départ même de Rouen, inutile de prévoir un autre moyen de locomotion que vos jambes !

DE ROUEN-CENTRE À ORIVAL : LE TOPO

Inutile pour moi de vous faire un copier-coller de la fiche-topo de ce Chemin de Compostelle qui est éditée par la Métropole de Rouen, qui est très bien faite et se suffit à elle-même ! Pour la télécharger et la récupérer je vous invite donc à cliquer sur ce lien.

COMPOSTELLE NORMAND : ASPECT PRATIQUE

Alors, après le récit détaillé, j’ai besoin d’aborder le côté pratique et de parler du profil un peu particulier de cette randonnée estampillée Compostelle comparée à d’autres propositions faites sur le blog et, notamment, dans le reste de la Seine-Maritime. Ça devrait vous permettre de vous situer par rapport à son identité et à ce qu’elle propose, et de ce fait de pouvoir profiter, en intégralité ou partiellement, des différentes parties qui la composent. Parce qu’à moins que vous ne soyez un pèlerin pur souche lancé dans un périple au long cours et avec la démarche mentale qui l’accompagne, il y a de fortes chances que vous cherchiez à profiter de cet itinéraire uniquement à la journée. Pour qui ? Pourquoi ? On en parle tout de suite en résumant déjà les deux parties distinctes du parcours.

Une première partie résolument urbaine et métropolitaine

Si pour vous randonnée rime invariablement et uniquement avec pleine nature, sentier et chants d’oiseaux, il y a de fortes chances que vous boudiez cette section 100% ville qui représente, mine de rien, un bon tiers de la totalité du parcours. Passez directement à la seconde. Pour savourer cette partie, il faut être un minimum disposé à apprécier un environnement urbain et faire preuve d’une curiosité et d’une amorce d’intérêt pour le patrimoine et l’Histoire. Il faut aussi avoir l’habitude de marcher en ville et de poncer du trottoir sans râler. Si je le dis pas, je risque d’être maudit sur dix générations par celles et ceux qui ont définitivement banni l’idée que la randonnée pouvait aussi s’envisager en milieu urbain. Pour ceux-là, on passe à la suite.

Une seconde partie tournée vers la nature et le paysage

Une fois la Forêt de La Londe-Rouvray atteinte, ç’en est fini de la ville – si on excepte la rapide traversée de Oissel – et là, encore une fois, j’ai défini deux tronçons assez distincts l’un de l’autre.

La partie en Forêt Domaniale entre le rond-point Montmorency et Oissel

Si vous avez l’habitude de marcher sur de grandes allées forestières rectilignes sans trouver le temps long, vous devriez apprécier cette section à sa juste mesure. Pour les autres, passez directement à la partie suivante.

Les Roches d’Orival

C’est la section qui fera l’unanimité chez les randonneurs/ses. Le gros temps fort nature et terrain de l’itinéraire.

Les Roches d’Orival : un vrai terrain de jeu et d’exploration pour petits et grands enfants !

En fonction de votre profil, vous serez donc amené(e)s à peut-être devoir moduler ma proposition de base. Et la meilleure façon de le faire c’est de sauter directement de l’une à l’autre en s’évitant les sections qu’on ne veut pas faire. Bonne nouvelle : on est en ville et il y a des lignes de bus pour ça ! Vous voyez, même si de base on n’aime pas la ville, on est néanmoins content de pouvoir bénéficier des services qui s’y trouvent ! Qu’on soit un pèlerin de Compostelle ou non !

Pour sauter de la case Rouen-centre au Parc des Bruyères ou se rapprocher de l’entrée de la Forêt de la Londe-Rouvray : prendre la ligne de tramway T4

Pour aller directement à Oissel sans passer par la case départ ou toucher 20000 euros : il faut prendre la ligne F3.

Pour le retour : le plus simple, pour rentrer sur Rouen, est d’utiliser le bus de la ligne 32 qui relie Elbeuf à Rouen (au niveau du Théâtre des Arts) et qui passe par Orival. Aux heures de pointe, en semaine, il y a un bus tous les quarts-d’heures et toutes les demies-heures en heures creuses ou le week-end. Se renseigner néanmoins sur le site Réseau Astuce pour être informé(e) des éventuels changements d’horaires ou incidents sur la ligne.

Je vous mets aussi le lien vers le plan général du réseau Bus/Métro/Tram de Rouen. C’est ici.

HÉBERGEMENT ASSOCIÉ

Le Vieux Carré (testé & approuvé)

J’ai adoré mon passage par cet hôtel. Déjà l’emplacement, bien protégé et en retrait d’une rue peu passante mais cependant proche du centre. Et puis sa petite cour intérieure où on a envie de prendre l’apéro, son histoire ancienne, sa déco… Il y a une âme dans cet établissement et j’y ai retrouvé ce que j’ai aimé sur Rouen. Et pourtant j’y étais passé en pleine période de couvre-feu et donc j’avais pas pu en profiter à 100%. Un regret d’ailleurs. À l’époque, les propriétaires parlaient de vendre pour passer à autre chose. Alors peut-être l’esprit n’est plus le même. Ni mieux, ni moins bien, mais juste différent, j’en sais rien. Mais l’endroit reste assurément vraiment chouette et j’y retournerai si je repasse par Rouen. Histoire de voir si c’est toujours pareil. Tarifs : compter en moyenne 70 euros pour une chambre double. Infos et réservations : 02.35.71.67.70 ou formulaire de contact sur le site de l’hôtel.

Remarque : les informations données dans ce topo « Chemin de Compostell » engagent uniquement la responsabilité de l’utilisateur/rice sur le terrain qui saura les adapter à son niveau et à son expérience. Carnets de Rando ne saurait être tenu responsable de tout accident survenant suite à un mauvais usage de ce topo ou à une mauvaise appréciation du niveau du/de la pratiquant(e) par rapport à celui requis. Je ne suis pas non plus en possession de la trace GPX de cet itinéraire d’autant qu’elle est parfaitement inutile pour le coup. Merci donc de ne pas me la demander !
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3 Comments

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Hello, hello Enrique !

      Merci de ton commentaire plein d’enthousiasme ! J’essaye d’être le plus exhaustif que je peux ! Certain(e)s me le reprochent qui veulent du bon plan de suite et rien à lire. Les autres sont contents par contre 🙂 Au plaisir de te recroiser par ici alors !

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