Col des Aiguilles : Succombez à l’une des plus Grandes Classiques du Dévoluy

Le col des Aiguilles, un point de convergence, presque un pèlerinage ici, dans le Dévoluy. Qu’est-ce qui peut donc bien attirer autant les foules dans ce mouchoir de poche ouvert entre le Haut-Bouffet et la Tête de Vachères ? Une certaine accessibilité sans doute, doublée d’une immersion dans des paysages marqués très fortement de l’identité dévoluarde. Ou bien une sensation d’immersion qui, une fois la courbe du Sélenq passée, plonge le/la visiteur/se dans un océan de solitude sereine ? En allant plus loin, je conférerais presque des vertus thérapeutiques au vallon des Aiguilles. Une randonnée à prescrire sans ordonnance et sans restriction de posologie. L’un des moyens les plus sûrs et parmi les plus abordables pour découvrir les paysages du Dévoluy, même quand on n’est pas un(e) grand(e) marcheur/se. Je vous donne mes impressions et les clés du royaume dans ce nouvel article.

Difficulté : moyen | Distance : 11 km | Durée : 3h45 | Dénivelé : 600m | Carte : IGN TOP25 1/25000è 3337OT Dévoluy, Obiou, Pic de Bure

Col des Aiguilles

ÉCHAPPER AU MONDE DES HOMMES

J’ai laissé le monde derrière moi. En rejoignant le col du Festre, en ce début du mois de juin 2020, j’ai l’impression de m’être enfin échappé de la prison du confinement. J’y retrouve les couleurs de la vie, trop longtemps regardées de derrière la fenêtre, et la course libre des nuages qui s’écorchent sur les sommets. Une Nature impassible aux événements et à la tournure folle qu’a prise en quelques mois la course du monde.

La montagne affiche insensible face à l’émoi pandémique qui agite, partout, les bipèdes habitués à venir la parcourir

La montagne est, pour moi, un refuge. Une parenthèse d’air pur pour rafraîchir la sensation du vivant. Je dois y retrouver, pour aujourd’hui, une poignée d’autres aspirants à la résurrection de la randonnée. Ils m’attendent tous près de la Maison du Col du Festre, les regards levés vers une horde nuageuse qui fait barrage devant l’objectif du jour : le col des Aiguilles.

Col des Aiguilles

Le col des Aiguilles… Un nom d’où suinte déjà un parfum d’altitude. Et l’une des randonnées les plus illustres du Dévoluy. Pour son accessibilité d’abord qui la prédispose à un public de non-spécialistes. Pour sa distance et son dénivelé ensuite, raisonnables, qui ne placent pas la barre trop haute, sans toutefois céder à la facilité. Pour son identité, enfin, qui permet aux marcheurs de s’élever vers une certaine idée du paradis, à travers les étages les plus représentatifs du massif.

Les Aiguilles c’est une immersion, un authentique prologue à la nature dévoluarde.Un must ici pour tout prétendant à la découverte du Dévoluy

Choisir de monter aux col des Aiguilles est judicieux quand on n’a encore pas le pied suffisamment sûr pour s’attaquer aux sommets mais qu’on veut néanmoins goûter à l’ambiance alpine. Une sorte de concentré à l’usage de celles et ceux qui jouent la montre et qui veulent en voir le maximum en un minimum de temps et d’effort. Vous l’aurez donc compris : une classique, ici, dans le Dévoluy.

Col des Aiguilles

La classique fait un peu grise mine ce matin-là. Rien de définitif cependant. Les nuages, mouvants, semblent sur le point d’être poussés du pied pour laisser s’installer le bleu impeccable qui patiente, en retrait, bien au-delà de l’Obiou au nord. Muriel, la directrice de l’Office de Tourisme du Dévoluy qui nous a rejoints, s’excuse presque de cette météo indécise. Je la rassure, porté par l’optimisme débordant du début de saison et par le bonheur d’être enfin dehors, en montagne, après ces deux mois et demi d’enfermement.

Rien aujourd’hui n’entamera ma confiance. Je veux me persuader que le soleil aura réglé leur compte aux nuages le temps pour nous d’arriver là-haut

Le groupe, composé de Domenico et d’Élisabeth – tous les deux membres de la communauté de Carnets de Rando – ainsi que de Muriel, compte également dans ses rangs Raphaël que je retrouve aujourd’hui dans le Dévoluy après avoir fait sa rencontre, deux ans plus tôt, au fin fond de la Birmanie. Heureuse occasion de pouvoir retrouver ce marseillais sportif et gentiment gouailleur après ces aventures asiatiques partagées !

Col des Aiguilles

À TRAVERS LES ESPACES DU FESTRE

Le départ se fait d’un pas léger et entraînant dans les alpages aux herbes hautes et frémissantes s’étirant en une longue pente douce, à l’ouest du col du Festre. L’air chargé d’un froid encore piquant pour un mois de juin convainc le groupe de garder les doudounes le temps de faire monter la température corporelle. Il faudrait être une Mérinos d’Arles, cette brebis identitaire du Dévoluy, pour supporter sans ciller les frimas capricieux du massif.

Il est rare, dans le Dévoluy, de ne pas croiser de brebis pendant une randonnée. On les repère d’abord à l’oreille, comme là, sur le chemin du Serre Noir, en montant vers le Jas des Arres.

C’est une averse tintinnabulante de sonnailles, parfois précédée de l’aboiement d’un patou. La bête noire, mais pourtant blanche, du randonneur. Un gros toutou à l’humeur changeante et à la présence imposante, pas toujours facile à cerner. Le retour du loup n’est pas sans raison à leur présence. Avec ses 25 000 brebis recensées – 25 fois plus que d’habitants – le Dévoluy pourrait s’apparenter à un authentique garde-manger pour Canis Lupus.

La trace serpente entre des bosquets de petits pins. C’est la même que celle que j’avais suivi l’hiver pour attaquer l’ascension à ski vers la Tête de Merlant. Peu après 1500 mètres d’altitude cependant, le sentier se sépare, invitant – à droite – à rejoindre la cabane de la Rama et le cirque de Saute Aure ou – à gauche – à poursuivre sur l’itinéraire du GR® de Pays qui fait le Tour du Dévoluy en direction du col des Aiguilles. C’est là que nous allons.

L’ascension est patiente et dans l’axe du col de Darne qui finit, 200 mètres plus haut, par atteindre la belle cabane en bois posée à l’aplomb de la Tête du Jas des Arres.

À skis, l’hiver, la cabane est propice à la pause pique-nique. L’été venu, la voilà qui se transforme en quartier général de bergers ! Un soin particulier a été pris pour en délimiter le périmètre à coup de mètres de filets à chèvre déroulés tout autour. Quitte, parfois, à rogner sur le sentier balisé et à imposer aux randonneurs quelques figures libres pour contourner l’obstacle.

À ce stade, il y a deux possibilités d’atteindre le Col des Aiguilles. La première, balisée, part à l’assaut du ressaut du versant est de la Tête du Jas des Arres. Un bref épisode tonique qui sert de prologue à un passage un soupçon plus engagé au-delà. Un seuil de vigilance supplémentaire y est requis le temps de franchir une traverse rocheuse ouvrant sur les barres dominant le cirque de Saute Aure, juste en-dessous. L’unique – et court : 50 mètres environ – instant délicat d’une randonnée autrement sans histoire.

Le passage au-dessus du cirque de Saute Aure, formalité pour le montagnard régulier, sera inversement le bémol technique qui exigera toute l’attention du randonneur débutant en milieu montagne

La seconde possibilité permet de l’éviter en se hissant, hors sentier, à travers les étagements menant vers le col de Darne, au sud-ouest de la cabane. Un périple plus sûr et plus sauvage – mais moins spectaculaire – qui s’achève au Collet, entre les sommets des Têtes de Merlant et du Jas des Arres. On domine alors l’immense plaine du Vallon des Aiguilles, spectacle somme toute inédit et gratifiant vers lequel on plonge par des traces de cabris à la faveur d’un large couloir. C’est ce que nous avons fait ce jour-là.

>> Au Collet, départ de la variante par la Crête du Vallon (voir plus bas)

Col des Aiguilles

LA MAGIE DES AIGUILLES

Totale sensation d’isolement. Il est encore tôt en saison et le Vallon des Aiguilles accueille encore peu de visiteurs. La lumière y brille aujourd’hui par son absence remarquée. Une barre de nuages immobile semble vouloir tenir en respect mon optimisme matinal. Le doute s’installe. À l’horizon de nos pas, le Col des Aiguilles n’apparaît toujours que sous la forme d’une massive nébuleuse grise. Pas sûr de le voir découvert d’ici à y être.

Parfaitement aligné, foulant une herbe qu’une humidité omniprésente a colorié d’un vert généreux, le groupe traverse en silence l’immense plaine introduisant le domaine du Vallon des Aiguilles.

Au seuil du vallon de cet ancien lac glacière, l’espace se veut conséquent, décor adéquat d’une sorte de western montagnard. Aux mesas du far-west succèdent les hauts versants des Aiguilles de la Rama et de la Crête du Vallon, murailles respectueuses contenant tout l’univers du col des Aiguilles entre leur poigne rocheuse. Descendues de hauteurs invisibles, de longues coulées grises s’évanouissent dans un déluge de verdure au contact de ce qui est qualifié ici de tourbière basse alcaline. Nous voici lilliputiens dans un monde de géants.

Col des Aiguilles

Ici le sentier s’adoucit, suivant avec application les sinuosités du discret torrent qui glisse dans le fond du vallon. L’effort est congédié le temps d’une marche agréable avec, en ligne de mire, un mur plus prononcé qui s’évanouit dans la brume. Le Dévoluy nous a fermé ses portes, reportage ou pas. La montagne se fiche bien des blogs et des réseaux sociaux. Je ne crois plus en l’éclaircie tandis que je me couvre à nouveau, à l’approche de la nasse nuageuse qui s’apprête à avaler le groupe entier dans son brouillard froid.

Tâche difficile que de mettre en scène l’imagerie alpine du col des Aiguilles quand les nuages le tiennent emprisonné dans un voile dense et lugubre.

Chaque membre du groupe s’élève sans rechigner à la tâche, en dissimulant, avec plus ou moins d’habileté, une déception certaine. Un névé encore imposant défend l’accès aux derniers mètres, faisant fuir quelques petits degrés supplémentaires du lieu désert. Le regard échoue à percer le ban nuageux et la caméra ne capte que les silhouettes fantomatiques de mes compagnons de route. La première manche est terminée et je l’ai perdue.

>> du col des Aiguilles, le GR®94 et les GR® de Pays Tour du Dévoluy et du Haut-Buech se poursuivent vers La Jarjatte

Col des Aiguilles

Je joue les prolongations pour donner encore du temps au soleil de se battre. À l’abri sous un repli du terrain, côté est et sous le vent, on improvise donc le pique-nique. Le temps n’est toutefois pas au badinage. Le sandwich se savoure emmitouflé. On trace la route de Raphaël, qui a prévu de basculer côté Jarjatte et de finir en bivouac, en lui partageant tous nos bons plans. Muriel, quant à elle, ne tarde pas à repartir en petites foulées, contrainte par une réunion en début d’après-midi. Le groupe a perdu la moitié de ses troupes et moi de mes figurants.

Satané brouillard qui s’accroche au col comme Gollum à son précieux. La lutte est décidément vaine. L’attente n’y fera rien et m’impose de bricoler un plan B.

Pas question de grelotter ici jusqu’à une hypothétique éclaircie qui n’arrivera peut-être jamais. Je bats le rappel et entame la descente par l’itinéraire de montée avec Domenico et Élisabeth. Je les raccompagne jusqu’à la grande prairie, profitant encore de leur présence pour quelques derniers plans dans ces espaces exceptionnels. Et puis on se quitte. Je vais retourner seul au col car c’est la mission qui m’incombe ce jour. Excepté que, cette fois, je vais aller chercher mes plans en suivant une variante alléchante.

Col des Aiguilles

EN SOLITAIRE PAR LE CHEMIN DES CRÊTES

Je traverse la prairie humide jusqu’à la base de la pente ramenant au Collet. Pas de trace clairement dessinée mais un terrain propice à en improviser une. Je me renvoie en sens inverse le dénivelé descendu plus tôt dans la journée avec le groupe. En à peine un quart d’heure me revoici à l’aplomb de la Tête de Merlant dont j’achève cette fois l’ascension. À 2001 mètres d’altitude, ce sommet miroir du Chauvet est la porte d’entrée d’une mini course de crête sauvage et exaltante.

Mon joker je peux le jouer grâce au travail de Pascal Sombardier, un passionné passé maître dans l’art de revisiter l’art de la randonnée en montagne. Hommage à celui-ci.

C’est le blog de Pascal Sombardier, cet analyste de terrain et de carte hors-pair que la curiosité et le goût du terrain d’aventure ont poussé à défricher les massifs en quête d’itinéraires confidentiels et hors-norme, qui m’a fait penser à cette alternative. Grâce à lui et à son travail partagé, pour l’essentiel librement, je vais pouvoir donner à cette journée une dimension visuelle supérieure en allant me percher, cette fois, bien au-dessus du Vallon des Aiguilles afin d’y chercher des perspectives différentes.

Col des Aiguilles

Là-haut, tout commence par un appel. Celui d’une ligne, parfaitement déroulée entre deux vallons. Une marche plus près du ciel où l’herbe est encore verte et la place généreuse. Le minéral s’installe par touche progressive tandis que le cheminement doit se penser un peu plus à chaque pas. Un équilibre s’opère qui rend le terrain encore largement praticable mais qui fera toutefois hésiter ceux que la présence de pentes raides dérange et/ou que l’absence de sentier matérialisé inquiète.

De là-haut, la grande prairie ouverte du vallon des Aiguilles se regarde comme un vaste delta vu depuis l’espace, parcouru de nuances vertes et jaunes et de veines plus foncées qui en irriguent la surface.

À main droite, le versant se renforce bientôt en ravins et en barres hostiles (photo ci-dessous). Il faut se tenir en versant sud, côté Montagne de Lèche, pour conserver de la douceur et de la verdure. Mais cela ne dure qu’un temps. La trace confortable finit par échouer contre des minarets rocheux ouvrant sur des falaises, d’un côté, et des éboulis de l’autre. Un œil averti y repérera de petits cairns qui invitent à perdre un peu d’altitude en versant sud. Un passage à chamois bref qui installe le marcheur dans un large repli circulaire, une centaine de mètres sous le point coté 2070 de l’IGN.

Col des Aiguilles

Le regard accroche alors de multiples possibilités de trajectoires, sous la forme de sentes à bestiaux parallèles. Des cairns pas toujours faciles à suivre vous guideront sur le meilleur choix possible de traversée, l’idée demeurant de ne pas descendre trop bas sous la falaise pour ne pas manquer le couloir, moitié rocheux-moitié herbeux, où les utiles petits tas de pierre ont poussé pour vous permettre ensuite de reprendre pied, plus haut, sur la partie faitière de l’arête. Du Dévoluy pur cru, réservé aux familiers de ce type de terrain.

De retour à 2000 mètres, les choses s’arrangent. L’espace pour manoeuvrer et la visibilité sont de retour.

Une ligne évidente, raisonnablement effilée, ne laisse pas de place à l’hésitation quant au chemin à suivre. Derrière un panache bourgeonnant de nuages blancs, les cimes du Roc et de la Tête de Garnesier font émerger leurs abrupts dolomitiques. À mes yeux l’une des images marquantes du Dévoluy. Mon coeur bat plus fort à la vision de ces deux sommets aux lignes caractéristiques. Que ce soit de ce côté-ci ou côté Jarjatte, la puissance qui émane de ces deux-là ne laisse pas indifférent.

Col des Aiguilles

Le passage est magistral. J’y renoue avec ce sentiment diffus d’y échapper aux vicissitudes du monde des hommes. L’altitude me fait me sentir invulnérable et inondé de confiance. Un bain d’apaisement qu’on a envie de prolonger indéfiniment. Dans l’axe, à droite, l’ouverture du col des Aiguilles commence à se révéler. D’ici, à moitié prise dans des nuages rebelles, l’analogie avec un portail formidable ouvrant sur un autre univers est impactante. Dérive non maîtrisée d’un esprit définitivement trop tourné vers l’imaginaire.

L’idée même de devoir, à un moment, redescendre est dérangeante. Je suis bien ici, sans qu’aucun autre artifice soit nécessaire.

À la sortie de la crête, l’espace s’ouvre en douces pentes vertes achevées par la masse du Haut-Bouffet, lui-même bouffé par des nuages affamés. Un final dans un paysage de montagne à vache qui vient dominer la partie terminale du col des Aiguilles. La météo, encore largement compromise, a néanmoins relaché un peu son emprise sur le paysage. Ainsi les crêtes de la Rama, pyramides de roches sombres émergeant de tapis clairs d’éboulis, s’entraperçoivent à nouveau entre deux collisions nuageuses.

Col des Aiguilles

Je me trouve un dernier perchoir où savourer chaque seconde de ce spectacle d’altitude. Je m’y laisse traverser par des volutes déliquescents de brume aspirées derrière moi par des courants invisibles. Je n’aurai peut-être pas eu le col des Aiguilles sous la perfection de conditions idéales mais j’aurai eu la chance de le saisir lors d’une de ces journées entre chien et loup, où la montagne joue les chats sauvages, le poil un peu hérissé et les yeux brillants d’une fierté combative.

Cette variante à l’écart des sentiers vaut assurément le coup et constitue, qu’importe le temps, une possibilité de boucle à ne pas négliger pour celles et ceux dont le pied sûr leur permet d’emprunter ces chemins célestes.

Je me laisse finalement couler par une petite transversale cairnée qui me ramène au col. Les nuages ont grimpé de quelques dizaines de mètres depuis le pique-nique, autorisant une demie vue sur La Jarjatte, en versant ouest. Je pense à Raphaël, descendu par ici tout à l’heure mais je lui tourne le dos pour repartir, pour la deuxième fois de la journée, par le fond du vallon des Aiguilles, la tête et les cartes mémoires remplies d’images. Mission accomplie !

ACCÈS AU DÉVOLUY ET AU COL DU FESTRE

Spécial Mobilité Douce

Pour celles et ceux qui veulent se passer de voiture, on peut arriver déjà à Gap par une combinaison de train et de bus. Les accès se font soit depuis Marseille avec un train jusqu’à Manosque puis un autre qui assure la ligne jusqu’à Briançon (on peut ainsi venir en train depuis Briançon) ; soit depuis Aix-en-Provence TGV suivi d’un bus ; soit directement en bus depuis Marseille. On peut aussi venir depuis Grenoble en train et s’arrêter à Veynes. Horaires et tarifs sur le site des TER Sud PACA. Depuis Gap ou Veynes, il est alors possible d’utiliser une navette Zou, après l’avoir réservée, pour rejoindre le Dévoluy.

En voiture, depuis Gap

Depuis Gap, au sud, il faut suivre la direction verte Orange/Valence par la DD94. Peu avant Veynes, la D937 tourne à droite vers le Dévoluy et le Col du Festre. Possibilité, depuis la vallée du Rhône, de rejoindre Nyons (Vaucluse) puis, via les Gorges de Saint-May et Serres, de rallier Veynes – qu’on traverse direction Gap – pour prendre à gauche la fameuse D937 direction col du Festre. Stationnement possible sur des places, le long de la route, autour de la Maison du Col du Festre.

En voiture, depuis Grenoble

Depuis Grenoble, au nord, l’entrée principale sont les Gorges de la Souloise : après avoir quitté la N85 à l’entrée de Corps, la route D537 contourne le lac du Sautet au nord puis bascule plein sud par une route magnifique jusqu’à Saint-Disdier. Poursuivre jusqu’aux Étroits par la D537. À l’intersection du pont de la Souloise, monter à droite, par la D17, direction Agnières et Veynes et rouler jusqu’au col du Festre.

Par le col du Noyer

Un col franchit la barrière orientale du Dévoluy : le col du Noyer. Beaucoup de GPS envoient les gens par-là. Sachez, avant de vous engager, que le col du Noyer est une route de montagne assez étroite sur la fin et, surtout, qu’il est fermé en hiver. Autrement, il s’attrape depuis la N85 – la Route Napoléon entre Gap et Grenoble – après avoir dépassé Saint-Bonnet-en-Champsaur, en tournant à gauche par la D17 direction Poligny, Villeneuve puis Le Noyer. De l’autre côté, on descend vers Saint-Étienne-en-Dévoluy. Traverser tout le village, continuer jusqu’au Pont de la Souloise, le traverser pour continuer en face par D17 jusqu’au col du Festre.

LE COL DES AIGUILLES – VOIE NORMALE : LE TOPO

Depuis la Maison du Col du Festre, continuer le long de la D17 direction Superdévoluy et atteindre la dernière petite remise, à gauche de la route et à la sortie du hameau, contre laquelle a été installée une flèche directionnelle jaune (1). S’engager à gauche par un large chemin.

Le suivre tout droit jusqu’à un portail. L’ouvrir et bien le refermer et continuer de l’autre côté par un chemin tracé dans les pelouses, entre des bosquets de résineux. S’élever ainsi progressivement jusqu’à la prochaine flèche directionnelle (2).

Suivre à gauche un sentier ascendant qui s’élève par de petits étagements jusqu’à une cabane de berger en bois vers 1700 mètres d’altitude (3). Contourner la batisse par la droite puis s’élever franchement par un ressaut herbeux. Arrondir ouest et rejoindre un passage plus rocheux au-dessus du Cirque de Saute Aure (4). Le traverser (prudence requise) et atteindre la large ouverture du vallon des Aiguilles.

La contourner par un sentier qui longe son bord droit puis qui, progressivement, se place dans l’axe du vallon et entreprend d’en remonter les étages jusqu’au col des Aiguilles (5). Retour par le même itinéraire.

>> lien vers la fiche topo téléchargable

COL DES AIGUILLES : VARIANTE PAE LA CRÊTE DU VALLON

Depuis la bergerie à 1700m (3), arrondir au sud-ouest pour passer sous la Tête du Jas des Arres et atteindre un premier replat dans l’axe du col de Darne. À partir de là, poursuivre selon cet axe sud-ouest pour franchir les étagements suivants. Lorsque la pente finale défendant le col de Darne se présente, s’orienter plus à l’ouest et viser alors le Collet, entre Tête du Jas des Arres et Tête de Merlant (A). Depuis le Collet, traverser selon une ligne sud-est sous la Tête de Merlant pour en rejoindre l’arête sud-est. Gagner le sommet (B).

Continuer au-delà du sommet par une ligne de crête bien dessinée jusqu’au point coté 2019 où elle s’achève grossièrement dans un chaos rocheux (C). Repérer des cairns qui oscillent dans ce chaos et amorcent ensuite une brève descente en versant sud. Se récupérer à l’issue à l’entrée d’une sorte de large cirque qu’on traverse à niveau en cherchant à rejoindre le pied des falaises (cairns plus ou moins visibles).

Repérer les cairns qui s’engagent dans une vague cheminée herbeuse et rocheuse pour récupérer la crête précédemment perdue (D).

Poursuivre par un tracé en crête évident et sortir plus tard sur des versants herbeux plus larges. Tenir l’axe en direction de la base du Haut-Bouffet et rejoindre celle-ci. Au niveau du replat précédant son ascension (E), repérer une petite trace qui descend, en biais, par les pierriers du versant nord pour rejoindre le col des Aiguilles en contrebas. Retour par la voie normale décrite précédemment.

Col des Aiguilles

RECOMMANDATIONS PARTICULIÈRES & DIFFICULTÉ

Cette randonnée vers le col des Aiguilles est une classique que j’ai inscrite dans le TOP 5 des Incontournables Niveau Facile à Intermédiaire à Faire Absolument dans le Dévoluy. C’est une magnifique introduction à l’univers d’altitude de ce massif des Hautes-Alpes. Il n’en demeure pas moins un itinéraire se déroulant en montagne. Un cortège de précautions à prendre et à connaître – tout spécialement quand on est débutant et/ou peu familier du milieu montagnard – est donc utile à rappeler.

on checke la météo la veille et on la confirme le jour de la rando
on part bien équipé, autrement dit bien chaussé – si vous avez besoin d’info là-dessus, la lecture de cet article pourra vous être utile – et avec de quoi parer au froid et/ou à la pluie si on doit se faire surprendre malgré tout par un brusque changement météorologique
on s’est bien imprégné de l’itinéraire en amont et on a avec soi la carte, le topo ou la trace pour confirmer le balisage sur le terrain.
on se protège du soleil (lunettes, crème et chapeau ou casquette) et de la lumière visible, même si c’est nuageux
on n’oublie pas de l’eau (1,5L par personne est le minimum) et de quoi grignoter en cas de fringale
on n’hésite pas à faire demi-tour si ça ne va pas. Pas d’héroïsme !

Le passage au-dessus du Cirque de la Cascade de Saute Aure réclame de l’attention, tout spécialement lorsqu’on n’a pas l’habitude de ce terrain rocheux et ambianceux. À éviter absolument si le rocher est mouillé et glissant ou si présence d’un névé persistant (possible tôt en saison). La chute est interdite dans ce secteur.

La variante par les crêtes est réservée aux personnes disposant d’une bonne expérience du terrain montagne et, plus particulièrement encore, de sa lecture et de la recherche d’itinéraire. C’est loin d’être le hors-sentier le plus difficile du Dévoluy mais il est déjà hors catégorie pour les personnes qui n’ont jamais quitté les sentiers balisés.

COL DES AIGUILLES : HÉBERGEMENT ASSOCIÉ

La Yourte du Col du Festre

Difficile de faire plus au pied de l’itinéraire ! Et, côté insolite, autant dire qu’on est servi. La yourte est un joli petit cocon circulaire, intérieur pin et ambiance montagne. Une nuit sous les étoiles du Dévoluy. Le repas et le petit-déjeuner se prennent à deux pas, à la Maison du Col du Festre chez Claire-Lyne qui vous régalera de son sourire chaleureux et de ses petits plats régionaux. Pas de chichi au menu : on se sent bien tout de suite ici. À partir de 115 euros pour deux avec le petit dejeuner inclus ou 135 euros en demi-pension. Infos et réservations : 04.92.58.99.70 ou clairelynet05@gmail.com

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6 Comments

  1. THEVENIN Daniel Répondre

    Quelle magnifique récit empli de lyrisme et de poésie ; bien sur avec une météo plus favorable, c’est plus motivant mais cette randonnée est effectivement une « incontournable ». Merci David pour cet enthousiasme débordant qui fait du bien au coeur et au corps.

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Merci Daniel pour ce sympathique retour ! On a en effet manqué un peu de lumière mais ça n’a finalement pas gâté le grand spectacle permanent de la montagne !

  2. Visconti Répondre

    Merci David pour ce retour sur ce col des Aiguilles du Devoluy, porte d’entrée vers ces paysages verdoyants et déchiquetés des montagnes alentours. Le Devoluy se laisse approcher mais il faut rester humble…avec la Montagne. Encore merci pour cette approche saisissante, pour ton invitation au voyage et je continuerai à en gravir ses sommets qui me fascinent.
    Merci à Muriel, Raphaël, Elisabeth pour leur partage.
    Domenico

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Et surtout un grand merci à toi et, comme tu les cites, aux autres participant(e)s qui m’avez rejoint sur cet itinéraire ! Il y aura d’autres reportages dans le Dévoluy, c’est certain. À bientôt !

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