Partir en bivouac avec des enfants : ça en fait rêver beaucoup mais, visiblement, faire le premier pas et s’y coller pour de vrai est une autre paire de manche. L’entreprise effraie par peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas suffisamment maitriser le process. On doute de ses capacités, de celles de ses enfants, on hésite sur le matériel requis, on ne sait pas trop où aller… Trop de questions, pas assez de réponses. L’idée est donc souvent reléguée à des jours meilleurs. Dommage. Car l’expérience du bivouac en famille est géniale. Des souvenirs inoubliables pour les enfants comme pour les adultes et peut-être, à la clé, une petite porte entrouverte pour souffler des envies d’aventure futures à l’esprit de vos marcheurs/ses en herbe. Qu’est-ce qui est donc nécessaire pour réussir un bivouac avec des enfants ? Je vous donne quelques clés et conseils issus de ma propre expérience dans ce petit article pratique.
Note de l’auteur : cet article fait parfois référence à des accessoires spécifiques. Mention de marques et de modèles n’y sont faites qu’à titre informatif. Les produits cités le sont dans le cadre d’un rapport d’expérience personnelle et les liens affectés ne le sont que pour permettre à l’utilisateur/trice de rapidement voir de quoi il est question. Je ne perçois aucune commission si vous cliquez sur ceux-ci.
IL N’Y A QUE LE PREMIER PAS QUI COMPTE
D’aussi loin que remonte ma mémoire, ni Raf, ni moi ne nous sommes jamais vraiment posés beaucoup de questions quand il s’est agi de décider de partir en trek et/ou de bivouaquer quelque part avec Ambre. On avait bien conscience des contraintes supplémentaires que le choix imposait à la pratique et des exigences requises pour garantir le confort et la sécurité de la petite. On n’a cependant jamais voulu que ces nouveaux paramètres encouragent un découragement de dernière minute à nos envies de bivouac et de trek en famille.
Il y a un moment où il faut savoir se jeter à l’eau. Et c’est ce qu’on a fait dès que Ambre a été en mesure de marcher par elle-même sur plusieurs kilomètres. Autrement dit à partir de ses 4 ans. Elle en a actuellement huit et, si l’aspect strictement randonnée s’apparente encore à une pochette surprise, elle attend désormais chaque année avec impatience son trek des vacances d’été et, à la date d’aujourd’hui, adore à 200% le bivouac et la tente.
La graine a donc bien été semée et, poursuivant sa germination, on se languit de voir jusqu’où la mènera sa croissance. En espérant que cette expérience puisse profiter à d’autres, notamment aux indécis et à celles/ceux qui ont du mal à franchir le pas, voici, sous forme de question-réponse, une poignée de conseils à usage de celles/ceux rêvant d’un bivouac avec des enfants sans toutefois parvenir à convertir cette envie en expérience réelle.
1 – La tente ? Ça se tente pardi !
Qui dit bivouac dit nuit dehors. Et comme on ne va pas commencer par des nuits à la belle étoile tout de suite, il va falloir se mettre un toit au-dessus de la tête. Et à moins de partir sur l’option « cabane » (pas disponible partout et pas non plus forcément accessible aux plus petit(e)s rapport à la distance et/ou au dénivelé imposé(s) pour l’atteindre) la tente sera un élément indispensable. Essentiel même.
À moins d’accepter de jouer les galériens, son poids et son encombrement devront être, vous vous en doutez, adaptés et tirés le plus vers le bas possible. Genre évitez la tente 2 secondes ! Ça peut en faire rigoler certain(e)s mais c’est du vécu : j’ai vu des gens, en trek, trimballer ce grand machin rond avec eux. 6h de galère pour 2 secondes de bien-être. Mauvais calcul. Notre tente, actuellement, fait 2,4 kilos et je la fais facilement disparaitre dans le sac à dos pour ne pas qu’elle encombre l’extérieur du sac.
En terme d’espace, ne soyez pas pègre. Avoir de la place dans la tente le soir c’est du confort, donc du plaisir et des moments de partage sans stress avec les enfants. Il faut s’y sentir bien et pas à l’étroit. Les petits doivent pouvoir y lire, jouer, chahuter librement sans se retrouver les uns sur les autres avec les adultes. Le gros des affaires doit pouvoir rester dans les sacs, eux-mêmes restant idéalement protégés dans une – ou deux c’est encore mieux – abside latérale.
On a commencé avec ma vieille tente Jamet 2 places et papa qui dormait dehors. C’est passé, c’était rigolo mais si je peux vous convaincre de sauter cette étape ce sera pas mal. Non pas que la belle étoile – encore elle – soit désagréable mais plutôt parce que l’expérience du bivouac avec des enfants c’est aussi et beaucoup ces instants de partage, de complicité et de folie le soir ensemble sous la tente et pas dispersé aux quatre coins de la zone de bivouac.
Depuis deux saisons on a ainsi opté – après moultes recherches ! – pour une Sierra Designs Meteor 3000-3 qui répond à tous ces besoins. J’ai rarement vu autant d’espace à l’intérieur d’une tente, surtout verticalement ! On rentre à trois large ! Le rapport poids/confort/encombrement est purement hallucinant ! Je la prends tout le temps même quand je suis tout seul maintenant ! Vous imaginez pas à quel point la famille kiffe cette tente. J’espère qu’on la gardera longtemps !
Bénéficier de deux entrées quand on a des enfants n’est, enfin, pas du luxe. Les enfants ont pas mal la bougeotte et leur réserver leur propre accès à la tente n’est pas, vous le verrez à l’usage, une vaine idée. C’est un facteur dont on a pu apprécier l’importance avec Raf et Ambre depuis qu’on a investi dans la Meteor 3000. Bref, qu’importe le modèle, vous l’aurez compris : visez grand mais pas trop lourd !
2 – Sac, duvet, couette : on prend quoi ?
Allez, la couette c’était pour le fun du titre ! Elle reste évidemment à la maison ! Notre objectif c’est toujours, évidemment, de réduire l’ardoise du poids et de l’encombrement. Mais comme on ne part pas tous égaux en matière de budget, cela peut nécessiter quelques aménagements. Je vous rassure, Raf et moi on fait plutôt partie de la catégorie « petits budgets ».
On a cependant bien compris que le froid – surtout pour les enfants – n’était pas un sujet sur lequel on allait pouvoir longtemps tergiverser. Question de responsabilité mais pas que. L’idée étant de donner envie aux minots de remettre le couvert, il convient de viser à retirer de l’équation toute expérience potentiellement désagréable. L’éradication du froid est donc un objectif essentiel.
Ce n’est pas pour autant qu’on a craqué pour des sacs à plus de 200 euros. Tant que Ambre n’a pas atteint sa taille adulte, ça n’a aucun sens à mes yeux. Mais je ne suis pas non plus emballé plus que ça par ces duvets « bon marché » qui peinent à descendre sous les 10° confort et qui, pour certains, prennent déjà la moitié de la place disponible dans le sac à eux tout seul… Entre les deux on fait quoi messieurs les fabricants ?
Bah nous on va – encore – chez Decathlon pour ce qui nous concerne où, à mon sens, se déniche le meilleur compromis. À savoir le sac de couchage Junior MH500, à l’encombrement certes perfectible, mais qui, pour 50 euros, s’autorise une température confort à 0° et un poids d’1,2 kilos. On en est parfaitement satisfait.
Bon ça c’est pour la question matérielle. Dans la pratique on a constaté que Ambre n’a pas su dormir dans un sac de couchage avant presque ses 6 ans… Eh oui, c’est une réalité : un enfant ça bouge beaucoup, ça a chaud, c’est excité par l’expérience… Bon courage pour le/la faire tenir une nuit complète dans un sac de couchage ! Combien de fois on s’est réveillé en plein milieu de la nuit pour constater qu’elle était à moitié découverte dans le froid !
Tout ça pour dire que le sac ne dispense pas de précautions supplémentaires : couvrir en conséquence l’enfant au moment du coucher selon la température extérieure du moment + garder un oeil sur lui pour le recouvrir dès que c’est nécessaire. Selon sa taille, sachez également que la capacité de chauffe de son sac ne tournera pas à plein rendement.
Vous n’êtes pas sans ignorer que c’est l’action combinée de la chaleur corporelle au contact de la matière du sac qui l’emprisonne qui génère la sensation de chaud. Le plus le corps épouse le volume, meilleur sera le résultat. Or, nos bouts de choux, ils sont souvent plus petits que le sac. Il y a donc forcément de la déperdition. Pour info le MH500 est donné entre 1m15 et 1m60.
3 – Et dessous on met quoi ? Racines ? Tapis ? Matelas ?
Pas de bivouac avec des enfants sans un minimum de matos, sachez-le. Je tiens à vous faire abandonner à la seconde vos envies de partir avec, accroché n’importe comment aux sacs, ces mauvais tapis de sol de gym aussi épais qu’une pâte à crêpe ratée et qui finissent en lambeaux façon doudou maltraité. Encombrants, inconfortables, ceux-là on les bannit ! Je ne veux plus en entendre parler !
Non aujourd’hui le minimum syndical c’est le matelas autogonflant bon marché. Avant je ne jurais que par Thermarest mais il a bien fallu que je concède qu’en rapport qualité/prix, les matelas de Decathlon tiennent plutôt bien la route. Pour les petits en tout cas c’est le top avec leur poids plume. C’est parfaitement suffisant pour un usage exceptionnel quoiqu’il en soit.
Même s’il en existe des plus petits, nous on file le MT500 de 1,80m à Ambre quand même. Comme ça bouge tout le temps ces p’tits machins (on l’a déjà retrouvé à l’envers dans un bout de la tente !), au moins comme ça vous savez qu’ils ont de la surface pour naviguer sans se retrouver par terre à même la tente !
4 – C’est quoi un bon spot de bivouac avec des enfants ?
Avant de parler « bivouac », il convient d’aborder le sujet du chemin y menant. Je ne doute pas que vous soyez carrément pressés de partir semelles au vent sur la traversée des Alpes ou le GR20 avec vos enfants pour vivre l’expérience du trek et du bivouac avec eux. Mais stop quand même : même si ça semble évident, ne brûlez pas les étapes.
L’une des très grosses erreurs commises est de penser « en adulte » avec des émotions et des aspirations d’adulte. N’attendez pas de vos enfants qu’ils apprécient l’effort, transforment la souffrance où qu’ils saisissent toute la portée philosophique de la marche. Là je vous le dis vous êtes dans le fantasme. À quelques exceptions près, la plupart des enfants, passé l’excitation de la nouveauté, vont vite s’ennuyer et râler.
Et ils sont particulièrement doués pour ronger votre seuil de patience et appuyer là où ça fait mal, transformant vite vos rêves épiques en épouvantable sacerdoce. Pour éviter ce désastre, il faut impérativement garder à l’esprit une chose capitale : pensez absolument tout à hauteur d’enfant !
Pour la première fois, on limite les risques : on choisit un spot qui permette une évacuation d’urgence et un retour à la voiture assez simple et rapide. Ne voyez pas trop grand donc. Les enfants se contentent de peu, contrairement à nous. Au début, avec Ambre, on faisait à peine 3 kilomètres – et il fallait du temps pour les faire ! – et c’était plus souvent deux que trois même.
Bien sûr tout dépend de l’âge de l’enfant mais, en partant du fait que dans cet article on parle pour l’essentiel de petits ayant entre 4 et 8 ans, alors on fait correspondre à cela une fourchette basse et haute allant de 2 à 6 km max. Ce qui va motiver vos enfants c’est la perspective du bivouac et pas la marche. Le plus celle-ci est courte, le mieux c’est dans un premier temps.
5 – Donc je répète ma question : c’est quoi un bon spot de bivouac avec des enfants ?
OK maintenant je peux répondre à cette question ! Alors un bon spot de bivouac avec des enfants c’est un spot avec de l’espace déjà. Un endroit où ils peuvent courir, sauter, explorer, escalader sans toutefois les perdre de vue. Le bivouac c’est un espace de liberté. Tout ce qui a tendance à restreindre cet espace doit être proscrit.
Comme pour le bivouac des grands, le spot sera encore mieux si le terrain est plat, abrité du vent au plus possible, qu’il est pensé pour profiter du soleil le plus longtemps possible (surtout le soir) et qu’il y a de l’eau pas loin. Tout en pensant à la sécurité : on évite la proximité des falaises, le dessus des cascades, le risque de chute de pierres. On reste vigilant à proximité d’un torrent également.
Nous en général on recherche des zones de pelouses bien étirées où y’a matière à dénicher un petit espace un peu plus plat qu’ailleurs, avec si possible des rochers sympas sur lesquels grimper et un accès rapide à de l’eau (petit torrent, étang ou lac). Vous l’aurez compris : je pars ici du principe que l’expérience bivouac se fait plus facilement en moyenne montagne qu’ailleurs. Ce qui n’est pas loin d’être vrai.
6 – Est-ce qu’il faut penser à des trucs spéciaux ou à des activités spéciales pour les enfants en bivouac ?
Oh que oui ! Parce que les enfants restent des enfants et que même s’ils adorent jumeler les animaux, jeter des cailloux dans l’eau ou jouer aux rois du monde sur les rochers, ça ne suffira normalement pas à maintenir leur attention en alerte tout le temps du bivouac.
Le premier truc sympa à faire c’est de les impliquer dans le montage du bivouac. Selon l’âge, demandez-leur de l’aide pour monter la tente : ils n’y arrivent souvent pas mais c’est pas grave, ils observent et ils essaient. Ça fait partie de l’expérience. Vous prenez le relais quand vous estimez que c’est le moment. Mais pas besoin de les contraindre.
S’ils ne veulent pas aider, bah qu’ils n’aident pas et qu’ils profitent simplement du bivouac une fois celui-ci prêt. On n’est pas dans un camp militaire après tout ! L’idée globale c’est de leur faire découvrir ce qu’implique un bivouac, de leur présenter l’ensemble des tâches requises pour le mener à bien : le montage de la tente donc, mais aussi la préparation du repas, le lavage dans les rivières, la vaisselle…
Certains d’entre vous seront peut-être tentés de faire du feu, quand cela est possible. Si le feu est autorisé et que vous maîtriser les principes de sécurité entourant sa gestion, lancez-vous ! Les gamins adorent ! Dans le sac, si vous en avez à la maison, pensez également à prendre des jumelles pour observer les alentours du bivouac.
Avec le téléphone enfin, prévoyez les applications qui vont bien : Plant@net pour identifier les fleurs, BirdNet pour les oiseaux, Stellarium pour les étoiles, PeakFinder pour les sommets… Tout ça ça fonctionne très bien et en plus ils peuvent manipuler le téléphone !
7 – Et c’est tout ?
Eh non c’est pas tout ! Il faut aussi prévoir quelques jokers pour un bivouac avec des enfants ! Nous on amène dans les sacs quelques jeux faciles à emporter et à dégainer : jeux de cartes, 7 familles, UNO par exemple. On prend à Ambre un livre (ou deux), mais aussi des cahiers pas trop lourds pour colorier et/ou dessiner. Avec ses feutres et ses crayons de couleur, évidemment !
Et on reste flexible sur le téléphone portable, sans non plus exagérer. Après tout elle a passé la journée dehors, elle a marché, elle s’est impliquée. Si elle réclame un peu le portable pour un jeu ou un dessin animé, on valide, le temps d’une vingtaine de minutes. C’est aussi son moment à elle.
Pas besoin de jouer aux intégristes et de leur imposer d’être en permanence focus sur le bivouac et l’environnement. Je le répète : ça reste des enfants. Prévoyez à l’avance – si c’est possible – de télécharger quelques épisodes de leur dessin animé préféré. Car, en revanche, vous n’aurez probablement pas la 4G au bivouac !
8 – Est-ce qu’il faut faire porter quelque chose aux enfants ?
Même si la réponse à cette question ne peut pas être la même pour tous, fonction de l’âge de l’enfant et de son expérience de la randonnée en famille, j’aurais bien envie d’avancer une sorte de règle générale : s’ils ne sont pas eux-même demandeurs, ne leur faites rien porter. À mes yeux c’est la base.
Parce que ce sont des enfants et que la contrainte et eux, ça fait deux. Et que, dans le cadre de cette primo-expérience de bivouac avec des enfants, on veut mettre tous les atouts du même côté. Ce n’est ni les scouts, ni l’armée. L’époque du « marche ou crève » est révolue.
Et s’ils veulent faire comme les grands, ne les chargez pas outre mesure. D’une part pour ne pas les dégoûter, d’autre part pour pouvoir plus facilement récupérer le sac s’il advenait qu’ils capitulent face à l’effort du portage. Quand on part avec Ambre, en général j’ai un bon gros sac dans le dos et un plus petit devant, côté ventre. Ça passe.
Ambre aime bien avoir un petit sac adapté à sa taille où on met le doudou, la poupée et sa mini-gourde. Quand elle en a marre, je récupère le tout facilement. Là on est en 2024 et, ayant eu 8 ans en novembre dernier, elle manifeste maintenant l’envie de porter un sac un peu plus lourd toute la journée. Est-ce que ça va le faire ? Réponse cet été…
9 – Est-ce que je dois prendre beaucoup d’eau ?
L’eau, c’est vraiment le truc à ne pas oublier. Ambre ne boit jamais autant qu’en randonnée. Nos petiot(e)s, en plus de ça, ne savent pas très bien gérer leur soif et sont capables de réclamer à boire toutes les dix minutes. Et ils peuvent boire beaucoup et vous vider votre gourde d’un litre plus vite que vous ne l’auriez pensé.
J’insiste donc sur le fait d’être prévoyant car les adultes aussi auront soif. Ce serait dommage d’être à court, surtout si votre étape est plus longue que vous ne l’auriez souhaitée. Bon l’idée n’est pas non plus de se charger comme une mule. Il faut trouver un équilibre entre prévention et excès. La présence d’eau sur votre itinéraire et/ou à l’arrivée dictera pour beaucoup la contenance de départ.
Globalement, sans prendre de risque, je pars avec 1,5 litre pour Ambre + 1L/adulte. Après je fais souvent un peu le chameau pour économiser l’eau. Et j’ai maintenant toujours en réserve la gourde filtrante pour les éventuels cas d’urgence et/ou imprévus. Je prévois un litre supplémentaire pour la cuisine. Selon que vous soyez amateur de café/thé, pensez à la consommation d’eau en sus.
10 – Est-ce qu’il faut se charger en biscuits, compotes et tout le tralala habituel du goûter ?
Mais grave ! Confrontés à l’effort et limités par un mental encore fragile, les enfants se découragent aussi vite qu’ils se remotivent. Et manger fait partie de ces choses qui leur font du bien. Alors je ne suis pas en train de dire qu’il faut les gaver et les laisser manger tout ce qu’ils veulent dès qu’ils en font la demande. Je dis simplement que vous disposez d’une ressource particulièrement utile pour définir une stratégie en cas de perte flagrante de motivation.
C’est le circuit de la récompense. Le « on monte jusqu’au rocher là-haut, tu le vois le rocher ? » et on termine par « et là on fera une pause et on mangera un p’tit truc ». En distillant ainsi tout au long du parcours, vous devriez réussir à faire monter les plus récalcitrant(e)s !
Nous, par exemple, on n’est pas du tout la famille « bonbons ». Mais on en a toujours un peu en rando parce que, à l’usage, on s’est aperçu que la perspective d’en gratter un ou deux de temps en temps permettait de progresser par paliers et donnait à Ambre des objectifs à atteindre.
Vous trouvez ça abusé ? Peut-être bien mais ça marche mieux que tous les beaux discours sur la vertu de la marche et l’acquisition du goût de l’effort que vous pourrez essayer de transmettre, en vain. Rien de plus sourd qu’un enfant à ce genre de discours d’adulte !
11 – Au secours, mon enfant râle, s’ennuie, ou les deux à la fois… Qu’est-ce que je fais ?
D’un enfant à l’autre, attendez-vous à ce que l’expérience soit différente. Je peux vous donner des conseils assez généraux mais la vôtre restera forcément unique. Un truc que je me rappelle, au début, avoir trouvé particulièrement frustrant c’est la potentielle rapidité avec laquelle l’enfant piétine vos doux rêves de partage et de transmission idéalisés.
La réalité n’a rien à voir avec ces photos de brochures touristiques où une petite famille souriante et bien habillée s’éclate sur les sentiers. Marcher avec des enfants, c’est une foutue pochette surprise et une capacité d’adaptation monstrueuse. Ce sont des sommets de patience et d’imagination pour ne surtout pas les brusquer et risquer d’associer la randonnée à une activité pénible avec les parents. Et sur ce coup-là c’est bien d’être à deux pour se passer le relais quand y’en a un(e) qui fatigue.
Alors évidemment la base sera d’attirer leur attention sur leur environnement : c’est quoi cette fleur ? Regarde là-bas tu as vu la marmotte ? Viens on va jeter des cailloux dans le torrent ! Et si on construisait un truc avec des branches ? Tout ça, ça fonctionne mais ça a ses limites. Parce que l’attention des bambins est loin d’être inépuisable. Il va donc falloir autre chose. On a essayé pas mal de trucs avec Raf pour Ambre. Je vous laisse piocher dans ces différentes idées, selon l’âge de vos enfants :
1. Raconter une histoire : Raphaèle était particulièrement douée pour inventer des histoires qui occupaient Ambre pendant qu’elle montait ! Ça passe très bien le temps !
2. Faire des charades : basique mais toujours efficace pour gratter du temps et de l’attention
raconter des blagues : s’épuise cependant assez vite selon le stock disponible
3. Chanter avec les enfants
4. Faire des quizzs, façon « Tout le Monde veut prendre sa place » avec Nagui : je pose des questions et Ambre choisit de répondre soit « cash » (4 points), soit en QCM « carré » (avec 4 propositions, 2 points) soit en QCM « duo » (avec 2 propositions, 1 point)
12 – J’ai peur d’oublier des trucs dans le sac : tu peux nous faire une petite liste de ce qu’il faut mettre dedans en plus de la tente et du matériel de couchage ?
OK, va pour la piqûre de rappel. Voici, pêle-mêle, les objets et accessoires indispensables et/ou recommandés pour un bivouac avec des enfants (qui sont sensiblement les mêmes que pour un bivouac sans les enfants !) en plus de la tente et du matériel de couchage évoqués plus haut dans cet article.
- vêtements/personne : un tee-shirt rando de rechange (nos têtes blondes ont le don de nécessiter, contre toute attente, de prévoir de la rechange !), une polaire (on les prend zippées, plus pratiques), une veste chaude, un vêtement léger type K-Way. Un short ou un pantalon. Caleçon ou culotte de rechange à raison d’un(e) par jour. Un tee-shirt manches longues chaud pour le soir. Une paire de chaussettes de rechange pour le soir (prévoir, pour la journée, une paire de chaussettes pour deux jours c’est suffisant)le doudou à ne pas oublier et à ne surtout pas perdre !
- une paire de tongues pour avoir les pieds à l’air libre au bivouac avant qu’il fasse trop froid pour ça.
- un chapeau ou une casquette pour protéger la tête
- des petites lunettes (qu’ils ont bien du mal à garder mais il faut persévérer !)
- de la crème solaire pour toute la famille
- une trousse de secours : désinfectant, pansements, compeed, bandes strap, pince à épiler, anti-moustique, pince à tique, Doliprane, crème en cas de piqûre type Apaisil et nous on ajoute de l’Hydrolat d’Immortelle en spray qui est une tuerie absolue pour tout ce qui est hématome)
- une trousse de toilette : nécessaire brossage de dent, nécessaire toilette
- petite serviette pour la toilette
- gourde filtrante (en option) : j’avoue que depuis qu’on en a une, on ne s’en passe plus. Il existe des modèles souples d’un litre qui permettent d’assurer en cas de doute sur l’eau au bivouac. Autrement prévoir des pastilles pour traiter l’eau, style Micropur.
- réchaud (+ cartouche gaz) : nous on a toujours été « gaz » dans la famille donc je ne vous parle pas des autres réchauds. Ça reste mon favori pour l’instant en bivouac.
- popote et couverts : on a une vieille popote en alu pour trois mais qui a fait son temps. On la complète avec des couverts en plastique rigide, un couteau type Opinel, une ou deux assiettes plastique rigides, les bols/tasse qui vont avec, deux verres plastique et, en général, quelques tupéroirs pour organiser les repas et les ingrédients.
- une demie éponge pour la vaisselle
- un briquet ou quelque chose pour faire une flamme
- une lampe frontale (on complète avec une petite lampe de camping pour jouer le soir dans la tente)
- un chargeur nomade pour les portables
- un peu de fil pour éventuellement étendre du linge (selon la config du bivouac)
- un hamac (optionnel) : selon les possibilités, c’est le kif et les enfants adorent !
Est-ce qu’on a fait le tour ? J’ai l’impression. J’espère que cela aura, en tout cas, arasé vos doutes et vos craintes et vous aura donné envie de franchir le cap et d’embarquer pour votre premier bivouac avec des enfants. J’ai essayé de donner ici des réponses aux questions qui pourraient être le plus fréquemment posées. En ai-je oubliées ? Pas impossible. Je ne suis pas une IA et l’exhaustivité n’est donc pas une science exacte. Je vous invite donc à poursuivre, si nécessaire, l’échange amorcé dans cet article par mail en me posant vos questions à l’adresse contact@carnetsderando.net
Très bel article.
J’achète et on part en rando bientôt.
Merci pour la précision et les conseils.
Jean-Philippe
Hello Jean-Philippe,
Génial ! C’est top si ces quelques conseils issus de notre expérience de parents-trekkeurs peuvent servir à d’autres pour se lancer ou perfectionner l’art du bivouac en famille. Si on trouve de nouvelles idées, je veillerai à l’actualiser pour les partager 🙂
Amicalement,
David