Tour du Lac d’Esparron : Un Trek les Pieds dans l’Eau au Pays du Verdon

Quand on habite Aix-en-Provence, le Lac d’Esparron est tout sauf un secret. Nombreux sont les Aixois à venir profiter de sa fraicheur lors des chaudes journées d’été ou à y canoter en s’aventurant jusqu’au corridor rocheux des Basses Gorges. Un lieu de détente, un lieu de vie et, en prime, un cadre exceptionnel placé sous le signe du Verdon qui le traverse. En faire le tour porte la promesse d’un autre regard, d’une occasion de le courtiser plus intimement. Une expérience itinérante locale inédite pour(re)découvrir ce site naturel que j’étais persuadé de bien connaître. En quatre jours et un peu plus de 65km, voilà un périple original, entre baignade et randonnée, pour partir à la rencontre de la troisième plus grande retenue d’eau du Verdon.

Difficulté : moyen | Distance : 66,7 km | Durée : 4 à 5 jours | Dénivelé : +1665m/-1665m

D’où est ce qu’on part ?

Le point de départ officiel du Tour du Lac d’Esparron c’est la ville thermale de Gréoux-les-Bains. Le parking des Thermes du Soleil, sur l’Esplanade Charles de Gaulle marque le début du balisage. En voiture, on arrivera de la vallée de la Durance par l’A51 qui relie Aix-en-Provence à Gap. La sortie conseillée est la 18 « Manosque » à partir de laquelle on suit la direction « Gréoux-les-Bains » et « Valensole » via la D907. Au rond-point après la Durance, prendre à droite direction « Gréoux » et « Vinon-sur-Verdon » puis, rapidement, quitter la D4 pour suivre à gauche la D82 direction « Gréoux ». La plupart des parkings sont payants à Gréoux. Une solution est de se garer au cimetière, dès l’entrée dans la commune à gauche, et de descendre ensuite à pied vers les Thermes.

En version mobilité douce, les choses ne sont pas forcément faciles ou fluides. Première étape la gare de Manosque, située sur la ligne TER Briançon/Marseille (4 trajets/jour). Ensuite c’est le bus 132 qui fait Manosque/Riez (3 passages/jour du lundi au samedi). Attention, pas de bus le dimanche !

Où dormir à Gréoux ?

Je n’ai pas dormi à Gréoux. Je suis parti directement après avoir laissé la voiture au cimetière. Mais si vous voulez passer une nuit sur place vous avez l’Hôtel du Chemin Neuf, une petite adresse familiale au rapport qualité/prix très satisfaisant avec des offres, hors saison, à partir de 50 euros la nuit. Un restaurant est également présent sur place pour votre repas du soir. Infos et réservation : 04 92 78 01 06 ou mail à lecheminneuf@gmail.com

Gréoux-les-Bains, point de départ et d’arrivée de ce Tour du Lac d’Esparron effectué en 4 jours

Jour 1 : Gréoux-les-Bains – Esparron-de-Verdon

Difficulté : difficile | Distance : 19,5 km | Durée : 6h30 | Dénivelé : +640m

Le Lac d’Esparron est encore assez loin quand je m’élance depuis celle que Jean Giono qualifiait « d’oasis romantique du Verdon ». Gréoux a le charme discret de ces villes bâties autour du thermalisme et dont la notoriété bienfaitrice des eaux remonte à l’Antiquité. C’est la troisième station thermale de France. On y vient naturellement pour les cures, mais aussi pour le Verdon qui effectue ici ses derniers kilomètres avant le saut dans la Durance, au-delà de Vinon.

C’est par sa promenade agréable, ouverte en rive droite de la rivière, que démarre le GR® de Pays du Tour du Lac d’Esparron. En ce dimanche matin de septembre, j’y croise des coureurs concentrés et des cyclistes peu pressés. Les locaux se sont appropriés le lieu, sans doute séduits par la tonalité apaisante de la rivière qui accompagne en douceur la balade du chien comme les courses-poursuites des enfants.

En s’écartant légèrement du chemin, on peut atteindre facilement les rives du Verdon qui s’écoule en direction de Gréoux

Je le suis, à contre-courant, jusqu’à l’Iscle qui me déroute plein nord vers l’un de ces coteaux de résineux dont regorge la Provence. C’est le royaume du Pin d’Alep, monarque absolu régnant sur une cour d’écureuils. Une rivière de galets va en chercher plus haut l’arête menant vers des espaces sommitaux dénudés avant de croiser la Draye de la Partie, très semblable à celle des Troupaux d’Arles, tracée sur le coteau voisin et empruntée par La Routo pour converger vers Valensole.

voir l’article La Routo : Randonnée Transhumante sur le Plateau de Valensole

Je tourne le dos à ces souvenirs récents et bascule par un chemin de cailloux vers Saint-Martin-de-Brômes que j’aperçois, adossé à sa colline du Castelleras, à la confluence du Colostre et du Pontet. Sa Tour de l’Horloge, haute de 24m et coiffée d’un campanile, retient toute mon attention. Bâtie en miroir de l’église du 12ème siècle, elle vole la vedette au reste du petit village à la disposition éminemment provençale.

Émergeant au-dessus des pins, la très belle Tour de l’Horloge de Saint-Martin-de-Brômes est un patrimoine à découvrir sur le chemin

Note : selon vos envies, votre forme et votre horaire d’arrivée sur Gréoux, il est possible de découper cette première journée en deux et de faire étape à Saint-Martin-de-Brômes. Possibilité d’hébergement à la nuitée en chambre d’hôtes aux Terrasses du Castelleras à partir de 89 euros la nuit, petit déjeuner inclus. Infos et réservation : 06 80 05 83 51 ou formulaire de contact sur site. Repas possible au bar-restaurant-brasserie le Jocianna

Après avoir enjambé le Colostre, l’itinéraire se hisse sur des strates surmontant le cours d’eau puis, par des chemins de traverse embaumant le thym et le romarin, surgit sur un chemin assagi et confortable qui épouse les courbes de niveau. Le pas s’y fait léger à l’ombre des grands chênes et des érables de Montpellier qui lui font une haie d’honneur.

Progression sans difficulté sur le chemin de ronde suivi par le GR®4 entre Saint-Martin-de-Brômes et le site de l’oppidum

Plus loin une trouée lumineuse annonce le site de l’ancien oppidum et une première rencontre visuelle avec le lac d’Esparron. Ou plutôt avec son barrage canalisant les 80 millions de m3 de son volume. Avec le serpent de la route dessinant des lacets en rive droite du Verdon, ce premier rendez-vous avec le lac tient toutes ses promesses.

Le lac en lui-même joue les timides, ne se laissant apercevoir que dans de rares fenêtres ouvertes dans l’épaisseur des chênes verts qui encadrent le chemin. Je me console avec la ligne lointaine des sommets du Verdon : le Chiran, le Mourre de Chanier et le Grand Margès barrent un horizon de résineux au milieu duquel sinue la ligne orangée de la piste sur laquelle je progresse.

Depuis l’épaule de l’ancien oppidum, premier contact visuel avec le Lac d’Esparron qu’on devine derrière le barrage

Un brusque décroché lui fait rejoindre la petite route venant du barrage sous laquelle un petit sentier assure au marcheur une continuité clandestine et à l’abri des voitures. La source des Cades est proche et, avec elle, l’espoir d’eau fraîche pour une gourde bientôt vide. Espoir déçu. La source ne coule plus et est surmonté d’une mention « non potable ». La soif devra encore patienter un peu pour être épanchée.

La marche se poursuit au-dessus d’un bras du lac vers le sommet du Defends et l’entrée du camping naturiste Verdon Provence. N’y soyez pas surpris d’y croiser des résident(e)s dans le plus simple appareil ! Je bascule par l’adret du Defends en direction du Ravin de Bellioux. C’est une nouvelle opportunité de saisir un aperçu du lac d’Esparron, presque à portée de main derrière la ligne brouillonne de la végétation et celle, plus formelle, d’une clôture dissuasive.

Coup d’oeil un peu plus conséquent sur le Lac d’Esparron dont on se rapproche un peu plus à chaque pas

Il n’y aura pas mieux avant Esparron : les propriétés privées qui ont poussé sur les hauteurs ont fait obstacle à toute possibilité de cheminement les pieds dans l’eau. Il n’y a pas d’autre choix que d’emboîter le pas aux balises qui vont chercher loin par les terres la voie d’Esparron, usant de chemins champêtres détournés et de corridors ouverts dans la touffeur de sous-bois aux senteurs de résine.

La fin d’étape subjugue après ces heures de marche patientes à guetter le lac

On entre ainsi dans « la Perle du Verdon » par les hauteurs de son bourg ancien, apercevant les murs de son château avant même d’avoir vu le moindre bout de ce lac qui se fait désirer, ne se révélant finalement qu’à l’approche d’un bras aux allures d’estuaire où a été aménagé le petit port local. C’est la première véritable occasion de se confronter à l’immense retenue de 328 hectares ! Pour les plus rapides à l’avoir atteinte, la baignade s’imposera séance tenante. Pour les autres, comme moi, elle attendra demain matin !

Esparron-de-Verdon et son petit port que prolonge le départ des canoës et des pédalos puis la zone de baignade surveillée

Où dormir à Esparron-de-Verdon ?

À moins de vouloir mener la vie de château avec Charlotte Anne et Bernard de Castellane, les héritiers de ce bien demeuré en famille depuis le 13ème siècle – rendez-vous sur le site du Chateau d’Esparron dans ce cas – vous passerez probablement la nuit dans l’un des nombreux campings situés autour de la commune.

Moyennant deux kilomètres supplémentaires, je suis allé chez Sophie et Bertrand, les propriétaires du Camping de La Beaume où, en sus d’un accueil généreux qui met immédiatement à l’aise, j’ai pu passer la nuit dans une cabane de 24m2 perchée dans un vieux chêne ! D’autres formules locatives sont disponibles (chalet, tipi, roulotte…) et il y a bien sûr aussi des emplacements classiques si vous êtes en tente avec un forfait randonneur. Un restaurant-bar sur place permet de prendre son repas du soir et son petit-déjeuner si besoin. Infos et réservation : 04 92 77 15 28 ou mail à contact@campinglabeaume-verdon.com

Où se ravitailler ?

Le Panier Sympa est une petite épicerie située de l’autre côté du parking principal d’Esparron. Elle est ouverte tous les jours de 8h30 à 12h30 puis de 16h à 18h30, sauf le lundi.

Jour 2 : Esparron-de-Verdon – Quinson

Difficulté : facile | Distance : 9 km | Durée : 3h | Dénivelé : +190m

La deuxième journée a rapidement des airs de dilettante. À peine dix kilomètres pour rejoindre Quinson : voilà qui tend à placer la matinée sous le signe de la détente les pieds dans l’eau. En reportant la marche à l’après-midi, la possibilité est ainsi offerte de profiter pleinement du lac jusqu’au déjeuner.

Une vraie compensation après une première étape passée assez loin de lui. En septembre, en semaine et aux premières heures de la matinée, Esparron respire la paix. Une mer d’huile que ne vient troubler aucun souffle de vent. Idyllique.

Le Lac d’Esparron un matin de semaine en septembre : le calme à l’état pur

Difficile aujourd’hui d’imaginer le lieu autrement que baigné par les eaux de son lac. C’est pourtant un paysage bien différent que les seigneurs de Castellane contemplaient au 15ème siècle depuis les créneaux de la grande tour carrée qui flanque leur château. Le mot tourisme n’existait alors pas et le vieil Esparron se protégeait derrière ses remparts des menaces de l’époque.

De cette lointaine époque – et des suivantes – subsistent des traces éparses, à collecter notamment par une visite aux Jardins des Ruines de Vière, suspendus sous le flanc du château, aujourd’hui reconverti en chambres d’hôtes de luxe. Un voyage dans le temps pour redonner vie à l’Esparron de la fin du 19ème siècle, quand une quinzaine de maisons reliées entre elles par des escaliers et des calades donnaient ici vie à un quartier désormais disparu.

Un aperçu du château d’Esparron, propriété de la famille Castellane depuis le 13ème siècle

Je m’échappe par le sentier botanique frayant sans peine à travers des bosquets de nerpruns et de genévriers par la colline de la Grangeonne. Une bonne occasion de réviser mes connaissances de la végétation provençale, au demeurant assez maigres quand je réalise qu’identifier un amélanchier ou une filaire à larges feuilles est toujours aussi difficile.

Je m’adjoins à cette interrogation surprise une mention passable assez sévère lorsque j’atteins le belvédère de la Tuilière à presque 500m d’altitude. Ce sera la seule ouverture sur le lac de l’étape alors j’en profite, consommant la vue sans modération. Quelques reliefs lointains retiennent mon attention : le Ventoux, plein nord, mais aussi, tout à droite, dans l’axe de la vallée de l’Asse, la Montagne de Beynes et le Sommet de Cousson, gravis tous les deux et qui me renseignent sur la proximité de Digne.

La table d’orientation du belvédère de la Tuilière : dernier contact avec le lac d’Esparron avant l’étape d’après-demain

Je poursuis dans un étroit corridor taillé à travers les buis et les érables de Montpellier jusqu’au carrefour avec la large piste prolongeant la route de Quinson vers l’antenne-relais qui alimente Esparron en 4G. Le Tour du Lac d’Esparron épouse ici le GR®4, ainsi qu’un autre GR® de Pays opérant lui le Tour des Balcons du Verdon et du Plateau de Valensole.

Le chemin s’en va à travers champs comme deux grands rails de terre ocre fendant labours et rangées d’oliviers. Parfois un pin ancestral dispense une ombre accueillante qui invite à la pause adossé à son tronc noueux. Puis vient la route montant d’Esparron et qui déroule son bitume vers Quinson. Une transition plutôt brève entre deux tronçons de sentiers.

Petite pause sous un pin le temps de faire le point sur l’itinéraire et d’envoyer une story sur les réseaux !

Je me sens soulagé quand une balise m’invite à la quitter pour filer entre de jeunes chênes par un sillon à l’orange presque sanguin. Pas de lac en vue certes, mais une satisfaction à évoluer dissimulé aux voitures, à l’abri sur un vrai chemin. Parmi les trèfles et les feuilles mortes amoncelées en tapis sur les bords du sentier, des girolles pour l’essentiel décapitées sans soin trahissent un festin de sangliers.

Le temps d’1,5 kilomètre, le sentier flirte avec la route en évitant soigneusement de la rejoindre. Plaisante attention qui prolonge le temps passé à marcher dans le chatoiement du sous-bois, à la place dûment attendue pour un(e) randonneur-se. Le Verdon, lui, coule à plus d’un kilomètre de moi, invisible dans ses Basses Gorges que l’itinéraire visitera demain.

Sur la petite sente à la teinte ocre qui fraye à travers les chênes et à l’écart de la route

Le balisage ne s’éloignera pas de cette mince ligne tracée à quelques mètres de la lisière du bois et préférable au goudron qu’on retrouvera cependant un peu avant la ferme de la Templière. Au-delà d’un horizon barré de vignes ou de champs où se dresse parfois la silhouette élancée d’un cyprès ou, plus arborescente, d’un pin d’Alep, la muraille des reliefs du Verdon défie le ciel.

S’y dévoilent les falaises de la crête de Plein Voir et les hauts plateaux du Mourre de Chanier, rappelant que le lac de Sainte-Croix, Moustiers et la sortie du Grand Canyon ne sont définitivement pas très loin. Puis, peu à peu, l’emprise des hommes sur le paysage s’efface au profit d’une forêt retrouvée où des mantes religieuses méfiantes sont prêtes à en découdre avec moi sur le chemin.

Même pas peur la mante ! Prête à en venir aux mains s’il le faut avec cet humain qui lui tire le portait !

Puis le GR® décroche à gauche pour aller chercher Quinson par  son cimetière, au terme d’une descente expéditive et caillouteuse. Pas moyen de faire la variante par le sentier des falaises du Vieux Quinson : un arrêté municipal en interdit l’usage pour une durée indéterminée. Qu’à cela ne tienne, les derniers mètres avant le village empruntent une étroite allée de chênes pour certains monumentaux qui n’en font pas regretter le choix imposé.

Puis vient Quinson, petit bourg compact et contenu derrière son enceinte fortifiée dont le charme inné aurait pu demeurer confidentiel sans la proximité des Basses Gorges et la présence du Musée de la Préhistoire. J’en savoure d’autant plus le calme revenu de l’arrière-saison, profitant d’un rafraichissement apprécié à la terrasse du café du Petit Duc où vécut Charles Aznavour dans les années 40 et où j’achève cette petite journée de marche.

Le joli petit village de Quinson et ses falaises

Où dormir à Quinson ?

La première solution pour le randonneur, c’est le Gîte de l’Escargot. Ou plutôt les gîtes car il s’agit de deux meublés avec cuisine – un pour 4 personnes, l’autre pour les plus grands groupes – qu’on peut occuper à la nuitée. Très pratique. Tarif à partir de 57 euros, petit-déjeuner non compris à 7,50 euros. Infos et réservation : 04 92 74 09 73 ou 06 81 40 38 46 ou formulaire de contact sur site. Attention : pas de règlement par carte bancaire !

La deuxième solution – si le gîte est complet notamment – c’est l’hôtel-restaurant du Relais Notre-Dame, un très charmant 3 étoiles établi dans un ancien relais de poste depuis 1952. Un cadre extérieur idyllique et des propriétaires aux petits soins de leurs clients. Laurent et Sophie De Fazio ont repris l’établissement en mars 2024 et lui font bénéficier d’une longue expérience d’hôtellerie acquise précédemment au prestigieux Carlton de Cannes. La table est délicieuse et la cave bien garnie. Un authentique plaisir des papilles après une journée de marche. Un endroit que je recommande sans hésiter. Infos et réservation : 04 92 74 40 01 ou mail à contact@relaisnotredame.com

Où se ravitailler à Quinson ?

Il y a un petit Proxy tout proche de l’Office de Tourisme de Quinson, dans le centre du vieux village. De quoi dépanner pour le pique-nique. Il est ouvert tous les jours de 8h30 à 12h puis de 15h30 à 19h, sauf le dimanche où il n’est ouvert que le matin. Fermeture le mercredi.

Ma chambre du soir prise à l’Hôtel du Relais de Notre-Dame. Une très bonne adresse !

Jour 3 : Quinson — Saint-Julien-le-Montagnier

Difficulté : assez difficile | Distance : 18,3 km | Durée : 6h30 | Dénivelé : +420m

Pour cette troisième étape, la stratégie d’un départ le plus matinal possible est de mise. Les Basses Gorges ne seront pas une découverte me concernant. Mais quand bien même l’effet de surprise n’agit plus, le plaisir de les parcourir par l’étonnant sentier du garde-canal, aménagé au fil de l’eau, demeure intact.

voir la vidéo Carnets de Rando sur YouTube : Les Basses Gorges du Verdon

Ce cheminement incroyable a pu voir le jour en réhabilitant à l’usage des marcheurs-ses la trace jouxtant l’ancien canal du Verdon sur laquelle évoluaient, jadis, les gardes employés à la surveillance de celui-ci. Un travail d’orfèvre incapable de susciter autre chose que du ravissement chez les visiteurs le parcourant inlassablement à longueur d’année.

Les yeux dans les yeux avec le Verdon, sur le chemin parfois escarpé du garde-canal

Le sentier des Basses Gorges fait aujourd’hui le bonheur des réseaux sociaux, générant en coeur de saison et aux beaux jours une affluence telle qu’elle peut même en devenir problématique. Sans parler de la pression exercée sur le site. Savoir adapter son horaire est donc judicieux.

S’employer, dans la mesure du possible, à pratiquer les Basses Gorges en-dehors des jours et heures de fréquentation les plus marqués s’avère un choix tout aussi judicieux pour soi-même que pour la préservation d’un lieu éminemment magique

En partant suffisamment tôt – entre 7h et 8h – on dispose par ailleurs d’un délai suffisant avant que les premiers pédalos/canoés/bateaux électriques envahissent les Gorges pour goûter à leur part du morceau. Un authentique privilège croyez-moi !

L’entrée des Basses Gorges depuis le lac de Quinson

Quand je longe les rives paisibles du lac de Quinson, alors que le soleil commence à se positionner dans l’axe des gorges, les embarcations oscillent doucement à quai, derrière les guichets fermés des boutiques qui n’ouvriront qu’à 10h. Voilà qui me laisse largement du répit avant l’invasion !

Après avoir franchi le pont sur le Verdon, je fais quelques pas dans le Var voisin avant d’aller chercher le passage en rocher desservi par une volée de marches s’envolant au-dessus de la départementale. Je suis à pied-d’oeuvre en quelques secondes, plongé instantanément dans l’univers des Basses Gorges par un premier ponton suspendu à un mètre à peine de la surface de l’eau.

Le sentier du garde-canal offre une alternance de passerelles et d’escaliers oscillant entre le ras de l’eau et le bord des falaises

Le ton est donné. Le mariage du rocher et de l’eau, la succession d’escaliers et de passerelles – comme celle de la Draille des Vaches – rappelle ostensiblement le Sentier Martel dans un format plus court. L’ancien canal, désaffecté depuis 1969, est omniprésent. Une rambarde métallique rassure lorsque l’itinéraire fraye à flanc de falaise, sur la surface inégale et souvent patinée du rocher.

Et, toujours, la présence apaisée du Verdon, masse d’eau large et profonde que la création du barrage d’Esparron a fait remonter au niveau qu’on connaît aujourd’hui et qui confère au lieu une beauté inouïe. Luisant d’un éclat émeraude et surmontée de falaises où les arbres s’accrochent à la force de leurs racines, la rivière transcende le paysage.

La présence du Verdon, assagi par rapport au Grand Canyon, donne aux Basses Gorges une identité visuelle très forte

Le lien visuel est rompu lorsque le balisage s’engouffre dans le lit de l’ancien canal. Un chantier pharaonique, commandé par Napoléon III pour permettre d’alimenter en eau Aix-en-Provence et sa région. Près de 80 kilomètres de long, dont vingt de souterrains que plus de 500 ouvriers percèrent jour après jour.

Aujourd’hui ces tunnels abritent des populations de chauves-souris qui s’y réfugient pour leur hibernation. Parmi elles, le Murin de Capaccini, une espèce rare en Europe qui affectionne les cavités à proximité d’une surface d’eau libre. La plupart de ces tunnels sont fermés au public. L’un d’eux, situé juste après la cabane du garde-canal, demeure exceptionnellement ouvert pour assurer la continuité du sentier.

À la sortie du tunnel succédant à la cabane du garde-canal : l’option pieds nus est parfois la plus judicieuse lorsque le tunnel est inondé

J’y progresse en silence et pieds nus pour franchir plus facilement l’eau résiduelle qui monte parfois jusqu’aux chevilles. L’usage d’une lampe s’avère ici d’un grand confort. La sortie du tunnel marque la séparation avec le canal et l’ouverture d’un nouveau chapitre qui prend ses distances avec le Verdon pour s’enfoncer dans les méandres tortueux et luxuriants du Ravin de Sainte-Maxime.

Changement radical de décor. Des troncs grêles et aux formes fantasques s’entremêlent, filtrant une lumière ténue qui fait luire l’épaisse gangue de mousse recouvrant le moindre élément de paysage comme si arbres et rochers portaient chacun une toison verte. Au milieu de ce décor sinue le sentier, à la surface duquel des racines rampent à la manière de serpents géants.

L’ambiance décalée du Ravin de Sainte-Maxime : entre garrigue et jungle tropicale !

De part et d’autre, enfin, des masses rocheuses confinent le lieu, émergeant de la végétation comme les ruines de temples depuis longtemps oubliés. À la fois oppressif et fantasque, le cheminement ne laisse pas indifférent, conquérant à la patience l’altitude perdue dans le fond des Basses-Gorges pour aller chercher les hauteurs du plateau de Mallesauque.

Au sommet, le/la marcheur/se essouflé(e) – ou pas ? – trouvera la façade accueillante de la petite chapelle Sainte-Maxime. Les Quinsonnais(es) y montent encore tous les 16 mai pour célébrer leur sainte, fille du Comte de Grasse qui officia comme mère supérieure du monastère varois de Callian avant le 9ème siècle. Le bâti actuel date de 1854 et a pu bénéficier d’une restauration récente de la Fondation du Patrimoine.

L’arrivée à la chapelle Sainte-Maxime, tout au-dessus des Basses Gorges depuis lesquelles il a fallu monter

En prolongeant au-delà, sur les longs gradins de roche qui s’étirent en terrasses inégales, on peut apercevoir une dernière fois le Verdon poursuivant sa route dans les gorges, vers le lac d’Esparron. Retour ensuite en arrière pour poursuivre par la partie amont du Ravin de Sainte-Maxime, plus haute, plus large et aussi bien moins fréquentée.

C’est un retour progressif à la solitude. Les chênes verts et les buis redeviennent mes seuls compagnons de route pendant ma traversée des bois. L’itinéraire est ici commun avec le GR®99, une itinérance provençale de 179km qui relie Revest-les-Eaux, au-dessus de Toulon, à Trigance, tout près de l’entrée du Grand Canyon du Verdon.

Progression tranquille sur le GR®99 entre la sortie du Ravin de Sainte-Maxime et Les Rouvières

Je rejoins une trouée ouverte dans cet empire de chênes où quelques poignées d’hommes ont choisi de s’installer, de planter et de semer. Un retour à la modernité très relatif : pas l’ombre d’un commerce en vue au passage des Rouvières. J’y trouve cependant un point d’eau et… un terrain de pétanque ! À chacun ses priorités !

Survient alors un chemin de traverse pour succéder à l’arrêt brutal de l’urbanisme. Au-delà des dernières habitations, un passage a été ouvert entre feuillus et résineux pour permettre aux marcheurs-ses de franchir la colline séparant les Rouvières des abords de Saint-Julien-le-Montagnier. Le terminus de cette étape m’apparaît au débouché des fermes de Sainte-Anne, perché au sommet de sa large colline et invitant à un dernier effort d’ascension.

Les belles allées de chênes qui se déroulent sous les pas du marcheur en direction de Saint-Julien-le-Montagnier

J’abandonne le GR®99 qui poursuit sa route vers le sud pour porter mon attention sur un balisage soudainement plus laxiste. Je m’égare, je peste un peu et finis par retrouver le bon chemin le nez collé sur IphiGéNie et mon téléphone. Me voici, littéralement, au pied du mur. Saint-Julien est une bosse, un petit mur boisé qui s’affranchit de peu de lacets pour être gravi de ce côté-ci. Un effort court mais intense après les plus de vingt kilomètres de l’étape.

Sous mes semelles se ressentent les arrondis inégaux d’une ancienne calade escaladant la pente en longs escaliers. Une belle arrivée qui dénote le soin particulier apporté à la mise en valeur de Saint-Julien et de son patrimoine par ses habitants et, notamment, par l’association Le Vieux Village de Saint-Julien-le-Montagnier. J’atteins le bourg ancien en même temps que les nuages qui jettent une ombre froide sur la Provence. Comme un rideau qui se tire pour signifier la fin de l’étape. Timing parfait.

Juché sur sa colline, l’arrivée à Saint-Julien-le-Montagnier

Où dormir à Saint-Julien-le-Montagnier ?

Les yeux fermés je vous expédie chez Christine et sa Maison de Rêves où vous attendent trois chambres d’hôtes et un studio dans une splendide bâtisse construite sur les anciens remparts de la commune. Si vous n’êtes pas déjà sous le charme de la décoration intérieure – l’architecture de l’ensemble est exceptionnelle – attendez de profiter du jardin en terrasse face au panorama immense qui déroule jusqu’à la Montagne Sainte-Victoire.

C’est là que vous dinerez avec Christine et son époux en profitant à la fois du soleil couchant et d’une cuisine faite maison succulente. J’ai vraiment passé un excellent moment d’échange avec eux, me régalant autant de ce qu’il y avait sur la table que de leurs anecdotes de vie passionnantes autour de la musique dont ils sont aujourd’hui retraités. Une belle rencontre ! Infos et réservation sur AirBnB

Où se ravitailler à Saint-Julien-le-Montagnier ?

En descendant le lendemain du vieux village, vous passerez tout près du Proxy Market installé au centre du Saint-Julien contemporain, rue de l’Hôtel de Ville. Vous pourrez y faire quelques courses en prévision de la journée de marche. Il est ouvert tous les jours de 7h à 12h15 puis de 15h à 19h, sauf le dimanche où il n’est ouvert que le matin.

Chez Christine, depuis le jardin en terrasse bâti sur le rempart de Saint-Julien : une vue imprenable !

Jour 4 : Saint-Julien-le-Montagnier — Gréoux-les-Bains

Difficulté : assez difficile | Distance : 20,3 km | Durée : 7h | Dénivelé : +410m

Saint-Julien m’apparaît comme un village-frontière, une sentinelle haut placée qui fait le lien entre deux mondes. Au sud-ouest, un vertigineux no-man’s-land de résineux qui semble déserté par les hommes et qui s’étire, sans résistance, jusqu’aux reliefs lointains de la Montagne Sainte-Victoire. Un espace impressionnant où sangliers, chevreuils et loups doivent circuler librement par des traces connues d’eux seuls. On y regarde le soleil se coucher le soir comme on le ferait sur l’océan.

Au nord-est viennent les Pré-Alpes, annoncées par les reliefs du Verdon et des sommets proches de Digne. Un ensemble de ruptures et de saillies, immédiatement plus accidenté et qu’on sent poussé par l’urgence de créer des sommets et des vallées. La forêt y impose encore sa présence dominante ainsi qu’il m’est donné de le constater depuis l’aire de Gourdane.

Les anciens moulins de l’Aire de Gourdane à Saint-Julien-le-Montagnier : une visite indispensable

Sur cet ancien lieu d’accueil d’un important oppidum de l’Âge du Fer ne se découvrent plus aujourd’hui que la chapelle de l’Annonciade et deux anciens moulins. C’est également là, une fois les remparts franchis, que s’attrape le départ du chemin de la Fontaine, jadis emprunté par les habitant(e)s pour y puiser l’eau, faire sa lessive ou sa toilette, ou simplement échanger.

La fontaine en question m’apparaît 70 mètres plus bas mais les bassins sont vides et l’écho de l’eau s’est tu. Il plane ici comme le souvenir mélancolique d’une vie révolue, presque abandonnée. Le Saint-Julien contemporain s’étend désormais au pied de la colline, du quartier de Saint-Pierre à celui de l’Éclou qu’on rejoint en suivant la voie piétonne jouxtant la route départementale conduisant aux Rouvières.

Les petits hameaux constituant le Saint-Julien contemporain élargi. En toile de fond, l’immense Bois du Défens Vieux qu’il va falloir traverser jusqu’au lac

J’y retrouve un vrai chemin de terre et replonge avec enthousiasme dans le sous-bois après cette parenthèse goudronnée. L’immersion reste cependant de courte durée car au sentier succède bientôt une piste dénuée de charme et assez large pour accueillir trois, voire quatre, véhicules de front. Le Bois du Défens Vieux a été aménagé aux normes de la DFCI et fait le bonheur des chasseurs pour leurs battues.

L’une d’elles est d’ailleurs en cours lors de mon passage et je m’entretiens cordialement avec l’un de ses participants en chemin. Un échange courtois et souriant qui confirme que la cohabitation est possible avec un peu d’ouverture d’esprit et de chaleur dans la voix. La battue ne me concerne que très peu, circonscrite à l’ouest du bois alors que je plonge nord-est par l’un de ces grands ravins descendant en pente douce vers le lac.

Une courte section de sentier fort agréable entre deux tranches de « grosses » pistes

Je ne suis pas fâché de retrouver le miroitement de l’eau après ces premières heures de marche pas particulièrement excitantes. La jonction est opérée au moment où le Verdon s’extraie des Basses Gorges pour grossir le lac d’Esparron. Disparu sous 12m d’eau après la mise en eau du site en 1967 se tient probablement encore l’ancien pont de pierre à trois arches qui enjambait ici le Verdon et permettait aux transhumants venus de la Crau de poursuivre leur route vers les Alpes.

Un patrimoine englouti, façon Titanic, et au-dessus duquel des touristes en guinguette barbotent dans leur bateaux électriques sans en soupçonner la présence. Retrouvailles également avec l’ancien canal qui poursuit sa route vers Aix-en-Provence. Le sentier  en emprunte un rebord au-delà du site naturel du Quartier avant de céder à la tentation des rives du lac où anses étroites et criques naturelles invitent à la pause, si ce n’est à la baignade.

Retrouvailles appréciées avec le Lac d’Esparron au-delà du site naturel du Quartier

Cette partie du Tour du Lac d’Esparron est sans aucun doute la plus propice pour piquer une tête dans les eaux calmes du lieu. Un arrondi autour de la péninsule s’affichant face à Esparron offre les meilleures opportunités avant de retrouver le minéral, plus haut, tandis que l’itinéraire force le passage des falaises de la rive méridionale du grand plan d’eau.

Oubliée la morosité du début de journée : ici on entre de plain-pied dans – n’ayons pas peur des mots – la plus belle section de marche de ce Tour du Lac d’Esparron après les Basses Gorges hier. Elle serpente en douceur sur de longues avancées de roche déliée tout en prenant suffisamment de hauteur pour révéler l’immensité du lac.

Sur les gradins descendant en strates vers le lac : déjà beaucoup de cachet

Esparron s’embrasse alors d’un tout autre point de vue : magistral par l’envergure, spectaculaire par ces corniches rompant brusquement sous mes pieds comme pour m’inviter à un impossible plongeon. C’est une perspective que je n’avais jamais eue sur le lac d’Esparron. Pour en profiter, il faudra quitter le sentier et avancer prudemment jusqu’à ces rebords abrupts pour admirer le lac comme depuis le bastingage d’un bateau.

Si saisissant qu’on aurait souhaité qu’à l’instar du sentier du garde-canal de Quinson, un cheminement identique s’aventure ainsi au fil du lac en inspectant la moindre crique, en s’agrippant au moindre rocher. On en veut davantage et c’est presque avec regret qu’on suit le chemin qui redescend au niveau des pins en contrebas, conscient de laisser derrière soi la meilleure expérience visuelle du lac qu’il soit possible de vivre.

Magnifique point de vue sur le lac depuis les falaises émergeant au-dessus de sa rive sud

La suite n’est heureusement pas en reste, octroyant d’agréables moments de marche au fil de l’ancien canal qu’elle s’emploie tantôt à surplomber, tantôt à carrément longer par le fond désormais sec. Le contact est souvent maintenu avec le lac qui clapote à quelques mètres en-dessous du sentier et dont il faut suivre les contours avec application pour finalement atteindre l’aire naturelle de Saint-Julien où je cède à l’envie d’un dernier bain avant Gréoux.

Une précaution utile car, au-delà, se profile un retour peu enthousiasmant par la petite route reliant cette « plage » très prisée l’été à Gréoux. Pas d’autre solution que le goudron pour s’extraire de cette anse encaissée constituant l’unique point d’accès terrestre à la rive sud. Las, je décroche de la route au passage du premier « col » pour monter me percher sur les toits rocheux du Couroumboum et m’offrir un ultime panorama sur le lac d’Esparron.

Pas de côté hors-sentier pour aller chercher un dernier point de vue sur le lac : ça valait le coup !

J’y rêve d’un cheminement façon Imbut, jouant avec les courbes du rocher. J’y imagine un sentier façonné dans les falaises du vallon de la Galère, puis du vallon d’Enfer, suspendu loin au-dessus de l’eau avant de ramener vers le barrage, traverser les sous-bois puis plonger vers le Verdon dont il remonterait ensuite la rive gauche jusqu’au pont de Gréoux. Ce serait un final incroyable.

Je suspends ma rêverie pour revenir à la réalité d’un tracé qui, pour l’heure et faute probablement de conventions, doit se résoudre, en attendant mieux, à suivre le bitume jusqu’à l’aplomb du Pas du Verré. Le crochet par la mignonne petite chapelle de Notre-Dame-des-Oeufs joue les lots de consolation. N’importe quel prétexte est bon pour tenter d’échapper à ce segment interminable de route dont il faut s’acquitter armé d’une patiente résignation.

Arrivée sur le site de Notre-Dame-des-Oeufs : du plaisir après l’épisode prolongé de la route

La chapelle est tout ce qui reste d’un lieu de vie ancien baptisé Aurafrède et décimé à partir du 15ème siècle. Point de miracle mais les soins attentionnés des membres des « Amis de Gréoux » pour préserver ce qui peut encore l’être. Les oeufs, quant à eux, renvoient au désir de maternité.

Lors du pèlerinage de printemps, les femmes désirant un enfant, montaient à la chapelle, porteuses d’un œuf dans chaque main. Parvenues au sanctuaire, elles en gobaient un, enterraient l’autre. Si elles le retrouvaient à l’automne, elles étaient fécondes. Le site offre par ailleurs une vue superbe sur Gréoux, de l’autre côté du Verdon.

La petite chapelle de Notre-Dame-des-Oeufs et son panorama de premier choix sur Gréoux

Je ne mens pas en avançant qu’il s’agit sans doute du plus beau point de vue sur la cité thermale dominée par son château. Un coup d’oeil qui réjouit tout en annonçant la fin imminente. Après une dernière descente échevelée par un sentier férocement joueur, on déboule une fois de plus sur la route.

Retour à la case goudron pour les tous derniers kilomètres jusqu’au Verdon, magnanime dans son lit désormais large. La promenade ouverte sur sa rive droite m’accueille une toute dernière fois avant que la boucle se referme devant l’entrée des Thermes. Voilà qui met un t(h)erme définitif à mon aventure autour du Lac d’Esparron. 

Passage du pont sur le Verdon en arrivant à Gréoux-les-Bains : ça sent la fin maintenant !

TOUR DU LAC D’ESPARRON : À VOUS DE JOUER !

Le récit s’achève. Place au guide pratique pour, à votre tour, vous lancer dans l’aventure du GR de Pays du Tour du Lac d’Esparron. Comme d’habitude, ce guide est présenté sous forme de questions/réponses les plus couramment posées. Si l’une d’elles n’apparaissait cependant pas dans cette FAQ, vous pouvez me la poser directement en m’écrivant à l’adresse contact@carnetsderando.net

Existe-t-il un TopoGuide du Tour du Lac d’Esparron ?

Non, il n’y en a pas. Pas de TopoCarte en vue non plus. Mais l’itinéraire est décrit sur le site Rando Alpes-de-Haute-Provence. Vous y trouverez également, en téléchargement, les traces GPX ou KML selon l’application de guidage que vous utilisez.

Je vois que certaines étapes sont signalées « assez difficile » : est-ce que le Tour d’Esparron est un GR® dur ?

Le degré de difficulté est rapporté relativement aux étapes de ce trek et non pas en comparaison d’autres treks, même si l’estimation de la difficulté essaie de s’aligner à une tendance globale de la randonnée en moyenne montagne en France. Tout ça pour dire que ce Tour du Lac d’Esparron est de difficulté intermédiaire, voire intermédiaire moins. Mais que sa première et ses deux dernières étapes sont plus costaudes rapportées essentiellement à leur longueur. À l’usage je ne l’ai pas trouvé « dur » mais plutôt usant. Un minimum d’endurance pour marcher sur de longues distances est requis pour venir à bout des kilomètres sans y laisser trop de plumes.

Dans les Basses-Gorges, en cheminant au-dessus de l’ancien canal du Verdon lors de la 3ème étape

Est-ce qu’on peut bivouaquer sur ce Tour du Lac d’Esparron ?

Je ne crois pas qu’il y ait d’interdiction formelle mais ce n’est pas moi qui vous le recommanderait cependant. Il y a assez de campings à Esparron pour s’éviter un bivouac hasardeux sur une parcelle probablement privée. Sans compter qu’on est en Provence et que le risque incendie est à considérer avec sérieux. À Quinson, il y a aussi des campings et un gîte. Il n’y a qu’à Saint-Julien que poser sa tente sur un emplacement autorisé est plus difficile. Je rappelle, enfin, qu’il est strictement interdit de dormir dans les Basses Gorges. 

Qu’as-tu pensé du balisage sur ce Tour du Lac d’Esparron ?

En toute honnêteté c’est balisé avec sérieux sur presque toute la boucle. Rien d’étonnant puisque le tracé du Tour du Lac d’Esparron est souvent calé sur celui d’un GR® : GR®4 sur la première et deuxième étape, puis GR®99 sur une partie de la troisième. Les choses se gâtent un peu dans le secteur de Saint-Julien-le-Montagnier, entre Sainte-Anne et l’Éclou où, subitement, le marquage est soit absent, soit fatigué, soit insuffisant ou mal placé. Ça rentre globalement dans l’ordre une fois le sous-bois retrouvé et il n’y a plus aucun souci une fois les rives du lac d’Esparron retrouvées.

Un exemple de balisage à rafraîchir entre Saint-Julien et l’Éclou

Quelle est la meilleure saison pour faire le tour du Lac d’Esparron ?

Indépendamment des périodes d’ouverture des hébergements, ce trek s’envisagera idéalement soit lorsque le printemps est bien avancé et que la température chauffe sans toutefois être excessive, soit en septembre quand l’été est encore là mais que la foule des estivants est rentrée chez elle. Ce n’est pas la même expérience qu’en plein juillet-août où, de surcroit, les températures peuvent être difficiles à supporter sur les chemins. 

Est-ce qu’on peut se baigner sur le Tour du Lac d’Esparron ?

Mais oui on peut et c’est ça qui le rend aussi très attractif ! Alors peut-être pas autant qu’on aimerait ou qu’on imaginerait, mais c’est possible. À Esparron-même pour commencer où il faudra profiter des zones de baignade aménagées. À Quinson ensuite, dans son lac. Mais également dans la traversée des Basses Gorges : repérez un petit sentier s’éclipsant sous la maison du garde-canal. Il conduit au niveau du Verdon et sur une saillie rocheuse à partir de laquelle on peut se mettre à l’eau. Énorme à faire seul(e) avant que les gorges soient envahies par les canoës ! Ensuite sur la dernière étape, bien après avoir dépassé le Quartier, une fois sur la « péninsule » qui fait face à Esparron. Là il y a franchement plein de spots. Enfin à l’aire naturelle de baignade – non surveillée – de Saint-Julien. Bref, n’oubliez ni le maillot, ni la serviette !

Petit « plouf » bienvenu sur la troisième étape des Basses Gorges, sous la maison du garde-canal : le Verdon pour moi tout seul !

Est-ce qu’on trouve de l’eau facilement sur le tour du Lac d’Esparron ?

À la fois oui et à la fois non. N’espérez pas trouver de sources naturelles bien fraîches comme en montagne : ici c’est la Provence et c’est sec. Il faut donc toujours avoir suffisamment d’eau avec soi pour pouvoir progresser entre les différents points de ravitaillement. Dans l’ordre et en dehors des étapes à proprement parler : un point d’eau à Saint-Martin-de-Brômes à l’angle du boulodrome le premier jour, un robinet derrière le mur d’une maison à l’intersection du Chemin des Puits de Boyer et de la rue des Figuiers aux Bernes, un point d’eau au terrain de pétanque des Rouvières et c’est tout !

Est-ce que tu as relevé des défauts à ce GR® de Pays du Tour du Lac d’Esparron ?

Le terme est un peu fort. Je ne parlerai pas de défaut ici. Peut-être plutôt de maladresse sémantique. La notion de « tour » induit l’idée de se tenir toujours assez proche du lac, d’y avoir un accès régulier. Ce n’est pas forcément le cas. Le contact avec le lac c’est uniquement Esparron puis le très beau segment de la dernière étape. À l’exception de quelques ouvertures plus lointaines, le reste se passe dans les terres et assez loin du lac. Il faut donc en être prévenu. N’oublions cependant pas les Basses Gorges qui ne sont pas vraiment le lac d’Esparron mais plutôt le Verdon et qui compense cette absence. Enfin bref, je trouve qu’on fait ici davantage le Tour du Pays d’Esparron que du lac à proprement parler.

La zone de baignade surveillée du lac à Esparron : un très bel endroit !

À qui conseilles-tu ce trek ?

De mon point de vue je le recommanderai plutôt à des marcheurs-ses qui ne connaissent pas du tout la région. Quelqu’un qui fréquente habituellement le lac ou qui connait déjà les Basses Gorges ne s’enthousiasmera pas forcément sur les segments de liaison entre ces sites qui lui donneront l’impression d’évoluer en terrain connu, dans un décor de Provence très familier et de ce fait peu dépaysant. Le tracé me semble donc plutôt destiné à un public néophyte de la Provence, de ses chemins et de sa végétation caractéristique. Ainsi qu’à des personnes sensibles à la découverte régionale et soucieuses de s’immerger dans tout type de chemin sans rechercher en permanence l’effet « waouh ».

Je pense par ailleurs qu’il ne convaincra pas forcément les « gros » trekkeurs-ses adeptes du bivouac et du dénivelé en montagne. Ce n’est pas une proposition qui cadrera forcément avec leurs attentes de pratiquants aguerris. En revanche j’y vois davantage un public qui n’est plus 100% débutant mais qui cherche des parcours plutôt faciles à suivre, physiquement et techniquement, pour consolider son apprentissage de l’itinérance. Ou, enfin, à des trekkeurs-ses à la recherche d’une boucle sympa à réaliser en amont/aval de la saison de montagne.

Remarque : les informations données dans cet article consacré au Tour du Lac d’Esparron engagent uniquement la responsabilité de l’utilisateur/rice sur le terrain qui saura les adapter à son niveau et à son expérience. Carnets de Rando ne saurait être tenu responsable de tout accident survenant suite à un mauvais usage de cet article ou à une mauvaise appréciation du niveau du/de la pratiquant(e) par rapport à celui requis.

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