Au Panthéon des classiques de l’itinérance en montagne, le GR®58 – plus communément appelé Tour du Queyras – écope d’une place de choix dans le cœur du public. Sa récente deuxième place sur le podium du GR® Préféré des Randonneurs (en 2021) en fait office de confirmation. Alors qu’est-ce qui séduit autant les marcheurs/ses dans ce petit bout d’Alpes du Sud ? La nature généreuse et accueillante du territoire ? Une accessibilité certaine ? Des points de vue spectaculaires sur quelques sommets majeurs de cette partie de l’arc alpin ? La possibilité de gravir des 3000 (presque) sans effort ? L’hospitalité et le dévouement des locaux pour un massif dans lequel s’enracine un amour authentique ? Ou probablement un peu de tout ça en même temps ? Autant de raisons qui expliquent pourquoi le Tour du Queyras est un grand classique qu’il faut avoir fait une fois dans sa vie de trekkeur/se. Explications.
Difficulté : moyen | Distance : 110 km | Dénivelé : 7300m | Durée : 10 jours
LE QUEYRAS, UNE HISTOIRE ANCIENNE
Des articles et des contenus sur le Tour du Queyras, c’est pas ça qui manque. Alors pourquoi y ajouter mon grain de sel alors que je ne l’ai pas parcouru en entier ? Quelle légitimité ai-je donc qui m’autorise à me lancer dans la rédaction de ce dossier ? En premier lieu toute cette matière ramenée du tournage de Mon GR® Préféré sur le GR®58 lors de la quatrième saison de la web-série en 2020. On a filmé pendant quatre jours, entre Ceillac et Abriès, et seulement une toute petite partie des images a été exploitée pour l’épisode par la FFRandonnée. J’avais donc envie de replonger dans les rushes pour construire une sorte de version longue que je publierais ici, sur le blog, à l’instar du travail effectué sur le GR® de Pays du Tour des Baronnies Provençales. Cela est-il suffisant pour s’autoproclamer spécialiste ès Tour du Queyras ? Certainement pas.
À la différence, peut-être, de la plupart des blogueurs/ses qui ont écrit sur ce trek à la faveur de leur seule et unique expérience du Tour du Queyras, ma connaissance du massif et mon lien avec lui remontent à bien des années avant le tournage précédemment mentionné. Mon baptême du Queyras s’est fait avec l’UCPA, à une époque éloignée où Saint-Véran accueillait encore un centre. On était en 1996 et j’avais 21 ans. Une semaine qui a posé les bases de ce que je sais du massif 25 ans plus tard. Le Queyras est ensuite sur mon chemin lors de mon aventure sur le GR®5 en 2004 puis, deux ans plus tard, lors des derniers jours de ma traversée de l’arc alpin. Deux passages qui m’aident à photographier les vallées, les sommets et à m’imprégner de l’identité spécifique de ce petit morceau d’Alpes du Sud. C’est une forme de confirmation des connaissances préalables.
25 ans. Un quart de siècle déjà que la vie m’a baladé à maintes reprises dans le Queyras. Alors si, officiellement, je n’en ai pas complété exactement tout le tour, j’en sais aujourd’hui suffisamment pour être de bon conseil.
Puis plus rien jusqu’en 2018. Une année charnière. Carnets de Rando existe depuis sept ans à ce moment-là et l’agence Destinations Queyras me propose de créer du contenu sur un séjour à raquettes dans le massif. Un galop d’essai pro qui débouche sur un deuxième épisode la même année, en version estivale. Deux fois une semaine de présence sur le terrain pour couvrir des parties encore jamais visitées du territoire. Ma cartographie interne s’étoffe. 2018 marque également mon installation en Provence, à seulement deux heures de route du Queyras. Une nouvelle situation géographique qui me donne d’autant plus d’occasions d’y passer du temps. Alors, quand la FFRandonnée m’a filé ma feuille de route en 2020 et que j’y ai vu le GR®58, je me suis déjà senti comme à la maison. Vous l’aurez compris, c’est donc la somme de cette expérience de 25 ans qui va imprégner cet article, quand bien même je me bornerai à y parler exclusivement du GR®58, alias le Tour du Queyras.
LOCALISATION & ACCÈS
Le Queyras est un massif à part entière des Alpes du Sud, entièrement contenu dans le département des Hautes-Alpes, dont il ne représente cependant qu’une expression montagneuse parmi d’autres. Il s’appuie entre les Écrins, à l’ouest – avec la Durance comme frontière – et l’Italie, à l’est. Il partage également d’autres frontières avec celle, au nord, du Briançonnais et celles, au sud, de la Haute-Ubaye. Pour être totalement exhaustif, on cite également la proximité du petit massif du Parpaillon, au sud-ouest, sous le bloc de la Font-Sancte. Le Pic Nord de la Font-Sancte qui est d’ailleurs son point culminant avec 3385 mètres d’altitude. Son articulation est très simple : 6 vallées raccordée à celle, principale, du Guil qui le sépare en deux parties distinctes.
Le Queyras est connu pour ses espaces baignés de soleil, ses vallées accueillantes, ses 3000 mètres accessibles et sa minéralité marquée en altitude. Il est séparé en deux par la vallée du Guil.
« Il faut savoir que le Queyras a longtemps été une zone fermée. L’accès était alors plus facile par l’Italie que par la France. La spectaculaire route qui traverse aujourd’hui les Gorges du Guil et qu’emprunte la majorité des visiteurs n’existe que depuis le 19ème siècle.« , nous a expliqué Gilles Flouw, le président du Comité FFRandonnée des Hautes-Alpes. Sa porte d’entrée principale est Guillestre, à l’embouchure du Guil avec la Durance, qu’on atteint depuis Gap – et auparavant depuis Aix-en-Provence et l’A51 – en suivant la N94. Une entreprise qui peut se révéler pénible en période de vacances scolaires, entre radars et bouchons (particulièrement entre Chorges et Embrun).
Spécial Mobilité Douce
On peut aussi arriver – et c’est plutôt une bonne nouvelle pour les adeptes du trek – en train à la gare de Mont-Dauphin et prendre ensuite un bus pour Ceillac. Voici les horaires en cours pour l’année 2021. À noter que d’autres lignes permettent également de rejoindre Abriès, Ristolas, Arvieux ou Saint-Véran. Deux autres entrées routières existent, mentionnées ici pour le principe, qui ne devraient pas concerner la plupart d’entre vous. Il s’agit de deux cols mythiques. D’une part celui de l’Izoard, qui fait la jonction avec le Briançonnais, et de l’autre, celui d’Agnel, pour se rendre/venir en/d’Italie.
LE PROGRAMME DU TOURNAGE
Il n’était pas question de faire le Tour du Queyras en entier pour ce tournage. Ça n’aurait pourtant dérangé personne de le faire, vous imaginez bien. Le cahier des charges de mon GR® Préféré est néanmoins très clair : un épisode = quatre jours consécutifs de marche. Pas un de plus, pas un de moins. Choisir ces quatre jours n’a donc pas été chose aisée. Le GR®58 c’est, grosso modo, une partie nord et une partie sud de part et d’autre de la vallée du Guil.
La partie nord, qui prolonge le Briançonnais, c’est Clapeyto, l’Izoard, le Pic de Rochebrune ou encore les lacs de Malrif. Grandiose. La partie sud, qui vient s’appuyer sur la Haute-Ubaye et l’Italie, c’est les sommets à plus de 3000 mètres, l’Agnel, Saint-Véran et le face-à-face avec le Viso. Majeur.
Entre les deux, mon cœur balance. Mon instinct me dicte cependant de privilégier le plus spectaculaire. Et, dans cette catégorie, pas d’hésitation, c’est au sud qu’il faut mettre le cap. Le corps de l’épisode – et du tournage – se fera donc entre Ceillac et Abriès, via Saint-Véran et le col Agnel. En espérant, au passage, gratter des séquences sur des sommets comme le Caramantran et le Pain de Sucre. Le 5 septembre 2020, le clap de départ est donné à Ceillac, en compagnie d’Olivier au drone et devant la caméra.
LE QUEYRAS, UNE IDENTITÉ FORTE
Le Queyras, c’est avant tout une histoire d’hommes et de femmes. Le sentiment d’appartenance au territoire y est très fort. Et l’envie de le partager tout autant. Une énergie – une synergie même – qui a pu très largement s’exprimer grâce à la création du Parc Naturel Régional du Queyras en 1977. Depuis, le Queyras fait office d’excellent élève dans sa manière de communiquer sur ses atouts tout en veillant farouchement à leur préservation. Le GR®58, dont le tracé s’inscrit au cœur du Parc, en constitue une vitrine, avec cette spécificité de relier entre eux tous les villages du massif. L’équilibre entre la partie alpine et la partie habitée est donc parfaite.
On ne vient pas faire le Tour du Queyras uniquement pour ses paysages : on y vient aussi pour son patrimoine et pour la rencontre avec ses habitants passionnés.
Boris Poussou y est accompagnateur en montagne depuis 2015. Avec la profession d’hébergeur, celle de « guide » compte parmi les plus plébiscitées par les locaux pour transmettre les valeurs du Queyras et partager cet amour avec le public. « Le Queyras, c’est un territoire où on habite, où on vit et où on travaille et ça crée du lien avec l’ensemble des habitants, un sentiment d’appartenance. Et je pense que les gens qui viennent en trek ici le ressentent et apprécient le sentiment de convivialité qui naît de ce plaisir d’être entre nous. C’est aussi la vocation d’un Parc : on fait de la préservation mais aussi de la valorisation. Le but c’est que le randonneur sur le GR®58 puisse être témoin de la richesse de toutes ces vallées traversées.«
Et n’allez surtout pas prendre les Queyrassin(e)s pour des paysans d’altitude. L’Histoire tord largement le cou à ce cliché qui a fait long feu. Depuis toujours la culture et l’instruction font partie des valeurs du territoire. « Il faut savoir que les gens du Queyras se louaient jadis comme instituteurs« , nous précise Gilles Flouw. « Ils arboraient des plumes discrètes sur leurs chapeaux qui, en fonction de leur nombre, permettait d’identifier le nombre de disciplines enseignées et donc la notoriété de la personne. Même si cette vallée était fermée, elle était habitée par des gens qui étaient, pour certains, très instruits comparativement à l’époque et au lieu.«
CEILLAC, VILLAGE DE DÉPART ET D’ARRIVÉE DU TOUR DU QUEYRAS
Dix mille hectares d’espace baignés par le soleil. Ceillac est un petit paradis. Il n’en a pas toujours été ainsi. Le village revient de loin. L’implacable rigueur de la vie à la montagne, assortie de calamités aggravantes variées, a mis à l’épreuve la volonté des Ceillacois(e)s qui passent en-dessous du seuil des 400 habitants à l’entrée du 20ème siècle. La pente est remontée au cours de la première moitié du siècle suivant. Mais, en 1957, des inondations apocalyptiques ruinent ces efforts, laissant le village exsangue. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Pour Ceillac et pour le Queyras tout entier. Mais les sagas se construisent sur des événements et des personnages providentiels. Et, pour le territoire, Philippe Lamour fut alors assurément l’un de ceux-là.
Quand vous arrivez à Ceillac aujourd’hui, vous avez du mal à imaginer que l’endroit soit assorti d’une histoire aussi rude. Et s’il en est ainsi, c’est en partie grâce à Philippe Lamour, un profil passionné et fédérateur qui prend le destin du Queyras et de Ceillac en mains. On lui doit, à partir de 1965, la création d’un des premiers syndicats intercommunaux, de sociétés d’intérêt collectif agricole en charge pour l’une du parc immobilier et, pour l’autre, des remontées mécaniques. À son palmarès également la naissance du Parc Naturel Régional du Queyras et, in extenso, du Tour du Queyras. En misant sur le développement du tourisme en montagne et sur les atouts du territoire, Philippe Lamour séduit les jeunes actifs et met le Queyras sur les bons rails. Pari tenu.
Ceillac est aujourd’hui un village référence du Queyras, qui a su contenir son développement sans trahir son identité. L’endroit vit aussi bien l’hiver que l’été, en étant essentiellement tourné vers le tourisme.
Logements locatifs, établissements hôteliers, petit supermarché, commerces de proximité, restaurants : une panoplie complète de services à usage du visiteur. Rien d’étonnant à ce que le village se soit établi comme point de départ/arrivée légitime du Tour du Queyras. À la haute saison, les hébergements affichent complets et des marcheurs prennent régulièrement le départ du chemin qui remonte la vallée du Cristillan en direction du Villard et du Tioure. Après la réalisation des plans aériens du bourg, c’est là-bas qu’Alexia, chargée de communication à l’Office de Tourisme du Guillestrois-Queyras, nous monte avec Olivier pour le début officiel du tournage.
ÉTAPE 1 : CEILLAC – SAINT-VÉRAN
Ceillac est la base d’un trident d’itinéraires. L’un arrive de la vallée du Guil via le col de Bramousse, le second franchit le col Fromage par le GR®5 et le troisième – et dernier – c’est le GR®58 qui se rend à Saint-Véran en passant le col des Estronques. C’est notre programme du jour. Une fois le chalet du Tioure dépassé, l’itinéraire s’engage à flanc de vallon à travers un paysage ouvert et tourné vers l’agriculture de montagne. Une ligne homogène qui sied parfaitement au tournage des séquences d’introduction de l’épisode. Le Cristillan est une vallée assez longue qui dessert le col de Clausis et la Tête de la Cula, joli sommet de 3070 mètres. Le Tour du Queyras n’y va cependant pas, coupant assez vite court après Rabinoux pour engager les hostilités avec le dénivelé à proprement parler. Monter depuis Ceillac est un échauffement qui prépare à ce moment.
Avec Ceillac et la Tête de Bouchet dans le rétro, au bout d’un couloir visuel grand large, la sensation d’espace est déjà ici très forte.
Une première partie dans les résineux, une seconde à travers le versant nu dévalant sous le col des Estronques. Le sentier, propre et régulier, modère l’effort du randonneur. Ça passe carrément crème, avec des paliers bien marqués. Idéal pour un jour 1. Une progressivité qui permet au cardio de trouver un tempo et au regard de se promener sur ces premiers sommets du Queyras qui émergent de l’horizon avec l’altitude. En se tournant vers l’ouest, au-dessus de la crête des Eysselières, les masses plus imposantes de la Pointe de la Saume et des Pics de la Font Sancte, point culminant du Queyras, apparaissent souverainement. Pour beaucoup c’est le premier contact visuel avec les géants du massif et l’instant est, soyez-en assurés, majeur.
Cadeau Bonus : vous avez du temps et l’ascension ne vous a pas rincé ? Faites quelques mètres de dénivelé supplémentaire – cent exactement – pour vous hisser depuis le col des Estronques jusqu’au sommet de la Tête de Jacquette. Panorama cinq étoiles assuré.
De l’autre côté du col c’est une cuvette assez large qui s’arrondit autour de la crête de Tancinion, dans le prolongement nord de la Tête de Jacquette. Une descente sans souci et sans difficulté technique dans les grands espaces ouvrant en-dessous des barres rocheuses défendant la Pointe de Rasis. À ce stade, on se dit que si tout le reste du GR® est de cet acabit, aussi bien tracé et confortable, ça va être du tout cuit. Et, clairement, ce ressenti accueillant et hospitalier émis par le Queyras est une donnée invariable et l’un des très gros atouts de ce parcours. Plus tard le sentier, juché à l’orée d’un sous-bois de mélèzes, accompagne le Lamaron jusqu’à rejoindre les grandes prairies du Pré de la Chalp. C’est la porte d’entrée dans l’univers lumineux de Saint-Véran, village historique du Queyras, classé parmi les plus beaux de France où le randonneur est invité à faire étape en venant de Ceillac.
SAINT-VÉRAN, LA PERLE DU QUEYRAS
Fierté revendiquée du territoire, Saint-Véran rafle tous les superlatifs, comme celui de plus haute commune d’Europe, pour le plus grand plaisir des pros du tourisme locaux. Exposé vers l’ouest, à 2042 mètres d’altitude, le village où les coqs picorent les étoiles – ainsi qu’il aime à se nommer – déploie ses vieux chalets de mélèzes sur un beau versant ensoleillé, le tout sous le Pic de Château Renard. Alors que c’est une totale découverte pour Olivier, pour moi c’est déjà un endroit chargé de souvenirs et assurément un temps fort de l’épisode à venir de Mon GR® Préféré.
Saint-Véran est indéniablement le highlight patrimoine du Tour du Queyras. Ne pas y faire étape serait un non-sens.
Cette passion du tourisme – et des médias – pour ce village haut perché qui porte le nom d’un évêque du Vaucluse du 6ème siècle est sans aucun doute étroitement liée à son architecture traditionnelle intacte et scrupuleusement préservée qui plonge le visiteur dans la vie d’un village du siècle dernier. Rien d’étonnant à ce que, déjà en 1925, Saint-Véran ait été choisi pour la reconstitution du village alpin de l’exposition internationale de la houille blanche de Grenoble. Posées sur des soubassements de pierre, les devantures et balcons en bois de mélèze fascinent encore aujourd’hui. Aucun doute, Saint-Véran rutile littéralement.
Dans les petites venelles étroites qui s’échappent de l’artère principale on croise aussi des fontaines et des cadrans solaires dont certains relèvent de l’œuvre d’art. Saint-Véran a réussi ce difficile pari de trouver un équilibre entre la préservation de l’ancien – pour rendre hommage et perpétuer un savoir-faire, une tradition et un sens esthétique – et l’intégration du moderne – pour répondre aux besoins touristiques du 21ème siècle.
Parmi les villages des Alpes qui ont su opérer la transition du maintien de l’économie sans sacrifice à son histoire ou à son patrimoine, Saint-Véran est assurément une brillante réussite
Saint-Véran est un pur concentré de la pensée de Philippe Lamour et s’affiche comme la capitale rayonnante de l’identité queyrassine à travers les âges. On y fait étape aux Gabelous, un repaire convivial de trekkeurs où je retrouve, non sans surprise, l’ami Florian – qui avait participé à l’époque à la préparation des Carnets de Rando sur les Balcons du Queyras – désormais gérant, avec sa compagne Typhaine de l’établissement. La soirée se présentait on ne peut mieux !
LE VALLON DE LA BLANCHE
On n’a pas trop traîné ce matin-là car le programme de tournage de la journée était dense et remonter la vallée de l’Aigue Blanche en direction de la chapelle de Clausis ne s’inscrivait pas parmi mes priorités à filmer. N’allez pas y lire qu’il n’y a rien à y voir. D’un point de vue filmique, l’essentiel est simplement ailleurs et on passe donc à relativement bonne allure cette section assez longue qui ne prend fin qu’une fois le petit édifice religieux atteint. À noter qu’une navette est en place pendant la période estivale pour celles et ceux qui souhaitent s’éviter ce bout de marche.
Notre-Dame de Clausis n’est pas sur le tracé du GR®58 mais ce serait regrettable de ne pas lui rendre visite, perchée sur son petit monticule herbeux.
Changement de décor à Clausis où les grands espaces moutonnés du Haut Queyras reprennent les commandes. Une inondation de lumière qui vient arroser le cadre. Le drone d’Olivier prend son envol : la journée d’images commence. Plantée dans le décor surgi la Tête des Toillies. C’est le sommet qui attire tous les regards dans cette partie du Queyras. Une silhouette élancée et crochue dominant l’espace du vallon de la Blanche. Immanquable. Un vallon d’ailleurs riche de possibilités pour les marcheurs. Le refuge éponyme y accueille été comme hiver les prétendant(e)s au sommet ainsi que toutes celles/ceux en route pour les cols et lacs alentours. Un endroit phare du massif.
Le Tour du Queyras s’en détourne pourtant, préférant s’engager entre Roche Ronde et Pointe des Sagnes Longues pour grimper en douceur vers le col de Chamoussière. Une ascension qui se fait dans un fauteuil, de palier en palier, soucieuse de préserver les randonneurs de passage. C’est en tout cas la sensation partagée avec Olivier, malgré les sacs et le matériel de tournage. Une sensation qui n’est pas sans me rappeler la Vanoise. De tous les grands massifs que j’ai parcourus, seuls ces deux-là témoignent d’un certain confort dans leur approche. Un vrai atout pour celles et ceux qui souhaitent s’initier à la montagne en s’évitant les affres d’un chemin de croix.
LE CARAMANTRAN
L’un des très gros avantages du Tour du Queyras, c’est de mettre des sommets de plus de 3000 mètres à la portée des marcheurs/ses. 3000m : une altitude symbolique doublée d’un beau souvenir à la clé. Et si la Tête des Toillies, 3125m, a « de la gueule », son ascension reste, de base, une opération engagée qui dépasse ici le strict cadre de la randonnée. Il y a, fort heureusement, d’autres sommets autrement plus adéquats pour relever le défi. Parmi les plus plébiscités par les trekkeurs/ses engagé(e)s sur le tour, le Caramantran occupe les premières places, si ce n’est la plus haute du podium. À 3021m c’est probablement le seul à proposer un écart aussi court depuis le tracé du GR® vers la barre des 3000 mètres. Sans oublier un niveau de difficulté quasi nul. Sur l’addition finale, ce ne seront que 140m de D+ à ajouter. Qu’est-ce qu’on attend alors ?
Le Caramantran était sur notre feuille de route depuis le début du tournage. L’idée étant de montrer qu’on peut facilement faire l’écart pour accéder à un belvédère grande classe sur le Viso. Faut-il en effet rappeler que le géant italien est juste de l’autre côté ? En complément de l’aspect « pédagogique » visant à rassurer celles et ceux qui ne se jugeraient pas capable de réaliser l’ascension, on faisait aussi la course à la belle image, alertés que nous étions de l’arrivée imminente d’un front dépressionnaire. Et pour vous dire que tout le monde peut le faire, on croise là-haut Sébastien, de la Tribu Rando, qu’on croise encordé à son p’tit bout de 5 ans à qui il vient de faire faire son premier 3000 depuis l’arête sud : champagne !
Le Caramantran, outre le belvédère accessible et exceptionnel qu’il offre sur le Viso, rappelle aussi, par la présence de sa frontière sommitale avec l’Italie, l’identité transfrontalière marquée de ce Tour du Queyras
C’est aussi le coup de cœur de Léa, une jeune randonneuse nantaise dont c’est le premier trek en solo. « Je pense que je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi beau.« , nous confie-t-elle lors d’une petite interview. « J’avais envie d’un trek en montagne et le Tour du Queyras m’a paru assez accessible même s’il y a un peu de dénivelé. Et le fait de pouvoir le faire en boucle, ça me plaisait bien aussi. J’aime le fait d’être seule pour profiter des paysages, me ressourcer. Ça n’a rien d’insurmontable de franchir le pas de marcher seule même si ce n’est pas sans créer, par moment, de petits coups de stress.« , ajoute-t-elle en riant.
Pas besoin de corde pour les grands qui montent par l’arête nord-ouest. L’itinéraire, clair, net et précis, s’engage par une trace dégagée dans les pierres depuis Chamoussière. On baigne très vite dans la lauze grise des étages supérieurs du massif avant d’arrondir sur le versant ouest du Caramantran jusqu’à atteindre l’arête sud. Encore quelques mètres sans difficulté sur celle-ci et vous voici au sommet. Attention les yeux, le spectacle vaut le détour. Le premier à imposer sa présence dans le panorama est évidemment le Mont Viso, 3841 mètres le garçon. Un bon gros géant dont il est possible de faire le tour complet en 4 jours. Selon le jour et l’heure, en lieu et place du colosse, vous ne trouverez peut-être qu’un énorme panache de brume : c’est la nebbia, phénomène ultra-localisé de ce côté des Alpes qui bouchonne assez rapidement en fin de matinée.
Peu de trek peuvent se targuer de proposer des sommets à 3000 mètres aussi accessible que le GR®58. Un sérieux atout quand il s’agit de convaincre.
Pour le reste du panorama, à l’ouest, vous verrez les Toillies s’effiler en une lame étroite et faire face au Bric de Rubren qui ferme la Haute-Ubaye de l’autre côté du col de Longet. Au nord, au-delà du col Vieux qui sera franchi lors de la prochaine étape, se remarque invariablement le mur découpé au scalpel de la crête de la Taillante. Un objet de fascination pour moi. Un peu au sud de celle-ci se dresse un bel enchaînement de cimes : c’est le Pain de Sucre, un autre objectif que j’évoquerai plus bas, le Pic d’Asti – atteignable sur la base d’un niveau PD d’alpinisme – et, plus loin encore, l’Asti – tout court – également connu sous le nom de Mont Aiguillette. La minéralité du Queyras dans toute sa splendeur. Des lignes accrocheuses et des profils redoutables qui dissimulent pourtant des accès cachés à la portée de (presque) tout un chacun. Sans oublier, côté sud, la pyramide du Pic de Rochebrune et, à plus lointaine distance, les contreforts des Écrins. Vous vouliez du panorama au prix d’un moindre effort ? C’est fait !
LE COL ET LE REFUGE AGNEL
Bien visible depuis le sommet du Caramantran, le refuge Agnel s’atteint sans difficulté depuis le col de Chamoussière. La descente s’effectue face au Pain de Sucre et à l’Asti, vision souveraine de laquelle a jailli l’une des plus belles images du reportage. Ici, on nage dans le bonheur. Si je suis tatillon, je pourrais avancer que le plaisir peut être gâché par le bruit des moteurs – motos en tête – qui vont et viennent sur la route du col Agnel dont les lacets dessinent des serpents goudronnés à travers le paysage. Et puisqu’on en est à parler de serpent imaginaire, celui tracé dans le toboggan gris servant de face nord au Camarantran indique magnifiquement la voie à suivre pour atteindre le refuge.
Voie de passage historique, le col Agnel est aussi un point de départ vers de nombreux objectifs de randonnée. Et la découverte de la vallée de l’Aigue Belle, fermée par des sommets diablement esthétiques, est une belle révélation sur la route du Tour du Queyras
La vallée de l’Aigue Agnelle ressemble à s’y méprendre à la précédente : une ouverture indécente, d’immenses versants ouest sans le moindre bois ou forêt qui font face à des pentes est plus courtes, plus raides et plus agressives. Un paysage dans lequel la main de l’homme s’est contentée de tracer une route et de poser un refuge. Pas d’habitat durable mais, cependant, un axe névralgique entre la France et l’Italie. Et un refuge en passe de devenir une institution. On n’y a cependant pas été particulièrement séduit – dans un premier temps – par l’accueil. Ici on est pragmatique et efficace. Avec une capacité d’accueil de plus de 100 personnes, un restaurant d’altitude et un snack/bar ouvert au public sur la route du col, l’endroit fait figure d’usine à gaz en comparaison d’autres adresses plus confidentielles.
LE PAIN DE SUCRE
Vous serez sans doute séduits par cette belle ogive qui se dresse au-dessus du col Vieux et qu’on ne peut pas manquer depuis le refuge. C’est le Pain de Sucre, 3208 mètres, un client un cran plus sérieux que le Caramantran et sur lequel on a jeté notre dévolu pour la séquence lever de soleil qu’on rêve de tourner avec Olivier. Si l’idée vous parle, sachez qu’il faudra vous lever tôt, comme pour une course d’alpinisme. Bon, nous, on est peut-être parti carrément trop tôt mais, quand on fait de l’image, on n’est jamais trop prudent. On s’est donc levé à 4h pour un départ à 4h30. Avec un peu plus de 600m de dénivelé à parcourir de nuit avec recherche d’itinéraire à la frontale, on a joué la prudence.
Le Pain de Sucre, un beau perchoir pour un lever/coucher de soleil face-à-face avec le Viso. À condition que la météo y mette un peu du sien…
Un excès de prudence qui n’aura finalement pas payé. D’une part parce qu’on est monté comme des bourriques et qu’on est donc arrivé là-haut trop tôt. Beaucoup trop tôt. D’autre part car le soleil ne s’est jamais levé. On avait bien vu, malgré la nuit, qu’une masse noire dissimulait les étoiles et le sommet au départ du refuge. On avait néanmoins misé sur un coup de vent et un tour de magie à l’aurore pour transformer cette première vision pessimiste en un spectacle de toute beauté. La chance ne sourit malheureusement pas à tous les coups et, après le succès au Caramantran de la veille, on écope d’un beau zéro pointé sur le Pain de Sucre. Du froid, du vent, de la pluie, des nuages : c’est tout ce qu’on récoltera pour une séquence que j’ai finalement fait le choix de ne pas montrer dans le montage final.
Reste une ascension intéressante sur laquelle je reviens le temps de quelques lignes. Jusqu’au col Vieux pas vraiment de souci à se faire : le chemin est bien tracé et d’autant plus que cette partie est en restauration et donc presque entièrement délimitée par un passage imposé pour la marche. Un très bon fil d’Ariane dans la nuit. Au Col Vieux, l’exigence de vigilance commence : c’est à droite, un peu sud-est, que ça se passe avec quelques cairns à attraper dans le faisceau de la frontale. Là il faut essayer de tenir le cap de cette ligne fragile tracée entre les arrondis de pierre qui constellent le paysage. Cela conduit au pied de l’arête ouest du Pain de Sucre, là où les indices deviennent plus difficiles à cerner dans le décor.
De nuit, monter au sommet du Pain de Sucre exigera une grande attention. Un petit repérage la veille pourra éviter quelques incidents de parcours malvenus.
De là deux possibilités : repérer les cairns qui s’éclipsent à gauche pour longer la base du versant nord-ouest avant de s’attaquer, plus loin, au versant nord OU tracer en sauvage sur le fil de l’arête ouest – notre choix – en veillant, dès que la pente s’affirme trop, à tirer vers le côté nord pour ne pas risquer d’approcher les grands ravins de la face sud. De nuit, garder le cap n’est franchement pas simple et il faudra faire preuve d’un bon sens de l’itinéraire pour flairer les moments où c’est plus bon et qu’une correction s’impose. De jour, ça doit déjà être plus gérable pour localiser une trace et/ou des cairns. Dans tous les cas, les 250 derniers mètres vous coûteront un bel effort.
LE COL VIEUX ET LA TOURNÉE DES LACS
Du col Vieux à l’Échalp c’est une looooongue descente qui s’amorce. Mais néanmoins aussi une section visuellement majeure. Un affaissement par palier jusqu’à la haute vallée du Guil qui progresse dans un dégradé subtil de décors. Même sous le crachin collant qui nous a gâché notre lever de soleil au Pain de Sucre, l’expérience demeure visuellement forte. Premier set : le lac Foréant. Ce jour-là, il apparaît en forme d’éclat de platine, révélé posé dans une lande rousse et bosselée aux allures d’Écosse. La barrière nuageuse nous prive ce jour-là de la vision bluffante des murailles du Pic de Foréant, à l’ouest, et de la Taillante, à l’est, dressées de part et d’autre du petit lac. Par beau temps, la variante par la crête de l’Eychassier puis le Pic Foréant, à 3081m, peut s’envisager. J’en parle dans l’article des Balcons du Queyras Été pour celles et ceux que ça intéresserait.
Foréant et Égorgéou : deux lacs, deux ambiances pour une descente visuellement mémorable vers la vallée du Guil
Puis vient une rupture de pente au-delà de laquelle l’étage inférieur, celui du Lac Égorgéou, se dévoile au débouché d’un canyon étroit qui entaille le thalweg à main droite du sentier. Plus encaissé, bardé de pentes raides et dégorgeant d’humidité, l’endroit ne déçoit pas et continue d’imposer cette section comme un véritable temps fort de l’itinéraire. Plein nord, dans l’ouverture à travers laquelle grossit la vallée du Guil, le sommet du Pelvas draine quelques saillies lumineuses dans la mêlée de nuages qui l’encercle. Si l’espoir de lendemains meilleurs doit exister, c’est assurément de ce côté qu’il faut aller le chercher. Au-delà d’Égorgéou, la porte de la montagne se referme derrière nous. Le torrent de Bouchouse disparaît plus loin dans une ravine profonde, nous laissant rejoindre l’étage montagnard et son couvert boisé. Bientôt la forêt est sur nous. L’altitude décroît en même temps que le ronflement du Guil gagne en puissance. L’Échalp n’est maintenant plus très loin.
LA CRÊTE DE GILLY
C’est à une ascension patiente, un peu plus relevée physiquement que celle conduisant au col des Estronques, à laquelle il faut se préparer quand on tourne le dos au Guil, peu après le gîte d’étape de la Monta, pour viser la Crête de Peyra Plata, près de 900 mètres plus haut, avec le Pelvas couronnant la vision. Après un court passage à travers des champs bordés d’épilobes, l’effort est lancé au fil d’une trace sinueuse taillée entre buissons et rochers. Une allée étroite qui se tortille sur un versant encore largement pelé. Et ce jusqu’à atteindre l’ombre bienfaisante du mélezin, peu avant les 2000 mètres d’altitude. Un sous-bois, plus ou moins aéré, qu’on ne quittera maintenant plus pendant les prochains 300 mètres de dénivelé.
Nouvelle étape, nouvelle ascension : depuis les crêtes de Gilly, le Queyras et la vallée du Guil se révèlent sous un jour nouveau. Juste grandiose !
C’est une fois l’épaule où est posée la bergerie du Pelvas dépassée que la perspective revient en force avec un effet miroir par rapport à l’étape précédente. Retournons-nous une seconde pour voir : nous voici dans l’axe du vallon de Bouchouse, descendu la veille, avec la Taillante et le Pic Ségure qui se regardent en chiens de faïence. Et au milieu de ce panorama coule une rivière, le Guil, jeune et fougueux torrent qui s’est élancé, depuis peu, des pentes dévalant sous le lac Lestio, bien au-delà – pour le marcheur – du belvédère de la Roche Écroulée dont on soupçonne la présence dans l’arrondi lointain de la rivière. La vallée du Guil apparaît comme la plus boisée des vallées traversées par le Tour du Queyras depuis Ceillac.
L’arbre cède pourtant du terrain aux abords des 2350 mètres, laissant réapparaître ce Queyras plus nu, plus minimaliste et à nouveau assez minéral des jours précédents. Le Pelvas s’est nettement rapproché, masse noirâtre émergeant du tapis jaunissant de la pelouse alpine. Le sentier rejoint maintenant le fil des crêtes, matérialisé par une succession de monticules coiffés de cairns. La trace se déroule ici comme le fil d’une bobine tendu haut au-dessus du monde. Aucune sensation de vertige mais, au contraire, une exaltante bouffée d’espace. Le/La marcheur/se fait office d’électron circulant sur une ligne imaginaire reliant la Tête du Pelvas au Pic de Rochebrune, dont la silhouette caractéristique et imposante remplit l’horizon en annonçant de futures aventures.
Après l’effort de l’ascension, la traversée des crêtes – de Peyre Plata puis de Gilly – est un monument de bonheur, un instant suspendu au cours duquel émergent les sommets queyrassins, et bien plus encore.
Cette section en crête est l’ultime temps fort dont je rêvais pour les dernières séquences de l’épisode. On ne pouvait pas rêver mieux que cette chevauchée aux vues ouvertes et plongeantes sur des pans entiers du Queyras. Une vraie récompense pour les trekkeurs/ses dont on capte aisément les regards et expressions extatiques. S’ensuit une bascule assez raide sur la Collette de Gilly. Une sortie un peu brute après ces moments en apesanteur. Mais il faut bien redescendre à Abriès : en direct, par le versant ouest, ou par le Bois Noir, pour celles et ceux qui veulent en profiter encore. Une option solide à la belle saison pour les ambiances magiques qui s’égrènent dans les sous-bois de mélèzes constellés de rhododendrons en fleur. Un paradis malheureusement évanoui dès septembre.
ET APRÈS ? C’EST PAS FINI, NON ?
Conformément au cahier des charges de Mon GR® Préféré qui ne prévoit pas l’illustration en vidéo de plus de 4 jours consécutifs de marche par GR®, on donne le clap de fin à Abriès, cet agréable village-station, imprégné de culture montagne mais résolument tourné vers les familles, posé à la jonction du Bouchet et du Guil. Le Tour du Queyras, à pied, se poursuit lui en direction d’abord des lacs du Malrif pour une étape au dénivelé positif copieux de près de 1300 mètres. Sport donc, mais gratifiant ! La suite bascule jusqu’aux Fonts de Cervières pour ensuite regrimper vers le col de Péas. Après être redescendu à Souliers, il faut encore passer le col du Tronchet avant d’atteindre Brunissard. Puis c’est Furfande, col et refuge, la descente sur le Guil et la remontée à Bramousse pour rejoindre finalement Ceillac.
À partir d’Abriès, ce sont encore 5 à 6 jours de marche qui attendent le/la randonneur/se lancée sur le Tour du Queyras
Cette section, brièvement décrite, depuis Abriès, correspond à la partie du GR®58 que je n’ai pas encore pratiquée mais que je visualise cependant parfaitement car étant passé à proximité pour d’autres projets. À mes yeux – exception faite de la partie qui va de Malrif à Péas – c’est la moins intéressante car plus rapidement fermée en terme de vue. La présence de la forêt y est plus importante et l’ambiance se veut davantage moyenne montagne qu’alpine. Une autre facette du Tour du Queyras, plus chaleureuse et moins minérale, une fois le dos tourné au Rochebrune bien évidemment. Presque de la récupération active sur un itinéraire qui pourtant déjà, dans sa première partie, proposait un effort journalier abordable. Je vous la détaille plus bas, dans le guide pratique.
OÙ TROUVER LE TOPO ET LES CARTES DU TOUR DU QUEYRAS ?
Victime de son succès, la dernière édition du topo-guide du Tour du Queyras – celle avec mon complice Olivier en couverture, que vous voyez d’ailleurs dans l’épisode de Mon GR® Préféré ! – éditée officiellement par la FFRandonnée sera réédité le 6 mai 2022. Vous trouverez bien évidemment la version actuelle en ligne sur la boutique de la FFRandonnée.
Et puis, bien sûr, toutes les infos officielles sur ce GR® ainsi que sa trace GPX, disponible sur le GR® Access, se retrouvent sur le portail de la randonnée itinérante de la FFRandonnée : www.MonGR.fr
Pour ce qui est des cartes – mais oui vous savez bien que je suis un adepte de la carte IGN ! – il faudra emporter avec vous les références TOP25 1/25000è 3537ET – Guillestre, Vars, Risoul, Parc Naturel Régional du Queyras, ainsi que la 3637OT – Mont-Viso, Saint-Véran, Aiguilles, Parc Naturel Régional du Queyras et enfin la 3536OT – Briançon, Serre-Chevalier, Montgenèvre
FRÉQUENTATION
Le Tour du Queyras a toujours été auréolé d’une bonne réputation parmi les adeptes du trek. Mais sa fréquentation semble se renforcer année après année, consolidée par des articles de presse et des reportages fréquents. Sa place sur la deuxième place du podium de la quatrième saison de Mon GR® Préféré constituant certainement la dernière pièce d’achoppement de l’ensemble. Aux beaux jours, comme tout GR® qui a les faveurs du public, ses sentiers sont donc empruntés quotidiennement par une ribambelle de marcheurs/ses. Ce n’est pas un GR® qu’on choisit pour être seul et isolé. Au contraire, en discutant avec pas mal de trekkeurs/ses pendant le tournage, on s’est aperçu que c’était même un peu l’effet inverse qui était recherché : bénéficier, pour le côté rassurant et aussi convivial, de la présence d’autres randonneurs/ses sur l’itinéraire.
Besoin d’être rassuré, goût de l’échange à l’étape, cotoyer à la montagne et les sommets sans grosse prise de risque et au prix d’un effort raisonnable : c’est le profil généralement constaté du trekkeur sur le Tour du Queyras
Résultat : c’est un public sociable et motivé par les échanges humains qu’on croise surtout sur ce parcours. On est très loin du délire international et surpeuplé du TMB. C’est aussi un public qui n’est pas là pour particulièrement pour battre des records, comme sur le GR®20. Le Tour du Queyras rassemble les contemplatifs, les nouveaux venus dans l’itinérance en montagne et/ou de plus anciens qui ont fait leur preuve mais qui sont à la recherche, pour des raisons de limites physiques plus réduites désormais, de terrains à la difficulté modérée. Le public du Queyras est à l’image du massif qu’il vient parcourir : accueillant. Évidemment cette concentration relative – qui a un impact sur la réservation des hébergements, attention ! – est palpable entre le 1er juillet et le 31 août essentiellement. En juin et septembre, les marcheurs/ses engagé(e)s sur le GR®58 sont déjà nettement plus dilué(e)s tout au long des étapes.
SAISONNALITÉ
Pas trop de surprise à ce niveau-là : on est sur un GR® montagne et, la montagne, elle n’ouvre pas ses portes avant le 15 juin en général. Et encore, à cette époque, les premiers partants pourront encore trouver de la neige en altitude et au passage des cols. Globalement, l’heure de gloire du Tour du Queyras se situe entre juillet et août. Juillet est vraiment splendide pour ses couleurs, la vigueur des torrents et sa nature exubérante et pleine de vie. Septembre est également agréable, même si les couleurs sont déjà bien passées. Il reste même possible de s’engager sur le trek en octobre, voire en novembre pour goûter à cette période magique où l’hiver pose doucement ses quartiers en montagne. Il faudra cependant être autonome – la plupart des hébergements sont fermés à cette époque – et (très) bien équipé pour résister aux températures déjà nettement plus rigoureuses.
ET L’HIVER C’EST PAS POSSIBLE ?
Alors bah si, justement, c’est possible et c’est bien d’en parler car c’est une des spécificités du Queyras. Là où d’autres treks sont condamnés à n’accueillir les marcheurs/ses qu’à la belle saison, le Queyras, lui, peut se targuer de posséder un itinéraire (presque) ouvert toute l’année. Je dis presque car le parcours hivernal est forcément un poil adapté. Il est donc plus court – en général 6 jours – et évite la trop haute altitude, se contentant des étages intermédiaires du massif. Il se fait en raquettes, généralement sous l’égide d’un accompagnateur. C’est, il faut le dire, le produit hivernal phare des voyagistes à pied français. Peu d’agences ne le propose pas dans leurs cartons. Mes chouchous : Destinations Queyras (parce que je les connais bien et qu’en plus c’est du local et du passionné) et aussi Pédibus. Enfin sachez que si vous êtes un(e) excité(e) du bulbe et que vous maîtrisez les risques associés à cette pratique, c’est faisable en ski de randonnée ! Pour un avant-goût du Queyras l’hiver, c’est par ici !
UN GR® IDÉAL POUR DÉBUTER EN GRANDE RANDONNÉE DE MONTAGNE
Je l’ai dit, j’insiste et je me répète : de tous les GR® de montagne, le Tour du Queyras s’adresse particulièrement aux non-initiés. Il possède en effet une série d’atouts qui en font le trek idéal pour se lancer dans un premier périple de montagne itinérant. J’en redresse la liste.
Un terrain sans piège : le profil du Tour du Queyras ne dispense pas de l’effort mais parvient à l’équilibrer. Les sentiers sont roulants, bien entretenus et toujours bien visibles. Il n’y aucune difficulté technique ou passages aériens impressionnants sur l’ensemble de l’itinéraire.
Un balisage de qualité : à peu de chose près, pas grand-chose à redire sur la signalétique tout au long du parcours. Les balises rouges et blanches sont bien visibles et présentes quand il faut, complétées parfois par des poteaux et des flèches. Avec le topo dans le sac à dos en complément, c’est un GR® qui s’aborde sans le stress de se perdre à un moment donné.
Une offre complète d’hébergements : le Queyras fait partie de ces massifs qui a su se structurer collectivement pour avancer ensemble autour d’un projet touristique commun. Les hébergeurs font donc naturellement partie du GR®58 en tant qu’entité. Les étapes sont ainsi parfaitement définies et au moins un hébergement en dur est toujours présent à chaque fin d’entre elles. Un vrai confort d’utilisation pour celles et ceux qui veulent démarrer dans l’itinérant sans, encore, avoir à penser à l’autonomie et au poids du sac.
Des services de transports de bagage : le fait d’être parfaitement connecté à l’ensemble des villages traversés a permis au Tour du Queyras d’inviter des prestataires à mettre en place un système de portage des bagages d’étape en étape. Un vrai plus pour celles et ceux qui veulent pouvoir profiter du trek le plus confortablement et légèrement possible.
Je ne veux cependant pas que mes mots soient mal interprétés et laisser sous-entendre que le Tour du Queyras est facile. Il l’est assurément davantage que la moyenne d’autres GR® alpins mais il n’en évolue pas moins en montagne avec des dénivelés quotidiens réels. Si j’ai donc dit pour des débutants en grande randonnée montagne, je n’ai pas dit pour des débutants tout court ! Un minimum de bagage sportif est requis pour profiter de l’expérience et, si possible, quelques randonnées à la journée en terrain montagneux histoire de pouvoir se situer par rapport à l’effort requis.
Attention, GR® pour débutant s’entend pour débutant en itinérance montagne ! Ne vous y engagez pas sans expérience de la randonnée, ni, à moins d’être sportif/ve, sans expérience de montagne tout court !
À titre d’expérience vécue, on avait recueilli les témoignages de quatre jeunes randonneurs bretons dont c’était, pour certains, la première expérience de trek. « Je suis un bébé randonneur.« , nous expliquait l’un d’eux. « Je n’ai jamais fait beaucoup de rando et encore moins de marches aussi longues. Mais, pour moi, le Tour du Queyras est une très bonne première expérience. Ce que je trouve génial c’est que chaque jour est mieux que le précédent. Au début j’avais un peu peur, je savais pas trop comment j’allais tenir, les pieds, la fatigue et tout. Mais je finis par prendre le rythme. En vacances on va généralement plus du côté de la Bretagne et là on se retrouve à peu près vingt fois plus haut et c’est vraiment génial de voir ces paysages.«
ÇA VEUT DIRE À L’INVERSE QUE LE GR®58 N’EST PAS POUR DES BAROUDEURS/SES ?
Pas du tout ! Je pense qu’il y a matière à composer sa propre mélodie sur le Tour du Queyras, sans nécessairement se sentir obligé de plier le genou face à l’identité générale du trek. Si les plus sportifs seront tentés de raccourcir la durée totale, c’est surtout aux adeptes du bivouac que je pense. Le tracé du GR®58 demeure une base qu’il est possible de faire évoluer. Des variantes sont ainsi possibles – certaines ont déjà été évoquées dans le corps de l’article ; voir également plus bas dans la proposition de découpage – des sommets peuvent être ajoutés en tant qu’objectifs – voir également plus bas – et, par-dessus tout, les spots indécents de beauté pour le bivouac sont légion. À vous, donc, les crépuscules et les aurores en tête à tête avec la montagne. L’autonomie, c’est le degré supplémentaire qui incrémente la difficulté originelle moyenne du périple en la destinant aux marcheurs/ses plus aguerri(e)s physiquement et techniquement, équipé(e)s matériellement et familier(e)s du portage à 12 kilos et plus. Une relecture de la proposition initiale faite par le territoire dont la volonté est et demeure de s’ouvrir au plus grand nombre, rappelons-le, et d’éviter ainsi tout côté sélectif.
GR®58 – TOUR DU QUEYRAS : PROPOSITION D’ITINÉRAIRE & D’HÉBERGEMENTS
Les dénivelés sont donnés à titre indicatif et peuvent varier légèrement sur le terrain.
Étape 1 : Ceillac – Saint-Véran (11 km | +1080m | 6h30)
Sommet (en option) : depuis le col des Estronques, possibilité d’atteindre la Tête de Jacquette (2757m) : 100m de D+ et environ 35mn A/R
Spot bivouac : la première chose à savoir avant tout c’est que vous pouvez ravitailler en eau soit à la fontaine située au Pont du Moulin, avant de remonter sur Saint-Véran, soit bien sûr à Saint-Véran. Ensuite – et à condition d’accepter de se mettre encore un bon kilomètre et demi de marche, il y a des coins sympas où poser la tente en poursuivant sur le GR® et en cherchant après le Pont Vieux. C’est plein de petits espaces près des bois où la tente se plante facilement.
Les adresses pour randonneurs ne manquent pas à Saint-Véran. Je fais volontairement l’impasse sur celles orientées charme, prestige et luxe qui ne cadrent pas avec l’esprit du GR® à mes yeux. Je préfère vous orienter aux Gabelous, chez Florian et Typhaine, parce que ce sont des copains et que le rapport qualité-prix est 100% satisfaisant (à partir de 43 euros la 1/2 pension). Infos et réservation : 04.92.45.81.39 ou gabelous@free.fr. Mais vous pouvez aussi, si c’est complet, jeter un oeil sur l’Estoilies (pas mal pour ceux qui recherchent de l’autonomie pour les repas) au 04.92.45.82.65 ou la Baïta du Loup au 04.92.54.00.12 ou contact@labaitaduloup.com
Étape 2 : Saint-Véran – Refuge Agnel (12 km | +830m | 5h30)
Sommet (en option) : depuis le col de Chamoussière, possibilité d’atteindre le Caramantran (3025m) : 140m de D+ et environ 50mn A/R
Pour dormir, pas trop de choix, c’est le refuge Agnel ou le bivouac. Selon l’affluence, la période et un certain nombre de variables qui ne seront pas en votre possession, vous trouverez l’accueil et l’ambiance un peu plus… rustique qu’à Saint-Véran ou Ceillac. Ceci mis à part, l’endroit fait le taf qu’on attend de lui et vous serez bien installés. Comptez 50 euros pour la demi-pension ou 34 euros pour les campeurs qui veulent profiter de la formule proposée par l’établissement (inclus : petit-déjeuner, diner et douche). Infos et réservation : 06.60.79.83.90 ou refugeagnel@gmail.com
Étape 3 : Refuge Agnel – L’Échalp (ou La Monta) (10/11km | +230m | 5h)
Variante alpine : depuis le refuge Agnel, viser le col de l’Eychassier plutôt que le col Vieux. Du col, s’engager à gauche (ouest) sur la crête qui arrondit ensuite jusqu’au Pic de Foréant (3081m). Attention, quelques passages un peu aériens. Du sommet continuer nord jusqu’à une épaule (replat) bien marquée. Arrondir sur l’épaule pour descendre le long d’une nouvelle arête pierreuse/herbeuse qui amène jusqu’aux lacs de l’Eychassier. Des lacs, descendre au mieux vers le lac Foréant.
Sommet (en option) : depuis le col Vieux, possibilité d’atteindre le Pain de Sucre (3208m) : 400m de D+ et environ 2h15 A/R. Voir le descriptif dans le corps de l’article.
Pour dormir c’est soit l’Échalp, au gîte 7 Degrés Est, soit un kilomètre plus loin, à La Monta, dans un ancien relais de douane qui a franchement de l’allure. Perso je ne connais que le second, où je suis allé deux fois parce que j’adore les gérants. C’est purement personnel et subjectif mais c’est le genre d’endroit où je me sens à l’aise, sans chichi et sans filtre. Tout ça empaqueté pour 43 euros en demi-pension. Soyez cool et courtois, les deux compères vous le rendront bien ! Infos et réservation : 04.92.20.16.37 ou 06.09.04.44.14
Étape 4 : L’Échalp (ou La Monta) – Abriès (14/15km | +890m [ 5h30)
Variante : en cas de pression de l’horaire, possibilité de descendre un peu plus rapidement sur Abriès depuis la Colette de Gilly en passant par la variante balisée qui traverse le domaine skiable d’Abriès. Moins sympa que l’autre côté.
Sur Abriès, il y a de quoi manger, dormir et se ravitailler. Mon repaire a, jusqu’à aujourd’hui toujours été l’Edelweiss, parce que, comme pour précédemment, je m’entendais bien avec les propriétaires. Mais ils ont vendu depuis peu et je ne connais pas la nouvelle équipe qui va devoir trouver sa propre identité. C’est donc désormais Estelle et Christophe qui vous accueilleront dans ce chouette établissement, cosy et convivial, où on se sent vite très bien ! Infos et réservation : ou 06.71.73.88.06 contact@gite-edelweiss.fr
Étape 5 : Abriès – Fonts de Cervières (14km | +1290m | 6h30)
Le refuge des Fonts de Cervières est la seule et unique possibilité d’hébergement pour cette étape. Il n’a pas de site internet. Les réservations se font donc par téléphone au 04.92.21.32.82. Sa capacité d’accueil est de 62 lits répartis sur 10 dortoirs, ce qui laisse un peu de marge. Attention toutefois car l’endroit est très fréquenté l’été.
Étape 6 : Fonts de Cervière – Souliers (11 km | +590m | 5h)
Sommet (option) : à défaut de grimper le Pic de Rochebrune, pourquoi ne pas profiter d’un beau belvédère sur celui-ci à partir d’un sommet facilement accessible ? Depuis le col de Péas, cap sur le sommet du Grand Vallon (2867m), à vue et en suivant quelques cairns : 240m de D+ et 1h15 A/R
À Souliers, quand on est sur le GR®58, on dort au gîte du Grand Rochebrune. Pour la petite histoire, c’est un des premiers gîtes d’étape du Queyras, construit dans les années 70 avec les matériaux locaux par la famille Humbert. Côté table, c’est du fait maison, avec des produits locaux et issus de l’agriculture biologique, dans la mesure du possible. La demi-pension est à partir de 42 euros (en dortoir) ou 50 euros (en chambre double). Infos et réservation : 04.92.21.86.77 ou 06.62.69.34.01
Étape 7 : Souliers – La Chalp d’Arvieux (10 km | +510m | 4h)
Sur la carte, cette étape apparaît comme le ventre mou de ce Tour du Queyras. Mais il en faut bien, me direz-vous ! Comme elle fait partie des rares tronçons qui me manquent sur le terrain, je ne pourrai pas le confirmer par une expérience pratique mais, en tout cas, à l’instinct, ça y ressemble ! D’aucun la prendront pour une forme d’étape de repos.
À La Chalp, deux hébergements sont proposés : le chalet Le Teppio, une belle bâtisse à l’orée des bois, idéale pour observer les animaux, avec un tarif proposé à partir de 40 euros la demi-pension (20 places réparties dans 6 chambres). Infos et réservation : 04.92.46.73.90 ou par mail : contact@teppio.com. Ou bien le Chalet Viso, ancienne ferme datant de la fin du 18ème siècle, adresse plus classique avec une orientation gourmande constituée de 8 chambres. Infos et réservation : 04.92.46.85.77 ou info@chaletviso.com
Variante alpine par les Chalets de Clapeyto (14 km |+950m | 6h)
Pour la réaliser, il faudra terminer votre étape 6 à Brunissard plutôt qu’à Souliers, ce qui vous rajoutera 6 kilomètres et 400 mètres de dénivelé ce jour-là. Et passer la nuit au gîte des Bons Enfants, une ancienne ferme rénovée pouvant accueillir 24 personnes. Infos et réservation : 04.92.46.73.85 ou lesbonsenfants@free.fr
Ainsi, le lendemain, direction le col du Cros qui permet la bascule sur le Collet, préambule du site merveilleux des Chalets de Clapeyto. Un endroit où plane l’atmosphère magique des alpages que la variante traverse intégralement en direction du col de Néal, via une superbe série de lacs. J’en ai déjà parlé dans, une fois n’est pas coutume, le reportage sur les Balcons du Queyras Été. Du col Néal, rejoindre le col du Lauzon puis basculer vers le lac éponyme, au pied du Pic de Balart. Poursuivre la descente, passer la cabane de la Gardère et, peu de temps après avoir rejoint une piste, repiquer le tracé du GR®58 à gauche pour rejoindre La Chalp.
Étape 8 : La Chalp d’Arvieux – Refuge de Furfande (10 km | +820m | 5h)
Sommet (en option) : depuis le col de Furfande, possibilité de rejoindre facilement par une trace évidente le sommet du Pic du Gazon (2744m) : +245m et 1h45 A/R
Pour dormir, c’est au refuge de Furfande que ça se passe, joliment rénové sur un replat verdoyant. Un passage obligatoire du GR®58, doublé d’un dernier bol d’air d’altitude sur cette partie du massif avant le grand final. Jusqu’à 35 places réparties entre chambres et dortoir, avec le repas du soir et le petit-déjeuner, le tout proposé à partir de 48 euros. On pense à réserver car c’est vite complet : appeler Hugo, le gardien, au 06.16.56.23.79.
À noter, pour les plus sportifs, qu’il est possible de doubler les étapes 7 et 8 pour passer directement de la case Souliers à Furfande.
Étape 9 : Refuge de Furfande – Bramousse (7 km | +210m | 4h30)
Une très petite étape pour rejoindre et traverser la vallée du Guil avant de se mettre dans les starting block de l’ultime montée du trek le lendemain. À Bramousse, direction le gîte du Riou Vert, avec sa capacité d’accueil de 42 personnes. Le tarif en demi-pension démarre à 42 euros par personne. Préférez le téléphone pour réserver car l’internet ne fonctionne pas forcément très bien à Bramousse ! Contact : 04.92.46.72.45
Étape 10 : Bramousse – Ceillac (8 km | +850m | 4h30)
Une étape à l’ambiance pastorale puis forestière avant de franchir le dernier col du trek et d’amorcer la descente vers Ceillac.
Variante : si vous en avez encore le temps – et l’envie – possibilité de pousser jusqu’au panorama du Château Jean Grossan depuis le col de Bramousse, superbe belvédère sur Ceillac et les sommets environnants : +120m D+ et 1h A/R. Vous pouvez ensuite pousser jusqu’à l’ancien poste optique et sa vue spectaculaire : +210m et 1h20 A/R ou bien 45mn en aller simple et suite vers le col Fromage à partir duquel on peut également descendre sur Ceillac.
À Ceillac, les Baladins font en général l’unanimité pour l’accueil des randonneurs. C’est un peu l’institution ici, au risque de faire un peu d’ombre aux autres parfois. Il y a un côté rassurant à passer là où tout le monde (ou presque) passe. Été comme hiver, vous pourrez donc y dormir (en chambre ou dortoir) et y manger à partir de 42 euros. Infos et réservation : 04.92.45.00.23 ou info@lesbaladins.com
Note : les plus pressés ou les plus sportifs – ou les deux – pourront doubler l’étape 9 et 10. C’est costaud mais ça se fait en partant suffisamment tôt le matin de Furfande.
N’hésitez pas à me faire part de vos remarques, de vos expériences et de toute autre information utile à la mise à jour de cet article sur le Tour du Queyras !
Comme d’habitude,David, ton reportage est époustouflant ! J’ai personnellement effectué une bonne partie de ce tour du Queyras en 1987 avec un petit groupe accompagné avec mon fils qui avait 10 ans, j’en garde un souvenir ému ; Des Fonts de Cervières puis Ceillac , Saint-Véran soit une semaine, c’était génial.
Merci pour superbe récit complet et envoutant. On peut faire ce tour à l’envers, et même partir de la gare de Mont Dauphin (par le train de nuit de Paris !) et enquiller sur Furfande… pour y repasser le dernier jour (tour en 10 jours). Un des plus beaux sites pour un refuge !
Hello Pierre,
On peut effectivement pratiquer ce Tour du Queyras dans le sens qu’on veut ! Je me suis calé sur le sens donné par la FFRandonnée dans son topo-guide pour cet article. Choix personnel et qui correspond à ma pratique du GR®. Comme je l’écris sur le blog, il me manque ces quelques étapes autour de Furfande et ta description du site me donne grave envie de très vite combler ce manque ! Merci pour ce petit commentaire 😉
Merci pour cet article absolument passionnant. Je me suis régalée à lire ton aperçu historique, entre plumes, Philippe Lamour, Italie et routes grandioses. Quant au trek lui même… en tant qu’accro aux mélèzes, il me fait rêver, évidemment !
Difficile de rêver mieux pour une introduction à ce magnifique massif qu’est le Queyras en effet ! Maintenant il faut que j’essaie d’écrire plus longuement sur les sommets queyrassins. Il y a de quoi raconter encore !
Bonjour, merci pour cet excellent et inspirant reportage-conseil !
J’habite Nice, randonne de temps à autre dans les Pré-Alpes ou le Mercantour, et suis déjà il y a fort longtemps allé dans le Queyras dont je garde un souvenir émerveillé.
Question : le parcours (à l’exception des ascensions optionnelles) est-il praticable avec un bon chariot de rando (en l’occurence un Radical Design Wheelie V) ? Il est très stable et passe vraiment partout, sauf dans le rocher bien sûr. J’ai en effet quelques soucis avec mes disques lombaires..
Merci par avance !
Salut Renaud,
J’espère ne pas avoir trop tardé à te répondre. Bon, après, ta question se rapportant à la période estivale, je me dis qu’il n’y avait pas non plus urgence. Bref, voici ce que je peux te dire : pour tous les segments que j’ai concrètement parcourus – tu as vu dans l’article qu’il restait des sections que je n’avais pas faites, notamment la partie entre Abriès et l’Izoard, puis entre Furfande et Ceillac – je ne vois aucune contre-indication à l’emploi d’un chariot de randonnée. Les sentiers sont bons et dans l’ensemble bien roulants. Bien sûr il faut t’attendre à passer quelques pierriers mais la trace est assez bien faite dans ce cas-là. En tout cas je n’arrive pas à me remémorer des passages trop abrupts, genre où il faut mettre les mains, sur les étapes que j’ai effectuées. Bref, à 90% j’ai envie de te répondre yes !
Meilleurs voeux 2024 au passage !
Amicalement,
David
Bonjour,
Merci beaucoup pour ta réponse encourageante, qui n’a rien de tardif, et qui m’est très utile !
Voilà donc un projet intéressant avec ma charrette !
Je te ferai un retour d’expérience si je le concrétise.
Bonne année également !
Amicalement – Renaud
Bonjour,
Merci beaucoup pour ta réponse encourageante, qui n’a rien de tardif, et qui m’est très utile !
Voilà donc un projet intéressant avec ma charrette !
Je te ferai un retour d’expérience si je le concrétise.
Bonne année également !
Amicalement – Renaud
Bonjour David,
Vu que tu as l’air de bien connaitre l’endroit, je me permets de te contacter.
J’ai parcouru ton itinéraire et nous partons le 16 de Ceillac pour un tour sur 8j. Sauf que cette année, la neige a été très tardive.
On avait bien prévu des passages enneigés encore à cette période, mais peut être pas autant !!
Ma question : y es tu retourné dernièrement et les chemins sont-ils repérables ou pas, surtout accès au col Agnel.
Je me suis connectée à différents groupes de Rando du 04, mais aucun ne donne réponse.
Isabelle
Bonjour Isabelle,
J’ai vu que tu as écrit deux fois ! Je pense que tu as cru que ton premier message n’avait pas été correctement envoyé. Il l’a été, si ! C’est juste qu’avant d’apparaître, il passe par la case modération que je dois gérer en différé en fonction de ma disponibilité 🙂
Alors oui, cette année, les conditions d’accès à la montagne sont différentes. Météo France a stoppé depuis quelques jours seulement la publication de son Bulletin Neige Avalanche pour les massifs montagneux. Ce qui y apparaissait confirmait alors les bribes d’infos que j’ai pu avoir en consultant l’activité montagne de gens que je connais dans ce secteur. En gros, pour le début du mois de juin, on avait encore jusqu’à 40cm en face sud vers 2500m et, accroche-toi, jusqu’à 140cm en versant nord à partir de 2200m ! Ce sont les fourchettes hautes mais, en réduisant la prévision de 30% dans certains cas, on a quand même des niveaux de neige très élevés pour la saison en altitude. Ça peut effectivement poser des soucis par rapport à l’itinéraire et l’apport d’une trace GPX, à coupler avec une science de la lecture de terrain maximale, sera vraiment utile, voire indispensable pour assurer un cheminement sécurisé.
Aux dernières nouvelles on était sur un risque 2, tirant sur le 1, pour les avalanches. Le processus d’humidification du manteau est en cours et la neige que tu vas trouver sera molle et remplie de flotte. L’usage des guêtres va être plus qu’utile mais ne devrait pas suffire à éviter de se mouiller les pieds au bout d’un moment. Les passages concernés vont être : le col des Estoques, le col de Chamoussière, le col Vieux, le secteur des Lacs de Malrif, probablement encore le col de Péas. Y a des chances que la crête de Gilly passe assez bien, voire bien.
Pour une info actualisée et précise je te recommande dans tous les cas de te faire confirmer ces scénarii par l’Office de Tourisme du Queyras et/ou les hébergeurs chez qui tu as prévu de dormir.
Fonction de la météo des jours à venir, la situation va changer assez vite mais il reste encore de la neige en versant nord jusqu’à la fin du mois je pense.
Bonne soirée,
Amicalement,
David
Merci David pour ton retour rapide. C’est en postant mon 2nd message que j’ai vu qu’il y avait une modération.
On a bien repéré les itinéraires, mais effectivement on a 3/4 cols qui risquent de nous poser question. On a les crampons pour nous assurer au mieux. Je vais appeler les refuges demain pour avoir des précisions. Et faire une adoration au soleil pour qu’il nous fasse fondre tout cela le plus possible.
Bonne soirée
Isabelle