Chasseurs de Sommets : le Pic de Bertagne

Bertagne, ce colosse qui se targue d’être le plus haut point des Bouches-du-Rhône. Courtisé par les grimpeurs, il fait aussi les beaux jours des randonneurs, forcément aimantés par son hypnotisante face ouest. Une pyramide calcaire vertigineuse, dressée au-dessus de tous ces vallons boisés qui ondulent jusqu’à elle. Le site est grandiose, la montagne superbe et les chemins variés pour mener à son sommet. Bertagne est un incontournable en Provence, l’un des fleurons alpins du secteur. Son ascension n’a rien de technique mais demeure foncièrement sportive. Les panoramas qu’elle octroie sur les environs valent à eux seuls le déplacement. Pour vous y amener, on a choisi le vallon du Fauge, depuis Saint-Pons. Et, pour le retour, un petit passage plus confidentiel qu’on partage ici avec vous.

Difficulté : assez difficile | Longueur : 15 km | Durée : 5h10 | Dénivelé : 845m | Carte : IGN TOP25 1/25000è 3245ET Aubagne La Ciotat Massif de la Sainte-Baume

Venir au Pic de Bertagne

Gémenos se rejoint par l’A52 et la sortie immédiatement après la Gare de Péage de Pont de l’Etoile – quand on vient du nord depuis Aix ou Nice – ou par l’A50, depuis Marseille, en suivant la sortie Aubagne Sud. Poursuivre alors sur l’A502 (direction Toulon) puis, au rond-point, prendre la 2ème sortie sur D8N direction Toulon/Gémenos/Cuges. Au rond-point avec le magasin Lapeyre, prendre à gauche pour entrer dans Gémenos par la D42e. Remonter toujours tout droit en suivant toujours la direction centre-ville. Dans les deux cas, on arrive au rond-point des Granges, avec son gros olivier central. C’est là qu’il faut suivre les panneaux Centre Ville/Hôtel de Ville/Police Municipal et, juste après, à la fourche suivante, s’engager à gauche par la rue à sens unique pour remonter tout le centre. On rejoint plus haut la D2, en direction de Plan-d’Aups. Tourner à droite pour la suivre, dépasser le Théâtre de Verdure et, un peu plus haut, tourner à gauche pour entrer dans le parc de stationnement de Saint-Pons. Petit conseil : si le parking est vide, remontez-le à droite le plus haut possible. Au-delà du parking, de nombreuses tables et aires de pique-nique jalonnent l’itinéraire pour casser la croûte avant de démarrer.

De tous les massifs provençaux proches de Marseille, la Sainte-Baume est le seul où la mélodie de l’eau vive peut parvenir aux oreilles du promeneur au cours de sa randonnée. Ça n’a l’air de rien mais, en Provence, dans ces déserts de buis et de chênes où la seule chose à cascader est du calcaire jurassique, ça signifie beaucoup. Ce petit miracle, on le doit au torrent du Fauge, un affluent de l’Huveaune – née elle aussi dans la Sainte-Baume, au-dessus de Nans-les-Pins – nourri par des thalwegs pentus qui lardent le versant ouest du Pic de Bertagne. La chose est suffisamment rare dans les Bouches-du-Rhône pour mériter d’être mentionnée ici. Et, si la magie opère dès les premières minutes passées dans le Parc de Saint-Pons, point de départ de cette ascension, c’est aussi – et beaucoup – grâce au Fauge, ce cours d’eau petit, mais vif, serti dans l’écrin boisé des lieux.

Du parking à la Chapelle Saint-Pons : 1,5 km, 60m D+, 25mn, facile

Le Fauge séduit les hommes depuis des siècles. Il est le point de départ d’une implantation humaine durable dans le vallon de Saint-Pons. Les anciens moulins à papier du Paradou (1) (photo ci-dessous) sont les premiers témoins d’une activité industrielle aujourd’hui envolée en ces lieux. Quatre roues à aubes y alimentaient autant de moulins destinés à produire cinq sortes de papier, dont certains étaient vendus jusqu’en Orient au 18ème siècle. Un véritable essor industriel porté par l’inspiration du siècle des Lumières et la volonté des Seigneurs d’Albertas, figures aristocratiques majeures de Gémenos et de ses environs. Aujourd’hui, il en reste un décor de cinéma muet, aux façades saumonées et aux accès condamnés. Les souvenirs y sont emprisonnés derrière des barreaux d’acier après l’abandon des lieux au 20ème siècle. Cent ans après, le marcheur en traverse la gloire déchue, le bâtiment servant de corridor à la poursuite de l’itinéraire. A sa suite, on y retrouve un large chemin jouxtant le Fauge et bordé de grands frênes.

Un parfum de vague nostalgie flotte sur ses bois, comme porté au fil de l’eau depuis l’abbaye cistercienne (2). Une œuvre inachevée, démarrée en 1205 par Dame Garcende et ses moniales. Une vie de retraite, dans ce petit coin boisé de Provence, qui verra la construction des deux premiers moulins de Saint-Pons : celui du Foulon, juste après le Paradou, et celui de Cuges, du nom du village voisin d’où les habitants venaient moudre leur blé (photo ci-dessous). De ces époques distantes ne subsistent plus que le nom d’un sentier – celui du blé, dont le départ est proche de la belle cascade – et un patrimoine qui résiste tant bien que mal aux assauts du temps. Abandonnée définitivement en 1426, la jolie abbaye est aujourd’hui propriété du Conseil Départemental et affiche porte close au public. On ne résiste pas à la curiosité de venir, sur la pointe des pieds, coller son nez contre les vitres du vieux bâtiment désert. Maigre tentative d’économie de sa frustration. Cependant, y arriver à pied, par le dessous de la passerelle du Fauge, demeure un joli lot de consolation pour le randonneur. (photo #3 ci-dessous)

De la Chapelle à l’intersection : 1,8 km, 80m D+, 10mn, facile

Après dessous, dessus : la passerelle se franchit pour attraper ce large chemin qui remonte le vallon du Fauge par le nord. Quelques trouées offrent un premier coup d’œil sur les grandes falaises grises et argentées dont la chute est avalée par une horde gloutonne de feuillus. Le tracé jouxte celui du GR®2013, un GR® de Pays de 365 km, entre culture urbaine et nature, qui avait été inauguré quand Marseille avait été élue capitale européenne de la culture. En venant de Gémenos, il s’engage tête baissée dans la Sainte-Baume, direction le col de Bertagne et Plan-d’Aups. C’est exactement la direction qu’on veut suivre, ça tombe à… pic, pour rester dans le thème de la journée. Celui de Bertagne, précisément,  une copieuse masse qu’on voit surgir assez vite au-dessus de la clue étroite formée par le vallon du Fauge. Une montagne qui sait qu’elle est belle et qui s’enorgueillit du titre de plus haut sommet des Bouches-du-Rhône avec ses 1042 mètres d’altitude. C’est 31 de plus que le Pic des Mouches et 328 de plus que le Garlaban, émergeant au-dessus de la forêt et portés par un océan vertical de dalles nues. Une vision qui transporte et un sommet qui nourrit des envies de conquête avec un champ élargi des possibles. Arrivée au point (3)

>> Jonction avec le PR de la Glacière (par le Chemin de la Glace) et celui de La Grande Baume – utilisé à la descente dans la boucle des Dents de Roque Fourcade

>> Jonction avec le PR menant à Gémenos ou au col de l’Espigoulier – utilisé à la montée dans la boucle des Dents de Roque Fourcade

Vallon du Fauge et Pic de Bertagne

De l’intersection au col de Bertagne : 4 km, 540m D+, 1h25, assez difficile

C’est la direction la Glacière par le vallon du Fauge qu’on choisit aujourd’hui. Un bel itinéraire qui vient s’enrouler autour de la clue pour franchir les portes du vallon en question (photo ci-dessus). Un démarrage qui donne le ton : la promenade est terminée. Les reliefs s’agitent et se creusent, les sentiers se relèvent et s’encombrent de pierres. Le rythme de la marche se fractionne quand celui du cœur s’accélère. Le Pic de Bertagne joue à cache-cache derrière les petits bois de chênes garnissant le fond du vallon (photo #1 ci-dessous). Quand nos têtes repassent finalement à l’air libre, au niveau de la Tourne de Saint-Pons, on mesure déjà l’étendue rapide de notre progression. Une dorsale rocheuse ferme le vallon à l’ouest, s’élançant depuis les Barres de Saint-Martin et remontant ensuite par la Falaise de la Galère et les Collines Blanches jusqu’au col de l’Espigoulier. Vers l’Est, émergeant au-dessus du Vallon des Crides que le sentier s’emploie à remonter, les à-pics de Bertagne nous toisent avec un air de défi. La longue chênaie en forme de saignée du Vallon des Crides, thalweg affluent de celui du Fauge, s’achève par un coude qui fait jaillir les balises au-dessus d’un renflement rocheux, face aux grandes falaises de Cugens (photo #2 ci-dessous). De nouveaux horizons de reliefs apparaissent dans un flou grisonnant : pas d’erreur, c’est bien la barrière des Calanques. Quelques pas encore et on rejoint une intersection : celle du Chemin de Glace. (4)

>> Jonction avec le Chemin de Glace

L’itinéraire porte bien son nom. Dans un territoire frappé de chaleur et de sécheresse, l’eau et la glace avaient autant de valeur entre le 17è et le 19è siècle qu’une action du CAC40 aujourd’hui. La construction de glacières aux tailles spectaculaires – jusqu’à 20 mètres de diamètre et 30 mètres de profondeur – fut un sport national dans la Sainte-Baume et permit, à l’époque, d’alimenter Marseille et Gémenos en glace qu’on fabriquait l’hiver et qu’on stockait dans ces puits. Celle de Bertagne, que le sentier rejoint rapidement, n’est pas parmi les mieux préservées du secteur. Fondée en 1897 par un dénommé Paul Ruat, elle est aujourd’hui partiellement effondrée et la végétation s’emploie à y reprendre ses droits sur l’activité humaine disparue. Pour en savoir plus sur les glacières, je vous invite à lire cet article. A proximité, on croise également une source et, surtout, un petit refuge en accès libre, bâti en terrasse face au vallon du Fauge (5). Un bel endroit pour se fondre un soir et une nuit dans le coeur de la Sainte-Baume.

>> Jonction avec le PR du col du Fauge (variante d’ascension de Bertagne)

La suite de l’ascension s’effectue par le PR en direction du col de Bertagne. Les mollets se contractent, le souffle s’accélère : le chemin grimpe et vient se percher sur une échine calcaire qui perce la chênaie. On domine le vallon suivant, dit du Chemin de Fer (photo #1 ci-dessous). On bénéficie, surtout, d’une vue toujours plus grandiose sur les reliefs massifs fermant ce cirque de Bertagne à l’ouest et dans lesquels serpente le ruban de goudron atteignant le col de l’Espigoulier, point de passage majeur vers le versant nord du massif. Poursuivant dans l’axe de ce col, le tracé déchiqueté des Dents de Roque Fourcade se révèle plus finement désormais, s’achevant dans le replat boisé du Plan des Vaches. En levant la tête, le regard vient buter sur les hautes falaises du Pic de Bertagne – ou Baou de Bertagne – que l’itinéraire a presque rejointes (photo #2 ci-dessous). Une authentique paroi école à la montagne et à l’alpinisme pour les locaux, bien plus raide et massive que dans la Sainte-Victoire ou même les Calanques. Le rocher y est globalement sain et a fait du site un petit paradis des amateurs de terrain d’aventure, quoique étrangement déserté ces derniers temps. L’imposante face ouest abrite une quinzaine de grandes voies d’environ 150 mètres de haut et dont la difficulté s’étend du D- au ED. Simple randonneur, n’espère pas trouver un quelconque passage sur cette face !

>> Jonction avec le PR de la Bergerie du Défens (6)

Vallon du Chemin de Fer, Bertagne Ouest

Bertagne : les falaises ouest

col de Bertagne

Doucement la pente se couche et l’accueillant espace du Col de Bertagne se dévoile (7). Les Excursionnistes Marseillais, pionniers du défrichement des sentiers en Provence, y ont érigé une stèle massive et coiffée de briquettes sanguines (photo ci-dessus). Le lieu est apaisant et propice à une pause pour reprendre son souffle. Un gros érable y déploie des siècles de bienveillance, drapant le lieu de la paix d’un effort achevé.

>> Jonction avec le GR®2013 vers Plan-d’Aups

>> Jonction avec le PR pour le col de l’Espigoulier ou Auriol

Du col de Bertagne au sommet : 1,1 km, 165m D+, 25mn, assez difficile

Un peu plus d’un kilomètre et 25 minutes de marche nous séparent maintenant du sommet. Après une rapide montée à l’ombre des arbres, le sentier vient se frotter à la face nord du Pic, un versant dont la gloire passée s’est écroulée en gradins rocheux, ce qui autorise ici le passage du randonneur. Nouveau versant, nouvelles perspectives. L’altitude libère l’horizon de l’emprise des arbres et offre au marcheur essouflé des panoramas illimités sur la Provence. Au nord-ouest, derrière la vague rocheuse gris pâle s’arrondissant au-dessus du col de Bertagne, le socle des Dents de Roque Fourcade s’offre à la vue dans tout son prestige automnal (photo #1 ci-dessous). Et, au-delà encore, c’est la masse du Garlaban qui s’étire paresseusement d’Aubagne à Auriol. Le rocher envahit le sentier, conférant à cette fin de randonnée une petite dimension montagne. Un pas plus abrupt qu’ailleurs nécessitera peut-être, pour certain(e)s, l’emploi rapide des mains (photo #2 ci-dessous). Puis on louvoie de droite et de gauche, au fil d’un sentier un peu joueur, en profitant de vues dégagées sur ce territoire à cheval entre Bouches-du-Rhône et Var. Les maisons de Plan-d’Aups, disséminées dans la forêt de la Sainte-Baume, s’étirent derrière le croc marqué achevant les Pics des Corbeaux (photo #3 ci-dessous). Fermant cette étendue boisée, sur laquelle court l’ombre des nuages, se dessine la ligne de la Montagne de Regagnas, une authentique terra incognita pour moi. Plus à l’est s’y dévoilent les sommets, aux noms évocateurs et inspirants, du Mont Olympe, du Rocher de Onze Heures et du Mont Aurélien. Une fin de balade marquée par des panoramas élargis et par un vent glacial qui porte en lui l’arrivée imminente de l’hiver (photo #4 ci-dessous). Le froid recule cependant une fois la crête sommitale dépassée. Une poignée de minutes suffisent pour rejoindre la route déserte desservant les bâtiments de l’Aviation Civile qui coiffent ici la Sainte-Baume (8).

Ascension de Bertagne par la face nord

A cet instant, il faut suivre la route en remontant vers le radar. C’est un aller-retour lumineux vers les terrasses rocheuses ouvrant sur le vide des falaises (9). Le point final d’une ascension, démarrée près de deux heures et demi plus tôt, qui ouvre ses bras immenses vers les principaux massifs de Provence. Parmi eux, la Sainte-Victoire, parfaitement détachée au nord, long ver de pierre à l’altitude homogène tout du long (photo #1 ci-dessous). Au sud, dans l’éclat aveuglant du soleil, les masses compactes du Mont Carpiagne et du Mont Puget protègent le trésor des Calanques. Plus à gauche, c’est le Cap Canaille qui plonge dans un horizon marin indistinct. Et si le vertige ne vous effraie pas, vous jetterez un oeil en contrebas, vers le dessin parfait de ces vallons boisés et rocheux qui convergent vers le Fauge. C’est tout ce pan occidental de la Sainte-Baume qui se révèle depuis le sommet, un entrelac de courbes, de plis et de barres rocheuses, peint toute l’année aux couleurs claires du calcaire et sombres de sa chênaie (photo #3 ci-dessous). L’ensemble est époustouflant. Déjà plus de 16h et la lumière flanche, obscurcit par des nuages à l’épaisseur inquiétante.

Sommet du Pic de Bertagne et panorama

Du sommet à l’intersection des Falaises de Cugens : 2 km, 255m D-, 50mn, moyen

Il faut revenir sur la route, près de ce beau pin sylvestre signalant la suite du sentier en direction du col du Fauge (10).

>> Jonction possible vers le GR®98

La descente s’amorce elle par la gauche et le PR indiquant Saint-Pons par le vallon du Fauge. C’est une cuvette en forme d’auge qui dégringole assez vite et fort entre les parois sud du Pic de Bertagne et les barres rocheuses chaotiques derrière lesquelles s’abrite le Pas de Cugens. Un endroit un peu sauvage, baignée par les couleurs éclatantes de l’automne et sous la protection du sommet qui, s’il se fait ici un peu moins impressionnant, n’en demeure pas moins somptueux (photos ci-dessous). Au pied de cette descente, on rejoint le PR – déjà croisé précédemment peu avant le col de Bertagne (11) – qui mène aux Bergeries du Défens. Il faut le suivre à gauche, le temps d’arrondir au-dessus du Vallon des Crides et de repérer, un peu plus loin à droite, un petit sentier filant à travers la végétation et signalé par un cairn discret [43°18’22.9″N 5°41’13.8″E] (12)

Versant sud du Pic de Bertagne

De l’intersection des Falaises de Cugens au bas du vallon du Fauge : 3 km, 500m D-, 1h40, assez difficile

Visible sur le tracé de l’IGN, il est, dans la réalité, une sente parfois mal dessinée et mal dégrossie qui va suivre, en parallèle, la ligne des falaises. Pas de piège, excepté ce qui ressemble à une bifurcation aux environs de 43°18’20.9″N 5°41’10.5″E et où, malgré l’envie de partir à droite, il faut aller à gauche. Peu de temps après y succède une descente assez raide et caillouteuse, dans des gradins rocheux érodés, où la trace a tendance à s’effacer. Il faut rester dans l’axe principal et éviter de trop partir dans les pentes à main droite. Plus bas, le terrain se remet à niveau : la partie la plus pénible est derrière et on peut profiter de la vue, imprenable, sur le Pic de Bertagne, flamboyant dans les lueurs de fin de journée (photos 1 & 3, ci-dessous). La trace, en elle-même, n’a rien d’exceptionnelle. Elle peut même, par moment, s’avérer assez fastidieuse. Mais son cheminement en balcon et les vues qu’elle octroie sur la montagne valent leur pesant d’or. J’en retiens des ambiances magiques en descendant lentement vers le Gour de l’Oule, avec le vallon du Fauge baigné d’une délicate lumière dorée (photo #2 ci-dessous). Un authentique face-à-face avec cette partie de la Sainte-Baume et sous un angle inédit. D’aucun – et on en fit partie – trouveront la fin de cette section trop longue. Le retour dans le thalweg du Fauge est, avouons-le, interminable. D’autant plus dans les tronçons où la vue est bouchée par les chênes kermès et les buis et où la végétation empiète sur le chemin. Pour dire la vérité, en ce jour de novembre, on est même arrivé à la nuit à la jonction avec la piste venant de l’abbaye (13).

>> Jonction avec le PR du vallon de Saint-Pons

Bouches-du-Rhône, le Pic de Bertagne

Bertagne au coucher du soleil

Du bas du Vallon du Fauge au parking : 2 km, 85m D-, 15mn, facile

La masse de Bertagne est un triangle noir détaché sur un ciel à peine moins foncé lorsque nous débouchons sur le chemin parcourant le fond du vallon de Saint-Pons. L’obscurité s’empare du monde, réveillant une faune nocturne invisible mais active. Le bruit du torrent nous sert de main courante pour refaire, en sens inverse, le parcours de l’aller. Plongés dans une noirceur opaque, l’Abbaye et le Paradou, plus loin, ont revêtu une allure presque inquiétante. Privé de la lumière du soleil, le parc de Saint-Pons, version nocturne, semble abriter des fantômes en errance, à la poursuite de souvenirs évanouis. Nos souvenirs à nous, ceux de cette journée dans l’univers du Fauge et de Bertagne, regagnent déjà les quartiers tranquilles de nos mémoires, prêts à être partagés ici. A chacun, désormais, de poursuivre l’histoire de ce vallon de Saint-Pons que les hommes continuent d’arpenter en 2019.

Monter au sommet de Bertagne : quel sens ?

Il y a tellement de chemins différents autour du Pic de Bertagne que le randonneur a la possibilité d’inventer pléthore de combinaisons pour accéder au sommet. L’itinéraire décrit dans ce reportage en est un. Quand je les ai parcourus, les autres itinéraires, indiqués par la mention >> Jonctions dans l’article, sont accompagnées d’un lien vers le reportage correspondant afin d’avoir un aperçu de « quel sentier va où ». J’avais, de base, prévu de réaliser ce circuit dans le sens inverse à celui présenté. Mais, sans réseau à ce moment-là, impossible de trouver le départ du sentier emprunté à la descente. Et pour cause ! C’est juste un trou dans la végétation qui bascule vers le ruisseau du Fauge en contrebas. On peut passer devant mille fois sans le voir. Avec Raphaèle, on a mis un petit cairn discret à cet endroit, au cas où. L’IGN l’indique au bon endroit, aux coordonnées 43°17’48.7″N 5°39’45.1″E. Il peut être plus intéressant de le faire dans le sens inverse à celui présenté ici. La descente sous les Falaises de Cugens puis les Clapes n’est pas hyper ludique. Elle doit mieux passer à la montée. Une opinion à méditer si vous souhaitez m’emboîter le pas.

Bertagne : la meilleure saison

On a réalisé cette randonnée en novembre. En général j’aime bien me promener dans les massifs de Provence fin d’automne et début d’hiver. D’abord parce que j’y suis et ensuite parce que les grosses chaleurs de l’été n’y sont plus. Les massifs sont donc plus froids et plus accueillants. Et le risque incendie est maigre. Comme la Provence est majoritairement recouverte d’espèces persistantes, on ne voit guère de différence dans la végétation. Les lumières, en revanche, sont bien plus contrastées à l’automne que le reste du temps aux extrémités de la journée. En plein hiver, c’est un peu fadasse par contre mais l’air est frais et vivifiant avec de beaux belvédères sur les Alpes enneigées.

What Else ?

Bertagne c’est un sommet à faire absolument ici, dans les Bouches-du-Rhône. C’est vrai que son radar n’est pas sexy une fois là-haut mais ça reste quand même le plus haut point du département et, quand on tourne le dos à l’Aviation Civile, il reste un point de vue largement recommandable. Le massif de la Sainte-Baume a une configuration unique et cette partie occidentale, creusée de vallons, rehaussée de falaises, avec son sommet pyramidal robuste, n’a pas son équivalent en Provence. C’est l’un des endroits très alpins du secteur et si, techniquement, atteindre le Pic n’a rien de très spectaculaire du point de vue cheminement, l’effort a produire est réel et les points de vue sont souvent gratifiants. C’est un beau chemin, à faire au moins une fois et un sommet à avoir dans sa collection.

by-nc-ndCe reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.

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5 Comments

  1. bruno Carrias Répondre

    Bertagne c’est à mon avis la plus belle vue des Bouches-du-Rhône possibilité de voir la Corse les Alpes Maritimes les Alpes de haute Provence les Ecrins et aussi Mont Lozère,Aigoual,Pic saint Loup et même Pic de Nore et aussi Massif du Madrès Canigou et Albères,Canigou avec coucher soleil dessus que j’avais eu le 12 02 2019
    https://www.flickr.com/photos/76574511@N02/40130267463/sizes/k/
    et la corse
    https://www.flickr.com/photos/76574511@N02/33219809138/in/dateposted-public/

  2. Patrick Répondre

    « La construction de glacières aux tailles spectaculaires – jusqu’à 20 mètres de diamètre et 30 mètres de profondeur – fut un sport national dans la Sainte-Baume [….] Fondée en 1897 par un dénommé Paul Ruat, elle est aujourd’hui [… ] »
    Veuillez lire cet article : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Ruat
    Un panneau est affiché devant cette glacière :
    « La glace à rafraîchir était un luxe pratiqué depuis la haute Antiquité. Mais en Provence, il faudra attendre 1642 pour que Louis XIII accorde à deux
    marchands le privilège exclusif de construire des glacières et de vendre la glace à Marseille. »

    1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

      Bonjour Patrick,

      Est-ce que cette précision que vous apportez à valeur de correction ou de complément à ce que j’ai écrit ? Juste que je sache si je dois modifier les informations de l’article. Merci !

      1. Patrick Répondre

        Bonjour,
        de retour sur votre site, je prends connaissance de votre réponse seulement aujourd’hui.
        Je pense que vous avez mal compris le contenu de l’écriteau qui se trouve juste au-dessus de la fontaine Paul Ruat alimentant autrefois la glacière ; Paul Ruat n’est nullement le fondateur de la glacière comme vous l’écrivez dans votre article mais celui de la société des excursionnistes marseillais.
        Voici ce qui est écrit sur cet écriteau :
        “Ici, à la glacière fut fondé par Paul Ruat le 28 mars 1897 la société des excursionnistes marseillais.“
        Cordialement.

        1. carnetsderando Auteur de l'article Répondre

          Hello Patrick,

          En effet dites donc c’est que je n’avais pas les yeux en face des trous si j’ai lu de cette manière ! Merci pour la correction !

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