Corrèze : la Voie de Rocamadour

Ramenée à la vie par une poignée de passionnés, la Voie de Rocamadour ressuscite pour le plus grand bonheur des marcheurs de Compostelle. Elle offre ainsi une alternative enthousiasmante pour les pèlerins qui se dirigent vers l’Espagne et souhaitent sortir des voies classiques et ultra fréquentées. Ici tout est neuf. Avec un peu plus de 2500 marcheurs par an actuellement, ce tracé historique et remis au goût du jour ravira les marcheurs solitaires pour la beauté et la sérénité de ses paysages bucoliques et de ses villages à l’identité spirituelle forte. J’ai eu l’opportunité de parcourir sa partie corrézienne, entre Aubazine et Collonges-la-Rouge. Je vous livre mon ressenti, en images et en mots, sur cette nouvelle déclinaison de la route vers Compostelle.


Je prends le train en marche. Ça ne m’aurait pourtant pas déplu de parcourir intégralement cette récente Voie de Rocamadour, variante remarquée et remarquable pour rejoindre l’itinéraire de Compostelle en partant de Bénévent-l’Abbaye, dans le Creuse. Je n’ai malheureusement pas assez de temps devant moi et il faudra me contenter d’une rapide incursion corrézienne pour évaluer le gros potentiel de ce tracé destiné aux amateurs de nouveaux chemins et en quête de tranquillité. Mon point de départ, c’est le village d’Aubazines, qui rayonne autour de son intéressant monastère. Sans Florent, je serai resté dans l’ignorance absolue de nombreux sites à découvrir autour du village.

C’est la curiosité et l’envie d’aller au-delà du seul chemin qui ouvriront au randonneur les portes des secrets enfouis de cette Voie de Rocamadour. Et, à ce titre, l’itinéraire ne manque pas de surprises à révéler

Comme sur de nombreux autres GR®, c’est en marge de l’itinéraire que se dévoilent les richesses – parfois insoupçonnées – d’un territoire. C’est une fois de plus le cas ici : cromlech, dolmen, fontaine, ancien prieuré de pierres sèches, chapelle. Autant de curiosité disséminées qu’une marche aveugle aurait laissé dans l’ombre. Sans oublier le canal des Moines, magnifique trait liquide courant entre sous-bois et falaises, témoignage du travail des moines cisterciens de l’époque. Ainsi, sur la route, chaque village invite le marcheur à prendre le temps d’écouter son histoire.

Dans sa partie corrézienne, la Voie de Rocamadour enchaîne les sentiers intimes avec la nature, à la fois proches mais raisonnablement à l’écart de l’habitat humain. La plupart du temps en sous-bois, ou filant par une trace secrète entre deux parcelles cultivées, le tracé se fait flâneur sans néanmoins oublier d’être sportif. Ce n’est pas parce qu’on est en pèlerinage qu’on ne doit pas mouiller le maillot ! Et de la sueur, vous risquez bien d’en laisser un peu sur le chemin, tant le relief de la Corrèze est soutenu. Certes, pas de gros dénivelé ici, mais juste la répétition quotidienne de petites – et moyennes – grimpettes sur des collines qui n’en finissent pas d’onduler dans le paysage.

Ne vous y trompez pas : nous ne sommes peut-être pas dans les Alpes, mais la Corrèze a une fois de plus encore de quoi donner du fil à retordre à des mollets mal préparés !

La partie entre Aubazines et Albignac, par exemple, donne immédiatement le ton de la journée. Une simple introduction avant l’effort à venir au démarrage de Lanteuil, le lendemain. Une côte, une vraie, dont on vient patiemment à bout en s’élevant à travers un patchwork de champs et de petites forêts. Il ne faudra pas avoir oublié de remplir la – voire « les », le pluriel pouvant être de circonstance – gourdes avant le départ, le ravitaillement en eau étant difficile entre les villages. Car il peut diablement faire chaud dans ce pays – comme ailleurs en France – quand l’été se décide à cogner fort. Et sources et fontaines brillent par leur rareté dans les petits hameaux de grès rouge qui apparaissent sur la deuxième partie de ma randonnée.

Florent, sur le chemin du Canal des Moines

Le rouge. La couleur qui imprègne cette partie de la Corrèze. Sur les chemins, dans les murs des maisons et des églises, sur les reliefs. Au point de faire son entrée dans la toponymie. Collonges, village-étape sur la Voie de Rocamadour, est ainsi affublée d’une extension colorée qui l’identifie au yeux du monde sous le titre officiel de Collonges-la-Rouge. Je nourrissais une certaine impatience à découvrir cette petite cité qui fait de l’accueil des pèlerins en route pour Compostelle une tradition. Surnommée « Cité au 25 Tours », elle fit les grandes heures d’une noblesse locale, accueillant un cortège de hauts dignitaires fortunés : ici des procureurs, là des notaires ou des avocats.

Terminus de ma marche initiatique sur cette Voie de Rocamadour, Collonges m’accueille à l’ombre de ses façades de grès rouge. Une ville riche d’une histoire étroitement lié à celle des pèlerins en route vers Compostelle

Aujourd’hui c’est essentiellement le tourisme qui fait s’animer Collonges. Des randonneurs mais aussi des visiteurs – souvent internationaux – qui viennent s’extasier dans ce petit dédale de rues aux teintes sanguines parsemées d’échoppes de souvenirs et de tables de restaurant. On n’échappe pas à l’étape à Collonges avant de poursuivre sa route en direction de Rocamadour. C’est assurément l’un des temps forts de cette section de randonnée en Corrèze. Pour moi le point final d’une marche aux accents bucoliques, à travers des paysages de carte postale où le sens de l’hospitalité palpable des habitants en ajoute davantage encore aux bonnes raisons de se laisser tenter par cette Voie de Rocamadour, ramenée au goût du jour par la volonté d’une association de passionnés, bien décidée à en faire à nouveau résonner l’écho dans la galaxie Compostelle francophone. Une réussite assurément.

– INFOS PRATIQUES –

Carte : oubliez les cartes IGN. Ce ne sont pas vraiment les outils adaptés au pèlerin. La Voie de Rocamadour est bien balisée et fait surtout l’objet d’un topo-guide de qualité pour, non seulement, trouver son chemin mais, aussi, s’informer sur le territoire parcouru. Vous y trouverez tous les renseignements utiles à une bonne pratique de ce si beau Chemin vers Compostelle: cartographie détaillée, pas-à-pas, hébergements, renseignements pratiques, patrimoine etc. Le tout au format 14 cm X 22,5 cm à la française, 144 pages, impression quadrichromie, couverture 250gr pelliculage brillant. Pourquoi s’en priver alors ? Pour l’obtenir, téléchargez le bon de commande sur le site associé au chemin.
Accès : en voiture, depuis Paris, A10 jusqu’à Orléans, puis A71 jusqu’à Vierzon : de là l’A20, direction Limoges, puis Toulouse. Prendre la sortie 50 et suivre la direction de Brive, puis de Tulle, par la D1089. Quitter la départementale direction Aubazines, à droite, par la D48. Depuis Toulouse, prendre l’A20, direction Limages et prendre la sortie 50 à Brive.
Liens utiles : en tête de liste des liens utiles, celui de l’association Un Chemin de Saint-Jacques. Le site complémentaire la Voie de Rocamadour en Limousin et Haut-Quercy s’axe davantage sur le côté pratique. Vous pourrez notamment y commander le topo-guide. L’itinéraire est également repris sur le site de Corrèze Rando aux côtés de nombreuses autres suggestions de randonnée dans le département. Les étapes décrites dans le reportage sont plus spécifiquement décrites ici : étape Aubazine-Lanteuil et étape Lanteuil-Collonges. Le site officiel de celui-ci c’est bien sûr Corrèze Tourisme, indispensable pour découvrir le territoire dans sa globalité.
Les hébergements : les adresses et contacts des hébergements partenaires de l’itinéraire sont listés étape par étape sur le site la Voie de Rocamadour, cité ci-dessus dans la rubrique Liens Utiles. L’itinéraire a été pensé de manière à prévoir des hébergements environ tous les 10 kilomètres, ce qui permet également de personnaliser son parcours avec des étapes courtes. Voici les liens directs pour les deux étapes en Corrèze présentées dans le reportage : hébergements de l’étape Aubazines-Lanteuil et hébergements de l’étape Lanteuil-Collonges. A titre personnel, à Collonges, je vous invite à passer la nuit chez François, dans son agréable gîte La Mérelle. J’ai vraiment passé un super moment là-bas en sa compagnie. Un vrai accueil pour les randonneurs et les pèlerins !

EN BREF

Intéressante incursion sur cette nouvelle variation sur le thème de Compostelle. On y retrouve ce lien entre la marche, l’esprit et la nature. La solitude y empreint davantage la randonnée. Un atout certain pour les pèlerins rebutés par l’effet de masse généré par le Chemin sur ces voies plus classiques. Le tout dans les paysages délicatement bucoliques de la Corrèze et avec un sérieux risque d’accueil généreux auprès des habitants !

by-nc-ndCe reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.

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4 Comments

  1. Didier Bonnet Répondre

    Bonjour,
    Je viens de lire votre article sur la Voie de Rocamadour. J’ai débuté le chemin de Compostelle par cet itinéraire et je voulais vous signaler que Bénévent est dans la Creuse et non en Haute Loire. C’est effectivement un très beau parcours mais avec peu d’hébergements dans sa partie creusoise et en nord Corrèze
    Cordialement
    Didier

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Bonjour Fanny,

      Les GR® sont balisés dans les deux sens. Même s’il y a sens généralement plus emprunté, rien n’empêche de le faire dans le sens inverse.

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