Les Chemins de la Contrebande franco-suisse : l’Orlogeur

Et si on allait plus loin que la randonnée en permettant au marcheur de s’impliquer dans l’itinéraire au-delà de la seule progression à pied ? C’est le pari des Chemins de la Contrebande franco-suisse qui plongent le randonneur dans l’histoire de la région d’une manière 100% ludique grâce à de véritables jeux de pistes et de rôles qui servent de fil rouge aux quatre itinéraires balisés de part et d’autre du Doubs. Dans ce premier épisode, j’endosse le rôle d’un Orlogeur au fil d’un périple initiatique qui me fera percer les secrets des maîtres du temps et de la contrebande horlogère.

Difficulté : moyenne | Longueur : 60 km | Durée : 5 jours | Dénivelé : 1670m

De jolis instants de randonnée en campagne attendent le randonneur sur le Colporteur

De jolis instants de randonnée en campagne attendent le randonneur sur l’Orlogeur

[dropcap]Q[/dropcap]u’elle est belle Morteau, posée dans son écrin de verdure et de fleurs que traversent les boucles langoureuses du Doubs ! Une image de carte postale, à quelques kilomètres seulement de la Suisse à laquelle toute la région est historiquement et économiquement liée encore aujourd’hui.L’histoire que je vais vous conter aujourd’hui remonte au temps des orlogeurs, ces personnages disparus, spécialistes des mécanismes horlogers, et qui sillonnaient le territoire pour réparer ceux-ci. C’est dans la peau de l’un d’eux que je me glisse afin de récupérer les pièces d’un mécanisme mystérieux qui ne me livrera ses secrets qu’à l’arrivée à La-Chaux-de-Fonds, cinq jours plus tard. Pour y parvenir, il me faudra résoudre des énigmes (faciles) et troquer mes réponses contre les différentes pièces nécessaires à la reconstitution du mécanisme.  Le sommet du Mont Châteleu marque ma première rencontre avec l’au-delà de la frontière. Un paysage de vagues forestières ondulant jusqu’aux grands sommets de l’arc alpin, côté suisse : Cervin et Grand Combin se distinguent ainsi aisément, malgré le flou indistinct de la chaleur estivale.

A la fois jeu de piste, de réflexion et de rôle, les Chemins de la Contrebande misent sur l’interactivité entre le randonneur et le terrain pour transformer son voyage à travers le Doubs en une expérience ludique et instructive. C’est le concept innovant et itinérant proposé par les Chemins de la Contrebande. De quoi ressusciter son âme d’enfant le temps d’un périple d’une petite semaine entre la France et la Suisse.

Au passage d’une borne frontière, je pose ma main sur la pierre taillée, à peine entamée par les âges. Aujourd’hui ces bornes, dispersées régulièrement dans la forêt et rendues, pour certaines, à la végétation, évoquent un passé révolu rappelant à quel point la contrebande était jadis autant nécessaire que risquée. Aux abords du Haut des Roussottes, la crête frontière faiblit. Villers-le-Lac est là, agréable bourgade construite sur un méandre du Doubs. Le Saut du Doubs, tout proche, est l’un des sites touristiques majeurs du département, emprunté par le sentier de l’Orlogeur. A cheval entre deux pays, la rivière réalise ici un saut spectaculaire avant de disparaître, avec les balises du GR5, dans des gorges étroites jusqu’au lac de Moron. C’est là que le parcours fait son entrée chez nos voisins helvétiques dont on retrouve la rigueur et le souci du détail dans le balisage autant que dans le paysage. Une minutie qui transpire jusque dans l’architecture de La Chaux-de-Fond, grande cité horlogère qui sert de décor à la conclusion de cette aventure.

Carré Orlogeur

[dropcap]A[/dropcap]près une agréable progression à travers les espaces forestiers et clairsemés des côteaux séparant le Doubs des espaces urbanisés suisses, la transition à l’arrivée avec l’architecture rigide et la circulation d’une des grandes villes horlogères du pays peut s’avérer brutale ! Pourtant, le choix de ces alignements réguliers et de leur orientation n’a rien du hasard. Elle relève, comme pour le mécanisme d’une montre, d’une ingénieuse minutie qui lie la ville et ses habitants à l’industrie où ils étaient passés maîtres. Je le découvre non sans étonnement à la projection d’un film sur l’histoire de la ville que j’ai été invité à regarder à mon arrivée.

Les Suisses ont une manière d’aménager leur environnement avec un souci d’intégration au paysage qui impose le respect. Un trait de plus en plus évident au fur et à mesure qu’on s’enfonce plus profondément dans le pays

J’extirpe l’ensemble des pièces que j’ai récoltées tout au long du chemin. Il s’agit de petits engrenages qui, emboîtés les uns dans les autres, permettent de reconstituer un mécanisme défectueux. En déclenchant celui-ci, j’obtiens en retour une monnaie d’échange pour réclamer le diplôme de l’Orlogeur qui me revient après ces journées sur les sentiers, à enquêter dans la nature ou dans les musées dans les archives de l’horlogerie. Mission accomplie. Je peux maintenant me remettre en route pour Saint-Ursanne, toujours dans le Parc Naturel Régional du Doubs Suisse, où je suis attendu pour ma prochaine mission : me mettre dans la peau, cette fois, d’un Colporteur pour prouver mon innocence et me livrer au jeu du chat et de la souris avec les douanes en faisant de la contrebande ! Tout un programme !

Le Saut du Doubs : de n'importe quel côté, c'est magnifique !

Le Saut du Doubs : de n’importe quel côté, c’est magnifique !

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– INFOS PRATIQUES –

Carte : IGN 1/25000 3524 OT Morteau Saut du Doubs & Swiss Topo 231 Le Locle + 232 Vallon de St Ismier
Accès : en voiture, depuis Paris, A6 jusqu’à Beaune, puis A31 direction Dijon et enfin A36, direction Besançon. Depuis le sud ou l’ouest, A7 ou A89 direction Lyon. De Lyon, A42 direction Genève puis A39 et A36 direction Besançon. De Besançon, suivre la N57 direction Neuchatel. Peu avant Etalans, prendre à gauche la D461 direction Valdahon, Orchamps-Vennes. Après Orchamps, continuer jusqu’à Fuans. A la sortie du village, monter à droite par D242. Rouler jusqu’à une intersection importante où on retrouve la D461. La suivre à droite jusqu’à Les Fins. Dans le village, à l’intersection avec la D437, tourner à droite et rejoindre Morteau. Continuer sur cette D437, direction Pontarlier. Au rond-point situé presque au niveau du Doubs, tourner à droite. Le départ de l’Orlogeur est sur votre droite, tout de suite après, dans l’espace du parc du musée de l’Horlogerie.
Topo : les 60 kilomètres de cet itinéraire pédestre vous mèneront de Morteau (en France) à La Chaux-de-Fonds (en Suisse). Composé de 5 étapes, le parcours permet de découvrir plusieurs sites touristiques remarquables parmi lesquels le Saut du Doubs et ses bassins, mais aussi de se familiariser avec le savoir-faire horloger à travers les collections de 4 musées consacrés à la montre et l’horlogerie (Morteau, Villers-le-Lac, Le Locle et La Chaux-de-Fonds). L’intégralité de l’itinéraire est disponible sur le site web des Chemins de la Contrebande, étape par étape. Il est également possible d’en télécharger la trace GPS.
Notes : pour profiter pleinement de l’itinéraire et du jeu qui y est associé, je vous recommande vivement de vous procurer le carnet de route qui vous accompagnera tout au long du parcours (disponible également en téléchargement). Le parcours invite à la découverte d’un maximum de sites et de musées dédiés à l’histoire de l’horlogerie. Leur visite n’est pas obligatoire et vous pouvez vous contenter de simplement marcher, sans chercher à résoudre l’énigme. Ce serait faire peu d’honneur à la qualité de l’itinéraire et aux efforts de ses créateurs. Ce serait aussi, et surtout à mon sens, passer à côté d’une lecture du territoire 100% originale et ludique. J’ai réalisé ce parcours au cours de l’été. Il y a fait assez chaud ! N’oubliez pas de prendre de l’eau en conséquence, ainsi que des lunettes, un chapeau et de la crème solaire ! Pour vous aider dans votre quête, une application mobile est disponible. Plutôt utile au cas où vous auriez besoin de vous géolocaliser, les extraits de carte sur le carnet de route étant un peu limite ! Pour le retour, vous pouvez revenir en train via la Ligne des Horlogers, qui relie la Chaux-de-Fonds à Morteau.
Les hébergements : l’itinéraire a été conçu de manière à offrir un hébergement à chaque fin d’étape. Ceux-ci sont détaillés sur la page de présentation de l’itinéraire de l’Orlogeur, dans la partie « détail des étapes ». Il est conseillé de réserver en avance et de prendre connaissance des recommandations sur le site liées à certaines contraintes horaires.
Liens utiles : pour découvrir le territoire en amont de votre venue, rien de tel qu’une visite sur le site web du Pays Horloger. Côté suisse, c’est du côté du site du Parc Naturel du Doubs que ça va se passer. Pour rentrer dans le détail des Chemins de la Contrebande, rendez-vous évidemment sur le site officiel de ces itinéraires.

EN BREF

Etonnant concept que ces Chemins de la Contrebande qui ont l’audace d’amener la randonnée au-delà de ses standards habituels. Pour moi, le Doubs marque des points en osant la nouveauté et sera, plus tard, considéré comme ayant fait partie de ces pionniers qui ont réinventé le tourisme de randonnée. L’Orlogeur permet de découvrir ce joli petit bout de territoire à cheval entre la France et la Suisse tout en s’amusant. Que demander de plus ?

 

by-nc-ndCe reportage Carnets de Rando, sous licence Creative Commons, est la propriété exclusive de Carnets de Rando. Son usage à des fins non commerciales est autorisé à condition de mentionner son appartenance au site www.carnetsderando.net. Pour toute autre utilisation, merci de me contacter.

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