Porquerolles ou la promesse d’une randonnée insulaire effectuée au rythme apaisant d’une nature intacte. A seulement vingt minutes en bateau de Hyères, l’île renaît au printemps. Riche d’une histoire séculaire et passionnante, on y randonne au prix d’un effort modéré. Entre forêts ombragées, littoral sauvage et plages paradisiaques, le marcheur évolue dans le cadre incroyable d’un univers confinant à l’originel. Carnets de Rando vous amène à la découverte de ce petit joyau des Iles d’Or dans ce premier épisode du printemps.
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L’Episode
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L’article
Mer d’huile dans le Golfe de Hyères. La navette fend la surface de l’eau avec aisance. Le moteur semble déjà ralentir. Je n’ai quitté la Tour Fondue, à l’extrémité de la presqu’île de Giens que depuis une dizaine de minutes. Le port de Porquerolles est pourtant en approche. Vue d’ici, la plus grande des îles d’Or ne dévoile que de longs versants boisés s’inclinant en douceur vers la mer. Les machines sont bientôt stoppées : c’est l’heure de débarquer. En ces premières semaines de printemps, l’île baigne encore dans une certaine torpeur. La pleine saison est encore loin.
L’estivant d’avril est un privilégié, pareil au premier visiteur d’un musée qui réouvre après une longue fermeture.
Porquerolles est scindée en quatre plaines, chacune correspondant à l’espace agricole lui étant associé. Tout au bout, à l’est, c’est la plaine de Notre-Dame, séparée de celle de la Courtade par deux éminences boisées au sommet d’une desquelles veille le Fort de la Repentance. La plaine de Porquerolles vient ensuite, traversant du nord au sud la partie centrale de l’île jusqu’au phare. La quatrième et dernière plaine est celle du Brégançonnet, dans la partie occidentale de l’île. Au-delà, la nature est reine. Seul le Mas du Langoustier et les vestiges des anciens forts témoignent d’une présence humaine. C’est cette section de Porquerolles que j’ai choisie d’explorer aujourd’hui.
La dernière habitation disparaît derrière un bosquet de mimosa. Le parfum insistant des glycines plane dans l’air. Devant moi, un large chemin emprunté par les cyclistes disparaît dans une forêt de pins et de chênes. Le vélo est également un moyen agréable de découvrir Porquerolles. Plusieurs circuits de longueurs et de difficultés croissantes y ont été balisés. Et les loueurs sont légion au port ! Je quitte ce chemin carrossable pour un petit sentier conduisant à la plage d’Argent. L’endroit porte bien son nom : l’anse baigne dans une teinte platine apaisante. La sihouette esthétique des pins se découpent sur un horizon où le bleu de la mer rejoint celui du ciel. Au loin, la ville de Hyères apparaît au pied des premiers reliefs du massif des Maures.
La randonnée prend des airs de promenade. L’effort en est pratiquement absent. Je cale mon pas dans celui de l’île, attentif à chaque détail comme à ces grandes asphodèles qui fleurissent au bord du sentier. La nature schisteuse du sol explique leur présence sur Porquerolles. Puis l’île du Petit Langoustier apparaît, ouvrant le chapitre du patrimoine local. Celtes, Phocéens, Romains, Bénédictins… Les traces de présence humaine historiques ne manquent pas le long des rivages comme à l’intérieur des terres.
Pour totalement profiter de Porquerolles, il faut savoir prendre le temps et caler son pas dans celui de l’île
Les nombreux forts attestent du besoin de défendre l’île des attaques maritimes. Porquerolles passera de mains en mains jusqu’à ce qu’un homme, François Joseph Fournier, l’acquiert en 1912 pour un peu plus d’un million de francs. Il y laissera une empreinte indélébile en contribuant à son développement agricole et à son rayonnement touristique.
Aujourd’hui ce petit bout de terre qui ressemble étrangement à la Haute Corse est intégré au Parc National de Port-Cros à 80%. L’île fait donc l’objet d’une gestion rigoureuse et soucieuse de sa protection. Le randonneur lui-même est prié de se soumettre à cette réglementation. De la Pointe Sainte-Anne, l’appel du large se fait plus pressant. Les plages du nord se changent peu à peu en criques rocheuses fouettées par les vagues. La mer elle-même se fait plus ténébreuse. Si la profondeur de la rade de Porquerolles n’excède pas encore 10 mètres à 600 mètres du port, elle chute ici à plus de 30 mètres en parfois moins de 100 mètres ! La côte méridionale n’est que falaises abruptes, calanques turquoises et jacassements de goélands argentés.
Le Mas du Langoustier passé, le randonneur peut se réapproprier les sentiers pour lui tout seul. Les deux roues n’ont pas l’autorisation de le suivre sur ces chemins qui lui sont exclusivement réservés. Le sentier côtier n’est jamais loin du rivage mais la densité de la végétation me prive du spectacle permanent de la mer. Il ne faudra pas manquer les petits belvédères éparpillés le long de l’itinéraire pour profiter de cette magnifique ambiance marine. La Pointe du Brégançonnet se révèlera alors, magnifique petit caillou qui semble vouloir briguer son indépendance en s’élançant vers le large.
Les belvédères s’égrènent les uns après les autres en montant un cran au-dessus dans le magnifique à chaque détour du sentier
Panorama encore au sommet du Mont Tielo où le regard se posera à 180° sur l’itinéraire parcouru. Panorama enfin à la Gorge du Loup pour embrasser le rivage déchiqueté de ce versant de l’île. Apothéose visuelle d’une randonnée à terminer ensuite dans l’ombre apaisante de grands jardins d’oliviers. A Porquerolles, le secret m’a-t-on confié, c’est de prendre le temps.
INFOS PRATIQUES
Difficulté : assez facile | Longueur : 14,5 km | Durée : 4 à 5h selon baignade | Dénivelé : 215m
Carte : IGN 1/25000 TOP25 3446OT Hyères, Île de Porquerolles
Accès : De l’ouest de la France, rejoindre Nîmes par A9 puis Aix-en-Provence par A54. En venant du nord, rejoindre Avignon via Lyon par A7, puis Aix-en-Provence. D’Aix, suivre les directions Nice/Toulon. Suivre à la séparation l’A52 direction Aubagne/Toulon. Peu après Toulon, quitter l’A57 par l’A570 jusqu’à Hyères. Au rond-point poursuivre en face puis tourner à droite au carrefour suivant, directions Giens, le Port. Après avoir passé la base aérienne puis les salins, laisser la direction le Port pour suivre seulement Giens, le Levant, Porquerolles. Prolonger jusqu’à la Tour Fondue. Parking payant (environ 6 euros/journée) puis navette-bateau jusqu’à Porquerolles (environ 20 euros/adulte).
Topo : Quitter l’embarcadère. Rejoindre et traverser le village en suivant la direction « Langoustier ». Avant la sortie de celui-ci, tourner à droite (panneau jaune) direction « Langoustier ». Suivre d’abord une petite rue, puis un large chemin de terre. Possibilité de s’en écarter en aller-retour pour visiter les plages. Plus loin (1) ne pas suivre « Langoustier par les crêtes » mais poursuivre le long de la cote nord. Après une courte montée, passer une citerne verte (2). Continuer en face par le chemin qui conduit à l’isthme du Langoustier, à visiter en aller-retour. Revenir sur ses pas pour prendre un sentier interdit aux vélos qui monte dans la végétation à droite du chemin (3). Suivre ensuite la direction « Brégançonnet ». On croise à nouveau une piste (4) : la suivre quelques mètres à gauche puis reprendre un sentier à droite indiquant « Gorge du Loup ». Suivre cette direction jusqu’à la Gorge en question (large parking vélo (5)). Tourner à gauche, direction « le village ». A l’intersection suivante, prendre la voie de droite et suivre la direction « le village 1,8 ». Rejoindre Porquerolles.
Notes : cette randonnée a été effectuée au printemps. Plus tard dans la saison, la baignade est possible à de nombreuses reprises. Crème solaire et eau indispensables. A noter, si vous suivez le topo du livre de Jean-Michel Pouy « les Plus Belles Randonnées du Var », l’existence d’une erreur : le livre évoque la possibilité de parvenir au Mas du Langoustier. Lors de mon passage, c’était strictement impossible. D’abord parce que le Mas en question était fermé. Ensuite parce qu’il s’agit d’une propriété privée et qu’aucun chemin balisé n’est signalé alentours pour le contourner. Porquerolles fait partie d’un Parc National. Certaines mesures sont donc de rigueur : ne pas fumer, remporter ses ordures, ne pas cueillir de fleurs, ne pas faire de camping, rester sur les sentiers, tenir les chiens en laisse comptent parmi les plus importantes. Entre juin et septembre, Porquerolles est soumise à un plan de prévention des incendies : il est recommandé de consulter le site de l’accès aux massifs forestiers avant d’entreprendre une randonnée.
Où dormir : lors de ma venue je suis passé par AirBnb pour trouver un logement sur Hyères. J’ai dormi dans un adorable petit appartement, en centre-ville, à proximité immédiate de l’Office de Tourisme et de la vielle ville de Hyères. Excellent accueil de Heidi, la propriétaire ! Je recommande ! Voir le site du logement
Liens utiles : la Visio Carte de l’île de Porquerolles est en vente à l’Office de Tourisme de Hyères. Une petite visite sur le site de celui-ci pourra être utile : site de l’office de tourisme de Hyères. Pour en savoir un peu plus sur François Joseph Fournier : la mini biographie de Wikipedia. A consulter également, le site du Parc National de Port-Cros.
Bibliographie : Les Plus Belles Randonnées du Var | 23 randonnées, dont celle du Langoustier, pour découvrir le territoire Varois de Toulon à Saint-Raphaël, via le massif des Maures, les Iles d’Or, le Golfe de Saint-Tropez et la Corniche de l’Esterel. Le livre est signé Jean-Michel Pouy, de la Société Nationale de Géographie et est publié chez Glénat. Prix indicatif : 12,50 € | EAN/ISBN : 9782723494113
Le Var… à pied | C’est le topo-guide officiel édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre. 24 itinéraires de Promenade & Randonnée y sont recensés pour approfondir votre découverte du Var, accompagnés de leurs cartes et de leurs explications. Prix indicatif : 9,50 € | Ref.D083
EN BREF
Une randonnée définitivement grisante, baignant à la fois dans le parfum suave de forêts de pins et d’arbousiers et dans celui vivifiant du large. Sur une île le dépaysement est immédiat. Avec son réseau de sentiers impeccables, ses paysages fantastiques et ses plages somptueuses, Porquerolles est une invitation à jouer les Robinsons. Une visite s’impose.
Ce reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.
Génial. Super vidéo, photos au top et article bien sympa.
Merci Julien ! Bien content d’avoir pu découvrir l’île ainsi que votre très belle ville de Hyères le lendemain (mais sans caméra !)
Ça donne très très très envie !!!! Merci pour ce moment de rêve.
C’est vrai que Porquerolles a ce petit quelque chose qui tient du rêve. En tout cas, le meilleur moment pour la visiter et y randonner c’est en ce moment et jusqu’à mi-juin, avant que la chaleur et le tourisme de masse la rendent provisoirement moins facile à profiter. Merci pour votre commentaire !
Merci beaucoup !
Nous recherchions hier une idée de randonnée sur l’ile de Porquerolles et avons trouvé vos carnets de Rando.
Nous rentrons à l’instant d’une magnifique journée. Une grande diversité de paysages, nous passons des Caraibes à la Bretagne d’un versant à l’autre. Franchement nous avons l’habitude de randonner en côtier et montagnes , c’est l’une de nos plus belles en côtier.
Nous vous en remercions.
Bonjour Nataly et merci pour ce retour d’expérience ! J’adore, à la sortie de l’hiver, aller profiter de quelques randonnées littorales. Porquerolles, je m’en rappelle, était vraiment une belle évasion. Content que vous y ayez passé un aussi bon moment que moi. Bonne journée à vous !
Coucou
Balade faite ce jour…un seul mot : exceptionnel !!!
Même si nous avons mis 6h, en profitant au maximum des vues, des senteurs provençales , des plages, de l’apéro .
Le chemin est bien indiqué mais vos conseils est un vrai plus ! Merci !!!
Hello Damien,
Porquerolles à cette saison, c’est juste l’i-dé-al ! Que de bons souvenirs de cette randonnée que tu me rappelles par ce gentil commentaire ! Content si l’article t’a été utile en tout cas et que tu t’es régalé. Il faudrait que je retourne un peu sur le littoral avant d’attaquer la saison, comme souvent, par les campagnes françaises. Je me le note ! Au plaisir 😉