A partir de Langeac, le randonneur tourne progressivement le dos à la vallée de l’Allier. La rivière, jusqu’alors paisible, est agitée de soubresauts tandis qu’approchent les gorges. Elle s’impose dans ces étapes comme un cours d’eau français majeur, tant par sa beauté, que par son environnement faunistique et ses activités. Le paysage s’encaisse, le relief se durcit et de nombreuses surprises attendent le marcheur jusqu’à Monistrol-d’Allier, porte d’entrée vers les parties les plus spectaculaires de l’itinéraire. Carnets de Rando a défriché le terrain pour vous dans ce second épisode consacré au GR©470.
On est mardi aujourd’hui et c’est jour de marché à Langeac. Les petites rues s’animent aux clameurs joyeuses des vendeurs et se parfument aux senteurs des fruits et des légumes frais. Les rives de l’Allier sont parcourues par de nombreux étals qui se dispersent ensuite au coeur de la ville.
Chaque mardi, Langeac s’anime et se colore au gré des dizaines d’étals et de marchands qui envahissent ses rues.
Le GR©470 quitte Langeac par l’agréable parc de l’île d’Amour avant de s’éclipser sur les hauteurs des petits bourgs dominant la partie la plus méridionale du bassin de la grande ville. A la lisière des bois qui recouvrent les reliefs, le sentier fait un large crochet à l’ouest de la rivière pour atteindre ensuite Chanteuges.
Le soleil de l’été tout proche écrase l’étroit plateau basaltique sur lequel s’est bâti le petit village. Il est encore tôt mais la chaleur marque déjà le territoire au fer rouge. Je trouve refuge dans la fraîcheur agréable des ruelles caladées s’élevant jusqu’à l’abbaye de Chanteuges.
Sur la route de Monistrol Chanteuges est la première halte culturelle pour le randonneur en chemin sur le GR470
Riche d’une histoire mouvementée entre représentants du pouvoir religieux et seigneurial, le petit site est aujourd’hui désert et je suis tout seul à fouler le sol d’un prieuré particulièrement bien restauré. J’échappe quelques instants supplémentaires à la marque cuisante du soleil dans l’ombre de l’église de Saint-Marcellin avant de reprendre ma route vers Saint-Arcons-d’Allier.
L’Allier, ce compagnon de route que je suis rarement autorisé à toucher de près mais dont le chuintement du courant est toujours présent. Le GR©470 s’en approche pour mieux s’en éloigner, l’enjambe régulièrement avant de propulser le randonneur sur des hauteurs d’où il peut admirer son cours. Davantage encore que dans les étapes précédentes, l’empreinte aquatique de ces nouvelles journées de marche se fait forte. L’occasion pour moi d’en apprendre davantage sur cette rivière et notamment sur l’un de ses plus remarquables hôtes : le saumon Atlantique.
Véritable marathonien, le saumon Atlantique est un invité réputé de l’Allier dans lequel il revient chaque année frayer après plus de 800km de course.
Ici le saumon est un symbole. Celui d’une rivière saine et vivante. Mais sa présence demeure fragile et soumise à une gestion humaine. Ce n’est pas pour rien qu’a été construite ici la plus grande pisciculture d’Europe. Un espace à la pointe du progrès en matière de salmoniculture et qui permet de contrôler les populations de saumons dans l’Allier. Ce grand voyageur a parcouru près de 800 kilomètres lorsqu’il arrive ici près de Chanteuges. A côté de lui, mon itinérance de douze jours paraît totalement insignifiante. Pour frayer, ce poisson sportif affronte tous les dangers. Je m’incline humblement devant cette détermination.
Le saumon c’est la partie sous-marine de l’Allier. Car il y a également d’autres drôles de poissons qu’on peut observer au fil de son courant. De genre à taille humaine, en plastique ou gonflables, avec des couleurs bien vives. Comme d’autres rivières françaises, l’Allier se prête particulièrement bien à la pratique des sports d’eaux-vives. Tantôt apaisé, tantôt plus mouvementé, il déroule des sections longues et esthétiques pour profiter d’un point de vue inédit sur le paysage des gorges. Les embarcations sont en effet l’unique moyen humain pour visiter des secteurs où aucun sentier n’a été tracé sur les berges.
Je dépasse Saint-Julien-des-Chazes après une courte descente dans un pêle-mêle de roches volcaniques. Me voici à nouveau au bord de l’Allier que je n’en finis pas d’enjamber depuis Brioude. A l’instar de Chanteuges, je trouve refuge dans la fraîcheur bienvenue de la petite chapelle des Chazes.
Autour de moi les reliefs se font plus marqués. Des murs entiers d’orgues basaltiques émergent, territoire des grimpeurs locaux.
La formation la plus impressionnante m’attend au-dessus de Prades. Boursouflure gigantesque posée comme un énorme champignon de basalte, la Roche Servière est la pièce maîtresse du décor du village. Un décor saisissant dont je profite à l’occasion d’une pause baignade.
Au-delà de Prades, le GR©470 s’enfonce pendant quelques temps dans des gorges difficiles à distinguer au milieu de la végétation. Puis l’Allier est le seul à pouvoir poursuivre dans cette direction et le randonneur est lui invité à remonter le long du très bucolique petit vallon de Pissis. C’est le début d’une longue ascension vers Champels ; sans aucun doute le morceau de bravoure de cette étape qu’on réalisera de préférence le matin, à la fraîche. Pour le reste, il suffira de se laisser gentiment couler de l’autre côté, en direction de Monistrol-d’Allier.
De Prades à Monistrol, la 5ème étape est l’une des plus courtes du GR470
On retrouve l’Allier au niveau du petit hameau d’Escluzels. Et là le paysage explose soudainement tandis que le randonneur découvre Monistrol dans son berceau de versants escarpés. Intelligemment tracé entre sous-bois et éperons basaltiques, le sentier régalera ceux que la dernière ascension aura épuisé. On y retrouve le chant de la rivière et on y découvre de nouveaux paysages davantage ravinés et abrupts. L’Allier entre ici dans sa phase la plus sauvage et la plus belle. Un aperçu de ce qui attend le marcheur sur les prochaines étapes. Une chose est sûre : vous n’avez pas fini d’en prendre plein les yeux !
INFOS PRATIQUES
Difficulté : moyen | Longueur : 41km | Durée : 2j | Dénivelé : 1385m
Carte : IGN 1/25000 TOP25 2635E Langeac, 2735O Loudes & 2736O Monistrol-d’Allier
Accès : en voiture, de Clermont-Ferrand ou de Montpellier, suivre l’A75 et prendre les sorties 20 ou 21 « Brioude ». Suivre la direction le-Puy-en-Velay par la N102 et, peu après avoir passé l’intersection vers Paulhaguet, tourner à droite par la D56. 10 kilomètres plus loin, à l’intersection avec la D585, tourner à gauche en direction de Langeac. En train : Langeac est situé sur la ligne TER Clermont-Ferrand / Le Puy-en-Velay, avec plusieurs liaisons quotidiennes. Possibilité de correspondance à Clermont-Ferrand pour rejoindre Paris.
Topo : l’itinéraire du GR470 est intégralement téléchargeable sur le site officiel du sentier sous la forme de Rando-Fiches. Chaque fiche compte des extraits de carte avec tracé et points de renvoi vers un descriptif écrit de l’itinéraire à suivre. On y trouve également des informations thématiques sur le patrimoine, les éléments naturels, le paysage, etc. Cet épisode de Carnets de Rando correspond aux étapes 4 et 5 du GR470 : Langeac-Prades, Prades-Monistrol-d’Allier. Le téléchargement est entièrement gratuit.
Notes : aucune observation quant à des difficultés particulières sur cette partie du GR470. Pensez simplement à toujours avoir de l’eau avec vous car il peut faire très chaud dans les Gorges de l’Allier et la sanction est immédiate ! On trouve facilement de l’eau dans les villages. Inutile de se surcharger non plus dans le sac. N’oubliez pas non plus votre crème solaire. Un pantalon de randonnée léger peut être une alternative au short ou au bermuda si vous souhaitez protéger vos jambes des éventuelles piqûres/griffures sur les sentiers. En début de saison, quand les herbes sont hautes et la végétation encore un peu folle, ce n’est pas du luxe !
Où dormir : une liste complète d’hébergements est disponible sur le site officiel du GR470 pour préparer vos étapes. Il est fortement recommandé de réserver à l’avance. Pour consulter cette liste rendez-vous sur cette page : la fiche téléchargeable est située tout en bas ! Pour ma part, à Monistrol, je recommande chaleureusement le gîte Au Ricochet, superbement bien tenu avec une belle ambiance « rando ». De surcroît on y mange très bien et c’est l’occasion de discuter avec les pèlerins de Compostelle.
Liens utiles : le premier site à visiter est le site officiel du GR©470 où vous pourrez télécharger les rando-fiches (voir ci-dessus), les traces GPX ainsi que l’application mobile. Vous pouvez également consulter le site de l’Office de Tourisme Intercommunautaire des Gorges de l’Allier pour des informations plus générales sur le territoire. Pour en savoir plus sur la problématique du saumon et les possibilités de visite sur place, je vous invite à visiter le site du Conservatoire National du Saumon Sauvage. Enfin si vous souhaitez profiter des activités d’eaux-vives lors de votre randonnée sur le GR470, voici le lien vers le site de Sportival où vous trouverez toutes les informations utiles.
Bibliographie : La Haute-Loire… à pied | C’est la 1ère édition du topo-guide officiel édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre. 43 itinéraires de Promenade & Randonnée y sont recensés si vous souhaitez aller plus loin dans votre découverte de ce territoire, accompagnés de leurs cartes et de leurs explications. Prix indicatif : 14,50 € | Ref.D014
EN BREF
La Nature reprend ses droits sur ces étapes placées sous le signe de l’eau ! Sur la route du saumon de l’Atlantique, le randonneur fait progressivement son entrée dans les Gorges de l’Allier. A Prades vous bénéficierez d’une des rares occasions de vous baigner : ne la ratez pas ! Pour le reste, le sentier est toujours aussi intéressant, oscillant entre hauteurs et rives de l’Allier jusqu’à Monistrol, étape des pèlerins pour Compostelle.
Ce reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.
L’étape Langeac Prades nous glisse tout doucement dans l’ambiance des gorges. Je recommande une halte à « la guinguettina » à Saint Julien des Chazes après 4heures de marche, on s’allonge sur des palettes bricolées et rehaussées de coussins moelleux. Petite restauration sur place. Un havre de repos sous le pont pittoresque.
A Prades, attention le lundi la seule épicerie snack est fermé. Heureusement que le camping adorable « les escargots bleus » tiennent à votre disposition une épicerie de secours. Charmant jeune couple dans un cadre idyllique arboré en bordure d’Allier.
Merci Marie pour ces précisions et informations qui permettent d’actualiser un reportage qui a maintenant bientôt dix ans. Les choses ont probablement eu le temps de changer sur ce GR470. Donc ton commentaire est le bienvenu !