Parc National de Forêts : Vol au-dessus du Val des Choues

C’est le onzième des Parcs Nationaux de France et il est unique en son genre. Trois mots-clés identifient cette unicité : forêt, feuillus et plaine. Le Parc National de Forêts abrite en son sein un patrimoine paysager et culturel, à cheval entre Haute-Marne et Côte-d’Or, qu’il a été jugé nécessaire de préserver. La forêt y occupe forcément une place de choix et c’est d’abord à sa découverte que je suis parti dans ce triptyque de reportages consacré au seul Pays Châtillonnais. J’y ai été invité à découvrir une petite boucle, dont le périmètre immédiat est inscrit au titre de la protection des milieux naturels, tant pour ses habitats que pour les espèces qui vivent dans ses bois. Point de départ et d’arrivée : le Val des Choues et son abbaye. Un lieu grandiose, reconverti aujourd’hui en Musée de la Vénerie. Une belle occasion pour mettre au placard ses a-priori en y rencontrant le maître des lieux : le passionnant Michel Monot. Une vraie expérience à vivre. Jugez plutôt.

Difficulté : facile| Distance : 8 km| Dénivelé : 135 m| Durée : 2h | Carte : IGN TOP 25 1/25000è Recey-sur-Ource/Leuglay

Dix minutes déjà que la voiture a été avalée par la forêt. La traversée du discret petit village de Vanvey, posé dans la vallée de l’Ource, me semble reléguée à une éternité. Des kilomètres de futaie, arc-boutés au-dessus d’une route étroite, sont en train de me conduire au bout du monde. Derrière la vitre de la voiture de l’Office de Tourisme du Châtillonnais, le soleil de la Côte-d’Or crée des jeux de lumières chatoyants entre les feuillages denses de l’immense forêt de Châtillon.

C’est mon premier contact avec le Parc National de Forêts et, d’entrée de jeu, le rapport de force entre ma taille dérisoire et les 9000 hectares d’une des plus grandes forêts de Bourgogne me saisit

Je me noie littéralement en tentant d’appréhender les 242000 hectares de ce Parc National de Forêts, le second par la taille après celui de Guyane. Vertigineux. Je suis vraiment enthousiaste d’aller à sa découverte. C’est un reportage photo, aperçu dans un numéro de Terre Sauvage, qui m’a fait m’emparer de mon téléphone pour proposer, à mon tour, un reportage sur le petit dernier de la famille des grands parcs nationaux. La magie des photos sur papier glacé aura eu sur moi valeur d’électrochoc. Il fallait que je vois ça par moi-même.

Parc National de Forêts

Un puits de lumière inonde subitement l’habitacle, dissipant le vertige des proportions inégales et des souvenirs de ce qui m’a conduit jusqu’ici. La forêt a reculé, laissant apparaître un bel espace de prairies et d’étangs, clos au loin par les hauts murs de ce qui pourrait être une colossale ferme. L’arrivée au Val des Choues, après un voyage hypnotisant dans cet hyperespace forestier, sera nécessairement un événement marquant. Par quelle volonté des hommes ont-ils érigé pareille monumentale bâtisse dans les entrailles de la forêt ? Celle de Dieu, forcément !

Quelle meilleure destination que le cœur d’une forêt pour un ermite du 12ème siècle qui chercha, dans le silence, à établir une connexion apaisée avec le divin ?

L’histoire a probablement dû démarrer de cette manière et le site, dont la fondation est officiellement approuvée par la papauté en 1203, peut entamer son développement selon une règle originale, baptisée Ordo Valliscaulium, mêlant à la fois les usages en vigueur chez les bénédictins, les cisterciens et les chartreux. Ce sont les seconds qui en hériteront à la fin du 18ème siècle avant que la Révolution mette rapidement un terme à son activité. Fin de l’histoire ? Pas exactement. Car un tout autre destin attendait désormais les murs oubliés du lieu.

« L’endroit est maintenant la propriété de la famille Monot. », m’explique Méryl, chargée de développement à la Communauté de Communes du Pays Châtillonnais et qui m’accompagne pour ce premier jour ici. « Ils y dirigent un équipage de 150 chiens pour la chasse à courre et y ont ouvert un musée consacrée à la vénerie. » Je tressaille dans la seconde, brutalement tiré d’un songe et rappelé à la réalité. J’ai bien entendu le mot chasse à courre ? La chasse et moi, ça fait deux. Alors la chasse à courre vous imaginez ? C’est, à mes yeux, le cran supérieur, ma limite ultime de tolérance. Une pratique que j’associe à toutes ces images barbares éparpillées sur la toile. Je prends un peu peur.

À ma grande surprise, je découvre que le Val des Choues est aujourd’hui la pierre angulaire de la pratique de la chasse à courre. Une sacrée reconversion !

« Mais tu auras le temps de bien la voir et de la visiter car, de toute façon, c’est là que tu dors ce soir.« , ajoute Méryl. Douche froide, crise de panique contenue. Je fouille dans ma collection de masques et choisis celui de l’impassibilité. « Pour de vrai ? Ça alors ! » Et puis je me dis que la vie, qui a le sens de l’humour, m’offre finalement une expérience. Après tout qu’est-ce que je connais à la chasse à courre ? Rien, sinon un avis préconçu. Je décide de replacer ma curiosité naturelle en première ligne et de faire table rase de mes craintes et de mes a-priori. Ce soir, après la rando, armé de toute mon objectivité, je me ferai un authentique avis sur la question.

Parc National de Forêts

Pour l’heure, c’est rando-time ! On a rendez-vous, devant l’entrée de l’Abbaye, avec Sylvain Boulangeot, animateur à la Maison de la Forêt de Leuglay, et Régis Gatteaut, le directeur de l’Office de Tourisme du Châtillonnais. C’est bien que Sylvain soit là. Depuis mon incroyable expérience à Brotonne, en Seine-Maritime, avec Emmanuel, je ne pars plus en reportage en forêt sans confier mes cinq sens à un spécialiste de ce milieu dont les clés de lecture et d’interprétation nécessitent une solide expérience naturaliste.

Je le dis et le répète : on ne peut décemment pas s’immerger en forêt sans un accompagnement pour apprendre à poser notre attention sur des détails qui, autrement, passeraient inaperçus

La richesse de la forêt, son univers grouillant de vie et d’histoires à raconter, ne se révéleront qu’à celui, ou celle, dont le regard, l’ouïe et même parfois l’odorat, seront suffisamment affûtés pour en déceler l’invisible présence. Et, dans ce rôle, Sylvain est assurément la bonne personne. Un autre enfant de la forêt, habillé dans un corps d’adulte au visage souriant et à l’œil qui pétille. Le garçon a de la gouaille, de l’énergie et de la bonne humeur à revendre. Pas de doute, on va passer un bon moment !

Un grand panneau d’informations, placé au départ de l’itinéraire, invite à un peu de lecture pour contextualiser la randonnée. C’est une boucle facile de huit kilomètres, donnée en deux heures de temps. Rien d’insurmontable au demeurant. En marchant rapidement, il doit même être gérable de la faire en moins que ça. Mais, si vous commencer à tenir ce genre de raisonnement, je vous le dis tout de suite, vous faites fausse route ! L’âme de la forêt ne s’offre qu’à celles/ceux qui acceptent de laisser filer le temps. Cette courte durée sur le papier lève, précisément, toute pression de la montre sur le/la marcheur/se.

Si on peut se laisser aller à marcher au rythme lent du pouls de la forêt, à ralentir pour en guetter les signes de vie, c’est justement parce qu’on a TOUT le temps pour boucler ce court parcours.

Une invitation à la portée de chacun(e) de faire plus amplement connaissance avec les éléments constitutifs de ce Parc National de Forêts dont on ne peut qu’avoir envie de définir l’identité. Une petite rampe en sous-bois met derrière nous, dès le départ, l’essentiel du dénivelé de la sortie. En à peine cent mètres d’élévation, nous avons rejoint la Tranchée du Val des Choues, une droite parfaite tirée à travers l’énorme masse boisée, dans l’axe de l’abbaye éponyme.

Parc National de Forêts

Sur la carte, l’homme semble avoir tiré des traits à la règle sur toute la surface boisée qui s’étend entre la vallée du Brévon, au sud, celle de l’Ource, au nord et, évidemment, celle de la Seine, qui ondule à l’ouest. Un simple reliquat, pourtant, d’une encore plus ancienne et bien plus importante couverture forestière qui couvrait les plateaux du sud-est du Bassin Parisien. Les forêts d’Arc-en-Barrois et d’Auberive, en sont d’autres témoins qui, elles aussi, ont été placées sous la coupole protectrice du Parc National de Forêts, créé finalement en 2019 après avoir été annoncé après le Grenelle de l’Environnement dix ans plus tôt.

117 communes, près de 25000 habitants, 200 membres constituant un Groupement d’Intérêt Public, 10 ans de concertations et d’études : le Parc National de Forêts est le fruit d’un patient labeur

Un long processus de dix ans aura été nécessaire, qui aura rassemblé près de 300 personnes à différents niveaux, pour passer de l’idée à l’acte. C’est le premier ainsi créé en forêt feuillue de plaine. Un petit exploit en soi qui a, comme chaque fois, ses partisans et ses détracteurs. « Ici on a des forêts qui ont mille ans d’âge.« , m’explique Sylvain. « La présence d’espèces souches très ancienne témoigne du caractère exceptionnel de ce qui est un patrimoine écopaysager à préserver. Le but du jeu ce n’est cependant plus seulement de protéger mais aussi de faire découvrir. »

Parc National de Forêts

La question de la chasse me trotte à nouveau en tête et gêne ma compréhension du discours. J’interpelle Sylvain sur ce sujet. « Sylvain, on parle de protection, de Parc National de Forêts mais on parle aussi de chasse ici. Comment la pratique de celle-ci est-elle compatible avec le statut même de Parc ? Comment, tout simplement peut-elle même y être autorisée ? » Ma confusion est palpable et je reçois une réponse collective à mes interrogations. Régis et Méryl sont, eux aussi, des enfants du pays et interviennent. « La chasse, ici, c’est un élément culturel et historique. Elle ne s’oppose donc pas au credo du Parc : elle en fait partie intégrante. »

Vu de l’extérieur, chasse et parc national paraissent antinomiques. Leur mariage bourguignon trouve pourtant un sens qui m’aurait échappé si on ne me l’avait expliqué.

« La cohabitation avec les chasseurs, chez nous, se fait avec courtoisie. On a l’habitude de les voir. On n’est pas dans le conflit, même si on ne partage pas toujours leurs points de vue. Il y a de la tolérance quand un dialogue s’engage. » Ce discours apaisé me surprend mais m’aide pleinement à comprendre comment ces deux notions, à mon sens contradictoires, que sont la protection de la nature et la chasse réussissent à cohabiter de manière pacifiée ici, dans le Pays Châtillonnais. Un petit miracle en soi.

Parc National de Forêts

Sylvain provoque une pause identification. Hêtres, chênes, érables, charmes… Les essences les plus visuelles s’imposent autour de nous. Notre guide débusque chaque trouée, chaque poussée, chaque chute ou chaque coupe et l’inscrit dans la logique du cycle de vie du végétal et dans sa lente et minutieuse stratégie pour régner sur son espace et capter la lumière. D’un geste précis, il coince une feuille de hêtre entre le pouce et l’index, révélant, à la base de la feuille, une boursouflure écarlate. « La gale du hêtre« , explique-t-il. « Du parasitisme. Dedans se trouve bien à l’abri un petit diptère qui va se développer tout le long de la croissance de la feuille. »

La capacité d’analyse de Sylvain, son savoir et sa capacité à transmettre m’impressionnent. Comme les animaux et les arbres qu’ils racontent, on sent que lui aussi a pris depuis longtemps racine dans cette forêt.

Plus loin encore, Sylvain désigne quelque chose sur le sol. « Ça c’est une litière de chevreuil. » Au début je ne vois que des feuilles parmi d’autres feuilles. Mais, en observant bien, je distingue une forme un peu concentrique, un agencement plus net des éléments, comme si un poids s’était posé à cet endroit. Je peux alors imaginer le chevreuil, endormi. Fascinant ! J’aurais pu passer un millier de fois devant sans le voir. Comme le frottis des jeunes mâles sur l’écorce des arbres. Comme le bruit du pic forant son nid. Comme les jolis baies de la viorne lantane, une plante qu’on utilisait jadis dans la vannerie. Comme… Comme quasiment tout en réalité.

Je réalise à quel point je marche en aveugle en forêt. Je prends conscience de ce cache-cache permanent auquel s’adonnent les espèces animales pour dissimuler leur présence. Tout comme, désormais, je regarde une feuille qui s’agite, un mouvement furtif dans les branches, l’aspect rugueux d’un tronc d’un autre œil. Il n’y a pas quelque chose ici qui n’ait une histoire à raconter au passant. J’en viens presque à regretter d’être en mouvement et l’essence de l’affût acquiert soudain sa réelle  dimension à mes yeux. La forêt est une école de la patience, de l’immobilité et du silence.

Rien d’étonnant à ce que des religieux aient choisi cette forêt comme décor pour leurs prières et leurs méditations. Le fossé est décidément mince entre le moine et le randonneur.

On déambule dans les travées, allées et tranchées de ce Parc National de Forêts comme des cisterciens dans leur cloître. Dans le gazouillis des mésanges, on atteint ainsi la Haute Enclave, secteur le plus méridional du parcours. À ce stade, on est très proche du village d’Essarois, posé au bord de la Digeanne, affluent de de l’Ource qui flanque le côte oriental de la forêt. À l’abri d’un gros chêne, on déballe les pique-nique en continuant de s’imprégner de tous les signaux envoyés par la forêt.

Sous l’éclatant soleil de juillet, la forêt de Châtillon est lumineuse et bienveillante. Par un inattendu effet de contraste, les légendes effrayantes et les contes obscurs ayant pour décor la forêt, en général, me reviennent à l’esprit. Il est donc essentiel d’apprendre, dès le plus jeune âge, à la comprendre, à l’aimer et à la respecter. C’est le métier de Sylvain et sa fonction au sein de la Maison de la Forêt, pionnière, bien avant le lancement du Parc, sur la mission de sensibilisation et d’éducation à l’environnement en Forêt de Châtillon.

Au rang des peurs primaires, la forêt, en particulier la nuit, occupe une place de choix dans l’inconscient collectif humain

« Le déclic remonte à l’enfance.« , se souvient-il. « Avec un papa bûcheron dans les Vosges, ma fratrie a hérité des valeurs du travail et du respect de la nature. Une porte ouverte à la curiosité et à l’envie d’en savoir plus. Pour moi ça a été un BTS Gestion et Protection de la Nature, le passeport qui m’a conduit aujourd’hui à transmettre et animer. » Et essentiellement auprès des plus jeunes, qu’il compare à des livres encore vierges où écrire de belles pages d’avenir sur le sujet du respect de l’environnement et du vivant.

Au-delà du croisement avec la route forestière du Val des Choues, le retour vers l’abbaye s’amorce. Notre joyeux quatuor, peu avare en bons mots et en plaisanteries, ne favorise pas spécialement l’observation de la faune ! Je repartirai donc sans image de cerf, de sanglier ou de chevreuil, les ongulés remarquables du Parc National de Forêts. Pas vue non plus la petite Chouette de Tengmalm dont je suis surpris d’apprendre la présence ici, elle qui, traditionnellement, préfère la montagne. Invisibles tout autant les 5 à 6 couples de cigognes noires, espèce qu’on pensait disparue mais qui a finalement réapparue localement, par ici, dans les années 1990.

Ici se trouve l’une des rares stations de plaine de la Chouette de Tengmalm en France ! À peine croyable !

Il faudra revenir, avec Sylvain bien sûr, pour s’offrir un nouveau bain de forêt, diurne et nocturne. Plonger plus loin encore que ce parcours de ronde dont la vocation est d’offrir un premier aperçu du territoire aux visiteurs. À bientôt 17h, mes compagnons de marche me saluent, me laissant seul devant l’imposante entrée du Val des Choues, une porte cochère gigantesque que mon poing fermé est inefficace à cogner pour annoncer ma présence. J’opte pour la cloche située dans le mur à droite.

Une jeune fille – j’apprends en discutant qu’il s’agit d’une étudiante iséroise en fin de stage – m’ouvre et m’invite à la suivre jusqu’à ma chambre. Un préau ouvre sur une cour immense dont le centre est occupé par un bassin et un îlot de verdure. Je suis bluffé par la taille de l’endroit. Ma guide me conduit à l’autre extrémité, peu avant les jardins, là où les chambres d’hôte ont été aménagées pour les invité(e)s. D’un geste, elle me fait entrer dans une pièce bleutée et coquette, à l’atmosphère un peu ancienne et à la décoration 100% chasse. « Vous êtes attendu pour le dîner avec monsieur et madame Monot à partir de 19h. Bon séjour. »

S’il y a bien une chose que je n’aurais pas imaginé en démarrant ce blog, c’est d’être invité à manger à la table d’un spécialiste de la vénerie !

Me voici  donc au Val des Choues, petit paradis niché dans le Parc National de Forêts, partagé entre amusement et un soupçon d’anxiété, à me demander de quoi pourra bien être fait le dialogue de ce soir. J’opte pour une position neutre et une sincère curiosité envers l’histoire et la vie de mes hôtes. Cela tombe précisément au moment où je souhaite centrer davantage Carnets de Rando sur l’humain. C’est l’occasion rêvée de mettre en pratique l’idée. À 19h, je me suis refais une allure et je sonne à l’entrée du logement de Michel et Inès Monot.

Parc National de Forêts

Partager la table, en tête-à-tête et dans le cachet unique d’une abbaye millénaire, d’un des plus importants représentants territoriaux de la chasse à courre et de sa compagne, est une expérience singulière pour un randonneur. Michel nous y a rejoints en léger différé, occupé à gérer la destruction d’un essaim de frelons dans une aile de la propriété. C’est un personnage à la taille impressionnante, à la voix à la fois bien placée et posée, terriblement charismatique.  Un équilibre habile de bienveillance et d’autorité qui invite au respect. Autour d’un repas succulent, on a parlé de leur vie, ici et avant ici, du Parc, de randonnée et, évidemment, de chasse.

Qu’on ne s’y trompe pas, les Monot ne sont pas des aristocrates entourés de valets. Ils font tout eux-même et s’épuisent à la tâche. La vie à l’Abbaye n’a rien d’une vie de château.

C’est bien sûr la vénerie qui les a réunis aujourd’hui, ici, au Val des Choues, à la tête de Piqu’Avant-Bourgogne, un équipage de 150 chiens créé en 1999 dans la voie du sanglier. Les journées sont longues pour entretenir et faire vivre l’abbaye. Et encore plus quand on concourt à être des acteurs engagés dans la vie culturelle et territoriale de sa région tout en défendant la chasse avec une foi non feinte. Les Monot auraient pu juste décider de s’adonner à leur passion en privé, à fermer la porte de leur domaine et à tourner le dos aux critiques féroces. Mais non. C’est exactement le contraire qu’ils ont fait.

« Ce Parc National de Forêts, pour nous, c’est une chance et non l’inverse. Il va permettre d’accueillir tout un nouveau public.« , m’explique Michel avec conviction. « À nous de nous adapter et à lui ouvrir les portes de notre maison de la chasse pour, j’espère, tenter de la démystifier. La philosophie c’est d’expliquer cette histoire, cette antériorité qui la fait passer de la tradition à la culture. » Le discours est sincère et n’a rien de démagogique. Au-delà de mes croyances, je suis bluffé par la volonté d’ouverture de Michel, par cette invitation au dialogue, par ce souci manifeste de transmettre les valeurs qu’il aime et qu’il incarne.

On aime ou on n’aime pas la chasse à courre mais on ne peut pas enlever aux Monot d’être dans la bonne attitude et d’être cités en exemple comme des pacificateurs dans la guerre ouverte qui oppose parfois les chasseurs aux non-chasseurs.

Le Val des Choues est une zone franche, un geste d’apaisement qui veut prouver que la chasse à courre n’est pas dictée par un instinct criminel ou par le goût du sang. C’est une passion, une culture et, contre toute attente, un haut respect du vivant. Du moins quand c’est bien mené. « On paye malheureusement les écarts et les mauvais comportements d’autres équipages.« , plaide Michel. « Il suffit de quelques imbéciles pour condamner un collectif entier. »

Michel évoque et déplore ces séquences barbares qu’on voit circuler sur le web. « On a pleinement conscience de donner la mort à un animal. », poursuit-il. « Ce n’est pas anodin. Et lorsqu’on le fait, on doit le faire avec le respect nécessaire. » La vénerie, ici, n’est pas un hobby : c’est un art de vivre dans et avec la nature. Pour l’expliquer, Michel et sa femme ont ouvert le Musée-Opéra de la Vénerie. Un parcours pédagogique, visuel et sonore, pour naviguer avec tous ses sens dans cet univers qu’on ne connaît finalement pas. Une suite de pièces à l’agencement maîtrisé et aux décors soigneusement choisis qui ne peut pas laisser le visiteur indifférent.

Les époux ne sont pas en manque d’idées pour faire du site un lieu de partage. Ici on a le sens de l’accueil et de l’hospitalité. Et une envie tenace de faire entrer le visiteur dans l’intimité d’une passion maudite par un public néophyte

C’est le point d’orgue d’une visite au Val des Choues, après avoir flâné dans les immenses jardins à la française qui, longtemps, ont accueilli spectacles, concerts et célébrations équestres dans les années 90. Un succès événementiel que le site doit à Inès Monot. Dernier-né de cette fièvre créatrice, le Musée Opéra bénéficie depuis peu d’une scénographie de qualité qui veut transmettre les codes de la vénerie aux néophytes. « On propose également à ceux qui le désirent d’accompagner une chasse, à pied ou à vélo. Ainsi ils peuvent se faire leur propre idée. » Encore une idée incroyable qui plaide en faveur de la cohabitation. Une mine d’inspiration pour renouer un difficile dialogue entre le public et les chasseurs.

Avant de quitter Michel et Inès le lendemain pour la suite de mes reportages en Pays Châtillonnais, je rends visite au chenil. Les quelques 150 Grands Anglo-Français Tricolores qui constituent la meute sont là, répartis en différentes courettes. Loin des chiens sanguinaires qu’on pourrait (trop) facilement imaginer, je trouve des pépères câlins à l’œil tendre et curieux. Élevés à l’odeur d’un seul gibier – ici le sanglier – ils ne bronchent pas au passage d’autres espèces. « Un épisode de chasse se solde parfois – et même souvent – par une défaite. La meute est mise en échec par le gibier et c’est ainsi. » souhaite rappeler Michel.

Le repas de la meute est assurément un instant fascinant et magique où la communion entre l’animal et l’homme s’expriment avec une solennité étonnante

La meute est nourrie en fin de journée. Un moment incroyable lorsque, d’une seule parole de Michel, les aboiements nourris par l’excitation du repas s’arrêtent net. En quittant le Val des Choues, mon regard sur la chasse a changé. Je suis gré à Michel, Inès et leurs enfants de m’avoir permis d’entrevoir l’humain au-delà de la main qui tient le fusil. On connaît bien la caricature, héritée de La Télé des Inconnus dans les années 90, qui questionne la différence entre un bon et un mauvais chasseur. Si je sais, malheureusement que trop, ce qu’est un mauvais chasseur, je sais aussi, depuis ma visite au Val des Choues, ce qu’est un chasseur armé de bon sens.

VENIR EN PAYS CHÂTILLONNAIS

En voiture

Le point d’ancrage pour cette escapade dans le Parc National de Forêts, c’est la très belle ville de Châtillon-sur-Seine qui, a elle seule, mérite la visite. J’y reviendrai dans un prochain article. Châtillon est un point assez central dans un cercle disposé autour de Dijon, Troyes, Auxerre, Chaumont et Langres. On peut donc le rejoindre facilement depuis la plupart des axes.

Pour les sudistes, comme moi, on arrivera nécessairement par l’autoroute l’A6, on sortira à Dijon et on rejoindra Châtillon par la D971 (6h environ). Dijon sera également le point de passage en arrivant depuis le Jura ou Mulhouse (3h30 environ). Pour le Grand Est, en revanche, on passera plutôt par Chaumont puis par la D65, qui devient ensuite D965 (environ 4h depuis Strasbourg). Le Nord contournera Paris pour passer par Troyes et descendre sur Châtillon par la D671, qui devient ensuite D971 (5h depuis Lille). Les Parisiens, eux, descendront par l’A6 via Auxerre puis, par la sortie 20 et la D965, tireront sur Châtillon via Tonnerre (3h environ). Auxerre sera aussi point de passage pour les Bretons, en passant d’abord par Orléans (8h depuis Brest). Le Grand Ouest et Sud-Ouest, quant à eux, préféreront viser Clermont-Ferrand ou Moulins pour rejoindre d’abord Nevers, puis en diagonale Avallon pour attraper l’A6, la suivre au sud jusqu’à la sortie 23 puis, via Montbard et la D980, rejoindre enfin Châtillon (7h30 environ depuis Bordeaux).

En train/bus

La gare de Châtillon-sur-Seine n’est plus en service. Il faut passer par la gare de Montbard (30mn en voiture de Châtillon) puis prendre la ligne 126 jusqu’à Châtillon. Accessibilité également depuis Dijon avec 5 trains par jours (environ 1h30 de trajet et un tarif allant de 15 à 20 euros). Pour celles et ceux qui arriveraient en train depuis Dijon, c’est la ligne 124 (jusqu’à 7 départs quotidiens) qu’il faudra emprunter.

ACCÈS AU VAL DES CHOUES ET AU PARC NATIONAL DE FORÊTS

Depuis Châtillon-sur-Seine, suivre à l’est la D928, direction Langres et Recey-sur-Ource. Au croisement avec la D13, continuer à droite par la D928 direction A31, Maisey-le-Duc et Vanvey. Traverser Maisey et rejoindre Vanvey. Dans le village, juste après l’église, tourner à droite par la route C3 direction Villiers-le-Duc et Ancienne Abbaye du Val des Choues. Attention, après 100 mètres, ignorer la direction Villiers-le-Duc par la D112a sur votre droite et poursuivre tout droit en suivant les indications Abbaye du Val des Choues. Stationnement devant le mur d’enceinte de l’abbaye. Depuis Châtillon-sur-Seine, comptez 30 minutes (22,5 km).

CIRCUIT DU VAL DES CHOUES : LE TOPO

Note : suivre un topo en forêt n’est pas chose aisée même si j’ai tenté d’être le plus précis possible par rapport au terrain et à la carte. Sur place le balisage est correct mais restez néanmoins attentif : en forêt, on rate vite une balise ! Je vous mets, en plus, un lien vers le fichier GPX du parcours.

Depuis le parking de l’Abbaye, rejoindre le panneau d’information de la randonnée en continuant par la route forestière. Partir à droite de celui-ci par une belle allée de taillis et entrer ensuite dans le sous-bois par la gauche (1).

Grimper une côte et à la patte d’oie suivante, prendre à gauche (2). Rejoindre ainsi rapidement la Tranchée du Val des Choues qu’on suit par la gauche (3).

Après environ 800 mètres, à un croisement de 5 chemins, quitter la tranchée à gauche (4). Le chemin va amorcer une descente progressive jusqu’à rejoindre l’extrémité de la Tranchée de la Haute Enclave (5).

La suivre et la poursuivre lorsqu’elle opère, plus loin, un coude marqué à droite. 300m avant d’atteindre la Route Forestière de la Combe aux Cerfs à Essarois, repérer le balisage qui repart en arrière, à gauche, à la faveur d’une intersection avec le Chemin du Bas de Comet (6). Le suivre jusqu’à son extrémité (7).

Dans l’espace final, partir dans les taillis, à gauche. Un peu plus loin, bien suivre le balisage à droite (8) qui s’étire ensuite tout droit par un chemin en sous-bois. Après environ 600 mètres, il coupe un autre chemin (9) : le suivre à gauche. À la suite d’une courbe à droite, il finit par rejoindre une route goudronnée (10).

La suivre d’abord sur la droite pendant une quinzaine de mètres puis prendre à gauche par un chemin en forêt jusqu’à rejoindre une large piste (11). La suivre à gauche jusqu’à une ligne électrique et tourner à gauche par la Tranchée de la Villie à Essarois (12).

Le balisage décroche légèrement à droite un peu plus tard, via un chemin plus forestier (13). Le suivre jusqu’à croiser une nouvelle piste (14). Tourner dessus à gauche et descendre jusqu’à rejoindre l’abbaye.

Parc National de Forêts

RECOMMANDATIONS PARTICULIÈRES & DIFFICULTÉ

Bon on devrait assez vite faire le tour de la question. Cette randonnée dans le Parc National de Forêts, c’est de la balade. À l’exception d’une courte côte, au début, pour réveiller un peu les mollets, aucune difficulté physique n’est à prévoir tout du long. C’est plus de la vigilance qui est recommandée pour bien veiller à rester sur l’itinéraire balisé. Comme je l’ai dit dans le pas-à-pas ci-dessus, le balisage est très correct mais il suffit de quelques secondes d’inattention pour rater une balise et s’engager sur le mauvais chemin. Les forêts, vous le savez, ce sont des labyrinthes. N’hésitez donc pas à vérifier régulièrement votre chemin avec la carto et le topo.

Comme à chaque reportage en forêt, j’insiste sur la nécessaire et fréquente attention qu’il faudra porter aux tiques. Ne nous leurrons pas : il y en a. Ça fait partie du patrimoine forestier, c’est ainsi. Vous aurez donc avec vous tout le nécessaire dans le sac à dos : le répulsif, la pince à tiques et l’antisep…tique bien sûr !

Autre chose, qui a son importance : vous l’avez lu dans l’article, on est ici au pays de la chasse. La période de chasse court de mi-septembre à fin février. Il est donc préférable d’éviter la forêt à cette période et les jours concernés. Pour anticiper, pensez à consulter la carte des jours de chasse en battue pour le grand gibier sur le département de la Côte-d’Or.

LE CIRCUIT DU VAL DES CHOUES : AVIS PERSO & CONSEILS

Pour celles et ceux que ma prose fatigue et/ou qui n’ont pas vingt minutes pour lire un article en entier, je vous fais une synthèse ici.

Courte et facile, cette petite boucle est une vraie opportunité de prendre le pouls de ce Parc National de Forêts. Pour en profiter pleinement, j’ai deux conseils : le premier c’est prenez le temps. Le temps d’observer, de guetter, de comprendre, de ressentir. Si vous ne faites que marcher d’une traite, vous passerez à côté de l’esprit de cet itinéraire. Mon deuxième conseil c’est, si vous ne vous sentez pas capable d’interagir avec le milieu par vous-même, faites vous aider et partez accompagné(e)s par quelqu’un comme Sylvain. Vous trouverez de bons conseils à la Maison de la Forêt de Lenglay.

Bon, moi, comme je suis gourmand, j’en aurais aimé encore plus. Plus de rencontre avec la faune – mais ça, ça ne s’improvise pas comme ça – plus d’exploration en profondeur pour pénétrer le cœur de la forêt, plus de fleurs et de lumières magiques – mais ça c’est merci le Covid-19 car, initialement, ce reportage aurait dû se faire plutôt au printemps qu’en plein été. Alors un troisième conseil, ce serait de bien choisir vos heures et votre saison pour que le décor soit encore plus magique. Et Dieu que, dans ces forêts, il y a de la magie dans l’air derrière chaque arbre.

Enfin, dernier point de vue, sur le sujet sensible de ce reportage : la chasse à courre. Je me suis bien fait allumer sur ce sujet sur les réseaux quand je l’ai évoqué à l’époque du tournage. Ça montre à quel point c’est tendu et que la réflexion est évincée au profit de la colère. Moi je ne vous dis qu’une chose : venez au Val des Choues et voyez par vous-mêmes. Rencontrez et parlez avec Michel et Inès Monot. Partagez leur table et une soirée avec eux. Et faites vous votre propre avis. À défaut d’en changer, vous aurez au moins les arguments pour savoir de quoi on parle réellement. Du moins ici, en Côte-d’Or. Et vous profiterez au passage du cadre prestigieux de l’abbaye. C’est instructif et ça fait réfléchir sur nos jugements faciles et trop souvent portés sans connaissance des sujets.

Parc National de Forêts

HÉBERGEMENT ASSOCIÉ

Abbaye du Val des Choues (testé et approuvé)

Dormir dans le cadre impressionnant d’une abbaye séculaire, en plein milieu du Parc National de Forêts, ça n’est pas donné tous les jours. Quand, en plus, elle est située juste devant le départ de l’itinéraire, ça ne se refuse pas. Et quand elle offre, de surcroît, la possibilité d’une rencontre riche en enseignements et en leçon de tolérance, on ne réfléchit pas et on y va. Un passage au Val des Choues est le prolongement nécessaire à cette boucle de randonnée. C’est un lieu hors du temps et, de surcroît, on mange plus que très bien à la table de Michel et Inès. Et, contre toute attente quand on n’est pas, à la base, un grand fan de la chasse, on passe un excellent moment avec eux. Pas d’hésitation donc : dormez au Val des Choues ! 2 chambres d’hôtes, 90 à 110 euros la nuit, petit-déjeuner inclus. (Note : présence également sur le site d’un gîte de groupe pour 15 personnes, en location à la semaine ou week-end)

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11 Comments

  1. Julie Répondre

    Passer, en un seul article, de « la chasse à courre ma limite ultime de tolérance » à « je sais maintenant ce qu’est un bon chasseur »…

    Il y a un peu de compromission sonnante trébuchante derrière tout ça, nan ?…

    La chasse à courre est une abjection, il n’y a pourtant pas à tergiverser.

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Bonjour Julie,

      Comme je l’ai dit dans l’article, j’ai été sensible à la démarche d’ouverture de Michel Monot. Ça ne veut pas dire que je vais me mettre à chasser dès demain. Le sujet est clivant : le besoin de tolérance et d’écoute est donc essentiel. J’ai effectivement débarqué dans ce reportage avec un état d’esprit fermé et un jugement arrêté sur la chasse à courre sur la base de ce que j’en connaissais : en gros, rien. Parler avec Michel Monot m’a permis de l’affiner, de le faire évoluer, pour ne pas céder exclusivement et aveuglément au rejet pur et simple. J’ai essayé de comprendre. J’ai besoin de creuser dans l’humain pour ça. Aussi quand je parle de « bon chasseur », je veux dire un chasseur qui a compris que la solution était dans le dialogue. Afin d’éviter tout futur malentendu, j’ai préféré ré-écrire ma phrase en remplaçant « bon chasseur » par « chasseur armé de bon sens ». Je n’en connais pas forcément beaucoup. Aussi je trouve ça juste de partager cette expérience de laquelle je n’attendais, en amont, strictement rien. Sans compromission. Au moins aujourd’hui, à défaut de cautionner la chasse à courre, je sais au moins déjà de quoi je parle. Et je persiste et signe en affirmant que Michel Monot vaut la rencontre. Pour l’anecdote, cet article, vous l’avez peut-être remarqué, prône le dialogue. Ça aurait été plutôt sympa que le premier commentaire posté à l’issue de sa publication ne fasse pas exactement le contraire 🙂

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Bonjour Marie,

      Ravi d’apprendre que l’article a séduit le Parc. La randonnée aura été une mise en bouche et cette immense forêt a assurément le potentiel pour séduire les amoureux des arbres et des ambiances en sous-bois. Je n’ai pas encore fini de publier tous les contenus réalisés lors de ma venue. Il y a encore, sachez-le, plein de choses à montrer aux lecteurs/trices du blog ! Et aussi des rendez-vous sur la chaîne YouTube. À suivre donc 😉

  2. Angélique Chevallier Répondre

    Bonsoir quelques petites fautes, ce n est pas la digeonne mais la digeanne le nom de la rivière.
    Il n y a pas de village qui s appelle mansey…lenglay….

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Bonsoir Angélique ! L’oeil averti des lecteurs/trices sera toujours le bienvenu pour repérer les dernières coquilles qui paressent dans les articles ! Je les ai corrigées de ce pas ! Merci à vous 🙂

  3. Régis Gatteaut Répondre

    Bonjour,

    Superbe article David. Bravo.

    Merci d’avoir pris ce temps d’écoute pour aller au delà des raccourcis caricaturaux. C’est également super interessant d’avoir exposer ta démarche et ton cheminement durant ton séjour.

    J’espère que tu pourras repasser dans notre région bientôt. Nous avons encore tellement de choses à te faire découvrir !

    Belle journée à toi.

    Amitiés.

    Régis

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Salut Régis !

      Merci et je suis content si le reportage te plaît ! Il me reste la vidéo associée à cet article à sortir. Et, bien sûr, deux autres reportages, dont un qu’on a parcouru ensemble. Je comptais d’ailleurs bosser dessus aujourd’hui. Merci à toi pour ton accueil et ta bonne humeur. J’espère que le bras de ta petite s’est bien réparé depuis mon passage. Amitiés à toute l’équipe de l’OT et au plaisir de revenir en Côte-d’Or 😉

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