Pour ce second épisode en Aveyron, Carnets de Rando s’offre un voyage dans l’Histoire en mettant le cap sur Najac, l’un des plus beaux villages de France mais également le témoin d’un des plus beaux exemples d’art militaire médiéval. On vient à Najac pour son patrimoine, et plus particulièrement son château. Mais n’oublions pas que la randonnée pédestre demeure l’un des meilleurs moyens d’appréhender la nature et le passé de cet endroit magnifique qui a d’autres atouts à montrer au visiteur que sa seule forteresse.Démonstration avec ce reportage qui vous amènera du sommet du donjon jusque sur les rives de l’Aveyron.
Najac. Je me souviens avoir entendu ce nom résonner du temps de mon adolescence à Toulouse. De Najac j’avais l’image d’un bourg fortifié échappé d’un roman d’heroic-fantasy et drappé dans un nuage de brume matinale. La réalité est incroyablement proche de mon fantasme de fiction.
Najac. Deux syllabes échappées d’un passé médiéval et qui claquent fort en rappelant fièrement leur héritage occitan.
La forme singulière de ce village s’incurvant comme une longue virgule sur son perchoir a placé la forteresse au sommet de son axe. De telle façon que sa silhouette massive soit visible de quasiment partout et s’impose dans le paysage. En 2015, la démonstration de force des Rois de France n’a rien perdu de sa prestance.
Najac est classé parmi les plus beaux villages de France et il serait totalement inconcevable de venir y randonner sans en réaliser la visite. Etiré sur son éperon rocheux, le village semble dresser une haie d’honneur jusqu’à son château. De la place principale, dite place du Faubourg, qui sert d’entrée officielle aux visiteurs, on rejoint le sommet de la rue du Barriou qui plonge brusquement au coeur de la vieille ville.
Il émane une puissance toute particulière de ces murs épais qui ont marqué l’art militaire à tout jamais.
Encadrée entre les façades, la forteresse de Najac trône sur sa butte, ses drapeaux claquant au vent. L’endroit est totalement stratégique et marque la frontière d’un territoire que se disputèrent les plus grands seigneurs de la France du 13ème siècle. L’occasion pour moi de m’offrir un rapide voyage dans l’Histoire tandis que je chemine dans les rues de Najac.
Au 12ème siècle, Najac appartient au Rouergue et, plus largement, à l’imposant Comté de Toulouse. L’opulence de ce dernier suscite vite la convoitise des rois de France et Saint-Louis, alors à la tête du royaume, arrange rapidement un mariage entre Alphonse de Poitiers, son frère, et Jeanne de Toulouse. Et le comté de tomber dans ainsi dans l’escarcelle du roi. Afin de faire la démonstration de sa toute puissance, Alphonse de Poitiers entreprend la transformation de l’ancienne Tour Carrée en ce qui va devenir l’un des plus formidables arsenal défensif de France. Nul ne défiera ainsi Najac pendant plus d’un siècle.
Aujourd’hui classé monument historique, le château de Najac est le clou d’une visite à ce village où il fait bon flâner d’échoppes d’artistes en terrasses de cafés. Impossible de rester de marbre face à cet incroyable vestige médiéval qui continue de défier le temps. A l’intérieur, une panoplie de stratagèmes défensifs et pratiques éclaire sous un jour nouveau l’inventivité et l’astuce des architectes militaires de l’époque.
Solide comme un roc, la forteresse semble continuer à défier quiconque de s’emparer d’elle.
Je m’évade l’espace de quelques secondes en imaginant le lieu rempli d’hommes en arme, de chevaux caparaçonnés, de seigneurs mais aussi d’une population beaucoup plus pauvre. Je m’étonne chaque fois que ces temps terriblement rudes, presque sauvages, où la vie ne tenait qu’à un fil et n’avait pas une valeur aussi haute qu’aujourd’hui, continuent de nous faire rêver.
Je m’élève dans la coursive étroite conduisant au sommet du donjon. Le génie militaire l’avait conçue ainsi et dans un sens précis afin de ne permettre le passage que d’un homme à la fois et d’entraver le port de l’épée des droitiers. Au-delà des épais murs crénelés, la campagne aveyronnaise se déploie dans un infini de collines boisées. En-dessous de moi, l’Aveyron s’enroule autour de l’éperon de Najac en un vaste lacet, élément naturel contribuant à la stratégie de défense de l’édifice. C’est ici qu’on prend définitivement conscience de la nature inexpugnable de l’endroit et de la diabolique intelligence de sa construction. Vers l’Est, les toits des maisons de Najac dessinent une courbe délicate en direction du haut des gorges. Un coup d’oeil au-dessus de moi : c’est sûr je n’irais désormais pas plus haut !
C’est précisément le fond des gorges qui retient maintenant mon attention. J’ai quitté Najac par un agréable sentier boisé qui flirte avec l’Aveyron agricole. Lorsque la vue porte au-delà de l’orée de la forêt, c’est pour se perdre dans une succession de hautes collines tapissées de cultures. Un patchwork de semences qui prend sa source de part et d’autre de la rivière qui a donné son nom au département. Après le petit hameau de Cassagnes, le sentier dégringole jusqu’à ses rives, surmontées du pont de chemin de fer de la ligne reliant Najac à Laguépie.
Loin des guerres, des seigneuries et des concupiscences royales, la Nature reprend ici ses droits. La mélodie de l’Aveyron envahit l’espace, reprise par un choeur de chants d’oiseaux.
Il ne reste plus qu’à suivre les lacets de l’eau pour revenir à Najac. Une promenade de santé absolument immersive pour marcher les yeux dans les yeux avec la rivière. L’Aveyron se fait tantôt séducteur, tantôt revêche, freinant son cours quelques minutes avant d’accélérer en rapides nerveux. Les câbles de portiques destinés aux kayaks témoignent que le cours d’eau ne fait pas que le bonheur des canards dérivant paresseusement sur son courant. Côté terre, les ruines d’anciens moulins reconquises par la végétation émergent de la forêt comme d’antiques temples précolombiens. En toile de fond, la citadelle de Najac ne tarde pas à réapparaître, rappelant au visiteur moderne qu’il y a 800 ans, nul ne pouvait approcher sans être vu.
INFOS PRATIQUES
Difficulté : moyen | Longueur : 11 km | Durée : 3h | Dénivelé : 170m
Carte : IGN 1/25000 TOP25 2240ET Najac
Accès : Depuis l’A20 (Paris-Toulouse), prendre la sortie 59 « Caussade » puis suivre la direction Villefranche-de-Rouergue par le D926. Au niveau de Parisot, tourner à droite par la D84 direction Najac. Depuis Toulouse, possibilité de suivre l’A68 jusqu’à Albi, puis de suivre la direction Cordes-sur-Ciel par la 600. De Cordes, poursuivre direction Laguépie puis La Fouillade par la D922. Après La Fouillade suivre à gauche la D638 vers Najac. Depuis l’A75 (Montpellier-Clermont-Ferrand) prendre la sortie 44.1 « Aguessac » et suivre Rodez par la D911. Rejoindre Baraqueville et continuer direction Villefranche-de-Rouergue. De là, suivre la direction Najac par la D922. Peu avant La Fouillade, tourner à droite vers Najac par la D638. Se stationner sur le parking à l’entrée de la commune. En train : Najac dispose d’une gare. Vous pouvez consulter le site de la SNCF pour vous y rendre. Les transports Gauchy assurent une liaison en bus entre Najac et Villefranche-de-Rouergue.
Topo : le descriptif de cette randonnée est disponible sur le topo-guide « l’Aveyron… à pied », édité par la FFRandonnée. Voir plus bas, dans la rubrique Bibliographie.
Notes : des visites guidées de Najac sont possibles pour ceux qui souhaitent approfondir leur découverte. Se renseigner auprès de l’Office de Tourisme. La visite du château est possible du 1er avril à la Toussaint. Tarif : 5 euros/adulte et 3,5 euros/enfant. Tarifs de groupe possibles. Se renseigner auprès du site : 05.65.29.71.65. La randonnée décrite dans le reportage est une version raccourcie de celle du topo-guide de la FFRandonnée. Il y a de nombreuses possibilités pour réaliser des boucles autour de Najac et de mêler leurs itinéraires.
Où dormir : durant ce séjour à Najac, j’ai été hébergé à l’Oustal del Barry, très accueillant hôtel de caractère où vous pourrez disposer, dans certaines chambres, d’une très belle vue sur l’ensemble du village et sur le château. Le restaurant est réellement excellent. Tarifs : à partir de 50 euros la chambre pour 1 personne. A partir de 64 euros la demi-pension. Plus d’infos
Liens utiles : site de l’Office de Tourisme de Najac, à consulter avant toute visite pour en savoir plus et préparer son séjour.
Bibliographie : L’Aveyron… à pied | C’est la 4ème édition du topo-guide officiel édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre. 50 itinéraires de Promenade & Randonnée y sont recensés, dont celui du reportage, pour approfondir votre découverte de l’Aveyron, accompagnés de leurs cartes et de leurs explications. Prix indicatif : 14,50 € | Ref.D012
Livres sur Najac | Retrouvez également une sélection de livres consacrés à Najac et ses environs sur le site de l’Office de Tourisme. Vous pourrez également y commander le livret des 8 randonnées autour de Najac évoqué dans ce reportage. Mais également des itinéraires à parcourir autour du Viaur ainsi que des livres pour les enfants, notamment le livre du jeu « le Maître des Secrets de Najac » pour les 6-12 ans.
EN BREF
Najac et sa forteresse occupe le centre de toute randonnée. Impossible de leur échapper. Les découvrir vous coupera sans aucun doute le souffle et peut-être dans tous les sens du terme ! Enchaîner cette découverte avec une exploration des chemins de randonnée alentours est le meilleur moyen d’être parfaitement exhaustif et de repartir avec des images plein la tête.
Ce reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.
j’ai la chance de résider a Monteils, nous sommes voisins avec Najac, chaque fois que l’occasion ce présente, j’incite les gens a venir découvrir cette merveilleuse région.
Bravo pour votre site-blog, il est très sympa ! Vos vidéos et votre démarche sont parfaites, vous randonnez avec l’esprit « carnettiste », j’apprécie beaucoup !
merci Alain, ça fait plaisir ce commentaire ! 🙂
Ton article m’a inspiré, merci ! Début septembre, je voulais passer quelques jours en Aveyron et grâce à toi, j’ai choisi, entre autres, Najac, c’est un coin superbe !
Bonjour Sophie ! Tu as dû te régaler ! Ce petit bout d’Aveyron est splendide. Le village de Najac et sa forteresse valent à eux seuls le détour ! Merci pour ton retour !
Excellente idée de randonnée. Les vues sont magnifiques.
Y a-t-il des circuits qui relient les Plus beaux villages de France ?
Si oui, j’apprécierais l’hyperlien au site.
Merci.
Bonjour André ! A ma connaissance, il n’y a pas de circuit « officiel » permettant de relier les plus beaux villages de France. En revanche le réseau de sentiers de randonnée (GR, GRP + PR) est tellement étendu et fourni qu’il doit être possible d’opérer cette liaison dans la plupart des cas. Je ne dis pas que ces liaisons seront forcément passionnantes en permanence mais, du moins, je pense qu’en étudiant les cartes attentivement, on peut relier la plupart de ces villages !
A chaque fois que je me balade sur ton site, je (re)découvre un bout de France. Quand je vois ce village perché sur un éperon rocheux, j’ai envie de faire mumuse avec un drône !
Eh oui normal. Le drône on en rêve tous maintenant. Mais derrière le rêve, y’a quand même un brevet à passer et des autorisations à demander pour pouvoir réaliser des prises de vue qui soient en règle avec ce que la loi exige à ce niveau. Quand je vois d’ailleurs le nombre de blogueurs qui utilisent aujourd’hui des drônes, je me demande quand même combien d’entre eux peuvent réellement présenter ces documents officiels pour justifier d’une utilisation en règle de leurs appareils ?
j aimerai que l on me prete le topoguide de la balade des cites medievales l office de tourisme de Villefranche de rouergue refuse de le vendre ou de le preter
nous sommes obligés de passer par eux et payer la sommes de 590 e pour 5 jours de rando ce qui me parait excessif
Bonjour,
Il ne s’agit pas d’un topo-guide comme ceux du commerce. En fait, ce dont vous parlez est un circuit exclusif proposé par le territoire, un séjour de randonnée identique à ceux proposés par des agences de voyage et qui est construit en formule « liberté ». Cela signifie que vous n’avez pas de guide professionnel avec vous mais qu’on joint à votre séjour à pied un « roadbook » sous forme de topo afin que vous puissiez suivre l’itinéraire, découvrir et approfondir le territoire parcouru et disposer de bons d’échange dans les hébergements sur le parcours. En aucun cas le topo ne pourra être vendu – ou même prêté ! – en dehors de la prestation complète.