Voyager au pays du Crémant de Bourgogne : en voilà une idée qu’elle est bonne ? On connaît le Champagne mais nettement moins son petit cousin. Un vrai rescapé celui-là d’ailleurs, qui a survécu au phylloxera et aux guerres d’appellation. Et, aujourd’hui, une authentique fierté, un savoir-faire qui n’a plus à rougir face à la concurrence. Un vrai patrimoine bourguignon à la rencontre duquel part cette agréable balade nature, entre vignes et sous-bois. De l’oeno-rando en bonne et due forme où la marche s’accompagne de visites et de dégustations bienvenues. Au départ de Massingy et jusqu’à Chaumont-le-Bois, je vous amène sur ce Sentier des Vignes, dans le sillage du Crémant de Bourgogne et des drôles de passionné(e)s qui l’incarnent ici, en Pays Châtillonnais. Sans oublier, en épilogue, une indispensable virée à Châtillon-sur-Seine.
Difficulté : assez facile | Distance : 10 km| Dénivelé : 300m | Durée : 3h| Carte : IGN TOP 25 1/25000è 2919SB Les Riceys/Mussy-sur-Seine
Dernier jour en Pays Châtillonnais. Après le Parc National de Forêts, avant-hier, puis le Cirque de la Coquille, hier, Méryl me conduit à Massingy, petite bourgade située à peine cinq kilomètres au nord de Châtillon-sur-Seine. Ici il y a assurément plus de tournesols que d’habitants au kilomètre carré. Adossé à une colline boisée, Massingy est de nos jours un repaire de producteurs de Crémant, ce vin effervescent bourguignon qui tient la dragée haute face au champagne voisin.
Ici c’est la patrie du Crémant de Bourgogne. Un trésor revendiqué et tout aussi précieux que celui de Vix, exhumé à quelques kilomètres de là.
La thématique du Crémant colle au paysage et, par extension, à la randonnée qu’on va réaliser ce jour-là. Le titre évocateur de Sentier des Vignes donne le ton. Coup d’œil au mobilier introductif, intelligemment placé à l’ombre des deux frères tilleuls du parking qui fait face au Monument aux Morts de la commune. À cette heure-ci, Massingy ploie déjà sous la chaleur de l’été et le silence d’une matinée habituelle.
Le balisage jaune nous fait quitter la commune par l’Est et par la route. Brièvement. Le temps de repérer la silhouette caractéristique d’un poteau de signalétique qui envoie ses flèches jaunes à l’écart du goudron. Les semelles crissent bientôt sur le tapis caillouteux d’une piste bien dessinée qui épouse le côté d’un champ fraîchement fauché. Plat pays, pourrait-on être tenté de penser à la lecture de ces quelques lignes ? Pas tant que ça en réalité.
Ici le Pays Châtillonnais se courbe vers le sud avec une langueur paresseuse qui crée un relief de longues et douces ondulations.
L’agriculture trouve ici un terrain d’expression idéal. Elle ne cède de terrain qu’aux Jumeaux de Massingy, collinettes boisées émergeant au-dessus d’un public de têtes de seigle agité par les riffs d’une agréable brise. Le Sentier des Vignes fait ici cause commune avec le GR®2, prestigieux itinéraire parcourant l’intégralité de la Seine et sur lequel j’avais fait des images, bien plus en amont, pour un épisode de la saison 2 de Mon GR® Préféré en 2019. Mais pas pour longtemps toutefois.
Nouveau poteau. Nouvelles directions. À Massingy – le Vaussien, le Sentier des Vignes prend la direction de Chaumont-le-Bois et consomme sa rupture avec le GR®2 qui, lui, invite à rejoindre Mussy-sur-Seine à 16 kilomètres de là. Une courte grimpette, à peine de quoi faire frétiller les mollets, et nous voici dans une éclaircie, à 327 mètres, altitude maximale de ce parcours de dix kilomètres sur les chemins de traverse du Pays Châtillonnais.
Géographiquement, on se trouve ici à la poupe d’un grand navire forestier se prolongeant, au nord, par une mosaïque de forêts domaniales de tailles variables : Vauxqué, Val du Puits, Essoyes…
Un mur de (pins) sylvestres, trahis par leur écorce sanguine, nous barre l’horizon. Une haie d’honneur qui annonce, plus loin, une plongée en sous-bois. Là où la vigne ou la céréale ne se sont pas installées, l’arbre est demeuré. Qu’elle soit agri- ou sylvi-, la culture ici se fait binaire, simplifiant la lecture du paysage au visiteur. Pour son ambiance et sa fraîcheur, le sous-bois emporte plus facilement l’adhésion du marcheur.
Sous les feuillages, la forêt chuchote des histoires de chevreuils et diffuse des feuilletons de sangliers. Le chemin, lui, ondule au gré de cette narration de la Nature. Aux côtés des animaux, les hommes ont aussi écrits quelques chapitres de ce roman à effeuiller. Dans ces arpents de futaie sous pente, l’affouage est encore pratiqué, comme en témoignent ces coupes propres et ces tas bien ordonnés de bois débité.
La promenade en sous-bois, effectuée sous les sirènes d’alarme de quelques geais effarouchés, est on ne peut plus agréable.
L’affouage, c’est un droit venu du Moyen-Âge et que les municipalités peuvent exercer en lieu et place du seigneur des temps féodaux. Elles accordent ainsi à des particuliers la possibilité de récolter du bois de chauffage selon un plan d’attribution de lots très précis. L’exercice concourt à l’entretien de la forêt en prélevant de jeunes arbres préalablement identifiés au bénéfice de la croissance d’individus plus robustes.
Il y a de l’intelligence dans l’itinéraire sans prétention de ce Sentier des Vignes. Un souci ludique qui assaisonne d’un plaisir subtil ce qui, sur la carte, avait l’allure d’un énième et banal parcours forestier. Les arbres ici n’ont aucune réelle souveraineté, les espèces ne prétendent à aucun endémisme. Et pourtant… Et pourtant on se laisse piquer par la curiosité à parcourir ces couloirs et boyaux de végétation qui nous plongent dans l’intimité du sous-bois. Le charme exquis d’une simplicité ordinaire.
Moments fugaces, bercés d’ombres et de lumières, sur des chemins qui ramènent à la simplicité de la randonnée.
Sur ces traces clandestines on échappe, l’espace de quelques instants, à l’emprise humaine, invisible mais palpable, qui a façonné ce bout de territoire. C’est alors qu’un éclair lumineux surexpose sans prévenir l’image de ma caméra. Le végétal ne va pas plus loin qu’une lisière impeccablement tracée. Des champs aux lignes nettes déroulent de la céréale jusqu’aux faubourgs d’un nouveau village. Agrippées à un coteau, des vignes en cascade se déploient en toile de fond. Nous voici à Chaumont-le-Bois, une autre mère-patrie du Crémant.
Ici, la vigne revient de loin. En un claquement de doigts, le puceron américain plus connu sous le redoutable nom de phylloxera, éradique le vignoble français, faisant quasiment disparaître des cépages ancestraux. Une ruine totale qui conduit à l’abandon des terres et à l’évanouissement d’une génération de vignerons. Ce fut le cas, ici, à Chaumont-le-Bois où la vigne fut à un raisin de sombrer dans l’oubli. Jusqu’à ce qu’un original décide, en 1988 et sans aucune connaissance, d’y replanter des pieds pour ressusciter le glorieux passé viticole de la région.
Il fallait un petit grain de folie et une foi à déplacer des montagnes pour faire le pari de relancer la viticulture dans ce coin ravagé, jadis, par le phylloxera
Trente ans plus tard, la success-story de Sylvain Bouhélier, de sa femme Anne et de leur fils Paul est incontestée. Contre vents et marées, les six hectares du Domaine Bouhélier sont à l’origine aujourd’hui de vins et de crémants de grande notoriété. Passionnés d’histoire et engagés dans la promotion oeno-touristique du Pays Châtillonnais, les époux ont même créé un Musée Vigneron à l’intérieur de leur cave.
C’est l’adresse incontournable ici, à Chaumont-le-Bois. Une pause bienvenue, à mi-parcours de la randonnée, qui remonte la piste de la vigne, dans les pas de celles et ceux dont le phylloxera a failli faire disparaître le souvenir. Les outils, les accessoires, les tenues de l’époque reprennent vie sous les explications de Anne. Sylvain et Paul, eux, se partagent entre les vignes, la cave et l’accueil. « Je voulais être agriculteur, c’était mon rêve depuis tout petit« , nous explique-t-il à la faveur d’une dégustation bienvenue dans la fraîcheur du caveau.
Le Crémant de Bourgogne est un miraculé. Et ici, à Chaumont, cette renaissance il la doit beaucoup à Sylvain Bouhélier.
« C’était un challenge. J’avais 17 ans et jamais vu un pied de vigne ou bu un verre de Crémant. J’étais parti, à l’origine, pour traire des vaches et soigner du bétail. » C’est une rencontre, un déclic, un peu d’instinct qui lui mettent le pied à l’étrier en 1988. Sylvain affronte alors la sidération : ici, autour de Dijon, la vigne c’est Beaune et Nuit-Saint-George. Qui donc aurait misé sur le Châtillonnais ?
« Au début on a planté et on a fait des erreurs« , confesse-t-il. L’obtention d’un BTS Viticulture donne cependant vite du poids aux expériences menées sur le tas. Et, après la curiosité vient l’engouement pour le projet. Un syndicat viticole se crée et c’est vite 40 à 50 personnes qui s’emploient, autour de Sylvain, à ranimer la flamme perdue. La première commercialisation se fera en 1995 et, immédiatement, le succès est là.
L’histoire des Bouhélier c’est avant tout une incroyable histoire de famille. Un récit qui se boit comme un bon verre de Crémant.
Paul, le fils déjà sevré enfant à la Nature, rejoint ensuite l’aventure. Il prend conscience de la valeur de son territoire au sein d’une Bourgogne mondialement connue pour ses vins prestigieux. Dans sa région d’abord, puis en Alsace et en Champagne, Paul se nourrit d’expériences et de connaissances sur le vin effervescent. C’est aujourd’hui un ambassadeur de poids pour faire valoir les qualités du vin Châtillonnais longtemps resté dans l’ombre des Grands Crus et du Champagne voisins.
Car la guerre des bulles fait rage dans le coin. Ici, on ne plaisante pas avec les appellations dont les frontières invisibles sont jalousement gardées. Le procédé de fermentation a beau être similaire, il n’y a que ce qui est produit en région Champagne qui peut se targuer de porter cette AOC. Une loi un chouilla élitiste qui a longtemps fait passer le Crémant pour le champagne du pauvre. Car ces différences d’appellation impactent aussi le portefeuille. Et pas qu’un peu !
L’opiniâtreté, la créativité et le savoir-faire des vignerons du Châtillonnais ont aujourd’hui permis à leur appellation de se hisser à la hauteur de la réputation du champagne voisin.
Le Crémant de Bourgogne n’a plus à rougir face à son célèbre concurrent. Et le Domaine Bouhélier est l’un de ces exemples probants qui portent hautes les armoiries du Crémant en France et au-delà. Le vin effervescent du Châtillonnais n’est plus le champagne raté que ses origines étymologiques mentionnent. C’est, au contraire, un produit convoité qu’un public de plus en plus nombreux substitue à des Champagnes aux tarifs prohibitifs.
J’ai l’impression d’un peu mieux maîtriser le sujet du Crémant en quittant Chaumont-le-Bois. Et je reste impressionné par la manière dont le pari de Sylvain, 32 ans plus tôt, a été transformé aujourd’hui. Pas plus tard que l’an passé, le Domaine s’est vu ainsi récompensé par deux médailles d’or aux réputés concours de Paris et de Lyon pour son Crémant Tradition. Sacré parcours pour ces aventuriers de la vigne ! On quitte Chaumont avec l’esprit léger et un délicieux goût de Crémant qui s’attarde au palais.
À l’abri de la cave, j’avais oublié que juillet bombait le torse à l’extérieur.
Retour sur le Sentier des Vignes. La chaleur nous tombe dessus dans l’agréable montée conduisant vers ce que, en montagne, on nommerait un col, desservant le village de Vannaire. Vannaire c’est le dernier angle d’un triangle reliant Chaumont-le-Bois et Obtrée. Vannaire et son château – en fait une maison-forte du 15ème – transformé en chambres d’hôte de charme. Une façade cossue qui échappera à notre vue, la signalétique se contentant d’une traversée rapide et anonyme de la petite bourgade agricole.
Rapidement nous sommes rappelés à l’ordre sur un chemin forestier impeccablement droit qui s’élève entre deux hautes rangées d’arbres. C’est l’ascension de la Grande Montagne, toponymie un soupçon prétentieuse pour une grosse bosse poussée cent mètres au-dessus du niveau des champs ! Là-haut l’abri du sous-bois s’évanouit brusquement. On retrouve le dénuement des cultures qui, vu du ciel, paraissent avoir été découpées au scalpel dans l’épiderme de la forêt.
Retour aux sous-bois sur la seconde partie de cette randonnée. La Nature nous enveloppe à nouveau de son calme et de ses chants d’oiseaux.
Le soleil se fait mordant le temps de cette traversée exposée. De l’autre côté, un couloir ombragé nous procure rapidement un nouvel espace de protection ombragé. Ce dernier petit moment de forêt a une saveur particulière. Il signe, pour moi, trois semaines de tournages et de reportages où la récurrence du milieu forestier a été marquante. Une bonne grosse dose de chlorophylle avant, prochainement, de partir vers d’autres horizons paysagers. J’en profite donc ici plus spécifiquement encore.
Une trouée dans l’orée, une rangée de piquets clôturés, un horizon céréalier surmonté de la ligne sombre de la forêt de Châtillon : nous arrivons sur les hauteurs de Massingy dont les toits de tuiles orangés et les murs blancs apportent des nuances de couleurs supplémentaires au paysage. Bourdons et papillons virevoltent autour de nous dans une ultime travée fleurie qui nous fait atterrir en douceur aux portes du village. Fin du Sentier des Vignes. La journée aurait pu se terminer là. Mais non !
Ampelopsis doit nécessairement être inscrit à la feuille de route du/de la marcheur/se venu découvrir le Crémant sur ce Sentier des Vignes.
Une oeno-rando au départ de Massingy et sur le thème du Crémant ne saurait être complète sans un passage par Ampélopsis, oenocentre baptisé au nom de cette robuste vigne vierge et grimpante qui habille parfois les façades des maisons. Ici c’est aussi le Domaine Brigand, ouvert en 1902 et dont Ghyslain, actuellement propriétaire, représente la 4ème génération. Un vigneron fantaisiste, ainsi qu’il se désigne. Un personnage haut en couleurs en tout cas, aux commandes d’un lieu qui a tout d’un OVNI dans le monde de la viticulture.
Ampélopsis ne ressemble à rien de connu. C’est un univers à part entière sorti en droite ligne de l’esprit créatif et en ébullition permanente d’un touche-à-tout qui oscille entre le vigneron et l’artiste. Le sourire, les récits et les mots d’esprit de Ghyslain entraînent le visiteur dans leur sillage. Avec Karine, son épouse, ils forment un duo moteur qui fait carburer Ampélopsis à la bonne humeur. Officiellement, Ampélopsis se définit comme un centre d’interprétation oenologique – le premier de ce style dans toute la Bourgogne – et comme Conservatoire de Vignes – le premier également de la région.
L’histoire et la généalogie du vin rencontrent ici un univers imaginaire qui transforme l’aspect généralement sobre et polissé d’une visite en une plongée baroque et colorée dans une scénographie surprenante
Dans la réalité, la partie fantaisiste vient largement détendre le côté un peu trop institutionnel de ces titres et Ampélopsis m’est apparu comme un espace ludique sur le thème du vin dont les frontières, tout comme l’Univers, semblent vouer à une extension permanente, au gré de l’inspiration et des nuits sans sommeil de son créateur. Car Ampélopsis c’est toute une planète. Et l’explorer demande du temps. Se contenter d’un survol serait une erreur. Prenez le temps de vous y poser, vous ne le regretterez pas !
À l’origine, Ghyslain se destinait à être ingénieur du son. C’était compter sans le pouvoir d’attraction du métier de vigneron, exercé de père en fils chez les Brigand. « Au départ, ça a été un job d’été pour gagner un petit peu de sous.« , me confie-t-il. « Et puis, à force d’échanges, d’amis et de temps passé dans la vigne, le point de vue évolue. L’implication aussi. Et tu comprends que ta place est là. » Terminé alors le goût de l’image et de l’audio ? Pas tant que ça. On retrouve ces premiers amours dans toutes les créations scénographiques qui parsèment Ampélopsis.
Maître d’œuvre et génie touche-à-tout de ce lieu atypique, Ghislain est le Monsieur Loyal de la vigne. En bousculant les codes, il a fait d’Ampélopsis un pôle culturel incontournable en Pays Châtillonnais.
La patte de Ghyslain est dans chaque image et chaque son. Au bidouillage amusant des premières années succèdent aujourd’hui des montages vidéos très élaborés, imaginés et conçus avec des outils d’édition ultra-modernes. « Comme j’ai touché au monde du spectacle, je voulais, à travers le musée, créer ce côté un peu magique autour du vin et dépasser le côté classique habituel à ce type d’endroit. Ici, c’est tout du cousu main !« , glisse-t-il en riant. Et force est de constater que l’imaginaire du dernier des Brigand est un puits sans fond de plaisir pour le visiteur.
Accompagné de Méryl, je déambule distraitement d’une salle à l’autre, entouré de bruits étranges, d’animations inattendues, d’objets hétéroclites, de petits films amusants. Sensation plaisante d’être parfois davantage dans une drôle de foire que dans un musée traditionnel. L’initiative de Ghyslain, à contre-courant de ce qui se fait habituellement dans le monde du vin, a suscité, au début, un sentiment partagé entre l’amusement et l’inquiétude. Y compris dans le cercle familial. Inquiétude aujourd’hui dissipée par le succès incontesté de l’entreprise.
Loin d’être un bric-à-brac rassemblant de vieux souvenirs, Ampélopsis est une source d’émerveillement permanent pour son visiteur
« Ici, dans le Châtillonnais, on se démarque aussi par le côté culturel. On est les premiers à être labellisé Haute Valeur Environnementale. Dans nos vignes, il n’y a plus ni labour, ni intrant. Ce n’est que de l’attente. Et ça favorise l’apparition d’une grande biodiversité qui crée à son tour de nouveaux équilibres. » Près d’un siècle après la création du Domaine Brigand par Julien, l’arrière-grand père, Ghyslain perpétue la tradition familiale en restant à la pointe de l’innovation. Pas de doute, cette visite constitue le point final parfait à cette journée sur le Sentier des Vignes et la planète Crémant.
EN MARGE DE LA RANDO
On ne peut pas quitter le Châtillonnais sans avoir pris le temps d’en découvrir sa capitale. Loin d’être une simple étape pour la nuit, Châtillon-sur-Seine dispose, dans sa besace, de suffisamment d’atouts pour séduire les randonneur/ses qui aiment aussi découvrir les villes et les villages. Bâti sur le lacet d’une Seine encore jeune, Châtillon regorge de spots de charme et de patrimoine remarquable. Le cœur de la ville lui-même palpite d’une agréable énergie et s’y déplacer à pied n’a rien d’une épreuve pénible, bien au contraire. J’ai apprécié d’y flâner en fin de journée, après la randonnée. Voici donc, sous forme de liste, les points et sites à ne pas manquer lors de votre passage.
L’Église Saint-Vorles
Sa position dominante permet, dans un premier temps, de bénéficier d’une vue en hauteur sur les toits de Châtillon-sur-Seine. C’est un spot panoramique. Et y accéder permet d’emprunter les petites rues au caractère encore bien médiéval de la ville. Ensuite, architecturalement parlant, ça vaut le détour. C’est un beau bloc à la sobriété bien romane et bien compact, à la pierre lumineuse. Incontournable.
L’ancien château des Ducs de Bourgogne
Juste à côté du site de l’église, au-delà du cimetière : c’est le prolongement logique d’une visite sur les hauteurs de Châtillon. L’essentiel est ruiné mais ce qui reste dégage encore une belle force, notamment les bases encore hautes et solides des Tours de la Guette et de Sainte-Anne.
Les Sources de la Douix
Le havre de nature et de sérénité à visiter ab-so-lu-ment à Châtillon. Je vous fais le tableau : un grand espace ombragé baigné de tâches de soleil, le bruit de l’eau qui cascade à la faveur d’une petite rupture, une haute falaise grise parée d’un mur végétal et percée d’une ouverture discrète, un large bassin peu profond aux reflets mystérieux. Vous sentez la magie ? Oui ? Car les Sources de la Douix, depuis leurs profondeurs secrètes, portent avec elles le souffle épique des légendes païennes. L’endroit est beau, paisible et chargé d’une énergie profonde.
Le Musée du Pays Châtillonnais – Trésor de Vix
The place to be. Le meilleur pour la fin. Oubliez les clichés des musées poussiéreux et rébarbatifs. Celui de Châtillon est lumineux, moderne et d’une pédagogie à toute épreuve. Il abrite surtout un Trésor – le T majuscule n’est pas usurpé – archéologique que le Louvre en personne lui envie : le Vase de la Dame de Vix, objet princier antique aux proportions colossales et au bronze resplendissant, venu en droite ligne d’une époque de célébration lointaine – 510 avant JC – où les gens de la fin de l’Âge du Bronze côtoyaient les Celtes et les Grecs. 1100 litres de contenance, 208 kilos, 1,27m de diamètre pour 1m64 de haut. Le poids de l’Histoire et un parfait choc visuel. Une pièce unique qui a traversé les siècles jusqu’à nous. Rarement objet antique – depuis le Musée du Caire et le Masque de Toutankhamon – ne m’avait autant coupé le souffle. À lui seul il justifie une visite au musée.
VENIR EN PAYS CHÂTILLONNAIS
En voiture
Le point d’ancrage pour cette randonnée sur le Sentier des Vignes en Pays Châtillonnais est évidemment Châtillon-sur-Seine, à seulement cinq kilomètres, qui constitue un point assez central dans un cercle disposé autour de Dijon, Troyes, Auxerre, Chaumont et Langres. On peut donc le rejoindre facilement depuis la plupart de ces axes.
Pour les sudistes, comme moi, on arrivera nécessairement par l’autoroute l’A6, on sortira à Dijon et on rejoindra Châtillon par la D971 (6h environ). Dijon sera également le point de passage en arrivant depuis le Jura ou Mulhouse (3h30 environ). Pour le Grand Est, en revanche, on passera plutôt par Chaumont puis par la D65, qui devient ensuite D965 (environ 4h depuis Strasbourg). Le Nord contournera Paris pour passer par Troyes et descendre sur Châtillon par la D671, qui devient ensuite D971 (5h depuis Lille). Les Parisiens, eux, descendront par l’A6 via Auxerre puis, par la sortie 20 et la D965, tireront sur Châtillon via Tonnerre (3h environ). Auxerre sera aussi point de passage pour les Bretons, en passant d’abord par Orléans (8h depuis Brest). Le Grand Ouest et Sud-Ouest, quant à eux, préféreront viser Clermont-Ferrand ou Moulins pour rejoindre d’abord Nevers, puis en diagonale Avallon pour attraper l’A6, la suivre au sud jusqu’à la sortie 23 puis, via Montbard et la D980, rejoindre enfin Châtillon (7h30 environ depuis Bordeaux).
En train/bus
La gare de Châtillon-sur-Seine n’est plus en service. Il faut passer par la gare de Montbard (30mn en voiture de Châtillon) puis prendre la ligne 126 jusqu’à Châtillon. Accessibilité également depuis Dijon avec 5 trains par jours (environ 1h30 de trajet et un tarif allant de 15 à 20 euros). Pour celles et ceux qui arriveraient en train depuis Dijon, c’est la ligne 124 (jusqu’à 7 départs quotidiens) qu’il faudra emprunter.
Accès à Massingy
Depuis Châtillon-sur-Seine et en voiture, il faut prendre la D965 direction Chaumont et, après 3,5 km, la quitter à gauche par la D118H, direction Massingy. Parking central sur la gauche, au centre du village. Présence du mobilier de départ du Sentier des Vignes. Pas de bus à ma connaissance.
SENTIER DES VIGNES : LE TOPO
Depuis le parking et le mobilier de départ du Sentier des Vignes, partir par la droite, par la rue Caron qui passe devant le Monument aux Morts. À l’intersection, poursuivre tout droit par la rue Haute (D118c). Sortir de Massingy. Quitter plus loin, dans un virage à droite de la route (panneau sens interdit + poteau signalétique), la D118c pour un large chemin tirant tout droit à travers champs (balisage jaune + rouge/blanc du GR®2) (1)
Après 800m et une petite montée, on atteint un croisement et une flèche signalétique « le Vaussien ». (2) Suivre le chemin de gauche balisé jaune « Sentier des Vignes » et Chaumont-le-Bois.
Poursuivre en ascendance légère dans des espaces ouverts et cultivés. Le chemin se prolonge plus loin à travers la forêt. Quand il commence à légèrement redescendre, bien repérer la signalétique qui part à droite au fil d’un petit sentier (3). Plonger dans le sous-bois.
Le chemin descend en suivant un thalweg jusqu’à atteindre une lisière qu’il ne dépasse pas (4). Il enroule par la gauche, en montée, et rejoint une orée de champ plus haut (5). Ne pas la dépasser et s’engager à droite, par un passage végétal assez rectiligne. Après 350m, suivre un embranchement à droite qui amorce une descente plus marquée (6). Le chemin atteint la lisière du bois, la dépasse puis atteint une intersection au niveau d’un oratoire. (7)
Pour rejoindre Chaumont-le-Bois, prendre à droite. Pour continuer la boucle, s’engager à gauche et remonter par une ascendance légère jusqu’à un « col » boisé (8). Faire la bascule sur l’autre versant et atteindre Vannaire.
Traverser entièrement Vannaire et, à la sortie du bourg, tourner par un chemin à gauche (9) qui s’engage, en ascension légère, à nouveau à travers la forêt. Il rejoint le plateau sommital et les espaces cultivés (10). Traverser ceux-ci par un chemin évident et atteindre le sous-bois de l’autre côté.
Après 250m environ, la trace s’infléchit petit à petit à droite – sud – (11) puis amorce la descente vers Massingy qu’on finit par apercevoir. Terminer la descente pour rejoindre le village et la rue Caron. Retrouver le parking en la suivant à gauche sur cent mètres.
Ci-joint également le lien vers la plaquette, en PDF, du Sentier des Vignes.
RECOMMANDATIONS PARTICULIÈRES & DIFFICULTÉ
Aucune difficulté majeure à prévoir sur ce Sentier des Vignes, au parcours raisonnable et agréable. N’oubliez pas de prendre de l’eau. On a eu chaud avec Méryl au mois de juillet. Guère d’autres recommandations si ce n’est les précautions d’usage en forêt par rapport aux tiques. Attention également en période de chasse : les bois peuvent être fréquentés par les chasseurs. Une carte interactive est consultable en ligne pour connaître les jours de battue et de chasse au grand gibier. Pratique.
LE SENTIER DES VIGNES : POUR QUI ? POUR QUOI ?
Le Pays Châtillonnais c’est un territoire où il faut savoir prendre le temps. Si vous êtes pressés, vous passerez complètement à côté. Si vous êtes un(e) amateur/trice de rando-aventure baignant dans l’adrénaline et le grand spectacle, vous risquez aussi d’être déçu(e)s. Pour autant, et si c’est le cas, votre lecture ne devrait d’ailleurs même pas vous avoir amené(e)s jusqu’à cette partie de l’article ! En revanche, si pour vous randonnée rime davantage avec balade qu’avec effort, que vous aimez ou avez envie de découvrir la France côté terroirs méconnus et/ou qu’allier le plaisir d’une dégustation à celui de la marche s’inscrit facilement à votre cahier des charges, alors n’hésitez plus, cet itinéraire est fait pour vous !
En toute logique, si vous lisez cet article et qu’il trouve un écho favorable dans votre esprit, vous ne devriez pas venir en Côte-d’Or juste pour faire ce Sentier des Vignes et repartir. Ce que j’ai appris de ces jours passés à Châtillon c’est que le territoire a envie de retenir le visiteur de passage. Et à juste titre. Généralement traversant, le Châtillonnais se voit trop souvent injustement survolé alors qu’il a tant de choses à offrir à qui prend le temps d’y prolonger son étape. À commencer par l’hospitalité et la gentillesse de ses habitant(e)s. Et ça ce n’est pas rien non plus. Une bonne formule s’étire sur deux à trois jours afin de trouver le bon mariage entre randonnée, dégustation et visites. C’est une approche équilibrée que je vous recommande largement pour votre premier séjour.
LE SENTIER DES VIGNES : HÉBERGEMENT ASSOCIÉ
L’Auberge des Capucins (testé & approuvé)
C’était mon quartier général le temps de mon séjour à Châtillon-sur-Seine. On dort ici dans l’ancien monastère des moines capucins – d’où le nom du lieu – et en plein cœur de Châtillon. L’endroit respire le calme, malgré cette position centrale. Et puis, tant qu’à être dans la thématique du vin, vous aurez avec Philippe un interlocuteur de choix puisque le bonhomme s’y connaît plus que bien après des années passées dans les vignes du Chili. Une atmosphère America del Sur qu’on retrouve jusque dans la musique souvent jouée au salon. J’ai aimé le côté apaisé de l’adresse et le sourire d’Agnès, d’un dévouement sans faille à ses clients. Un chouette moment après les journées de tournage. Cinq coquettes chambres à votre disposition pour la nuit. Infos et réservations : 07.84.92.96.67 ou 07.71.75.09.43 / Mail : aubergedescapucins@gmail.com
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